Il faut interdire la vente des armes à feu aux Etats-Unis : il n’y a pas d’autres solutions !

Il faut réellement arrêter les « règlements de compte à Ok Corral » aux Etats-Unis ! Il faut supprimer le droit qu’a tout citoyen de disposer d’une arme car cela est devenu invivable aux Etats-Unis. La constitution Américaine est mal faite en ce sens : il faut supprimer cet amendement néfaste pour l’ensemble de la société américaine.

Tant que cela ne sera pas fait, les Etats-Unis continueront d’avoir à faire face à des massacres, à des tueries, à des morts par balle indignes d’une démocratie.

Un article date du 12 Janvier 2013

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Etats-Unis : la guerre est déclarée entre Joe Biden et la NRA
Le vice-président va remettre à Barack Obama ses propositions pour encadrer le port d’armes
Washington Correspondante

Le vice-président américain, Joe Biden, n’a pas perdu de temps. Moins d’un mois après avoir été chargé par Barack Obama de diriger une commission sur la violence par arme à feu, il a déjà terminé ses travaux. Joe Biden, il est vrai, connaît bien le sujet : il a été l’un des auteurs, en 1994, de l’interdiction des fusils d’assaut que le Congrès a laissé expirer en 2004 et que les partisans du gun control voudraient réinstaurer.

M. Biden remettra ses conclusions au président le 15 janvier. Il s’est entretenu, jeudi 10 janvier, avec les élus, les familles de victimes de violences par arme à feu, ainsi qu’avec des représentants de l’industrie du cinéma et du jeu vidéo, des lobbyistes des chaînes câblées, des médecins, des responsables du distributeur Wal-Mart (le premier détaillant d’armes). L’administration veut réfléchir non seulement à la facilité d’accès aux armes, mais aussi aux carences de la prise en charge psychiatrique et aux conséquences du déferlement d’images de violence dans les médias.

Joe Biden a aussi reçu les associations de chasseurs et la National Rifle Association (NRA), le lobby des armes à feu. Si, avant la rencontre, le vice-président assurait que la généralisation des background checks (les contrôles de casier judiciaire et d’antécédents psychiatriques préalables aux achats d’armes) faisait l’unanimité, il a été démenti par le communiqué publié après l’entretien par la NRA. L’organisation a accusé la commission Biden de se préoccuper moins de la sécurité des écoliers que du moyen d' » attaquer le 2e amendement « , le paragraphe de la Constitution qui garantit le droit individuel au port d’armes.  » Nous ne laisserons pas les propriétaires d’armes qui respectent la loi payer pour les actes de criminels et de fous « , clame la NRA. Bref, la guerre est déclarée…

Un mois après la tuerie de l’école primaire Sandy Hook de Newtown (Connecticut), qui a fait 26 morts dont 20 enfants, les Etats-Unis traversent une phase de questionnements sans précédent sur un sujet tristement familier – alors que la commission Biden était en session, un adolescent de 16 ans qui s’estimait victime de harcèlement a ouvert le feu, jeudi, sur un camarade dans un lycée de Californie.

Toutes les organisations de gauche sont mobilisées, pour obtenir la nouvelle interdiction des fusils d’assaut. Leurs homologues de droite affirment que la loi de 1994 n’a pas empêché les tueries, la preuve étant la fusillade du lycée de Columbine, en 1999.

Gabrielle Giffords, l’ancienne représentante de l’Arizona, miraculée d’une fusillade sur un parking de Tucson, il y a exactement deux ans, a fondé avec son mari, l’astronaute Mark Kelly, une association : Américains pour des solutions responsables. Toutes les chaînes l’ont invitée.  » Assez ! « , a-t-elle martelé dans le maigre langage qu’elle a jusqu’à présent récupéré. Gabby Giffords incarne la complexité de la question. Elle était l’une de ces démocrates modérées qui comprennent les arguments de la NRA. Elle avait elle-même une arme. Ironie cruelle : c’était le même pistolet Glock que celui de son assaillant.

La nouvelle interdiction des fusils d’assaut a-t-elle des chances de passer au Congrès ? Un projet de loi a été introduit au Sénat par la démocrate Dianne Feinstein (Californie) mais ses chances d’aboutir dans l’immédiat sont minces : les républicains n’ont pas l’intention de céder aux priorités de Barack Obama sans avoir d’abord imposé les leurs : les réductions budgétaires et le plafond de la dette. Les démocrates se souviennent aussi des efforts surhumains qui ont été nécessaires pour imposer l’interdiction en 1994 (adoptée avec deux voix de majorité). Bill Clinton a fait porter à cette mesure la responsabilité de l’écrasante défaite de son parti aux élections de mi-mandat.

Joe Biden a évoqué la possibilité que le président agisse par décret, sans attendre l’avis du Congrès, notamment pour créer un fichier national des acheteurs d’armes, et limiter la capacité des chargeurs dans les armes semi-automatiques. Mais les partisans du 2e amendement, comme l’animateur de radio-télé Bill O’Reilly, accusent déjà l’administration Obama de vouloir  » confisquer les armes des citoyens « .

La NRA est sur le pied de guerre et annonce 100 000 membres de plus depuis le massacre de Sandy Hook (pour un total de 4,2 millions d’adhérents). Barack Obama doit faire des propositions dans son discours sur l’état de l’Union début février. Il doit prendre garde à ce que la question ne devienne pas ce qu’avait été le sauvetage des banques pendant son premier mandat : le prétexte à une insurrection Tea Party.

Corine Lesnes

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Des pratiques honteuses

C’est une pratique honteuse que celle qui est exercée par My Major Company. On profite de la crédulité et de la passion des internautes pour promouvoir des artistes, certes, mais après avoir promu le compte en banque de la boite.

On reverse un minimum aux artistes, on ne prend aucun risque et on s’en met plein les poches en attendant.

A quand la disparition de ce site qui fait honte à son métier ?

Un article du journal ‘Le Point’ daté du 9 Janvier 2013

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My Major Company, le revers peu reluisant de la médaille

La société du fils de Jean-Jacques Goldman promettait aux internautes de produire leurs artistes préférés. Derrière ce refrain, beaucoup de fausses notes.

Par Sébastien Tortu

La promesse était pourtant belle : « My Major Company est lancé avec pour principe fondateur de découvrir les jeunes talents musicaux et de les faire accéder à une production professionnelle en permettant aux internautes d’investir dans la production d’un artiste. » Et pourtant, ces derniers temps, MMC n’est plus cette rampe de lancement pour les artistes de demain. Le rôle d’un label est de parier sur des artistes en espérant leur réussite. My Major Company, lui, ne prend aucun risque, puisque l’artiste n’est produit qu’une fois 100 000 euros rassemblés grâce à la générosité des internautes.

Le label est ainsi payé quoi qu’il arrive, même en cas d’échec, et reverse une partie marginale de l’argent gagné aux investisseurs et à l’artiste. Ce n’est pas lui qui assume les risques, mais les fans du chanteur… Si toutes les parties engagées avaient un retour sur investissement important, le modèle serait parfait. Malheureusement, les producteurs et les artistes se sentent bafoués.
Opacité des dépenses

Pour les investisseurs, la première limite de MMC repose sur le délai de production : les internautes espèrent récupérer leur mise – voire un peu plus -, mais n’ont pas de connaissances artistiques ni d’expertise du milieu musical. Ils optent souvent pour des musiques qui ressemblent à celles qui inondent les ondes du moment. Or, le délai de production chez MMC est si long (jusqu’à 2 ans) qu’au moment où l’artiste arrive sur le marché il est souvent « has been ».

Autre critique : le manque de transparence de l’entreprise sur les dépenses. « Actionnaires » d’un artiste, les producteurs en herbe devraient avoir accès aux comptes et aux bilans. Or, MMC ne justifie aucune dépense et aucun budget. Victor Lugger, directeur financier de la société, l’a affirmé dans un e-mail envoyé à Adam Davis, l’un des artistes repérés par la maison : « Le label décide seul des dépenses et de façon unilatérale pour la production de l’album. » Cette opacité dans les comptes jette le trouble quant au fait de savoir si les 100 000 euros sont bien dépensés de façon optimale pour développer la carrière d’un artiste. Dans certains cas, l’argent récolté sert à rémunérer des prête-noms, et non à investir dans la promotion de l’album.
Colère des coproducteurs

C’est le cas de Thierry de Cara, payé en tant que directeur artistique sur le projet d’Adam Davis abandonné juste avant Noël, sans qu’il ait participé à la préproduction de l’album. Adam Davis le déplore sur le site de MMC : « Le 19 octobre 2011, j’apprends complètement par hasard qu’il reçoit un salaire mensuel de la jauge depuis juillet 2011. En plus, quand on considère que Thierry n’a pas contribué à une seule note, un seul mot, une seule idée à mes titres… »

In fine, les producteurs commencent à percevoir un retour sur investissement une fois les frais liés à la production de l’album remboursés, soit après 10 000 albums vendus. Or, seuls trois disques ont dépassé ce cap : ceux de Grégoire, Joyce Jonathan, Irma. Bref, les coproducteurs sont en colère et le font savoir ! Ils se sont associés pour créer un groupe Facebook « My major Company, tes producteurs sont en colère et ça va se savoir », regroupant plus de 800 membres, ainsi qu’un site web regroupant toutes les informations pour se retourner contre MMC (http://collectifprod.wix.com/prod1).
Les artistes maltraités

Si vous êtes auteur-compositeur, MMC vous demande d’abandonner 100 % de vos droits d’édition, sans avance éditoriale (hormis les droits moraux, très minoritaires). Pour faire simple, si votre chanson est diffusée en radio, en télé ou en boîte de nuit, aucun droit ne vous sera reversé. Et mieux vaut avoir des talents d’auteur-compositeur quand vous signez chez MMC, sinon vous risquez d’attendre de long mois avant d’entonner des chansons. La société ne compte pas d’auteurs dans son équipe. Du coup, comme beaucoup d’autres maisons, My Major Company demande à ses artistes de faire des albums de reprises…

Comme les producteurs, les artistes n’ont aucune visibilité sur les comptes, donc aucun retour sur les dépenses promo. Certains supputent que leur budget promotion sert à gonfler celui d’un autre chanteur qui aurait les faveurs de la direction. Hypothèse plus que probable, quand on voit que certains albums sont passés totalement inaperçus tandis que d’autres ont bénéficié de moyens énormes. Selon certaines sources, Grégoire aurait bénéficié des mêmes méthodes que Baptiste Giabiconi : MMC aurait acheté des milliers d’albums afin de lancer le buzz autour de l’artiste et du label. Aux dépens de qui ? Concrètement, 20 % des recettes nettes hors taxes encaissées par MMC sont reversées aux interprètes. Soit une rémunération inférieure à 2,5 % du chiffre d’affaires engendré par l’artiste. Pas cher payé !
MMC, la dictature ?

Difficile de se libérer des griffes de MMC. Tout est fait pour vous décourager : intimidation, dénigrement, menaces, voire insultes. Certains ont été contraints de faire appel à la justice, comme Adam Davis, afin de se libérer des contrats et de racheter les pistes enregistrées. D’autres font appel à des managers externes afin de prendre la défense de leur dossier, comme Nathalie Beaton. Celle-ci a laissé un commentaire salé sur la société le 9 décembre 2012 : « Je dirais que les gérants du site n’ont peur de rien par inconscience totale. Un jour cela cessera, car ils tomberont face à des gens qui n’accepteront pas leur comportement incohérent et qui les mettront face à leur inconscience ! Ce n’est pas parce qu’on s’appelle Michael Goldman qu’on a le droit à tout, encore moins de mentir à des milliers de gens ! Je pense qu’un juge voit les choses de la même manière, n’est-ce pas ? »

Pour éviter que les contentieux ne se multiplient et que son image ne soit altérée, MMC fait désormais signer aux artistes une clause de confidentialité courant sur 18 mois. Cependant, dans de nombreux cas, les proches des artistes n’hésitent pas, eux, à divulguer des informations plutôt compromettantes sur les drôles de méthodes du label.

