Ca ne durera pas…

Cette situation est surprenante… mais, pour moi, elle ne durera pas. On a perdu notre AAA par deux fois, on le fera, sous peu, une troisième fois.

Très franchement, je ne suis pas optimiste. Pour moi, un pays qui a autant de mal avec la notion de travail (35h, compététivité en berne, dédommagement très important des chômeurs, chômage chronique des jeunes et des séniors, congés parentaux au top, un taux de chômage à 10%, etc.), ne peut avoir de la chance de bénéficier de taux bas ad-vitam.

Qui vivra verra, mais la France serait bien avisée de profiter de cette situation, car, pour moi, cela laisse augurer des lendemains moins chantants.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 07 décembre 2012

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ANALYSE
Les investisseurs n’ont jamais été aussi bienveillants avec la France
Le taux des emprunts à dix ans a touché son plus bas historique à moins de 2 %, malgré les faiblesses de l’économie française

Dégradée par les agences de notation, raillée par les Anglo-Saxons, la France ne semble être appréciée que par les marchés. Ces spéculateurs si souvent dénoncés par le gouvernement. Ignorant les présages sinistres sur le déclin de l’économie française et sa faillite annoncée, les investisseurs s’arrachent la dette de l’Etat. Mercredi 5 décembre en séance, leur appétit a fait reculer le taux des emprunts à dix ans à un plus bas historique – sous les 2 % – à 1,989 %, sur le marché secondaire (celui de la revente).

Du jamais-vu, se réjouit-on à l’agence France Trésor (AFT), chargée d’emprunter sur le marché au nom de l’Etat. Pour le pays, l’attractivité de la dette française se traduit par des économies substantielles : 1 % de moins sur les taux des emprunts à sept ans – la durée moyenne des emprunts français – c’est 1,7 milliard d’euros gagnés chaque année, calcule Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis.

Sur les onze premiers mois de l’année, le pays a emprunté à moyen et long terme (des dettes à échéance de plus de deux ans) au taux record de 1,87 %. A l’AFT, on imagine déjà battre la performance de 2010, où l’Etat s’était endetté à 2,53 % contre une moyenne de 4,15 % entre 1998 et 2007.

Tous les espoirs sont permis. Jeudi, l’AFT devait émettre entre 3 et 4 milliards d’euros de dettes à moyen et long terme et, dans la matinée, les taux à dix ans restaient en deçà de 2 % sur le marché.

Ces taux anormalement bas s’observent depuis des mois. Preuve qu’il ne s’agit pas d’un accident mais d’un choix des investisseurs. Ces derniers, il est vrai, n’ont guère d’alternative. Si l’on veut acheter des titres souverains de la zone euro sans risque, il y a bien la dette allemande, pays encore noté  » AAA « . Mais avec un taux proche de 1,3 %, elle offre un rendement inférieur à l’inflation (autour de 2 %), c’est-à-dire, au final, négatif…

Les marchés classent donc encore la dette française dans la catégorie des titres sans danger. De quoi donner tort à ceux qui, comme l’hebdomadaire britannique The Economist, pensent que la France sera la prochaine cible des spéculateurs.  » Cela prouve le décalage important entre le « commentariat » facilement décliniste, et la réalité du marché « , explique Gilles Moëc, économiste chez Deutsche Bank.

 » Vive la résistance « 

En dépit d’une tendance au laxisme budgétaire – les comptes n’ont pas été à l’équilibre depuis 1974 – et des rigidités de l’économie, les investisseurs saluent le  » pacte de compétitivité  » censé redonner aux entreprises 20 milliards d’euros. Ce n’est pas assez pour que celles-ci restaurent leurs marges, au plus bas depuis vingt-cinq ans, selon M. Caffet, mais  » ce n’est pas rien « . Certains pensent même que la France fait bien de ne pas se lancer trop frénétiquement dans la course à la compétitivité.  » Vive la résistance « , écrit ainsi Thomas Fricke, chef économiste au Financial Times Deutschland dans une tribune fin novembre.  » Pourquoi nous croyons à la France « , renchérissent dans Les Echos, mercredi, cinq hommes et femmes d’affaires à la tête de filiales françaises de grands groupes (General Electric, Siemens, Adecco, Accenture…).

Pas de quoi se réjouir pour autant. Le  » french bashing « , cette tendance à dénigrer la France, a encore de beaux jours devant lui.  » Beaucoup d’investisseurs se posent des questions sur le pays, même s’il n’y a pas d’action à ce stade, signale M. Moëc, rappelant les  » gros titres  » – menaces de nationalisation, remise en question partielle de la réforme des retraites… – qui ont l’inconvénient de renforcer des clichés sur le rejet de l’économie de marché par la France. « 

En outre, si la France a bien des atouts, ils ne sont souvent que le reflet de ses désavantages, pense M. Caffet : la résistance de la consommation cache le manque d’investissements ; la forte productivité des travailleurs, le faible nombre d’heures travaillées ; la diversité de l’économie, notre manque de spécialisation, etc. Bref, la bienveillance des marchés ne doit pas faire oublier la nécessité de réformer un pays qui se désindustrialise à grande vitesse et où la dépense publique est la plus élevée d’Europe, après le Danemark.

Claire Gatinois


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