Il faut abroger ce système absurde

Il faut en finir avec ce systèmes des mutuelles étudiantes qui ne remplissent que partiellement leur rôle, qui coûte beaucoup d’argent et qui sont inefficace. Si on n’a pas réussi à le faire jusqu’à présent c’est parce que ces mutuelles ont été et sont encore l’anti-chambre d’un système politique mafieux qui servent à rétribuer grassement quelques personnes situées dans des relations de politiques.

Il faut donc intégrer le système de la sécu étudiante dans le système général.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 28 décembre 2012

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Les dérives en série des mutuelles étudiantes
Remboursements tardifs, frais de gestion exorbitants… un rapport critique le système de sécurité sociale étudiante

Faut-il supprimer les mutuelles étudiantes ? Un rapport sénatorial, publié mardi 18 décembre et passé quasiment inaperçu alors qu’il touche des centaines de milliers de jeunes et leurs familles, préconise une réforme profonde du régime de sécurité sociale étudiante. Retards de remboursements, frais de gestion exorbitants… ces organismes obligatoires, abusivement qualifiés de  » mutuelles étudiantes « , accumulent les critiques alors qu’ils sont censés protéger un public plus pauvre que la moyenne.

Au point que les auteurs du rapport, Ronan Kerdraon (PS, Côtes-d’Armor) et Catherine Procaccia (UMP, Val-de-Marne), estiment qu’il est temps de mettre fin à la concurrence à laquelle se livrent les deux organismes gérant la  » Sécu  » des étudiants. A chaque rentrée, La Mutuelle des étudiants (LMDE, ex-MNEF) et le réseau emeVia, qui regroupe onze mutuelles régionales (Smerep, Smerra, Vittavi, etc.), se livrent une féroce bataille sur les campus pour recruter le maximum d’étudiants.

Pour une raison simple : chaque recruté  » rapporte  » 52 euros versés par l’Assurance-maladie, en plus de la cotisation des étudiants (207 euros). Mais cette concurrence a un coût considérable pour ces mutuelles. Dans un rapport très critique publié en septembre, l’UFC-Que Choisir estime ainsi que les frais de gestion représentent plus de 90 millions d’euros par an, soit 13,7 % des ressources, un taux bien supérieur à celui de l’Assurance-maladie.

Pour les rapporteurs, cette situation est devenue intolérable.  » Le statu quo n’est guère envisageable « , écrivent-ils en proposant, a minima, une fusion des organismes, qui  » présenterait l’avantage de réduire les coûts de fonctionnement par la diminution des frais commerciaux ou de marketing et d’assurer une taille critique plus adéquate « . Ils avancent aussi une option plus radicale : la fin du régime spécifique des étudiants.  » Cette solution ferait disparaître la particularité d’un régime étudiant, mais n’empêcherait aucunement de mener des actions spécifiques envers cette population « , écrivent-ils, en rappelant que la France est le seul pays européen à avoir un tel système.

Ce qui fait bondir les syndicats étudiants.  » Il faut maintenir un régime : les étudiants ont des besoins de santé spécifiques qui doivent être gérés par les étudiants « , explique l’administrateur de la LMDE chargé de la presse, Julien Ballaire, par ailleurs syndiqué à l’UNEF. Une fusion des organismes pourrait toutefois lui convenir. Contrairement au réseau emeVia :  » Les rapports disent tous que nos mutuelles marchent mieux que la LMDE, estime son président, Cédric Chevalier. Je ne vois pas pourquoi il faudrait que l’on retourne à un régime unique, alors que nos mutuelles ont justement été créées dans les années 1970 pour compenser l’échec de la MNEF. « 

Autre sujet moins avouable :  » Ces mutuelles servent de financement à certains syndicats étudiants, par l’intermédiaire des subventions aux associations proches « , explique un bon connaisseur du système, qui réclame l’anonymat. Aux élections de la LMDE, seule l’UNEF présente des listes. Le syndicat truste ainsi l’ensemble des postes d’administrateurs délégués, rémunérés entre 1 000 et 1 400 euros.  » Il y a clairement un problème de démocratie interne, critique Julien Blanchet, président de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), un syndicat autonome qui s’est retiré de la gestion de la LMDE. Et c’est pareil pour les mutuelles régionales, on ne sait pas toujours quand ont lieu les élections. Il n’y a jamais de campagne. « 

Le scénario qui consisterait à englober la sécurité sociale des étudiants dans l’Assurance-maladie, qui n’y serait pas forcément opposée, ouvrirait la porte à une réflexion plus générale sur les régimes obligatoires (enseignants…). Un risque politique important, surtout pour la gauche.  » Pour nous, de toute façon, ce serait politiquement incorrect de poser la question de la gestion de la LMDE « , s’amuse une députée socialiste. L’UNEF, et par extension la LMDE, sont historiquement très proches du PS. Dernier exemple en date, le directeur général de la LMDE va devenir, le 1er janvier, secrétaire général administratif du PS.

 » Tous les éléments sont sur la table avec notre rapport et celui du Sénat. Maintenant, il va falloir choisir entre réenterrer le sujet des mutuelles étudiantes pour dix ans, ou enfin s’en saisir « , lance Mathieu Escot, chargé de mission au sein d’UFC-Que Choisir. Pour l’instant, l’association, qui plaide pour la disparition du régime étudiant, n’a rien vu venir du côté des pouvoirs publics. En privé pourtant, des membres de la majorité ne cachent pas leur colère face aux difficultés de remboursement de leurs enfants étudiants, qu’ils ne parviennent à résoudre que par un coup de fil à des administrateurs UNEF.

A l’automne, Marisol Touraine, la ministre de la santé, s’était publiquement demandé  » s’il fallait séparer le régime des mutuelles étudiantes des autres « . Des propos restés pour l’instant sans lendemain. Au ministère, on promet que le dossier sera examiné au premier trimestre 2013.

Jean-Baptiste Chastand et Laetitia Clavreul

    La LMDE, héritière de la MNEF

    Créé en 1948, le régime délégué d’assurance-maladie des étudiants a été géré jusqu’en 1972 par un seul organisme, la MNEF, fondée par l’UNEF, le principal syndicat étudiant. Des structures régionales viennent ensuite le concurrencer. En 2000, à la suite d’un immense scandale de gestion, la MNEF est rebaptisée La Mutuelle des étudiants (LMDE). Aujourd’hui, la LMDE revendique 920 000 étudiants affiliés et le réseau emeVia, qui regroupe les onze mutuelles régionales (Smerep, Smeco, Vittavi…), 850 000. La LMDE emploie 615 personnes, les mutuelles régionales 1 200.

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