Un dernier petit mensonge pour la route : selon Michael Goldman, le fils de Jean-Jacques et cofondateur de MMC, l’entreprise aurait levé près de 13 millions depuis sa création. Sauf qu’il s’agit là des sommes investies par les internautes sur le site ; y compris l’argent misé sur les artistes non produits, et donc ultérieurement remboursé.

L’équipe de My Major Company a refusé de nous répondre pour éclaircir le sujet.

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Il faut rendre transparentes les relations entre industries pharmaceutiques et praticiens

La main mise de ces « experts » sur notre santé est malsaine. Ils sont praticiens, certes, mais comme ils ont des liens avérés avec l’industrie pharmaceutique, ils ne sont en rien indépendants. Malheureusement, cette indépendance est, et doit demeurer, la clé de voute de toute communication sur un médicament.

De plus, ils sont experts en quoi ? De gynécologie ? Assurément ! Mais sont-ils experts des médicaments que l’industrie met sur le marche ? Rien n’est moins sûr !

L’expert serait un médecin indépendant qui mènerait des recherches sur les médicaments de l’industrie pharmaceutique. Il pourrait être financé par l’industrie, mais pas directement. On pourrait imaginer une sorte de « tampon », d’une agence qui serait chargée de récupérer des fonds et de les affecter à des laboratoires indépendants qui seraient à même de mener des recherches. Le chef de l’équipe de recherche pourrait, alors et à juste titre, se nommer expert et donner son avis concernant la molécule.

Malheureusement, ça ne se passe pas comme cela en France… Il faut donc réformer notre système afin de donner plus d’indépendance à nos « experts » afin que leur communication soit reprise et serve de base à la commercialisation des molécules. L’indépendance est le meilleur moyen de s’assurer que de pareilles affaires ne se reproduisent plus.

A méditer.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 11 Janvier 2013

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Pilule : enquête sur ces médecins liés aux labos
La polémique enfle sur la dangerosité des pilules de 3e et 4e génération. Après la révélation par Le Monde daté du 15 décembre 2012, d’une première plainte au pénal déposée en France par Marion Larat, une jeune femme demeurée handicapée après un accident vasculaire cérébral qu’elle impute à la prise de sa pilule, les questions se multiplient. Dès 1995, les études scientifiques ont établi l’accentuation du risque thromboembolique veineux de ces contraceptifs oraux récents par rapport à leurs prédécesseurs de 2e génération. Et depuis 2007, la Haute autorité de santé recommande aux médecins de ne plus prescrire les pilules de 3e génération aux nouvelles utilisatrices en première intention. Recommandation restée largement lettre morte. Nous avons cherché à savoir pourquoi.

C’est un puissant et rassurant bruit de fond qui n’a jamais cessé. Pourquoi les médecins ont-ils continué de prescrire à la moitié de leurs jeunes patientes des pilules de troisième et quatrième génération, en dépit des recommandations contraires de la Haute Autorité de santé (HAS) depuis 2007 ? Sans doute parce que les alertes sur la dangerosité de ces contraceptifs ont été couvertes par une autre musique, omniprésente : le discours des gynécologues les plus médiatiques de France.

Ces experts qui, à la télévision comme dans les revues médicales, congrès ou journées de formation continue, n’ont cessé d’assurer que les pilules de 3e et 4e génération présentaient moins d’effets secondaires que les précédentes, et étaient mieux tolérées par les femmes. Ces leaders d’opinion qui n’évoquaient les risques que pour les minimiser et jamais ne rappelaient la nécessité de renoncer à toute prescription en première intention. Contre l’avis de la HAS, et contre la littérature scientifique, qui n’a jamais apporté la preuve de bénéfices supplémentaires mais bien celle d’un surcroît de risques thromboemboliques veineux par rapport aux contraceptifs oraux plus anciens.

Le professeur Israël Nisand, responsable du pôle de gynécologie-obstétrique au CHU de Strasbourg, est sans doute le plus exposé de ces experts ès contraception. Le 9 février 2011, il coanime une conférence de presse des laboratoires Effik présentant un sondage sur la pilule, reprise dans toute la presse.  » Les pilules de 3e génération contiennent un progestatif « plus puissant  » qui permet de diminuer les doses d’oestrogènes, d’où « une tolérance meilleure « ,, a expliqué le docteur Nisand « , rapporte alors l’AFP. Un an auparavant, lors de l’annonce par Effik du remboursement de la première pilule de 3e génération microdosée, le Pr Nisand se félicitait d’un  » vrai bénéfice pour les femmes « , dans un communiqué de la firme. Qui citait également Brigitte Letombe, gynécologue au CHRU de Lille, alors présidente de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM), réjouie de ce remboursement attendu  » depuis plus de vingt ans « .

Tous deux ont rendu, en février 2012, un rapport officiel sur la contraception et l’avortement chez les jeunes filles (Et si on parlait de sexe à nos ados ?, Odile Jacob). Ils y pointaient les  » avantages évidents pour les jeunes  » des pilules de 3e génération et suggéraient de  » remonter le courant de la désinformation ambiante  » :  » Les grands médias en rajoutent sur la nuisance possible des contraceptions hormonales (…) . « 

Six mois plus tard, en septembre 2012, le déremboursement programmé des pilules de 3e génération, qui renverrait les jeunes filles vers  » les pilules vieilles de quarante ans « , les désole . C’est un coup du gouvernement pour faire des économies sur le dos des femmes. Car  » le service rendu était considérable « , selon M. Nisand.

Montée en défense Depuis le 14 décembre 2012, et le premier dépôt de plainte en France contre une pilule de Bayer, certains de ces experts ont poursuivi sur leur lancée, montant en défense dans les médias. Non, les pilules de 3e et 4e génération ne sont pas si dangereuses que cela. Les accidents – 1 000 effets secondaires sévères en 2012 selon le patron de l’Agence du médicament – sont  » extrêmement rares « , martèle le professeur Nisand sur Europe 1, le 9 janvier :  » Il y a des pilules de 2e génération qui ont quarante ans et qui sont bien plus risquées que les 3e génération. « 

Marion Larat, la plaignante désormais handicapée, avait, selon lui, un terrain prédisposé,  » elle aurait probablement fait son AVC aussi avec une pilule de 2e génération et encore plus avec une grossesse  » (France Inter, 14 décembre). Il continue de douter du surcroît de risques thromboemboliques des pilules récentes.  » Le niveau de preuve apporté par les études est insuffisant, assure-t-il au Monde, lundi 7 janvier. Et dans nos consultations, on a la démonstration que les femmes abandonnent moins ces pilules. « 

La preuve par l’expérience de terrain. Brigitte Letombe, pour qui les accidents n’interviennent que  » lorsqu’on est porteur de certaines mutations génétiques  » (AFP, 2 janvier), pense que les études épidémiologiques se trompent.  » On voit bien, dit-elle au Monde, que ces pilules de 3e génération ont moins d’effets secondaires. C’est un vécu professionnel que la recherche scientifique ne peut pas évaluer.  » Quant aux risques, tout n’est qu' » interprétation hâtive de résultats qui n’ont rien de nouveau, et présentent des biais méthodologiques, auxquels s’ajoute la peur d’un effet Mediator « .

Son confrère Christian Jamin, gynécologue parisien, demeure tout aussi sceptique : le risque supplémentaire  » est loin d’être admis par l’ensemble des spécialistes du monde entier  » (France inter, 2 janvier). La moitié des patientes auxquelles il s’est résigné à prescrire des pilules de 2e génération reviennent en disant qu’elles préféraient les 3e. Alors  » n’hésitons pas à changer pour quelque chose de mieux toléré ! « . Même constance chez Sylvain Mimoun, gynéco-andrologue à l’hôpital Cochin. Les pilules récentes  » moins androgéniques « , présentent moins d’effets secondaires (Le Parisien, 17 décembre).  » A titre personnel, confie-t-il au Monde, je ne pense pas qu’il faille affoler. « 

Contre toute évidence Si ces experts très médiatiques persistent à nier l’évidence scientifique et à inciter au non-respect des recommandations de la HAS, ce serait parce  » qu’ils sont payés par l’industrie pharmaceutique pour être ses porte-parole « . Voilà la conviction de Martine Hatchuel, coprésidente de l’Association nationale des centres d’interruption de grossesse et de contraception (Ancic), que partage le docteur Philippe Foucras, fondateur du Formindep, pour une information médicale indépendante :  » Quand les leaders d’opinion expriment d’autres avis que ceux de la science, c’est souvent qu’ils sont influencés par les laboratoires qui les rémunèrent comme consultants. « 

Le Monde a retracé l’activité récente de ces experts : il apparaît a minima qu’ils ont tissé des liens étroits avec les laboratoires. Israël Nisand, dont le nom est constamment associé à la communication des firmes Effik et HRA Pharma, revendique sereinement cette proximité.  » J’ai des intérêts avec tous les laboratoires qui m’aident à organiser des congrès dans ma ville, a-t-il dit au congrès Infogyn 2012. Et de nous expliquer que 25 laboratoires financent sa réunion annuelle de formation des gynécologues d’Alsace. Que lorsqu’il est expert invité à la conférence de presse d’Effik, on lui  » rembourse l’après-midi « .  » Je viens à Paris, je ne vais quand même pas le faire à mes frais !  » Qu’il animera en avril les  » Samedis de la contraception  » à Strasbourg, formation continue financée par les laboratoires – un mois après que Brigitte Letombe aura fait de même à Lille.

Dans son rapport sur la contraception, racontant ses discussions avec les industriels au sujet d’un éventuel  » forfait contraception  » pour les mineures, le professeur Nisand assume la stratégie commerciale dont il faciliterait le déploiement. En mettant entre les mains des toutes jeunes filles une pilule récente à 7 euros, les firmes, note-t-il, agiraient  » par souci de santé publique, mais aussi pour la promotion de leur produit ainsi faite auprès de jeunes femmes peu tentées ultérieurement de changer une contraception qui les aura satisfaites dans leurs premières années de vie sexuelle « .

M. Nisand entretient des relations tout aussi étroites avec les laboratoires Nordic Pharma, qui produisent la Mifegyne (RU 486), pilule abortive. Il a animé en 2011 leur conférence de presse et colloque sur l’IVG, a établi le protocole de leur étude (Amaya) menée en centres d’orthogénie, avant de déclarer  » Merci à Nordic d’avoir fait cette étude remarquable « , qui montre une  » formidable tolérance de l’IVG médicamenteuse  » au congrès Infogyn de 2012. Et de défendre la pratique de l’IVG médicamenteuse jusqu’à 14 semaines d’aménorrhée, position en contradiction avec la HAS, qui recommande de s’arrêter à 9 semaines.

Sur la contraception d’urgence, il s’est rapproché de HRA Pharma qui commercialise la pilule du surlendemain, EllaOne. En 2009, il participait à un groupe d’experts (dont Brigitte Letombe) sur les oublis de pilule réuni par ce laboratoire, sous la houlette du docteur Christian Jamin. Groupe qui, en octobre 2011, a conclu ses travaux par une incitation à l’usage d’EllaOne dans une revue d’obstétrique. Il est aujourd’hui investigateur principal pour la France d’une étude HRA Pharma sur cette pilule.

De son côté, le docteur Jamin affirme  » travailler avec à peu près tous les laboratoires qui oeuvrent dans la contraception « . Il est notamment consultant ou membre d’un comité d’experts pour Bayer, Teva-Theramex, MSD, HRA-pharma, Effik.

Son confrère Sylvain Mimoun a déclaré des liens d’intérêt avec Teva-Theramex et Pfizer. Brigitte Letombe reconnaît de même travailler, ou avoir travaillé  » avec tous les laboratoires de contraception « . Dans sa déclaration publique d’intérêts faite devant la HAS, elle cite Bayer, Codepharma, Theramex, HRA Pharma, Pierre Fabre, Organon, Sanofi (comme  » communicante « ).

