Quand M. Arnaud veut être bi-national

La légende dit que M. Arnaud chercherait à obtenir la nationalité Belge pour s’installer à Monaco. En effet, en tant que Belge, M. Arnaud pourrait avoir des avantages en tant que résident Monégasque que son passeport Français n’octroirait pas.

Une affaire de pognon en somme…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 11 Septembre 2012

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Le PDG de LVMH veut être belge pour… continuer à payer ses impôts en France

MI-FRANÇAIS mi-Belge. Bernard Arnault, le PDG du premier groupe de luxe LVMH l’a martelé : il continuera à résider dans l’Hexagone et à y payer ses impôts. La révélation, samedi 8 septembre, par La Libre Belgique, des démarches effectuées par la quatrième fortune mondiale, selon le magazine Forbes, pour obtenir la nationalité belge a fait l’effet d’une bombe en plein débat sur la taxation à 75 % des très hauts revenus, promise par François Hollande.

D’autant que M. Arnault avait redit, mercredi, à Matignon son hostilité à une telle mesure. Il n’avait d’ailleurs pas hésité, en 1981 à l’arrivée de la gauche au pouvoir, à s’exiler pendant trois ans aux Etats-Unis. Avant de rentrer  » quand les choses ont repris un cours normal « , dira-t-il, pour saluer l’arrivée de Laurent Fabius.

Le plus fortuné des patrons du CAC 40 a beau dire, en Belgique, on est moins catégorique. Ainsi, la presse belge a-t-elle fait savoir, lundi, que M. Arnault possédait depuis novembre 2011 une résidence à Uccle, un quartier bruxellois prisé des Français. A en croire le Bourgmestre d’Uccle, qui avait rencontré le PDG de LVMH à cette occasion, ce dernier évoquait le motif des droits de succession. M. Arnault avait  » un ressentiment  » par rapport à la politique française qu’il  » considèrait peu accueillante par rapport à l’entreprise « . Il expliquait  » que, si certaines mesures fiscales étaient prises, cela aurait comme conséquence pour lui que les impôts qu’il paierait dépasseraient ses revenus. « 

Pour tordre le coup aux rumeurs d’exil fiscal outre-Quiévrain, à l’instar de membres des familles Mulliez (Auchan, Decathlon.), Defforey (Carrefour), de quelques héritiers Hermès, ou encore du fondateur de Darty , la direction de LVMH a précisé que M. Arnault  » est, et reste, résident fiscal français. L’obtention éventuelle de la double nationalité franco-belge ne change rien à cette situation ni à sa détermination de poursuivre le développement du groupe LVMH (…) en France. « 

 » M. Arnault, originaire du nord de la France, a de nombreux liens avec la Belgique tant sur le plan personnel et familial que sur le plan professionnel « , argue le groupe. Né le 5 mars 1949, dans une famille bourgeoise de province, installée à Croix, banlieue huppée de Roubaix, son père, Jean, ingénieur centralien, dirige une entreprise de construction, Ferret Savinel. Le petit garçon voue une admiration sans borne à sa grand-mère, auvergnate. Très bon élève, Bernard Arnault intègre Polytechnique et ce jeune homme timide reprend les rênes de l’entreprise de BTP de son père.  » Son groupe privé (Groupe Arnault) a de nombreux investissements en Belgique et entend les développer. C’est dans cette perspective  » qu’il  » a sollicité la double nationalité « , poursuivent les communicants de M. Arnault, sans convaincre.

Il est vrai qu’une amitié de vingt ans lie le Belge Albert Frère (86 ans) et le milliardaire français. Chacun siège au conseil d’administration de l’autre. Albert Frère est actionnaire de Groupe Arnault. Sa fille, Ségolène Frère-Gallienne, est administratrice de Christian Dior.

Une étiquette de prédateur

Les deux hommes d’affaires ont fait plusieurs investissements en commun. En 1998, ils ont acheté le Château Cheval Blanc à Saint-Emilion, avant de mettre la main sur d’autres grands crus, le Château Quinault l’Enclos et le Château la Tour du Pin. Ils ont investi dans Go Voyages et dans la marque de prêt-à-porter Joseph. En 2006, ils ont créé une structure d’investissement commune, dotée de 1 milliard d’euros.  » Je suis toujours satisfait des investissements que je fais avec mon ami Albert Frère et je regrette de ne pas l’avoir assez suivi, car je serais beaucoup plus riche… « , disait M. Arnault en 2010.

Si le milliardaire belge a beaucoup modifié son groupe pour assurer sa succession, il ne prend pas pour autant sa retraite et compte poursuivre ses investissements. Un proche du PDG de LVMH dit que  » les liens entre ce dernier et Albert Frère sont appelés à se renforcer à l’avenir et la nationalité belge de Bernard Arnault pourrait avoir un effet facilitateur. « 

Rien ne disposait M. Arnault à faire fortune dans le luxe. Et d’une certaine manière, c’est la gauche française qui lui amis le pied à l’étrier. Après son exil fiscal à New York, c’est en effet M. Fabius qui lui donnera un sérieux coup de pouce, politique et financier, pour reprendre le groupe Boussac, et mettre la main sur une pépite, Dior, dont il fera  » sa  » chose.

Pour construire son empire mondial du luxe, il rachète ensuite une soixantaine de marques (Louis Vuitton, Moët & Chandon, Kenzo, Givenchy, Dom Pérignon…). Une à une. Il y parvient avec l’aide de son plus précieux allié, Pierre Godé, un brillant spécialiste du droit capable de réciter de mémoire un arrêt de cour d’appel, tout en garant sa voiture.

M. Arnault n’a pas peur des bras de fer, des combats juridico-financiers. C’est – hormis le piano – ce qui l’anime. Il emporte ainsi à l’aube des années 1990 la présidence de Louis Vuitton Moët Hennessy en jouant sur les dissensions entre les dirigeants des deux maisons. Une étiquette de prédateur lui colle à la peau. Il propose des sommes folles pour acquérir des joyaux. Il y réussit, même pour emporter le Château Yquem. A la hussarde encore, il s’arroge 22 % du capital d’Hermès, à la barbe des héritiers. Depuis, la bataille judiciaire fait rage. A 63 ans, M. Arnault préside une machine à cash, de 23 milliards d’euros de chiffre d’affaires, qui ignore la crise et exporte 88 % de ses produits. Ce qui lui vaut d’être reçu dans le monde entier comme un chef d’Etat.

Nicole Vulser

    Renégocier la convention fiscale avec Bruxelles

    Le ministre de l’économie et des finances, Pierre Moscovici, a estimé, lundi 10 septembre, qu’il faudrait renégocier les conventions fiscales de la France avec la Suisse et la Belgique, après que le PDG de LVMH a demandé la nationalité de ce dernier pays.

    Interrogé sur BFM TV et RMC, il a estimé que Bernard Arnault avait  » failli à l’exemplarité  » nécessaire.


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