La lâcheté des politiques locaux et nationaux

En matière de pollution, la lâcheté est générale. Elle est localisée au plus haut niveau du gouvernement, mais aussi chez tous les maires qui ne veulent pas s’aliéner les voix des citoyens, même dans l’intérêt général.

Peu importe la pollution et les atteintes à l’intégrité physique de nos concitoyens, seule compte le fait de laisser les pauvres accéder au centre-ville avec leurs poubelles. C’est oublié un peu rapidement que ceux qui subissent cette pollution sont ces mêmes familles qui n’ont pas les moyens d’échapper à la pollution engendrée par une automobile toujours plus présente.

Honte à nos politiques et à leur lâcheté.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 22 Septembre 2012

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Le plan de lutte contre la pollution de l’air en ville ne verra pas le jour
La ministre de l’écologie, Delphine Batho, a acté l’échec du dispositif imaginé par le précédent gouvernement

Imaginées par le gouvernement précédent pour lutter contre la pollution atmosphérique dans les agglomérations françaises, les zones d’action prioritaire pour l’air (ZAPA) ne verront pas le jour.

La ministre de l’écologie, Delphine Batho, qui réunissait, jeudi 20 septembre, les huit villes (Paris, Marseille, Lyon, Grenoble, Nice, Aix-en-Provence, Bordeaux, Clermont-Ferrand) candidates à l’expérimentation, a acté l’échec du dispositif, jugé injuste socialement et inefficace écologiquement. Aucune des agglomérations n’a été en mesure de présenter un schéma pour limiter l’accès des véhicules les plus polluants.

Pour sortir de l’impasse, la ministre a décidé la constitution d’un comité interministériel sur la qualité de l’air, qui comprendra les ministères de l’écologie, de l’intérieur et de la santé, avec pour objectif la remise à plat complète du dispositif début janvier 2013.

 » Nous sommes résolus à avancer. Mais nous devons travailler sur un nouveau schéma, de nouvelles méthodes et à l’échelle de l’ensemble du territoire « , a indiqué Mme Batho. Le gouvernement n’a d’autre choix : la pollution de l’air serait responsable de plus de 40 000 décès prématurés par an et la France fait l’objet d’une procédure devant la Cour de justice européenne pour non-respect des valeurs limites relative aux particules fines dans l’air dans seize zones ou agglomérations.

Face aux menaces de sanctions financières lourdes, le gouvernement Fillon avait annoncé la création des ZAPA. Mais très vite, les collectivités candidates se sont heurtées à des problèmes de périmètre et de gouvernance, comme à Paris. La capitale a changé trois fois de scénario pour finalement considérer que le territoire pertinent de restriction devait s’étendre jusqu’à la ceinture de l’A86, un espace qui ne correspond plus a ses limites administratives, incluant 77 communes.

A Grenoble, le maire (PS) Michel Destot a fait valoir que l’agglomération, favorable au dispositif, mène des chantiers importants – nouvelles lignes de tramway, aménagements urbanistiques – rendant impossibles des contraintes de circulation supplémentaires. La Ville a demandé un délai d’au moins deux ans.

Toutes les collectivités ont souligné le caractère discriminatoire des restrictions envisagées par le précédent gouvernement, si elles ne sont pas accompagnées de mesures d’aides aux ménages les plus modestes, ceux qui possèdent les véhicules les plus anciens, les plus polluants et qui seraient ainsi privés d’accès au centre-ville.  » C’est un bouquet de mesures qu’il faut imaginer, et qui ne peuvent pas être uniquement assumées par les villes, comme l’abonnement aux transports en commun, des plates-formes de covoiturage, des bus en site propre. Les ZAPA doivent être intégrées dans une politique nationale « , estime René Dutrey, l’adjoint (Europe Ecologie-Les Verts) à la mairie de Paris, chargé du développement durable et du plan climat.

Les élus ont également souligné l’incohérence de l’Etat, qui demande aux agglomérations de bannir les véhicules les plus polluants sur leur territoire alors que, de son côté, le gouvernement continue à subventionner par une fiscalité avantageuse le diesel. Mais il est peu probable, au moment où PSA est plongé dans des difficultés majeures, que le gouvernement Ayrault avance sur une  » sortie du diesel « . Les collectivités ont enfin souligné l’inefficacité du dispositif des ZAPA, qui ne prévoyait pas de restrictions des véhicules récents mais fortement émetteurs de CO2, comme les 4 x 4.

La France accuse un sérieux retard. L’Europe, notamment l’Allemagne, s’est dotée de zones à faibles émissions. Sans attendre les ZAPA, le maire (PS) de Paris, Bertrand Delanoë, doit, le 15 octobre, présenter devant son conseil municipal des mesures pour améliorer la qualité de l’air dans la capitale.

Le 20 juillet, M. Delanoë avait écrit au premier ministre pour lui demander, en cas de pic de pollution, la restriction de la circulation des poids lourds en transit et l’abaissement de 20 km/h de la vitesse sur les axes franciliens. Il a également adressé une demande officielle à la préfecture de Paris d’une diminution générale de la vitesse maximale sur le périphérique à 70 km/h. L’air dans la capitale a été particulièrement pollué tout au long de l’année 2012.

Sophie Landrin


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