Booster une carrière Les praticiens hospitaliers se défendent de tout profit personnel. Ils assurent renflouer ainsi les caisses des associations de service qu’ils créent pour financer tout ce que l’hôpital ne finance plus. Le professeur Nisand dispose de deux associations, qui correspondent aux deux pôles de gynécologie-obstétrique du CHU.  » Tout l’argent gagné dans les travaux de recherche va à ces deux associations, il permet de payer des choses pour les femmes « , plaide-t-il. Les médecins du secteur privé, eux, obtiennent par exemple un petit coup de main des firmes pour monter le site Internet de leur cabinet médical…

Tisser des relations étroites avec les firmes accélère indéniablement une carrière professionnelle et confère envergure, pouvoir et notoriété. C’est être invité à des congrès nationaux ou internationaux, dans les hôtels de Monaco ou Deauville. Se voir confier des études terminales précédant commercialisation. Accéder à des publications prestigieuses puisque l’on peut rendre compte de ces essais. Cautionner en tant qu’expert invité les conférences de presse des firmes lors de lancement de produits. Diffuser son savoir dans la formation continue, et s’en trouver rémunéré.

Comme lors des  » Samedis de la contraception « , ces journées de formation proposées gratuitement aux professionnels dans les grandes villes de France, organisées par les gynécologues Christian Jamin et David Elia. Ce dernier, qui a dispensé ou dispense ses conseils à 27 laboratoires, nous en détaille le modèle économique :  » La journée est présidée par le patron du service gynécologique du CHU local et le médecin libéral leader de la région. Nous octroyons des stands aux laboratoires pour présenter leurs produits, qui sont fréquentés pendant les pauses. En échange ils financent l’organisation de la journée.  » Pas d’interférences pour autant avec la formation médicale dispensée, jure-t-il :  » Je ne roule pas pour un laboratoire mais pour l’industrie en général. Participer aux projets des industriels, les aider à s’adresser aux médecins, permet de connaître de l’intérieur les laboratoires, leurs forces et faiblesses.  » Dans le mois qui suit, les participants, dont les laboratoires obtiennent ainsi les coordonnées, sont relancés par des visiteurs médicaux. Et l’évolution de leurs prescriptions est scrutée.

Membre du Formindep, Françoise Tourmen, médecin, ancienne responsable de centre d’orthogénie, a vécu tout cela de près :  » Le PDG de HRA Pharma est venu me voir, m’a mise en lien avec son service communication, a soutenu mon association. J’étais transformée en leader local d’opinion. Mon avis était sollicité pour des documents du labo. Je parlais aux journaux régionaux. Et je devais porter la bonne parole dans les organismes de formation continue. HRA Pharma travaille avec des sociétés de formation professionnelle pour médecins comme Preuves et pratiques . La firme vous fournit un diaporama expert reprenant intégralement ses messages, et vous paie 500 euros le quart d’heure pour le lire.  » Le dernier diaporama reçu de Preuves et pratiques, en 2010, était signé Brigitte Letombe.

Quel est le problème ? Lorsqu’on les interroge sur l’étanchéité entre leurs multiples liens d’intérêt et leur expression publique sur la pilule, ces leaders d’opinion s’offusquent, jusqu’à devenir agressifs pour certains. Ils s’estiment totalement indépendants. Sont persuadés de n’être en rien influençables. Travailler pour 25 laboratoires est une garantie d’indépendance, au moins ne sont-ils pas sous la coupe d’un seul, ajoutent certains.  » Le noeud du problème, actuellement, ce sont bien ces leaders d’opinion, analyse le docteur Foucras, fondateur du Formindep. L’induction de prescription liée à l’argument d’autorité : le généraliste copie les prescriptions du gynécologue qui copie celles du prestigieux leader en blouse blanche du CHU, qui est devenu un visiteur médical haut de gamme. D’un point de vue stratégique, pour les laboratoires, c’est parfait, il n’y en a qu’un à influencer qui influencera tous les autres, notamment via la formation continue, devenue coeur de cible de la stratégie d’influence des firmes. « 

Un rapport 2007 de l’IGAS soulignait l’essoufflement du système des visiteurs médicaux, trop coûteux pour l’industrie, au profit d’une  » recherche croissante par les laboratoires du soutien d’experts, des hospitalo-universitaires, des leaders d’opinion « . Bruno Toussaint, directeur éditorial de Prescrire, revue médicale indépendante, perçoit clairement le mécanisme général d’influence des firmes sur les prescripteurs  » déjà révélé il y a deux ans par le Mediator « . Pour faire des économies, les pouvoirs publics sous-traitent aux firmes la recherche clinique. Celles-ci, en finançant les essais, nouent des liens avec des experts, qui gagnent en notoriété puisqu’elles leur permettent d’accroître leur influence qui s’exerce dans la formation initiale à l’hôpital et à l’université, dans les congrès et la formation continue. Les adjoints de ces leaders d’opinion n’ont pas été choisis pour leur esprit critique, les étudiants sont imprégnés du fonctionnement de ce petit milieu, la presse ne pose pas trop de questions dérangeantes.

Ces grands médecins qui tissent tant de liens avec les laboratoires sont-ils pour autant sous influence ?  » On ne peut pas leur faire confiance, tranche M. Toussaint. L’expérience montre que plus les experts sont associés au développement d’un nouveau médicament, plus leur opinion sera favorable. « 

Le coup d’après Les laboratoires, qui gardent le silence sur la polémique, sont passés à l’étape stratégique suivante. Désormais, ils promeuvent massivement les  » pilules monophasiques à l’estradiol naturel « , affichant sur leur publicité le visage radieux de jeunes femmes allongées dans l’herbe. Qlaira (de Bayer), arrivée sur le marché depuis 2009, et Zoely (Teva-Theramex), vendue depuis 2012, reprennent le rôle de la pilule miracle précédemment joué par celle de 4e génération, avec un bonus écologique dans l’air du temps.

La même mécanique se remet en route… Marketing forcené des laboratoires. Leaders d’opinion montant massivement en appui. Vidéos dithyrambiques sur le site des  » Samedis de la contraception « . Déclarations des docteurs Nisand et Letombe, déjà convaincus que ces pilules dites naturelles ont  » moins d’effets secondaires « .

Prescrire, pourtant, s’interrogeait déjà en décembre 2009, sur ces pilules à l’estradiol naturel :  » Le profil d’effets indésirables reste mal connu malgré l’aspect « physiologique » de la composition.  » Pourtant une fois encore, la parole des experts étouffe cette petite musique d’alerte.

Pascale Krémer

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La décadence d’un pays qui se dit démocratique

Autoriser les citoyens à porter des armes, c’est autoriser les gens à se faire justice eux-même. C’est aller à l’encontre des principes pénaux les plus simples qui soient.

C’est exactement ce que font les Etats-Unis avec un principe oh combien grand humainement : « Dézingue avant de te faire dézinguer ». Cette phrase est d’une bêtise à pleurer :  » La seule chose qui peut arrêter un malfaiteur avec une arme, c’est un homme bon avec une arme.  » ! Surtout quand on pense que des fusillades ont lieu dans des lycées et des collèges, alors que ces armes y sont interdites… Par définition, « l’homme bon » ne pourra pas porter son arme dans ces lieux alors que le malfaiteur ne s’en prive pas !

Bref, la surenchère ne règlera pas le problème. Mais la surenchère gave les fabriquants d’armes par la bêtise de ce pays.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 10 Janvier 2013

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Lettre des Etats-Unis
Mon premier fusil

Quoi ? Deux semaines d’attente pour pouvoir acheter un semi-automatique AR-45 ? De quel amendement se moque-t-on ? Au dernier gun show de l’année, à Denver, les clients se bousculent devant les entrées. La foire aux armes se déroule à 20 km du cinéma d’Aurora où a eu lieu l’une des fusillades les plus meurtrières de 2012 (douze morts, en juillet, à l’occasion de la première de Batman), mais on se croirait à des années-lumière. Fusils sur les tables, fusils sur le parking, pistolets, revolvers… De toutes les couleurs, de toutes les formes, des armes partout. Et il faut le reconnaître, passé le premier moment d’effroi, on s’habitue.

Dans cette partie de l’Amérique, rien de plus banal que le gun show. En cette veille de réveillon, l’ambiance est familiale. Les plus petits sont juchés sur les épaules de leur père. Les ados ont une table rien que pour eux où trône  » mon premier fusil  » : flambant rose pour les filles.

Le Tanner Gun Show est l’une des plus grandes foires de la région : 700 étals bourrés d’armes à feu, de couteaux (en solde, dépêchez-vous, c’est dimanche), de gilets pare-balles, de blousons à poches où glisser les armes cachées que la loi de l’Etat donne le droit de porter partout – sauf dans les écoles et dans les lieux publics (une erreur, comme chacun sait. La preuve : les tueurs visent particulièrement les établissements scolaires sachant que personne n’y est légalement armé).

Une tenancière de stand essaie de vendre à une famille latino une torche qui envoie des décharges électriques.  » 11 000 volts !, vante-t-elle, et seulement 70 dollars.  » Son compagnon, une armoire à glace vêtue de cuir, appuie :  » Elle l’a essayée sur moi. Je criais comme un enfant de 4 ans  » ! Les clients défient les clichés, comme cette jeune femme de 27 ans, à piercings et pantalon baggy. Noire, et bien décidée à acheter un pistolet. Menacée ? Pas le moins du monde. Mais déterminée à  » défendre sa famille  » au cas où elle le serait…

Tom F., 36 ans, se balade dans les allées avec un fusil dans le dos et une pancarte accrochée au canon.  » A vendre : AR-15 Sig Sauer « . En 2008, il l’a acheté 800 dollars. Aujourd’hui, il en demande 2 000. Vente de particulier à particulier : aucun papier n’est nécessaire. Depuis que vingt enfants ont été tués en décembre à l’école primaire de Newtown, dans le Connecticut, le marché s’est emballé.  » C’est de la folie « , dit-il. Les clients veulent des semi-automatiques, et le même, tant qu’à faire, que le Bushmaster qui a servi à la fusillade. Non que ce soit la Rolls des armes à feu.  » C’est juste parce que quelqu’un veut vous l’interdire.  » Combien d’armes possède-t-il lui-même ?  » Oh, une trentaine « , répond-il sans sourciller. Des fusils de différents calibres,  » quelques pistolets « , des fusils à pompe… Vous ne voudriez quand même pas viser un cerf avec le même calibre qu’un coyote ?

Mi-décembre, Barack Obama a annoncé la création d’une commission nationale de réflexion sur la violence et les armes à feu, présidée par le vice-président Joe Biden. Elle doit rendre ses conclusions avant la fin janvier. Mais on peut compter sur les républicains pour freiner des quatre fers. La priorité, disent-ils, c’est la réduction du déficit et les mesures d’austérité.

Pendant ce temps-là, dans les gun shows, on s’empiffre, comme après chaque shooting. En décembre, 53 450 demandes d’autorisation d’achat ont été présentées au FBI dans le Colorado. Soit une augmentation de 50 % par rapport à octobre. Il en va de même au niveau national : 2,8 millions de demandes en décembre contre 1,6 million en octobre. Avant, le background check (la vérification des éventuels antécédents criminels ou psychiatriques de l’acheteur) prenait une demi-heure. Il faut maintenant plus de deux semaines.

Devant le stand de FAST, l’une des associations qui proposent une formation accélérée (une demi-journée) pour obtenir le port d’arme, l’instructeur fait l’article de ses stages. Pas besoin de s’acheter de pistolet, on peut louer. Et il y a des journées  » ladies only « .  » On s’amuse bien, dit-il. Après Halloween, on fait des concours de tirs sur les citrouilles.  » L’homme offre des T-shirts marqués de la citation de Wayne LaPierre, de la National Rifle Association (NRA), le lobby des armes :  » La seule chose qui peut arrêter un malfaiteur avec une arme, c’est un homme bon avec une arme. « 

Une logique imparable, universellement partagée dans les guns shows. Interdire les armes après une fusillade, dit une pancarte, c’est comme dire :  » A bas les cuillères. Elles me rendent obèse « …

Corine Lesnes

lesnes@lemonde.fr

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Cessons de fournir nos technologies à d’autres

Je ne suis pas favorable au fait d’effectuer des transferts de technologie à la Chine. La France doit garder son indépendance, son savoir-faire en la matière et ne pas partager ce qui la fait vivre. Dans toute entreprise, le plus grand secret est associé aux moyen et aux modes de production. Pourquoi, pour quelle raison, EDF échapperait-elle à ce principe ? Pour gagner de l’argent ? Pendant combien de temps gagnera-t-elle de l’argent à vendre sa plus-value. Il ne faut pas tergiverser, il ne faut pas négocier notre savoir-faire à vouloir le vendre à des voleurs et des copieurs.

