De nouveaux modes de production énergétiques

C’est un mode de production énergétique prometteur qui est présenté ici. Il reste à être amélioré et à bénéficier de recherches importantes afin qu’il puisse être à même de remplacer les modes de production actuels polluants et dangereux.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 20 Octobre 2012

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L’énergie des courants approche de la maturité
De grands industriels misent sur les hydroliennes, en voie de devenir une technologie de référence
Dublin Envoyé spécial

En 2011, Tony Lewis, professeur à l’université de Cork (Irlande), a été chargé de rédiger le chapitre consacré aux énergies de la mer dans un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).  » Nous avons eu un mal fou à chiffrer précisément le potentiel de ces énergies, car il existe des multitudes d’estimations, toutes réalisées avec des méthodologies différentes, explique-t-il. La conclusion à laquelle nous avons abouti est que le potentiel est tellement énorme – de huit à dix fois la demande mondiale d’électricité – qu’en donner une estimation précise n’a plus d’importance. « 

Le potentiel électrique des courants, marées, vagues, vents marins, différentiels de température ou de salinité était au coeur de la quatrième conférence internationale sur les énergies marines, qui s’est tenue à Dublin du mercredi 17 au vendredi 19 octobre. L’occasion pour les acteurs industriels, institutionnels et scientifiques de faire le point sur l’état de l’art dans un secteur encore loin d’être arrivé à maturité.

Des représentants du département américain de l’énergie y côtoyaient le fondateur d’Idénergie, une start-up québécoise qui a l’intention de commercialiser dès 2013 une hydrolienne fluviale à 10 000 dollars (7 800 euros) l’unité, pendant que Stephen Salter, 74 ans, pionnier des énergies marines de l’université d’Edimbourg, donnait une conférence iconoclaste intitulée  » Les hydroliennes sont-elles presque toutes mal conçues ? « 

Les grands groupes industriels, qui jetaient jusqu’à il y a peu un regard curieux mais lointain sur ces turbines destinées à transformer l’énergie cinétique des courants en électricité – comme une éolienne le fait avec l’air -, ne se posent visiblement pas cette question. Une des sociétés leaders en matière de technologie, la britannique Marine Current Turbines (MCT), dont le prototype de double hydrolienne est testé dans le nord de l’Irlande, a été rachetée à 100 % par Siemens en février. Alstom a annoncé, en septembre, avoir trouvé un accord avec Rolls-Royce pour le rachat de Tidal Generation Limited, autre concepteur d’hydroliennes.

Et le français DCNS doit décider d’ici à la fin d’année s’il fait jouer – ou non – l’option qui lui permettrait de prendre le contrôle de l’irlandais OpenHydro, dont il détient déjà 11 % du capital et qui doit fabriquer les quatre engins qu’EDF compte immerger en 2014 au large de l’île de Bréhat (Côtes-d’Armor), dans ce qui serait le premier parc expérimental d’hydroliennes raccordé au réseau électrique dans le monde.

De leur côté, l’électricien espagnol Iberdrola et l’énergéticien suédois Vattenfall multiplient les partenariats, alors que le japonais Kawasaki doit bientôt tester sa première hydrolienne aux îles Orcades, au nord de l’Ecosse.

 » Le fait marquant de cette conférence, c’est l’arrivée à maturité de la technologie hydrolienne « , estime Frédéric Le Lidec, directeur des énergies marines renouvelables de DCNS. L’énergie des courants a pris de l’avance sur l’éolien flottant, encore au stade expérimental, et surtout sur l’énergie tirée des vagues.  » A la différence des courants, où l’on observe une convergence technologique, on ne s’est pas encore forgé de conviction en matière d’énergie houlomotrice, reprend le représentant de DCNS. C’est encore foisonnant, on y recense plus de cent technologies différentes en développement. « 

Les experts estiment que l’exploitation commerciale des énergies de la mer n’est pas envisageable avant – au mieux – 2020.  » Cela passera par une réduction des coûts, assure David Ainsworth, directeur du développement de MCT. L’énergie des courants ne sera viable que si elle arrive à concurrencer les autres énergies renouvelables. « 

Les défis que devront surmonter les énergies marines dans les années à venir sont de plusieurs ordres : améliorer leur efficacité énergétique et leur fiabilité, dans un milieu pas forcément hospitalier, trouver des solutions de maintenance et de raccordement aux réseaux électriques qui ne fassent pas exploser les coûts, démontrer leur relative innocuité environnementale…

En France, trois années ont été nécessaires pour parvenir à constituer une plateforme technologique baptisée France Energies Marines, qui faisait à Dublin la promotion des cinq sites d’essais en voie de réalisation autour de l’Hexagone. En septembre, en conclusion de la Conférence environnementale, Jean-Marc Ayrault a demandé que soit réalisée avant la fin de l’année une étude sur le potentiel de la filière.

Un signe encourageant, alors que les industriels piaffent, dans l’attente d’un appel d’offres portant sur l’installation d’hydroliennes au raz Blanchard. Situé au large du Cotentin et du cap de la Hague, ce  » hotspot  » de l’énergie des courants compterait pour la moitié dans le potentiel hydrolien européen.

Gilles van Kote


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