Plus les effets se font ressentir, plus on ferme les yeux…

Ce peuple américain est parfois désespérant. Plus les armes à feu y font de mort, plus on se roue sur elles, pour se défendre… Et plus on sent les effets du déréglement climatique, et moins on y croit…

Quand on pense que c’est sur ce peuple qu’il faut compter pour mener à bien toutes les mesures climatiques seules à même de nous éviter une catastrophe de grande ampleur, ça laisse songeur et ça nous laisse peu d’espoir quant à l’issue finale…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 18 Août 2012

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Les fermiers américains… toujours climatosceptiques

New York Correspondance

Les fermiers américains qui ne croient pas au réchauffement climatique contribuent-ils à aggraver la sécheresse aux Etats-Unis ? La plupart se sont adaptés à des circonstances de plus en plus extrêmes qui changent leur mode de vie et le rythme de leurs récoltes, mais beaucoup préfèrent attribuer ces bouleversements à des événements naturels, n’y voyant pas la main de l’homme. Et ils refusent du coup toute ingérence de Washington.

Dans la  » Corn Belt « , la  » ceinture  » des Etats producteurs de maïs (avec l’Illinois, le Missouri et l’est du Nebraska et du Kansas), très touchée par la sécheresse,  » 28 % des fermiers estiment qu’il n’existe pas suffisamment de preuves pour démontrer un changement climatique et 5 % n’y croient pas du tout « , selon une étude récente de l’Université d’Iowa.

Les fermiers ne veulent surtout pas que le gouvernement se mêle de leurs problèmes et  » préfèrent les solutions du secteur privé « , affirme Gordon Arbuckle, l’un des auteurs du rapport.  » 62 % pensent que les entreprises devraient développer des variétés qui résistent mieux aux nouvelles conditions climatiques et 46 % considèrent que c’est aux fermiers d’améliorer leurs systèmes de drainage  » face aux pluies torrentielles qui sévissent de plus en plus souvent.

Au Congrès, leur lobby (American Farm Bureau Federation), fort de ses 6 millions de membres, s’est systématiquement opposé à toute législation pro-environnementale et toute régulation supplémentaire pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre.

En janvier, lors de son discours annuel, le président Barack Obama reconnaissait que la classe politique était trop divisée pour pouvoir espérer combattre le réchauffement climatique. Aucune des trois propositions de lois discutées ces dernières années n’a pu être votée dans les mêmes termes par les deux assemblées.

A la veille des élections présidentielles, les conditions météorologiques extrêmes sont devenues un sujet de confrontation entre démocrates et républicains. M. Obama a récemment interpellé le Congrès afin qu’il adopte un projet de loi qui permette aux agriculteurs et aux éleveurs touchés par la sécheresse de  » faire face à ce type de désastres, et les aide à mettre en oeuvre des réformes nécessaires  » à long terme.  » Si nous n’avons pas d’aide bientôt, les Américains commenceront à en ressentir les effets et verront les prix augmenter sur les étals des épiceries partout dans le pays « , a-t-il prévenu.

Washington a déjà fourni une aide considérable aux sinistrés, en demandant au département de la Défense de se procurer et de congeler environ 170 millions de dollars (138 millions d’euros) en viande, pour sécuriser les stocks, en prévision de la hausse des prix. Montant qui s’ajoute aux 30 millions déjà versés pour remettre en état les sols des zones frappées par la chaleur et le manque de précipitations, et acheminer de l’eau et des fourrages au bétail. Le gouvernement a accéléré du même coup le processus de désignation de zones sinistrées et diminué le taux d’intérêt des prêts d’urgence accordés par l’Etat.

Pour certains experts, les fermiers sont en partie responsables de leurs malheurs. Le Midwest est devenu trop dépendant du maïs et du soja, très subventionnés par la production de biocarburants et lucratifs grâce, notamment, au sirop de maïs à haute teneur en fructose, omniprésent dans l’alimentation américaine.  » Ce qui rend cette région plus vulnérable à la sécheresse « , explique dans les colonnes du New York Times William Moseley, géographe au Macalester College (Minnesota).

Le mois de juillet a été le plus chaud jamais enregistré aux Etats-Unis depuis le début des relevés météorologiques en 1895, avec une sécheresse s’étendant sur 63 % du territoire continental, selon l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA).

Une aridité quasiment record a été observée dans le centre du pays, notamment le Nebraska, l’Iowa, le Missouri ou encore l’Illinois. En revanche, la région du golfe du Mexique et le sud-ouest du pays ont enregistré des pluies plus abondantes que la moyenne. La Californie a ainsi connu son cinquième mois de juillet le plus arrosé de son histoire.

L’automne s’annonce plus clément, même si une  » moindre sécheresse n’entraînera pas forcément plus d’humidité « , selon les prévisions de l’Agence. Mais le mal est fait, affirment les experts, et les effets d’un certain radoucissement ne se sentiront que l’année prochaine. La catastrophe climatique n’a pas été perdue pour tout le monde. Au Kansas, le groupe d’agrochimie américain Monsanto et le semencier Pioneer en ont profité pour tester des variétés de maïs OGM résistantes à la sécheresse (DroughtGard) qui semblent battre des records de rendement.

– (Intérim.)


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