Si la Chine ne veut pas de notre technologie car on ne lui vend pas les secrets qui vont avec, tant-pis. Il en va de notre avenir en la matière.

M. Hervé Machenaud n’a aucune vision politique ni industrielle. Il ne se rend pas compte que ce ne peut être que notre plus-value industrielle qui peut faire la différence avec nos concurrents, pas le fait de donner de la technologie. Car celui qui donne la technologie est mort. Hervé Machenaud persiste à penser que cela est bon car cela fera vivre la sous-traitance. Mais pendant combien de temps ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 10 Janvier 2013

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Dilemme nucléaire en Chine
Pierre Moscovici tente d’apaiser les relations avec Pékin, où le débat sur le transfert de technologie irrite
Pékin Envoyé spécial

A Pékin, on a peu apprécié le débat français sur la question du transfert de technologie en Chine d’EDF. En visite en Chine, mardi 8 janvier, le ministre de l’économie et des finances, Pierre Moscovici, a tenté de déminer le terrain.

 » Nous nous interrogeons sur la façon dont sont appliquées les consignes stratégiques sur les aspects de transfert de technologie ou de propriété intellectuelle « , a déclaré M. Moscovici. Mais, a poursuivi le ministre, l’interrogation prend la forme d’une  » étude  » menée par l’inspection générale des finances, et non pas d’une  » enquête « , comme on a pu le lire dans la presse française. Au coeur de la mission de contrôle de l’Etat, un projet d’accord entre l’électricien français et son partenaire chinois, Guangdong Nuclear Power Company (CGNPC), qui prévoyait un partage de savoir-faire dans le développement d’un nouveau réacteur.

Ce mémorandum de 2010, dont EDF martèle qu’il n’avait rien de  » secret « , contrairement à ce qui a été dit, puisqu’il avait été vu par le gouvernement, n’a pas été validé à Paris. L’Etat ne souhaitait pas laisser EDF faire cavalier seul avec CGNPC quand Areva développe dans son coin un autre réacteur, baptisé Atmea, aux côtés du japonais Mitsubishi. Finalement, Areva a été associé au projet et un accord tripartite a été signé, le 13 novembre 2012, visant à dessiner ce nouveau modèle.

 » Cette enquête nous paraît, disons, incohérente « , lance un professeur de droit au ministre français au cours d’un débat à l’Université du peuple, mardi.  » Elle traduit surtout une méfiance envers la Chine, n’est-ce pas ?  » Avant de poser la question :  » Est-ce que vous pensez que la Chine a volé la France ?  »  » Il n’y a aucune suspicion « , répond le ministre.

L’affaire de cet accord mort-né de 2010 illustre le dilemme auquel est confrontée la filière française du nucléaire : que convient-il de céder à la Chine, alors que 80 % des commandes faites à la filière nucléaire française pour les quinze prochaines années proviennent de l’empire du Milieu ?

Le 24 décembre, un expert chinois, Pu Jilong, estimait dans le très officiel China Daily que le parc chinois de centrales s’élèvera à 60 gigawatts en 2020, soit un quintuplement de la puissance actuelle installée, et ce malgré l’année de gel des chantiers après la catastrophe de Fukushima.

 » Les Chinois développeront de toute façon un programme nucléaire. La question est de savoir comment être là, comment faire pour qu’ils choisissent la filière française ? « , dit Hervé Machenaud, le directeur de la production et de l’ingénierie d’EDF.  » Si la France ne s’inscrit pas dans le programme nucléaire des Chinois, ces derniers travailleront avec nos concurrents canadiens, russes ou américains « , poursuit cet ancien directeur du groupe en Asie-Pacifique, qui a supervisé le fameux projet d’accord enterré.

M. Machenaud,  » le Chinois  » comme on l’appelle encore chez EDF, est un fervent partisan du partage avec la Chine, au point que le livre commandé à un historien des entreprises sur les succès d’EDF en Chine est titré Le Chemin partagé (François Bourin Editeur, 416 pages, 24 euros).

 » Si les Chinois développent un réacteur qui est dans la lignée de la filière française, avec le retour d’expérience français, les codes et normes français feront référence « , poursuit M. Machenaud. Déjà, sur les seize réacteurs en exploitation en Chine, six sont des CPR 1000, un modèle français de deuxième génération. Certes, les Chinois les construisent eux-mêmes – ils en ont acquis de longue date la technologie -, mais derrière ce qui est désormais présenté comme du 100 % chinois, 85 PME françaises ont des contrats de fournisseurs.

Le directeur de la production d’EDF va plus loin : les Chinois ont également un savoir-faire à apporter à la France.  » La vision de M. Machenaud fait débat au sein même d’EDF. Oui ce sont les Chinois qui ont réussi à couler le béton du socle central en une fois à Taishan, alors qu’on le faisait en trois avec des problèmes de joints, explique une personne qui a suivi le chantier. Mais il y a des gens au sein de l’ingénierie d’EDF qui pensent que nous allons trop loin sur le partage du retour d’expérience. « 

Combien de temps la Chine aura-t-elle besoin des étrangers dans le nucléaire avant d’aller les concurrencer ?  » Tant qu’on leur apportera notre expérience, ils sont prêts à nous accueillir et à nous donner accès à leur marché « , pense M. Machenaud.

Un responsable d’une autre entreprise française du secteur, ayant lui aussi une bonne expérience chinoise, n’y croit pas :  » Notre problème, aujourd’hui, c’est que l’appropriation chinoise de technologie va beaucoup plus vite que le développement de nouvelles technologies par les étrangers. Sur les réacteurs de deuxième génération construits en Chine, les Français n’ont plus qu’un rôle résiduel. Sur les tranches 1 et 2 des EPR de Taishan, il a fallu lâcher un peu, et sur les tranches 3 et 4 tout le monde sait que ce sera bien plus. Moi, je trouve ça bizarre.  » Et d’insister : le programme nucléaire chinois  » a vocation à former une filière autonome. C’est un programme à vocation nationaliste « .

La Chine n’en a jamais fait mystère, elle veut en effet maîtriser à terme l’ensemble de la filière.  » Dans quelques années, nous saurons travailler seuls « , anticipe un expert chinois travaillant sur un programme de développement d’une des technologies nucléaires. Ce connaisseur rappelle que, déjà, le pays a deux centres de recherche sur ses propres technologies dites de troisième génération, au Sichuan (centre) et à Shanghaï.  » Puisque seules la Chine et l’Inde seront de gros marchés à l’avenir, les étrangers ne peuvent pas se passer de nous. Il faut apprendre des Français, des Etats-Unis et de la Russie, obtenir l’ensemble de la technologie et choisir pour nous ce qu’il y a de mieux « , dit-il.

D’ailleurs, pointe cet expert chinois, sur les quatre réacteurs à eau pressurisée (EPR) de troisième génération de conception française en construction sur la planète, les deux européens, surtout celui de Flamanville en France, cumulent les retards. Les deux réacteurs de Taishan, en revanche, respectent le calendrier initial. Parce que les entreprises chinoises chargées de l’ingénierie ont une rapidité propre à celles qui ont enchaîné chantier sur chantier ces dernières années, que le chantier de Taishan bénéficie des retours d’expérience européens, que la main-d’oeuvre chinoise, en nombre, est travailleuse et, enfin, parce que les cocontractants chinois ont un fort intéressement au respect des délais.

La logique politique chinoise veut que l’on finisse un projet à temps, pour pouvoir se targuer d’un succès. Surtout pour CGNPC, qui est lui-même en concurrence sur le marché chinois avec le premier champion étatique, China National Nuclear Corporation, chargé de son côté d’absorber la technologie américaine de troisième génération, l’AP 1000 de Westinghouse. D’ailleurs, les Américains leur ont déjà promis de développer avec eux un nouvel AP 1400, plus puissant donc.  » Les chantiers d’EPR en Europe ne sont pas très fluides et la France peine à trouver l’argent « , constate l’expert chinois. Conclusion :  » Les Français ne trouveront le salut que sur les marchés étrangers, c’est-à-dire en Chine.  » Un ancien haut responsable de CGNPC préfère ce ton diplomatique très chinois :  » L’amitié franco-chinoise dans le nucléaire durera longtemps. « 

La catastrophe de Fukushima n’est pas sans incidence. Après neuf mois d’inspections de ses centrales, le gouvernement chinois a présenté, le 24 octobre 2012, un rapport sur leur sûreté, afin de rassurer l’opinion. Parmi ses problèmes, la Chine y souligne la dispersion des technologies, qui rend le contrôle difficile. Conséquence, il faudra rationaliser.

Si la multiplication des technologies étrangères et des recherches parallèles chinoises fut nécessaire pour accéder au savoir-faire, Pékin pourrait, au cours des prochaines années, se recentrer sur un ou deux modèles de réacteurs, peut-être dans son treizième plan quinquennal qui guidera son économie de 2016 à 2020, mais se préparera avant. Reste à savoir lesquels.

Harold Thibault

    13 milliards d’euros

    C’est le montant des investissements français en Chine, selon le ministre de l’économie, Pierre Moscovici. Un chiffre quatre fois supérieur aux investissements chinois en France (3,4 milliards d’euros). La France est le troisième pays européen destinataire des investissements chinois, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni.

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Une parenthèse à la maladie

C’est une bonne initiative qui est prise ici : elle aide à soulager les personnes en fin de vie et apporte de l’humanité dans les lieux où vivent ces personnes. Une initiative qui mériterait d’être généralisée, assurément.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 9 Janvier 2013

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REPORTAGE
A l’hôpital de Chartres, des  » biographies thérapeutiques  » pour retisser sa vie
Des patients cancéreux se racontent à une écrivaine publique. Elle en tire un livre laissé aux proches
Chartres Envoyé spécial

Monsieur Gilles promène à petits pas sa perfusion à roulettes dans le large couloir, entre dans ce qui ressemble à une chambre d’hôpital, s’assoit, réajuste ses bretelles et braque un regard impatient vers son interlocutrice. Au portemanteau, une blouse blanche, et face à lui, une biographe.

Point de blouse ni d’examens médicaux, juste un stylo et un grand cahier bleu. Point de maladie non plus, ce n’est pas le sujet. M. Gilles, 68 ans,  » papi trois fois « , est là pour son  » petit bouquin « , comme il l’appelle. Tous les quatorze jours, c’est le même rituel. Une fois lancée la séance de chimiothérapie, il file à son tête-à-tête avec Valéria, pour ajouter quelques pages de plus à son récit de vie, et faire grandir le petit bouquin.

Depuis 2007, le service de cancérologie du centre hospitalier Louis-Pasteur de Chartres propose aux patients en situation non curative d’écrire l’histoire de leur vie, récit à une voix, celle du malade, et à deux mains, celles de Valéria Milewski, biographe. Une démarche qui tient en un proverbe, griffonné sur le tableau de son bureau :  » Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens.  » Le fil conducteur d’un complément à la médecine allopathique :  » Bâtir avec ces personnes morcelées un tuteur sur lequel ils peuvent se reposer, au moment où les circonstances de leur vie font émerger un fort besoin de spiritualité, de transmission, de bilan « , témoigne la biographe.

