Il faut réduire les dépenses

Tout le monde s’accorde à dire qu’il faut privilégier la baisse des dépenses par rapport à l’augmentation des impôts si l’on veut réduire le déficit public d’un pays.

La France ne l’a fait qu’en partie. Espérons que cela suffise, mais, personnellement, je suis pessimiste car je juge que ces mesures ne sont pas assez fortes et puissantes pour faire sortir notre pays du marasme économique dans lequel il se trouve.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 29 Septembre 2012

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Le premier budget Hollande divise les économistes
Le contexte économique international dégradé pourrait amplifier les effets récessifs

Au Royaume-Uni, la hausse des taxes sur la bière, décidée au milieu du XVIIIe siècle, avait provoqué une réaction étonnante chez les Britanniques. La consommation de l’alcool, jugée indispensable, avait poussé les ouvriers à travailler davantage pour s’offrir ce plaisir, raconte Jean-Marc Daniel, économiste et historien. L’impôt avait su rester incitatif et non punitif. Mais l’économiste et philosophe David Hume doutait qu’un tel cercle vertueux se produise jamais en France,  » un pays où la douceur de vivre n’a pas habitué à l’effort « .

De ce côté-ci de la Manche, l’adversité pousserait les épargnants, travailleurs et investisseurs à la fuite légale (expatriation, délocalisation) ou illégale (travail au noir, fraude fiscale). S’ajoute à cela une tendance naturelle à la déprime – les Français sont pessimistes et gros consommateurs d’antidépresseurs – qui les conduirait à restreindre plus que de nécessaire les dépenses et les investissements.

Avant même la mise en place du plan de rigueur du premier ministre, Jean-Marc Ayrault, les réactions en ce sens fusent. Bernard Arnault, plus grande fortune de France, est soupçonné de s’enfuir en Belgique pour échapper à l’impôt. L’industriel Dassault Aviation menace de remettre en question l’intéressement des salariés pour éviter les nouvelles taxes. Et de grands groupes sont suspectés de préparer en catimini l’expatriation de leurs sièges sociaux pour échapper au  » matraquage fiscal  » redouté.

A écouter la plupart des experts, ce n’est toutefois pas le caractère fuyant des Français qui risque de compromettre la réussite du plan de  » redressement dans la justice « . Il faudrait plutôt incriminer le mauvais calibrage des mesures, trop focalisées sur la hausse des prélèvements et pas assez sur les dépenses publiques, l’incohérence de certains dispositifs, et un environnement économique défavorable.

Patrick Artus, professeur à l’Ecole polytechnique et chef économiste chez Natixis, n’en décolère pas. Des travaux très précis de l’économiste libéral Alberto Alesina reprennent les épisodes de consolidation fiscale depuis les années 1960, dit-il, et la conclusion est sans ambiguïté : les plans de rigueur qui sont tirés par la hausse des impôts provoquent plus de chômage et réduisent plus sévèrement la croissance que ceux axés sur la réduction des dépenses.  » L’écart est stupéfiant, quel que soit l’impôt que l’on augmente et quelle que soit la dépense publique que l’on réduit « , insiste M. Artus.

Les plans de rigueur finlandais ou danois des années 1990 focalisés sur la baisse des dépenses de l’Etat auraient ainsi limité la casse sociale. Tandis que les mesures d’économie prises en France dans les années 1990 (hausse des cotisations sociales) ou au Japon (hausse de la TVA) auraient contribué à faire décrocher le marché du travail.

Explication : lorsque les impôts des particuliers augmentent, les marges des entrepreneurs baissent, du fait du recul de la consommation, mais les profits des entreprises s’affaissent aussi lorsque la taxation des sociétés progresse. Moins profitables, les entreprises réduisent alors leurs investissements, ce qui pénalise à plus long terme la création d’emplois.

M. Artus stigmatise aussi les contradictions du plan de M. Ayrault. Le gouvernement taxe les actions et les dividendes, ce qui devrait inciter les entreprises à ne pas se financer sur le marché des capitaux, mais il pénalise aussi le recours à l’endettement.  » Il faut choisir « , dit-il.

Nicolas Baverez dénonce, lui, en bloc  » l’euthanasie de la production, du travail et de l’investissement « . Avec, à la clé,  » la montée de la violence politique et sociale « . Même si le gouvernement épargne relativement les étudiants, réputés les plus contestataires.

Tous les experts ne sont pas aussi critiques. Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), juge, lui, les mesures plutôt  » bien ciblées « , s’attaquant aux niches fiscales, et aux plus riches. Au-delà de débats idéologiques, ce choix évite de pénaliser exagérément la consommation, puisque les 20 % de revenus plus élevés ne consommeraient que 75 % de leurs revenus

Mais la plupart des économistes libéraux ou keynésiens dénoncent surtout les méfaits de l’environnement international. La consommation interne reculera inévitablement, sans pouvoir être contrebalancée par une relance des exportations, puisque les économies de nos partenaires commerciaux, principalement en Europe, tournent elles aussi au ralenti.

C. G.


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