Est-ce la bonne méthode de traiter avec un employeur qui emploie 20 000 salariés ?

Le gouvernement et le ministre du redressement productif n’ont-ils pas des problèmes de communication à traiter avec un employeur qui emploie 20 000 salariés en France ?

Quelle image cet interventionnisme politique exacerbé peut-il avoir sur des investisseurs étrangers quand il s’agira de miser sur la France ?

A quoi sert la démagogie gouvernementale à dire à la population qu’on peut, alors qu’économiquement « l’Etat ne peut pas tout ». L’Etat ne peut pas tout, c’est une dure réalité. Dans ce cas, il est beaucoup plus judicieux d’investir dans une compétitivité accrue, dans une économie de pointe avec une production non-entravée par les 35h, que d’essayer de faire croire que l’on va sauver des gens alors qu’on ne le peut pas.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 27 Novembre 2012

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Lakshmi Mittal attend l’arbitrage de M. Hollande
Le sidérurgiste est  » extrêmement choqué  » des propos de M. Montebourg, qui  » ne veut plus de Mittal en France « 

Extrêmement choqués.  » C’est en ces termes qu’ont réagi, lundi 26 novembre, les Mittal aux dernières déclarations guerrières d’Arnaud Montebourg.  » Nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu’ils n’ont pas respecté la France « , affirme dans Les Echos publiés ce même jour le ministre du redressement productif.

Lakshmi Mittal, le PDG du groupe ArcelorMittal, préfère pour l’heure croire que ces propos n’engagent que le bouillonnant ministre qui s’est fait une spécialité des sorties tonitruantes contre les groupes qui ferment des usines. Il attend de François Hollande, qu’il devait rencontrer mardi, un comportement plus raisonnable, fait-on savoir dans son entourage. A savoir, une discussion entre gens sérieux sur le sujet qui intéresse les deux parties : l’avenir des hauts-fourneaux de Florange (Moselle) que le sidérurgiste veut fermer et pour lesquels le gouvernement cherche un repreneur.

Le milliardaire indien n’en est pas à ses premières prises de bec avec le monde politique français. Lorsqu’il avait lancé son OPA hostile contre Arcelor en 2006, il s’était vu donner des leçons de  » grammaire du monde des affaires  » par Thierry Breton, alors ministre de l’économie et des finances.

Les syndicats de Florange, qui doivent rencontrer M. Montebourg mercredi, n’ont pas non plus tous apprécié la dernière sortie de M. Montebourg, alors qu’ArcelorMittal emploie plus de 20 000 personnes en France.

Edouard Martin, représentant de la CFDT à Florange  » applaudit des deux mains et des deux pieds  » le ministre :  » Depuis dix-huit mois, nous disons que Mittal est un prédateur. S’il y en a qui pensent qu’il va s’arrêter à Florange, ce sont de doux rêveurs.  » Pour preuve, en veut le syndicaliste, le sidérurgiste vient d’annoncer qu’il ne rouvrirait pas un haut-fourneau à Dunkerque (Nord), alors que celui-ci était censé être mis à l’arrêt provisoirement le temps de subir des réparations. Autre son de cloche à la CGT :  » Ce n’est pas avec des phrases chocs que l’on vivra. Une fois qu’on a dit cela qu’est ce qu’on fait ? « , s’insurge Yves Fabbri,  » Nous voulons une véritable politique industrielle. « 
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Trouver un terrain d’entente

 » Je ne suis pas certain que de tels propos soient de nature à faciliter une solution sur Florange et à rassurer les autres salariés d’ArcelorMittal en France « , estime pour sa part Xavier Le Coq pour la CGC. Le syndicat s’apprête à remettre une liste d’une vingtaine de questions sur l’avenir du site au ministre.

Après avoir menacé jeudi de  » nationaliser temporairement  » le site mosellan, M. Montebourg a franchi une nouvelle étape dans la guerre qu’il livre à M. Mittal.  » Le problème des hauts-fourneaux de Florange, ce n’est pas les hauts fourneaux, c’est Mittal.  » Et d’ajouter :  » les mensonges de Mittal depuis 2006 sont accablants « , affirmant que le PDG  » n’a jamais tenu ses engagements  » vis-à-vis de l’Etat.

Le ministre veut contraindre ArcelorMittal à céder l’intégralité de l’usine de Florange et pas seulement les hauts-fourneaux et la cokerie.  » L’idée serait une association avec un opérateur industriel, minoritaire dans le capital le temps de stabiliser l’activité « .

Le géant mondial de l’acier avait accepté de donner à l’Etat jusqu’au 1er décembre pour trouver un repreneur de sa filière liqui de. A moins d’une semaine de la fin du délai, M. Montebourg veut forcer le bras de Mittal, affirmant que l’Etat aurait deux offres de reprises sur un périmètre plus large que celui mis en vente. La vente de la totalité du site de Florange  » mettrait en péril la viabilité du reste des activités d’ArcelorMittal en France, où le groupe emploie 20 000 salariés « , avait répondu le groupe, brandissant de manière à peine voilée la menace d’un retrait de l’Hexagone.

A Matignon, lundi matin, on restait minimaliste :  » Le but est de trouver une solution pour le site. Il faut trouver un terrain d’entente avec l’industriel.  » A Bercy, où certains se sont étranglés en lisant Les Echos, on relativisait la sortie de M. Montebourg :  » Un départ de Mittal ne semble pas d’actualité mais si cela devait se produire l’acier français ne serait pas sans repreneur. « 

Mardi, lors de sa rencontre à l’Elysée, M. Mittal fera valoir qu’il a joué le jeu et accepté un délai pour laisser le temps au gouvernement de trouver un repreneur.  » On a accepté d’ajouter la cokerie dans la corbeille alors que le groupe préférerait la garder, note-t-on dans l’entourage du PDG. Tout cela a été stipulé dans un accord juridiquement contraignant.  » Si au 1er décembre aucune solution n’a pu être trouvée, le plan de redressement sera alors automatiquement lancé.

Dominique Gallois et Virginie Malingre

    En France, 20 000 salariés répartis sur 150 sites

    En déclarant qu’il ne  » veut plus  » de Mittal en France, le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, s’attaque à forte partie. Présent en France depuis l’achat, en 1999, d’Unimétal, propriétaire de l’aciérie mosellane de Gandrange (aujourd’hui fermée), le groupe est devenu, depuis son OPA sur Arcelor en 2006, l’un des grands employeurs du pays. Il y compte près de 20 000 salariés, répartis sur 150 sites. Trois d’entre eux, à Dunkerque (Nord), Florange (Moselle) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), disposent de hauts-fourneaux. Leader mondial de l’acier, ArcelorMittal a réalisé, en 2011, en France, un chiffre d’affaires de 4,7 milliards d’euros (6 % de son activité totale).

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