Dans une autre vie, Valéria Milewski, 45 ans, longs cheveux noirs et port altier, écrivait pour le théâtre. Des drames. Lassée, elle s’inscrit comme écrivain public en 2005 afin de poursuivre l’idée qui lui trotte dans la tête. C’est deux ans plus tard qu’elle vient présenter son projet à Louis-Pasteur. Le pacte est scellé :  » On n’a pas d’argent mais on le fait !  » Quarante livres plus tard, le pacte tient toujours.

Il est midi moins le quart, la biographe propose de clore la séance. M. Gilles fait la sourde oreille et poursuit, bavard, la discussion. A l’ordre du jour, pêle-mêle, son permis poids lourd, parce que ses  » petits enfants doivent savoir que papi avait toujours ses 12 points « , les travaux dans le mobile home qu’il ne veut pas se résoudre à quitter, ou les tracas causés par son traitement lorsqu’il se met à l’ouvrage, lui qui continue d’enfiler son bleu de carrossier-mécanicien, et travaille encore  » à 20 % « . Sans entamer la bienveillance rieuse de la biographe, la séance s’étire, comme pour faire durer le plaisir et retarder le retour en salle de soins.

Deux ans et demi qu’il  » s’est mis au travail. On a démarré doucement, puis amplifié, je retrouve des détails oubliés « , explique-t-il. Des détails pour les suivants, ses enfants et ses petits-enfants.  » Ils ne connaissent rien de moi, je n’ai pas toujours été présent, j’ai beaucoup travaillé. J’explique comment je m’y suis pris dans la vie, comment j’ai fait pour m’en sortir.  » Une sorte de  » recueil de bonnes idées… et de mauvaises aussi ! Ça sera « le bouquin à papi » « , sourit-il.

Dans cette urgence de transmettre, à chaque patient son message. Le quotidien et ses leçons pour M. Gilles, une volonté de prévention pour Clarisse-Andrée Essah-Mbarza, 49 ans. Loin de chez elle, c’est en France, où elle visitait un proche, qu’elle a appris la gravité de sa maladie. Une hospitalisation d’urgence, et la voilà contrainte de rester. Alors son livre à elle sera l’histoire d’une révolte contre l’injustice de vivre dans  » un pays, la Centrafrique, où l’on nie la maladie « , où l’on est passé à côté de la sienne.  » Sortir de ce silence qui tue, pour que ça serve aux autres « , expose-t-elle calmement. Presque de la politique. Et une occasion de mobiliser son énergie et son temps, face au déracinement et à la solitude, pour  » vivre la maladie différemment et se sentir allégée  » : Clarisse-Andrée écrit chez elle les textes et les reprend ensuite avec la biographe.

A l’hôpital, le récit est sous l’emprise du temps. M. Gilles et Clarisse-André ont noirci plusieurs cahiers, mais la majorité des patients s’arrêtent à quelques pages. Les narrateurs ne prononcent pas le mot  » mort « , n’évoquent pas leur propre départ. Si la question de la souffrance ou de l’issue de la bataille affleure discrètement, entre les lignes, l’idée n’est pas de conclure sa vie.  » Ce n’est pas un testament. Avec Valéria, on fait un bouquin, point « , résume M. Gilles.  » La maladie n’occupe le plus souvent que quelques lignes dans les récits « , souligne Valéria Milewski. Ce n’est pas une dernière confession, pas une psychanalyse non plus.  » Ce n’est pas ici que les gens creusent leur souffrance psychologique « , note-t-elle.

Pour le corps médical, qui se bat pour pérenniser l’expérience, la biographie  » thérapeutique  » a ses vertus.  » Cela change le regard de la médecine, la remet à sa place « , décrit le docteur Solub.  » On parle d’un sujet au terme de sa vie et plus seulement d’un corps en fin de vie.  » Les récits demeurent confidentiels, ils ne les lisent pas.  » Ça leur appartient, note Chantal Thaluet, cadre infirmier. Ne pas connaître leur histoire, c’est rester objectif dans notre écoute. « 

Il est 17 heures. Le pas précaire, Clarisse-André repart dans son élégant boubou ; bientôt, M. Gilles réajustera ses bretelles et rentrera lui aussi chez lui. Sur la route, ils penseront peut-être à ce qu’ils ont encore à dire, à leur petit bouquin.

Benjamin Leclercq

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Faisons de la démocratie référendaire la norme

Bien entendu que l’UMP nous prend pour des imbéciles en la matière : certains de ses membres demandent un référendum actuellement, alors que l’UMP n’en a engagé aucun quand il était au pouvoir. Il ne l’aurait pas fait dans le cas contraire, c’est une évidence.

Notre classe politique actuelle est gangrénée par une position passéiste du pouvoir : elle considère que le pouvoir, c’est elle, et qu’elle peut, une fois qu’elle a été élue engager les réformes qu’elle veut sans l’assentiment du citoyen.

C’est un tort : notre pays souffre d’un manque de démocratie en la matière. Comme je l’ai déjà dit plusieurs fois, la France n’utilise pas assez le référendum sur un bon nombre de sujets. Les cas de société en sont un. Le mariage pour tous et l’adoption pour tous en sont un.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 9 Janvier 2013

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Mariage gay : l’UMP agite l’arme du référendum
Avant la manifestation du 13 janvier, la droite dénonce l’absence de consultation des citoyens

Dans la rue et au Parlement. L’UMP veut mener bataille contre  » le mariage pour tous  » sur tous les terrains. Le principal parti d’opposition veut contraindre François Hollande à recourir à un référendum sur le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples homosexuels. Le député UMP de Haute-Loire Laurent Wauquiez a annoncé dimanche 6 janvier son intention de déposer une  » motion référendaire  » à l’Assemblée pour tenter de  » forcer  » le chef de l’Etat à recourir à cette consultation.

 » Les socialistes avaient promis de rendre plus facile les référendums sur les questions sociétales, je leur demande donc de tenir leur promesse « , explique au Monde M. Wauquiez, assurant que son initiative est soutenue par une trentaine de parlementaires UMP. Il a expliqué vouloir déposer sa motion  » à la rentrée parlementaire « , le 15 janvier. Celle-ci n’a aucune chance d’être adoptée à l’Assemblée, où la gauche est majoritaire. Le projet de loi sera, lui, débattu à partir du 29 janvier.

L’ancien ministre UMP souligne que sa demande va dans le sens de l’opinion puisque 69 % des Français souhaitent être consultés directement sur le projet de loi, selon un sondage de l’IFOP pour Valeurs actuelles publié jeudi 3 janvier (réalisé du 18 au 20 décembre 2012 auprès d’un échantillon de 1 007 personnes).

Mais il n’est pas certain que le projet de loi sur le mariage homosexuel puisse être l’objet d’un référendum. L’article 11 de la Constitution de 1958, à jour de la révision constitutionnelle de 2008, prévoit que le président de la République peut prendre l’initiative de soumettre au référendum tout projet de loi portant notamment  » sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale « . Un référendum peut également être organisé  » à l’initiative d’un cinquième des membres du Parlement, soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales « .

Or,  » dans l’interprétation traditionnelle, le projet de loi sur le mariage homosexuel ne peut être considéré comme un sujet de politique sociale, estime le constitutionnaliste, Didier Maus. C’est davantage une réforme sociétale du code civil « . Pour M. Wauquiez, un référendum est possible car le projet de loi du gouvernement a  » un impact sur les questions de politique familiale  » et peut donc être rattaché au champ social.  » C’est discutable mais recevable « , résume-t-il.

 » Chercher le consensus « 

M. Wauquiez n’est pas le premier, ni le seul à droite, à demander un référendum sur ce sujet. Bruno Le Maire le réclame depuis plusieurs mois.  » Je suis le premier, en août, à avoir proposé un référendum sur ce sujet. Cela reste ma position « , affirme-t-il. Le député de l’Eure fustige la méthode employée.  » En voulant passer en force, sans consultation, François Hollande commet une erreur politique majeure, accuse-t-il. Les citoyens auraient dû être consultés directement car ce texte engage la conception que chaque Français se fait de la société française. « 

Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, députée UMP de l’Essonne,  » les socialistes auraient dû chercher le consensus le plus large possible sur un tel sujet « . Les députés Hervé Mariton et Henri Guaino ainsi que la présidente du Parti démocrate chrétien, Christine Boutin, exigent aussi une telle consultation. Le président de l’UMP, Jean-François Copé, n’y est pas défavorable.

L’exécutif a déjà fait savoir qu’il était hors de question d’organiser un référendum. En septembre, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a estimé que  » d’une certaine façon, le référendum a déjà eu lieu au moment de la campagne présidentielle « , lorsque les Français ont décidé de porter François Hollande à l’Elysée.

Lors du précédent quinquennat, l’opposition de gauche avait déjà utilisé cette arme – sans succès – en déposant des motions référendaires au Sénat sur les projets de loi relatifs à La Poste, fin 2009, ou sur la réforme des retraites, en 2010. La droite avait rejeté l’utilisation d’un tel outil. Alors ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux avait déclaré, en janvier 2010, en réponse à la motion référendaire déposée par la gauche sur le projet de loi de réforme des collectivités territoriales :  » Dans notre tradition républicaine, la démocratie représentative est la règle, la démocratie référendaire l’exception. « 

Alexandre Lemarié

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Attention aux systèmes de subvention dans le domaine du solaire

L’énergie solaire n’a pas que des avantages et en est loin. Parmi ses inconvénients les plus notables, c’est encore une énergie qui n’est pas viable économiquement : elle a besoin de subventions pour vivre. De plus, c’est une énergie qui ne peut encore être fournie qu’en journée, les modes de stockage d’énergie étant encore rudimentaires.

Il faudra donc faire en sorte de ne pas mettre tous nos oeufs dans le même panier en matière d’énergie. En tout cas, il n’est pas encore temps de vouloir se passer du nucléaire car elle est la seule énergie, avec celle du charbon, à être viable économiquement.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 8 Janvier 2013

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En Allemagne, les subventions mettent le photovoltaïque en surchauffe

Berlin Correspondant

Alors qu’Angela Merkel aime à définir son gouvernement comme celui  » qui a connu le plus de succès depuis la réunification « , il y a paradoxalement un succès dont la chancelière allemande se prévaut rarement : le boom de l’énergie solaire. Après 7 000 mégawatts (MW) de nouvelles capacités installées en 2010 et 7 500 MW en 2011, l’année 2012 a été marquée par un nouveau record : 7 630 MW. Selon la Fédération de l’industrie solaire, en 2012, 1,3 million d’installations solaires ont couvert les besoins de 8 millions de foyers. Le solaire couvre désormais 5 % des besoins en électricité du pays, soit un quadruplement en trois ans.

Seul problème : ce succès du solaire s’explique moins par l’exceptionnel ensoleillement dont profiterait le pays que par le système de subventions. L’Etat prenant à sa charge la différence entre le coût de l' » électricité verte  » produite et le prix sur le marché, les subventions augmentent au fur et à mesure que de nouvelles installations d’énergie renouvelable contribuent à faire baisser les prix sur le marché.

Engouement

Résultat : depuis le 1er janvier, les consommateurs subventionnent l’énergie verte à hauteur de 5,3 centimes par kilowattheure, contre 3,6 centimes en 2012. Ce qui, pour un ménage moyen, représente une facture supplémentaire de 185 euros par an (contre 125 euros en 2012).

Le gouvernement aimerait depuis longtemps diminuer ces subventions, mais le Parti social-démocrate et les Verts s’y sont longtemps opposés, avant que le débat sur les panneaux solaires chinois ne change la donne. Les subventions ont d’ores et déjà été réduites de plus de moitié. Un propriétaire qui a posé une installation solaire sur son toit ne reçoit plus qu’environ 17 centimes par kilowattheure contre 40 il y a quelques années. Surtout, il a été convenu que les nouvelles subventions à l’énergie photovoltaïque cesseraient lorsque le seuil de 52 000 MW aura été atteint. On en est actuellement à 32 400 MW. Les subventions pourraient disparaître en 2015. Mais ce plafond n’est pas sans inconvénient : il contribue à l’engouement actuel, chacun voulant bénéficier avant qu’il soit trop tard de subventions promises, en principe, pour vingt ans.

Frédéric Lemaître

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Je signe le 200e article de ce blog !

Ceci est le 200e article de ce blog !

Ca se fête !

Le premier message envoyé sur ma boite gagnera donc un petit cadeau ! 😉

En attendant, comme ‘Le Monde’ a l’amabilité et le professionnalisme de me fournir la majorité de mes contenus, une petite pub gratos est disponible ici (abonnez-vous, réabonnez-vous qu’ils disaient 😉 ).

http://abo.lemonde.fr/

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Une psychiatre dans le prétoire

Ce qui me frappe dans cette affaire, c’est que la psychiatre est la première à constater que son patient était une énigme. On lui a dit, à de multiples reprises, que son patient était dangereux. N’aurait-il pas été judicieux de respecter un principe de précaution élémentaire en ne le laissant pas sortir ?

Le pire, c’est l’épisode où elle laisse sortir son patient pendant 3 heures dans la nature alors qu’elle reconnaît elle même qu’il puisse être dangereux !

Dans la vie, on a le droit de se tromper, mais on a moins le droit de s’enfermer dans ses certitudes et mettre la vie de ses concitoyens en jeu dans ce contexte.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 15 Novembre 2012

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A Marseille, une psychiatre sur le banc des prévenus
Le parquet a requis un an de prison avec sursis contre une médecin dont le patient avait perpétré un assassinat
Marseille Envoyée spéciale

Pousser la porte d’un univers qu’elle connaît mal et qui a une fâcheuse tendance à lui dénier le droit d’entrer est un défi auquel la justice est souvent confrontée. Mardi 13 novembre, à l’ouverture du procès de Danièle Canarelli, une psychiatre poursuivie pour homicide involontaire après un assassinat commis par l’un de ses patients atteint de schizophrénie, le président du tribunal correctionnel de Marseille, Fabrice Castoldi, a réservé ses premiers mots au public de professionnels venus manifester bruyamment leur soutien à leur collègue :  » On peut comprendre l’émotion légitime d’une profession. Mais on ne juge pas ici la psychiatrie, ni les psychiatres. Il s’agit pour nous de savoir si, dans une situation concrète, une faute caractérisée a été commise.  » Rappelant le  » cadre juridique très particulier  » de l’article 121-3 du code pénal issu de la loi Fauchon du 10 juillet 2000 sur les délits non intentionnels susceptibles d’être reprochés aux décideurs publics, le président a ajouté :  » Il ne peut exister d’impunité, la société ne l’accepte pas. « 

C’est d’abord à l’opiniâtreté de l’un des fils de la victime que l’on doit ce procès. En janvier 2005, l’instruction ouverte sur l’assassinat de Germain Trabuc à coups de hachette par Joël Gaillard se conclut par un non-lieu, l’auteur des faits étant déclaré irresponsable pénalement en raison de ses troubles psychiatriques. Michel Trabuc engage alors une action devant la juridiction administrative contre l’Etat et contre l’hôpital – il obtiendra la condamnation de l’établissement pour défaut de surveillance – et dépose parallèlement une plainte avec constitution de partie civile contre toutes les personnes physiques ou morales qui ont pu faire preuve de négligence dans le suivi de Joël Gaillard.

Une nouvelle instruction est ouverte qui entraîne le renvoi devant le tribunal du docteur Canarelli, le juge considérant que, par ses manquements aux obligations particulières de prudence et de sécurité, celle-ci porte une responsabilité pénale indirecte dans l’assassinat de Germain Trabuc. Le magistrat s’appuie notamment sur l’expertise confiée à l’expert psychiatre Jean-Claude Archambault, qui constitue un terrible réquisitoire contre sa collègue Danièle Canarelli.

Le rappel à l’audience des nombreuses alertes sur le comportement de Joël Gaillard a en effet de quoi donner le frisson. Pendant les quatre années – de 2000 à 2004 – où il est suivi au centre Edouard-Toulouse, il alterne séjours à l’hôpital psychiatrique et en prison pour agressions à l’arme blanche, incendie volontaire et tentative d’assassinat – qui se conclut elle aussi sur un non-lieu pour abolition du discernement. A chaque fois, les psychiatres qui l’examinent dans le cadre des enquêtes concluent à une schizophrénie  » avec dangerosité établie  » et  » escalade dans les passages à l’acte  » et alertent sur les risques que font courir ses interruptions répétées de traitement.

Le docteur Canarelli se refuse pourtant à poser ce diagnostic. Elle lève régulièrement les mesures d’hospitalisation d’office et lui accorde des permissions de sortie. Au président qui lui demande pourquoi elle n’a pas suivi les recommandations de ses confrères sur la nécessité de soumettre Joël Gaillard à un cadre psychiatrique plus contraignant, elle répond :  » On ne peut pas toujours être dans la coercition.  »  » Mais comment soigner un patient qui n’est pas consentant autrement que par la coercition ? « , intervient le président.  » J’étais dans une relation de confiance avec lui. Il venait à tous les rendez-vous, ce qui est rare, et il n’y avait aucun incident de comportement pendant les hospitalisations. Le consentement du patient est essentiel si l’on veut engager une relation thérapeutique dans la durée. « 

Fabrice Castoldi plonge dans le dossier, en extrait un bout du rapport du docteur Archambault :  » Au fil des années, le docteur Canarelli n’a pas tenu compte des avis des différents psychiatres et experts qui avaient formulé un diagnostic particulièrement clair. Il y a eu en quelque sorte un enfermement dans le déni, le déni de Joël Gaillard – sur la profondeur de ses troubles psychiatriques – ayant entraîné un déni de l’équipe soignante.  » Elle répond :  » C’était un patient plus compliqué que les autres. J’étais confrontée à une énigme. J’étais convaincue qu’il présentait une pathologie psychotique mais j’étais embarrassée par l’absence de symptômes.  » Le président lui demande alors, abruptement :  » Mais pourquoi n’avez-vous pas passé la main ?
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– Ce n’est pas si facile que ça de passer un patient à une autre équipe. « 

Pour Danièle Canarelli, la principale difficulté est à venir. En février 2004, de nouveaux clignotants s’allument. La soeur de Joël Gaillard prévient le médecin que son frère est très agressif et qu’il profère des menaces de mort. Au même moment, le patient ne se présente pas à un rendez-vous avec sa psychiatre car il s’est blessé à la main et doit subir une opération. Les conditions de la blessure – une coupure grave, à la suite d’une altercation à l’arme blanche – inquiètent le docteur Canarelli qui demande son transfert dans son service psychiatrique après l’opération. Lorsqu’il se présente quelques jours plus tard devant elle, elle lui annonce qu’elle va le réhospitaliser. L’entretien tourne court, Joël Gaillard se lève brutalement et quitte le pavillon où la médecin, qui est seule avec un infirmier, ne peut pas le retenir.  » Nous n’avons pas tenté. Il était mal et aurait pu nous faire mal. Nous n’avons pas eu le temps de prévenir les renforts.

– Mais vous n’aviez pas imaginé l’hypothèse d’une fugue ?

– Non, il était calme. « 

Elle attend trois heures pour signaler sa fuite à la police.  » Mais ça veut dire qu’un patient part dans la cité alors que vous nous dites qu’il était mal et qu’il pouvait faire mal… « , observe le président. On sent que ses questions font monter l’indignation dans le public de professionnels massé au fond de la salle d’audience.  » Il faudrait que les juges viennent faire un stage dans les hôpitaux psychiatriques « , murmure une femme à sa voisine. Trois semaines plus tard, Joël Gaillard se présente devant le domicile de sa grand-mère et frappe à mort la tête de son compagnon, Germain Trabuc.

 » Cette affaire, c’est la chronique d’une mort annoncée, relève Me Gérard Chemla, avocat du fils de la victime. On ne peut pas se laisser enfermer dans un raisonnement absurde selon lequel la justice n’a aucune compétence pour juger les malades mentaux et qu’il faut les remettre à l’institution psychiatrique. Une poursuite comme celle-ci est saine. Il y a un moment où la défense sociale doit passer avant le patient « , conclut-il. Le procureur a requis un an de prison avec sursis contre Danièle Canarelli. Jugement le 18 décembre.

Pascale Robert-Diard

    Des experts dénoncent l' » utopie du risque zéro « 

    L’Académie de médecine et le Conseil national des compagnies d’experts en justice ont souligné la difficulté pour ces derniers d’évaluer la  » dangerosité criminologique  » dans un rapport rendu lundi 12 novembre et dénoncent l' » utopie du risque zéro « .  » Désormais, la mission de l’expert médical porte moins sur l’évaluation de la responsabilité que sur celle de la dangerosité : le médecin n’a plus à faire un diagnostic mais un pronostic « , regrettent-ils, ajoutant que l’expertise  » ne saurait être une science de la prédiction « . Les rapporteurs seront auditionnés le 12 décembre par la  » conférence de consensus sur la prévention de la récidive « , mise en place par la ministre de la justice.

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Tort sur la forme… mais raison sur le fond…

On a la logique la plus répressive d’Europe en la matière, et une des consommations les plus forte. Ainsi, une étude de fin mai 2012 montre que les jeunes Français sont les premiers consommateurs de cannabis en Europe ! On ne peut donc pas continuer ad-vitam à se tromper et à se mettre des oeillères en la matière !

Moi aussi, je suis contre la dépénalisation au départ, mais, à un moment, il faut faire avancer le pays et le faire avancer ! Il faut résoudre les problèmes quand ils se présentent et le problème du cannabis, car étant un grave problème de santé publique, doit être doté de moyens pour le résoudre.

Ainsi, je pense que M. Peillon avait raison sur le font de s’interroger. Il a eu tort sur la forme en présentant ces éléments de pensée en dehors de tout cadre gouvernemental.

La faute est-elle si grande que cela ? Un homme politique n’a-t-il pas le droit, sinon le devoir, d’émettre certaines idées pour le bien de son pays et de ses habitants ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 17 Octobre 2012

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L’embarrassante sortie de route de Vincent Peillon
Matignon recadre publiquement le ministre de l’éducation après ses propos sur le cannabis

Mais que diable allait-il faire sur ce terrain fumeux ? Au lendemain de sa sortie sur la dépénalisation du cannabis, le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, a tenté de faire machine arrière et profil bas, lundi 15 octobre dans la matinée, évoquant par communiqué une  » réflexion personnelle  » qui  » ne contrevient pas à sa solidarité totale et entière à la position du président de la République et du gouvernement sur le sujet « .

 » Il n’y a donc pas lieu à la polémique « , a-t-il évacué. Pas sûr que l’acte de contrition, pourtant, suffise à éteindre l’incendie qu’il avait allumé la veille. M. Peillon avait estimé, lors de l’émission  » Tous politiques  » de France Inter-AFP-Le Monde, que  » cette interrogation mérite d’être menée « , s’affirmant  » très étonné, parfois, du côté un peu retardataire de la France sur un sujet qui pour moi est d’ampleur « .

C’est peu dire que cette fracassante prise de position, lâchée sans crier gare par l’un des poids lourds de l’équipe Ayrault en flagrante contradiction avec la doctrine gouvernementale, a ulcéré au sommet de l’exécutif. A commencer par François Hollande qui,  » très en colère  » après cette énième expression divergente de l’un de ses ministres, a décroché son téléphone, tôt lundi matin, pour demander à Jean-Marc Ayrault  » de faire respecter l’ordre au sein du gouvernement et de faire en sorte que les ministres ne s’expriment que sur leurs sujets de compétence « , indique-t-on à l’Elysée.

A l’heure où la polémique enflait, de bonne guerre nourrie par la droite, le premier ministre s’est donc chargé de procéder, en personne, au recadrage de son ministre de l’éducation. D’abord en s’entretenant au téléphone avec lui, puis en le tançant publiquement pour cet écart de langage.  » Les ministres ont à se concentrer sur la mission qui est la leur « , a sèchement asséné M. Ayrault, en marge d’un déplacement en Loire-Atlantique. Et d’ajouter :  » Lorsqu’ils sont à la radio et la télévision, ils doivent défendre à la fois la politique de leur ministère et la politique du gouvernement, et rien d’autre. « 

 » Il s’est abîmé « 

Pour le chef du gouvernement, confronté une nouvelle fois à une expression divergente de l’un de ses ministres, l’incident tombait presque à pic, qui lui fournissait une excellente occasion de faire la preuve d’une autorité contestée récemment.  » L’avertissement du premier ministre peut être entendu au-delà de Peillon « , indique-t-on d’ailleurs à Matignon.

Pendant qu’à l’Elysée, on voulait faire de l’incident un cas d’école :  » Il y a eu un écart d’un ministre qui devait être rappelé à l’ordre. Le premier ministre l’a fait et l’intéressé l’a reconnu par communiqué.  L’incident est clos.  » Et de donner une nouvelle fois la doctrine présidentielle en matière de cannabis :  » La position du président est connue, il l’a exprimée en tant que candidat, l’a réitérée en tant que président. Il n’y aura pas de dépénalisation. « 

Pour l’exécutif, l’affaire fait d’autant plus  » désordre  » qu’elle offre, outre l’image de l’incohérence, un angle d’attaque rêvé à une droite trop heureuse de ressusciter le procès en laxisme des socialistes et de dénoncer la  » gauche pétard « . Et qui, d’ailleurs, ne s’en est pas privée. De François Fillon, qui a fustigé des  » propos irresponsables et dangereux « , à Jean-François Copé, qui a demandé  » solennellement à François Hollande de trancher dans la journée « , en passant par quarante-quatre parlementaires de droite, dont un certain nombre issus de la Droite populaire, qui ont appelé à sa démission.

Une salve face à laquelle le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, a fait barrage de son corps, évoquant le combat contre la drogue comme  » une lutte, une guerre de tous les instants qui ne peut souffrir d’aucune faiblesse, qui doit être menée comme nous le faisons avec des résultats, avec une grande détermination « .  » C’est sans doute la guerre du XXIe siècle « , a expliqué M. Valls.

Autant dire que la séance du ministre de l’éducation à l’Assemblée nationale, ce mardi, s’annonce agitée. Dans les allées du pouvoir, on s’avouait perplexe quant aux raisons de cette sortie de route d’un ministre qui s’était jusqu’ici montré plutôt prudent dans l’exercice de ses fonctions. Un ami du président :  » Est-ce qu’il a oublié qu’il était ministre et a cru qu’il pouvait toujours brasser des analyses et des hypothèses ? C’est dommageable, mais principalement pour lui. Il s’est abîmé.  » Un proche du ministre confirme  la thèse de l’accident :  » Il était dans une réflexion personnelle. Ce n’est pas le ministre de l’éducation qui s’est exprimé, c’est l’homme politique Vincent Peillon. Il n’a pas voulu faire un coup de com’, ce n’était pas un calcul. « 

Le mal, pourtant, est fait. Pas sûr que le ministre de l’éducation, qui recevait lundi et mardi les syndicats du secteur, s’en relève de sitôt. La faute politique est d’autant plus surprenante que M. Peillon n’est jamais situé sur les positions libérales de la ministre écologiste du logement, Cécile Duflot, qui avait déjà émis une telle opinion quatre jours avant le premier tour des élections législatives de juin, avant de se faire, elle aussi, reprendre par M. Ayrault. Commentaire d’un dirigeant du PS :  » Vincent avait construit toute sa crédibilité sur le retour de l’ordre républicain à l’école, avec une dimension chevénementiste. Mais imagine-t-on Chevènement glorifier le pétard ? Les dégâts pour le soldat Peillon sont incommensurables.  Il a sauté sur une mine. « 

David Revault d’Allonnes

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Quand Depardieu loue un état démocratique

D’après Depardieu la Russie serait donc démocratique : première nouvelle !

On va donc rappeler quelques faits :

– Sur 176 pays, l’indice de corruption international réalisé par Transparency International place la France en 23e position et la Russie en… 145e position…
– La Russie a un unique système politique : bien que la constitution Russe prévoit qu’un président ne peut obtenir 2 mandats consécutifs, Medvedev et Poutine alternent les postes de premier ministre et de président afin de contourner cette disposition constitutionnelle.
– Bon nombre de meurtres d’opposants n’ont toujours pas été résolus, comme celui de Anna Politkovskaïa.
– Mikhaïl Khodorkovski patron de Ioukos, entreprise florissante, a été spolié de ses biens et emprisonné car il représentait une menace politique trop importante. L’entreprise a été nationalisée sans coup férir.
– Les pussy riots ont été condamnées à deux ans de détention en camp pour avoir chanté des propos peu amènes vis à vis du pouvoir dans une église

Bref, la Russie est tout, sauf un état démocratique.

Par contre, c’est un Etat ouvertement alcoolique où les chiffres sont terribles puisque un habitant mâle sur cinq décède d’une consommation excessive d’alcool.

Donc, vis à vis des alcooliques, la Russie est effectivement un état démocratique.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 5 Janvier 2013

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Depardieu, chantre de la  » démocratie  » russe et des satrapes orientaux

Les médias, les responsables politiques, les réseaux sociaux n’en finissent plus de faire des gorges chaudes sur l’attribution par le Kremlin de la nationalité russe à l’acteur français Gérard Depardieu, en quête d’un exil fiscal. Jeudi 3 janvier, l’Obélix du cinéma hexagonal a été fait citoyen russe à sa demande et sur oukase spécial du président Vladimir Poutine.

 » Si Gérard souhaite vraiment obtenir un titre de séjour ou un passeport russe, la réponse est positive « , avait proposé M. Poutine, le 20 décembre 2012. De source russe, l’acteur aurait saisi la proposition au vol, déposant sa demande à l’ambassade de Russie à Paris. Le Kremlin a fait diligence en hommage à la contribution de l’acteur  » à la culture nationale et au cinéma « , a expliqué Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence. Apparemment, son interprétation récente du personnage de Raspoutine, le moine damné de la dernière tsarine, dans un film tourné en Russie en 2011, a beaucoup plu en haut lieu.

Gérard Depardieu, 64 ans, ne tarit pas d’éloges sur sa nouvelle patrie. Pas sûr qu’il s’installe à Moscou,  » une mégapole trop grande  » pour lui, mais peut être ira-t-il  » au bord des forêts de bouleaux  » car il s’y  » sent bien « . Le président François Hollande est au courant :  » Il sait que j’aime beaucoup votre président Vladimir Poutine et que c’est réciproque. Et je lui ai dit que la Russie était une grande démocratie, et que ce n’était pas un pays où un premier ministre traitait un citoyen de minable « , écrit l’acteur qui conclut par  » Gloire à la Russie  » et  » Merci !  » une lettre adressée aux journalistes russes et diffusée par la télévision publique Pervy Kanal.

 » Un alcoolique de plus « 

La star du cinéma français est attendue de pied ferme par le chef tchétchène Ramzan Kadyrov qui s’est empressé de lui proposer une résidence à Grozny. Les deux hommes se fréquentent. Gérard Depardieu comptait parmi les célébrités (Jean Claude Van Damme, Ornella Muti) venues souffler les 36 bougies du satrape dans la capitale tchétchène le 5 octobre 2012. Au micro, il se fendit d’un  » Gloire à la Tchétchénie ! Gloire à M… Kadyrov « , qui lui valut aussitôt les faveurs du maître.

Un peu plus tard, ce même automne, on le retrouvera à Tachkent, en Ouzbékistan, pour l’enregistrement d’une chanson langoureuse en duo avec  » Googoosha « , la fille du président Islam Karimov, maître d’un pays réputé pour ses lieux de détentions où les prisonniers peu enclins aux aveux sont ébouillantés.

A Moscou, le passeport russe de Gérard Depardieu a enflammé les esprits. Le vice-premier ministre Dmitri Rogozine s’attend pour sa part à une  » émigration massive des riches européens vers la Russie  » dès lors qu’ils apprendront combien le taux d’imposition sur le revenu est faible (13 % pour tous les foyers).

L’opposant Edouard Limonov compte sur la participation de l’acteur à la prochaine manifestation interdite du 31 janvier 2013. Ne pourrait-il pas jouer les Danton dans le cadre de la révolution à venir ? En revanche, le cinéaste national-patriote Stanislav Govoroukhine, soutien officiel de Vladimir Poutine pendant la campagne présidentielle de 2012, ne s’est pas réjoui :  » Ça fait un alcoolique de plus ! « , a-t-il expliqué sur les ondes de la radio Rousskaïa sloujba novosteï.

Marie Jégo (Moscou, correspondante)

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Comment transformer un sujet complexe en un sujet simpliste

Cet éditorial m’attriste de la part d’un journal comme ‘Le Monde’. Le monde a changé. On n’a moins besoin des armes, on se fait moins la guerre. La dernière guerre mondiale a près de 70 ans. Les conflits ont changé de forme, sont devenus, pour une grande part, économiques.

Bref, le sujet est éminemment complexe. On n’assiste plus à des pays qui en envahissent d’autres : on assiste à des modes de conflits basés sur des modèles terroristes. Le modèle de l’armée d’un pays conventionnel a-t-il encore un sens ? La Suède a-t-elle encore besoin de toutes ses composantes armées pour faire face à une prétendue menace extérieure ?  La Suède serait attaquée par qui ? L’Europe devrait garder ses armes pour faire la guerre à qui ? Il faut engager 2% du PIB dans la défense pour faire face à quelle menace ? Effectivement, réduire les aspects militaires réduit l’industrialisation qui lui est associée, mais pour quoi faire ?

A toutes ces questions, je n’ai pas de réponses, mais je sais que ces réponses sont très complexes.

Las, l’éditorial du journal ‘Le Monde’ ne pose aucune des questions que j’ai posées et n’y apporte aucune réponse.

Dans cet éditorial, ‘Le Monde’ prouve qu’il est purement et simplement incompétent en la matière et qu’il n’a pas rempli son rôle de poser des questions complexes et d’apporter des réponses en conséquence.

Un éditorial à oublier incontestablement.

Ceci dit, ‘Le Monde’ reste un grand journal rempli d’informations de qualité. Mais le rôle du journalisme est d’informer, non de donner son avis.

L’éditorial du journal ‘Le Monde’ daté du 5 Janvier 2013

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ÉDITORIAL
Danger : l’Europe renonce à se défendre

Supprimons carrément une arme : l’infanterie, la marine ou l’armée de l’air ! C’est le choix volontairement provocateur qu’a proposé il y a six mois le chef d’état-major suédois, le général Sverker Göranson, pour alerter sur le prix à payer de la réduction de moitié des dépenses militaires, opérée par la Suède depuis quinze ans.

Faute d’être entendu, le bouillant militaire récidive. Il vient de lancer un cri dans la presse : ses moyens actuels, écrit-il, ne lui permettraient pas de défendre le pays plus d’une semaine si d’aventure la Suède devait être attaquée.

Le général Göranson pourrait faire école, car cet autre  » modèle suédois  » – celui de budgets militaires peau de chagrin – s’est tellement répandu en Europe que les secrétaires américains à la défense, de Robert Gates à Leon Panetta, ne cessent de déplorer ce qu’ils considèrent comme une automutilation de la part d’un continent sur le point de se priver des moyens stratégiques nécessaires pour préserver la petite part d’influence qui lui reste.

L’Europe de la défense n’existe pas, faut-il se résigner au fait que la défense en Europe n’existe plus ? De Londres à Rome et à Madrid en passant par Berlin et Paris (les autres pays ne comptent guère en termes de capacités militaires à part la Pologne), le rabot de la rigueur fait son oeuvre. En ces temps d’incertitude stratégique, l’Europe désarme.

L’ancienne secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright avait fixé, dans un rapport publié en 2010, à 2 % du produit intérieur brut le seuil au-dessous duquel les pays membres de l’OTAN seraient avisés de ne pas aller, sous peine de compromettre un niveau de sécurité commune crédible.

