Quand nos hommes politiques manquent de courage

Pendant dix ans de pouvoir de la droite, on n’est pas revenu sur les 35h. C’est que cette mesure, oh combien démagogique, représente un piège pour un gouvernement.

Tout le monde sait que ça coûte un fric monstre, mais personne n’a le courage de l’enlever car les Français y sont énormément attachés.

Ainsi, à droite comme à gauche, on est pour enlever les 35h quand on reçoit des rapports économiques démontrant les faibles bénéfices, et l’immense gabégie associés. Par contre, on est contre devant les Français car sinon ne nous renouvellent pas le mandat.

Et un peu de courage, Messieurs les hommes politiques, c’est trop vous demander ? Bien sûr, car la place est belle et on ne va tout de même pas cracher sur 7000Euros par mois, au minimum, pour défendre l’intérêt général…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 1er novembre 2012

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Jean-Marc Ayrault contraint d’éteindre l’incendie qu’il a allumé sur les 35 heures
Le premier ministre, affaibli, a été la cible d’attaques de la droite après une phrase ambiguë

Ne pouvait-on envisager une autre formulation, une phrase un peu plus finement ciselée ? En répondant aux interrogations des lecteurs du Parisien, et notamment à une série de quatre questions sur les 35 heures, Jean-Marc Ayrault, en toute innocence, a allumé le feu. Le premier ministre, qui dans sa quatrième réponse a estimé que celles-ci ne constituaient  » pas un sujet tabou « , a sans surprise semé le trouble dans sa majorité et s’est exposé à une violente offensive de la droite. Comme si le chef du gouvernement avait lui-même fourni le bâton pour se faire battre.

Certes, s’agissant d’une rencontre avec un panel de lecteurs, et non d’un entretien classique, M. Ayrault se serait délibérément autorisé un  » discours plus libéré « , comme l’explique un de ses conseillers.  » Je ne suis pas dogmatique « , soulignait-il d’ailleurs dans cet entretien, soucieux de conforter son image de dirigeant ouvert à la concertation, alors que le rapport de force avec le patronat, à l’approche de la remise du rapport Gallois et des annonces sur la compétitivité, se durcit.

Reste que le cabinet du premier ministre, dès lundi soir, avait senti le vent de la polémique. Relisant le texte de l’entretien réalisé le matin même, les collaborateurs de M. Ayrault n’ont pas cherché à modifier la phrase dans le journal à paraître le lendemain, comme c’est souvent l’usage, au motif que l’entretien avait été mené par des lecteurs et filmé. Ils ont néanmoins prévenu, le soir même, les présidents des deux groupes parlementaires et les deux ministres chargés des matinales radio du mardi, Laurent Fabius et Michel Sapin. Lesquels tentent de sauver le soldat Ayrault.

 » Supprimer les 35 heures, c’est supprimer les heures supplémentaires, c’est donc travailler plus pour payer moins « , assure alors M.. Sapin. A l’Elysée, où l’on n’a été informé que mardi matin à l’aube de cette sortie de M. Ayrault, le refus de commenter ce nouveau faux pas ne masquait pas une certaine stupéfaction. Aggravée par le choix du premier ministre de démentir lui-même, peu après 8 heures sur France Info :  » Il n’est pas question de revenir sur les 35 heures parce que ce n’est pas la cause de nos difficultés économiques. Il y en a beaucoup d’autres. « 

Outre que l’on a connu correction plus habile, le fait que le premier ministre affirme dans le même temps une chose et son contraire n’a pas ravi le staff du président. Pendant qu’à l’Assemblée nationale, à l’heure où se réunissent les groupes politiques, en fin de matinée, c’est la grande effervescence. Le répertoire complet des  » couac « ,  » bévue « ,  » gaffe « ,  » cacophonie  » est de nouveau de sortie. A tour de rôle, les UMP Eric Ciotti puis Jean-François Copé se pressent au-devant des micros et des caméras agglutinés salle des Quatre-Colonnes.

 » Surinterprétation « 

Les porte-parole du groupe socialiste affichent leur stupéfaction devant ce qu’Annick Lepetit appelle  » une surinterprétation systématique  » des propos du premier ministre. Et ne cessent de démentir que cette affaire en soit une. Mais la droite a prévu de transformer l’Hémicycle en stand de tir lors des questions au gouvernement. Arrivés quelques minutes avant le début de la séance, M. Ayrault et M. Sapin prennent place côte à côte. Christian Jacob (copéiste), le président du groupe UMP, ouvre le feu.  » Il n’y a plus de pilote dans l’avion ! « , conclut-il sa lourde charge. Le premier ministre dément une nouvelle fois :  » La durée légale du travail est de 35 heures et elle ne changera jamais « . La deuxième salve vient de Bernard Accoyer (filloniste).  » Vous avez eu raison de vouloir ouvrir ce débat sans tabou « , lance le député de Haute-Savoie au chef du gouvernement. Réponse de ce dernier :  » Pendant dix ans, vous avez été au pouvoir. Pendant tout ce temps, vous n’avez pas abrogé les 35 heures. Pourquoi ? « 

La partie se prolonge à l’extérieur. Les élus de droite continuent de se gausser, les quelques députés du PS qui osent se livrer défendent bec et ongles le premier ministre. Olivier Faure, proche de M. Ayrault, dénonce  » une chasse à l’homme « .  » C’est une tempête dans un verre d’eau « , assure le député de Seine-et-Marne.  » On passe au sujet suivant  » martèle un conseiller à l’Elysée. Ironie de l’histoire : à ses côtés pendant l’entretien au Parisien, se trouvait Bernard Candiard, nouveau conseiller spécial du premier ministre, tout juste nommé pour  » nous aider à gérer le temps long « , selon un proche de M. Ayrault.

David Revault d’Allonnes et Patrick Roger

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