Quand la France préfère ses pêcheurs à l’environnement

Il est inacceptable que la France préfère écouter ses pêcheurs que préserver l’environnement. Car ‘écouter’ ne veut pas dire ‘protéger’. Ainsi, sous un principe fallacieux de vouloir préserver l’emploi, on ne le préserve qu’à court terme, car utiliser la pêche en eau profonde détruit l’environnement, in fine, l’emploi que l’on croyait préserver.

Il faut donc, enfin, que nos politiques deviennent intelligents, cohérents et intègres en expliquant aux pêcheurs que la pêche en eau profonde ne préserve pas l’emploi mais le détruit à terme.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 19 Juillet 2012

******************

La France s’oppose à l’interdiction de la pêche en eaux profondes

La commissaire européenne de la pêche veut bannir cette pratique destructrice dès 2014

La France a manifesté officiellement son opposition à l’interdiction du chalutage en eaux profondes, poussé par la commissaire européenne aux affaires maritimes et à la pêche, Maria Damanaki. Dans un communiqué publié mardi 17 juillet, à l’issue du conseil européen des ministres de la pêche tenu la veille, le ministre délégué chargé des transports, de la mer et de la pêche, Frédéric Cuvillier, l’a dit sans ambages. Il a précisé avoir rencontré la commissaire afin  » d’insister une nouvelle fois sur l’importance de la pêche profonde pour l’économie de plusieurs ports et armements français « .

 » Une éventuelle interdiction de certains engins de pêche, sans discernement, aurait de très lourdes conséquences socio-économiques et ne serait pas acceptable, au regard des efforts déployés par les pêcheurs pour une gestion durable de ces ressources, ajoute le texte. Les mesures de gestion d’une pêche profonde durable doivent permettre de préserver l’emploi sur le littoral, tout en renforçant la protection des écosystèmes marins vulnérables. « 

Mme Damanaki avait préparé un projet de règlement visant à interdire progressivement, d’ici à 2014, cette forme de pêche, suivant ainsi les recommandations de la communauté scientifique et les revendications des associations de protection de l’environnement. Le texte devait être présenté au Conseil européen mais le commissaire au marché intérieur et aux services, Michel Barnier, par ailleurs ancien ministre français de l’agriculture et de la pêche, a demandé un  » délai supplémentaire « , bloquant de facto le projet.

Prises non-intentionnelles

La pêche profonde a pour caractéristique d’utiliser de vastes chaluts qui raclent le plancher océanique, jusqu’à 1 500 mètres de profondeur, détruisant les fonds marins et les écosystèmes qu’ils abritent. Selon l’argumentaire présenté par Mme Damanaki, cette pêche implique en outre un taux élevé – de 20 % à 40 % en poids – de prises non intentionnelles. Avec, dans ces captures accidentelles, des espèces fragiles ou menacées. Les associations de défense de l’environnement mettent non seulement en avant le caractère non durable de cette forme de pêche mais dénoncent également les importantes subventions publiques perçues par ce secteur d’activité, sans lesquelles sa rentabilité ne serait pas garantie.

Pratiquée principalement par trois pays en Europe (Espagne, France et Portugal), cette pêche industrielle est dominée dans l’Hexagone par trois armements : Scapêche (filiale d’Intermarché), Euronor et Dhellemmes.

Stéphane Foucart


Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *