Quand les entreprises Françaises sont dans la panade

Voici une situation peu glorieuse. Nos entreprises que sont les PME, ont beaucoup de mal à gagner de l’argent, et risquent de fermer les unes après les autres.

Il faut donc agir, et vite !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 20 Juin 2012

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Avis de tempête sur l’industrie française
Quelque 139 fermetures d’usines ont déjà été annoncées cette année, soit 36 % de plus qu’il y a un an

Les tissus Mermet la semaine dernière. Les poulets Doux, les contreplaqués Plysorol, et la société de gardiennage Neo Security peu avant. Sans oublier Technicolor à Angers. En vingt jours, une avalanche de faillites vient de frapper la France. Le début de l’année avait déjà été meurtrier, avec le dépôt de bilan d’entreprises comme Caddie ou Surcouf. Mais, depuis quelques semaines, la situation s’aggrave.

Arnaud Montebourg entendait être le ministre du redressement productif. Pour l’heure, le pays connaît une nouvelle phase de désindustrialisation accélérée, et Bercy doit avant tout éteindre les incendies qui se déclarent chaque jour. Fralib un jour, Doux le lendemain… Le Comité interministériel de restructuration industrielle, le fameux CIRI symbole de l’Etat-pompier, n’a jamais connu un tel afflux de dossiers.

Les fermetures d’usines, dont le nombre était en baisse régulière depuis le début de 2010, sont aussi reparties à la hausse. Quelque 139 fermetures ont été annoncées depuis le début de l’année, soit 36 % de plus par rapport à la même période de 2011, selon des relevés de l’Observatoire des investissements Trendeo pour Le Monde.

A la clé, 8 600 postes menacés.  » L’industrie recommence à supprimer des emplois à des niveaux qui se rapprochent du pic de 2009, tandis que le rythme de création dans les services se calme nettement « , précise David Cousquer, de Trendeo. La crise de l’euro, ouverte l’été dernier, a mis du temps à se propager à l’industrie française. Mais avec le ralentissement mondial, la stagnation du pouvoir d’achat des ménages et le durcissement du crédit bancaire, les entreprises sont désormais touchées de plein fouet.

Depuis deux mois, leur trésorerie s’est soudainement dégradée, indique l’enquête publiée lundi 18 juin par Rexecode. Les délais de paiement s’allongent. Et, au-delà de quelques faillites spectaculaires, les chefs d’entreprise dans leur ensemble s’alarment.

Le moral des patrons français s’est encore dégradé en juin, pour revenir à ce qu’il était fin 2009, selon le sondage mensuel de l’Insee dévoilé mardi 19 juin. Ils se montrent particulièrement pessimistes quant aux perspectives d’activité de l’industrie en général.

Hausse des prix des fournisseurs, baisse de chiffre d’affaires, crédit plus rare : l’inquiétude des patrons de PME est elle aussi à un niveau record depuis trois ans, montre le dernier baromètre KPMG-CGPME.

Si rien n’est fait,  » des milliers d’entreprises risquent d’aller au tapis « , pronostique l’économiste Patrick Artus. Car ce coup de froid touche une industrie française très fragilisée, avec des taux de marge déjà anémiques.  » Les entreprises sont plus vulnérables qu’elles ne l’étaient en 2008, car elles n’ont pas restauré leur situation financière d’avant-crise « , mettent en garde les experts de la société d’assurance-crédit Coface.

Les milliards de profits du CAC40 ? Ils donnent une fausse idée de la réalité.  » Pour la plupart, les entreprises cotées gagnent aussi bien leur vie que leurs concurrentes étrangères. Ce sont des groupes mondialisés, qui vont chercher la croissance où elle se trouve, et ne réalisent souvent qu’une faible fraction de leurs profits dans l’Hexagone, explique Michel Martinez, économiste à la Société générale. L’activité en France, elle, est peu rentable et les PME souffrent. « 

Toutes les statistiques convergent : les marges bénéficiaires réalisées par les entreprises sur le territoire national sont tombées fin 2011 à leur plus bas niveau depuis… vingt-cinq ans. Ce qui en fait désormais les plus faibles de toute l’Europe ! Même les sociétés espagnoles gagnent mieux leur vie.

 » La France est l’un des pays où les marges ont reculé le plus sensiblement, commente Denis Ferrand, directeur général du centre d’observation économique Rexecode. En dix ans, le taux de marge y a baissé de 4 points, tandis qu’il progressait au contraire de 10 points en Allemagne.  » Un phénomène centré sur l’industrie, dont les profits se sont effondrés côté français.

Confrontées à un alourdissement des coûts du travail et à la hausse de l’euro, les entreprises tricolores n’ont globalement pas réussi à répercuter cette poussée dans leurs prix de vente. La faute, en partie, à des produits trop banals, pas assez haut de gamme.  » Les industriels qui le pouvaient ont tapé dans leurs marges pour ne pas perdre trop de parts de marché « , ajoute Denis Ferrand. Les Allemands, eux, ont réussi à relever leurs tarifs, au-delà même de la hausse de leurs coûts. Plus facile de tenir ses prix quand on vend des BMW que des Clio…

Au bout du compte, un cercle vicieux s’est installé : du fait de leurs faibles marges et d’un endettement élevé, les entreprises peinent à réaliser les investissements grâce auxquels elles pourraient monter en gamme et sortir du lot. Si bien que leurs marges se tassent encore…  » Pour en sortir, il faudrait que les Français redonnent une bouffée d’air aux entreprises, donc acceptent qu’elles gagnent plus d’argent « , note Michel Martinez.

Un vrai défi politique.  » Cela prendra du temps « , reconnaît l’économiste de la Société générale. D’ici là, bien des noms risquent de rejoindre Doux et Caddie sur la liste des entreprises tombées au champ d’honneur.

Denis Cosnard


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