Une comparaison Chirac-Sarkozy ?

Lors d’un récent débat politique, nous avons eu à aborder l’épineuse question de qui a été le président le plus incompétent de la Ve République.

Pour moi, Sarkozy remporte la palme, pour mon interlocuteur Chirac fait partie du classement.

Je ne suis pas d’accord avec ce fait, et vais tenter de le démontrer par une analyse que j’espère fine et arguméntée.

Mon interlocuteur en veut à Chirac de n’avoir rien fait en matière économique pour sortir la France de l’ornière. A ceci, j’opposerai que Chirac, pendant toutes les années durant lesquelles il a été au pouvoir, a essayé de manière continue et répétée de mettre en place des réformes en matière économique. La réforme des régimes spéciaux en 1995, menée par son premier ministre de l’époque, M. Juppé, le CPE mené par Villepin, ont été des réformes ambitieuses, d’ailleurs louées par mon interlocuteur, qui se sont fait retoquées par l’opinion publique au détriment de l’intérêt général. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que Chirac n’a pas gouverné de manière constante : il a du essuyer une cohabitation longue où la plus grosse erreur économique de la Ve République a été adoptée : les 35 heures, mesure démagogique, perverse et inefficace, plombe encore note économie.

Il ne faut pas oublier non plus que Balladur, durant sa cohabitation avec Mitterrand, a essayé de mener des réformes économiques de grande ampleur, qui, là aussi, ont été des échecs cuisants car refusées par l’opinion publique au détriment de l’intérêt général. Chirac a vu que ces réformes avaient coûté à l’ambition de son meilleur ennemi. On peut donc difficilement reprocher à Chirac une certaine retenue en la matière : chat échaudé craint l’eau froide.

Un mot sur le CPE : la logique voulait tenter de corriger une situation où 25% de nos jeunes étaient au chômage. On voulait, par le CPE, instaurer un contrat flexible permettant de rendre plus sexy l’embauche d’un jeune. En échange de cette flexibilité, on augmentait la rémunération de ce jeune, jusqu’à lui octroyer un supplément salarial pouvant s’assimiler à un 13e mois. Làs, cette mesure a été retoquée par des étudiants imbéciles et idiots, largement soutenus par leurs profs qui voyaient là l’occasion de mener une grève par procuration et mettre la pression sur un pouvoir politique qui ne faisait pas naturellement partie de leur bord.

Le CPE a été retoqué et ce qui avait été considéré comme une victoire à l’époque est un cuisant échec : aujourd’hui, 25% de nos jeunes restent au chômage : belle avancée !

Chirac a exercé, a de maintes reprises, des responsabilités ministérielles. Il l’a fait sous Pompidou, dans les années 1970, sous Giscard, à la fin de cette décénie, sous Mitterrand en 1986, a été Maire de Paris et Président de la République durant deux mandats. Il est donc évident que Chirac connaît mieux que quiconque la nature profonde, les qualités et défauts de ses concitoyens. Il sait les Français râleurs, frondeurs et rétifs au changement. Ainsi, chacun de ses projets est pesé, analysé et rien n’est jamais pris à la légère. Il sait prendre le temps pour ne pas brusquer et ne pas heurter une opinion publique qu’il connaît et sait mieux que quiconque jauger. A cette aune, il est donc plus que compréhensible qu’il n’aime pas engager des mesures non réfléchies et qu’il déteste la gesticulation et les effets d’annonce non concertées. En cela, tout l’oppose d’un Sarkozy. Chirac n’a peut être pas su mener les réformes économiques dont la France avait besoin, certes. Mais il faut se rappeler que lorsque Chirac a quitté ses fonctions, la France avait un déficit annuel de 50Mds entre les entrées et les sorties d’argent. Sarkozy a porté, en 5 ans, ce déficit à plus de 100Mds. Chirac a exercé ses fonctions pendant 12 ans, dont 5 ans de cohabitation. Pendant ses fonctions, il a doublé le déficit budgétaire, le portant de 25Mds à 50Mds. Sarkozy, l’a redoublé le portant de 50Mds à 100Mds en 5 ans seulement ! Pour moi, Sarkozy a été donc pire que Chirac en matière économique, d’autant plus que la première mesure de Sarko a été de redistribuer 15Mds d’Euros aux plus riches par les dispositions de la niche fiscale, disposition qui n’a jamais été assortie de contre-partie.

Sarkozy avait un rapport malsain par rapport à l’argent. Il est de notoriété publique que Sarkozy préfèrait l’argent à l’intérêt général. Il a toujours utilisé le pouvoir pour son accès à l’argent, quand l’ensemble des politiques utilisaient l’argent pour accéder au pouvoir. Les deux pratiques sont condamnables, mais la politique Sarkozienne est incontestablement plus puante, allant jusqu’à donner 240 Millions d’Euros à Bernard Tapie, dont 40 Millions pour préjudice moral, ce, sur les fonds publics. Quand on pense qu’une famille qui perd un gosse par la faute d’un hôpital ne récupère que 100 000Euros au titre de préjudice moral, on peut se poser des questions sur l’égalité des citoyens devant la justice.

Chirac avait incontestablement le sens de l’intérêt général et l’a montré en imposant une mesure courageuse : l’instauration des radars automatiques. Mesure oh combien impopulaire, elle a permis de diviser le nombre de morts annuels sur les routes par deux.

La comparaison entre Chirac et Sarkozy demeure donc largement en faveur du premier, quand le deuxième peut se targuer d’être le pire président de la Ve République.

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