C’est peu dire qu’elle n’a pas été entendue. En 2012, face aux Etats-Unis, qui concentrent 46 % des dépenses militaires mondiales, et alors que la Chine et la Russie investissaient massivement, l’Italie était à 0,84 %, l’Espagne à 0,65 % et la France à 1,7 %. Seul le Royaume-Uni remplissait sa part du contrat.

L’enjeu est pourtant stratégique à un autre titre, qu’a rappelé le rapport remis par l’ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine à François Hollande en novembre 2012. A ce rythme, il est en effet plus que probable que les industriels européens de la défense disparaîtront définitivement des appels d’offres des pays émergents, comme ce fut le cas dans ce qui apparaîtra vite comme une butte témoin du passé pour les avionneurs suédois et français au Brésil.

Cette spirale d’attrition ne pourra qu’emporter les industries de la défense du Vieux Continent et placer définitivement les Européens dans l’orbite d’un complexe américain sans doute avide de compenser au-delà de ses frontières les coupes budgétaires qu’il doit également subir chez lui. La baisse des budgets de la défense ignore les retombées civiles du militaire ; elle accélère la désindustrialisation que l’on prétend combattre.

Perte d’influence, d’emplois et d’autonomie, c’est à ces autres aunes que les coupes budgétaires dans la défense doivent également être examinées. Quitte à passer pour d’éternels râleurs, les généraux ont raison : alors que le Sud émergent réarme à grande vitesse, l’Europe va trop loin dans les coupes dans la défense. Elle risque de sortir de l’Histoire.

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Le gaz de schiste, moins propre qu’annoncé ?

Le gaz de schiste, vis à vis de certains, représentait la panacée : une pollution réduite (mis à part à l’extraction par les techniques de fracture hydraulique). A priori, ce n’est pas le cas : car les fuites sont nombreuses et car elles concernent un gaz beaucoup plus polluant que le dioxyde de carbone, les bienfaits des gaz de schiste sont remis en question.

Il faut donc se méfier des solutions trop belles sur le papier en privilégiant une modération énergétique à tous les niveaux.

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Gaz de schiste : des fuites de méthane plus importantes que prévu
Le Monde.fr | 04.01.2013 à 17h58 • Mis à jour le 05.01.2013 à 08h22 Par Audrey Garric

Un forage de gaz de schiste en Pennsylvanie, en avril 2012.

Quel est le véritable impact pour le climat de l’exploitation du pétrole et du gaz de schiste ? Le débat est relancé avec la parution d’une nouvelle étude alarmante quant à l’importance des fuites de méthane autour des puits. Des résultats qui interrogent de nouveau le bilan climatique de ces hydrocarbures non conventionnels qui sont en train de transformer le paysage énergétique américain et mondial.

Des chercheurs de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et de l’université du Colorado ont mesuré, grâce à des équipements au sol ainsi qu’un aéronef, les concentrations de différents polluants dans l’atmosphère, aux abords des puits des champs gaziers et pétroliers du bassin d’Uintah (Utah), raconte la revue britannique Nature, dans son édition du mercredi 3 janvier. Ils ont ensuite déduit, à partir de modèles atmosphériques et des données de rejets des industries, la quantité d’émissions de ces puits.

9 % DE FUITES

Selon les résultats préliminaires, présentés en décembre 2012 lors du colloque annuel de l’Union géophysique américaine (AGU) à San Francisco, les puits de gaz de schiste laisseraient fuir 9 % de méthane (CH4), l’un des principaux composants du gaz naturel, pendant leur durée d’exploitation.

Des chiffres très supérieurs à la valeur retenue par l’Agence américaine de l’environnement (EPA), qui parlait de 2,4 % pour l’année 2009. « Nous nous attendions à obtenir des niveaux élevés de méthane, mais pas de cette ampleur », a admis Colm Sweeney, qui a dirigé la composante aérienne de l’étude.

En cause : les fluides utilisés pour fracturer la roche entraînent avec eux, lorsqu’ils sont pompés pour être ramenés vers la surface, des bulles de gaz naturel qui vont se disperser dans l’atmosphère. La remontée du gaz à l’ouverture du puits se traduit en outre pendant quelque temps par une fuite supplémentaire de méthane. Enfin, les gazoducs ne s’avèrent pas totalement étanches.

UN BILAN CLIMATIQUE SUPÉRIEUR AU CHARBON

De quoi remettre en cause l’un des arguments forts en faveur du gaz de schiste, à savoir son impact climatique réputé plus faible que celui du charbon – sa combustion dans les centrales électriques génère presque deux fois moins d’émissions de dioxyde de carbone (CO2), principale cause du réchauffement climatique. En rejettant du méthane, qui possède un coefficient de réchauffement 25 fois supérieur à celui du gaz carbonique, la production de gaz de schiste par fracturation hydraulique pourrait avoir un bilan en gaz à effet de serre équivalent, voire supérieur, à celui du charbon.

Dans un article publié en avril 2012 dans les Annales de l’académie des sciences américaine (PNAS), des scientifiques de l’université de Princeton et de l’Environmental Defense Fund (EDF) de Boston indiquaient ainsi que le remplacement du charbon par le schiste était profitable au climat jusqu’à un taux de fuite de 3,2 %. Au-delà, l’empreinte carbone du système énergétique s’alourdit.

DÉBAT ENTRE LES SCIENTIFIQUES

Reste à savoir si les résultats obtenus par la NOAA et l’université du Colorado sont représentatifs de l’ensemble de la production de gaz de schiste des Etats-Unis. « Ces données constituent un petit aperçu d’un puzzle beaucoup plus large que la communauté scientifique est en train d’assembler », estime Steven Hambourg, chef de l’équipe scientifique de l’EDF.

En février 2012, une étude de la chercheuse de la NOAA Gabrielle Pétron, publiée dans le Journal of Geophysical Research et portant sur des puits de la région de Denver-Julesburg, au nord-est du Colorado, suggérait qu’entre 2 % et 8 % du gaz de schiste extrait sont relâchés dans l’atmosphère – avec 4 % comme valeur la plus probable, soit un taux deux fois plus important qu’indiqué par l’industrie. L’année d’avant, en mars 2011, le biogéochimiste Robert Howarth, chercheur à l’université Cornell (Etat de New York), estimait dans Climatic Change que 3,6 % à 7,9 % du gaz de schiste produit aux Etats-Unis s’échappaient dans l’atmosphère.

Ces travaux ont toutefois été critiqués. Dans un commentaire publié par Climatic Change, Lawrence Cathles, professeur à Cornell et ancien chercheur pour le pétrolier américain Chevron, assurait que les calculs de Robert Howarth étaient erronés et qu’ils s’appuyaient sur des hypothèses trop pessimistes. De la même façon, Michael Levi, analyste de l’énergie au Council on Foreign Relations à New York, a aussi publié un commentaire revu par les pairs mettant en cause la composition du gaz naturel ventilé prise comme hypothèse par l’équipe de Gabrielle Pétron.

D’autres études devraient être publiées cette année. La NOAA, l’université du Texas à Austin et l’EDF mènent en effet, avec des partenaires industriels, une évaluation globale des émissions de méthane tout au long du cycle de vie du gaz – forage, acheminement et traitement – à l’échelle du territoire américain. Le débat scientifique est donc loin d’être clos.

Audrey Garric

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Les pratiques honteuses de l’Inserm en matière de droit du travail

C’est une situation honteuse et absurde que celle-ci. Sous prétexte de manque de crédit, on licencie quelqu’un de compétent et qui aurait pu apporter un plus indéniable dans un service de recherche. Il faut d’urgence réformer ce genre de pratiques afin que ceci ne soit plus possible. Si c’est par manque d’argent que l’on réalise ces licenciements, il faudra peut être penser à engager des mesures de licenciement économique, y compris à l’intérieur de la fonction publique. Il n’est pas possible que l’on ait une telle muraille entre quelques salariés et fonctionnaires hyper-protégés, et des fonctionnaires hyper-mal-protégés. Une réforme urgente est nécessaire quoiqu’il en soit.

Si cette chercheuse est réellement indispensable, il ne me paraît pas incongru de licencier un fonctionnaire qui ne l’est pas…

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A l’Inserm, une chercheuse « indispensable » doit partir après onze ans… et douze CDD
LE MONDE | 03.01.2013 à 11h15 • Mis à jour le 03.01.2013 à 14h30 Par Yan Gauchard – Nantes, Correspondant

Elle est l’une des rares figures du monde de la recherche médicale à s’être rebellée et à avoir porté l’affaire devant la justice. Audacieuse mais « pas suicidaire », elle préfère ne pas exposer son nom pour ne pas contrarier de prochains entretiens d’embauche.

A 32 ans, cette ingénieure, mariée et mère de deux enfants, a enchaîné onze années de contrats à durée déterminée dans un centre de recherche en cancérologie à Nantes avant de se retrouver sur le carreau. Pour l’heure, « c’est la galère », dit-elle – après douze CDD, et six avenants prolongeant ces contrats, « au sein d’une seule et même équipe de recherche médicale ».

La même unité, mais des employeurs pluriels : l’association de recherche du centre hospitalier universitaire (un an) ; l’Inserm (deux ans) ; le centre hospitalier universitaire, CHU (trois ans) ; le Centre national de la recherche scientifique, CNRS (six mois) ; puis encore l’Inserm (quatre ans et demi). Son dernier contrat a expiré le 23 septembre 2012.

CONGÉ DÉFINITIF

Longtemps, elle a cru à un CDI, « jusqu’à ce que le couperet tombe ». Et que l’administration lui signifie son congé définitif. « On m’a certifié que cela n’avait rien à voir avec mes compétences et mon investissement, mais qu’il s’agissait d’une aberration administrative. Désormais, j’ai trop d’ancienneté pour signer un nouveau CDD. Il n’y a pas le budget pour pérenniser mon poste, juste les crédits pour lancer un nouveau CDD. »

La mort dans l’âme, elle a abandonné ses travaux. Elle menait notamment une étude clinique importante sur 200 patients, sous la conduite d’un professeur de médecine, au sein du service de réanimation du CHU. Un programme destiné « à prouver l’efficacité d’un traitement permettant de redonner un système immunitaire compétent à des personnes accidentées de la route », sujettes parfois à de graves infections. Après son départ, le programme a inévitablement tangué, de l’aveu même d’un membre de l’équipe. « Au moins le temps de retrouver une personne capable de prendre sa suite. Après, former une personne à un programme de recherche spécifique demande encore plus de temps. »

Le 5 octobre 2012, l’ingénieure a saisi le tribunal administratif de Nantes. Au terme d’un référé-suspension, la justice a enjoint au président-directeur général de l’Inserm de procéder au réexamen de son dossier. La requête reste vaine. Me Rémi Bascoulergue, avocat de l’intéressée, est catégorique : « La loi du mars 2012, dite loi Sauvadet, stipule que la continuité des différents contrats effectués même pour des établissements différents doit être prise en compte. »

En refusant d’accorder un CDI à sa cliente, « l’Inserm bafoue non seulement l’autorité de l’Etat, mais également celle du tribunal de Nantes », dénonce-t-il. Me Bascoulergue a écrit à Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, pour lui demander d’user de son autorité hiérarchique.

DISETTE BUDGÉTAIRE

Lise Caron, chercheuse au CNRS, a aussi interpellé la ministre, dénonçant « les dégraissages » effectués par les établissements publics « afin d’éviter de passer en CDI les précaires ». « Nos laboratoires vont se vider de personnels qualifiés et expérimentés », redoute Mme Caron, qui estime qu’il y a « plus de 15 00 salariés précaires à Nantes participant à des programmes de recherche pointus pour le compte de l’Inserm, du CHU ou de l’université de Nantes ». Dans le domaine de la santé, égrène celle qui est aussi secrétaire régionale du Syndicat national des travailleurs de la recherche scientifique (affilié à la CGT), « les laboratoires comptent jusqu’à 40 % de contractuels ».

Directeur de recherche à l’Inserm de Nantes, Frédéric Altare a délivré, dès septembre 2010, une attestation en faveur de l’ingénieure nantaise. Dans ce courrier, il précise que l’activité de l’intéressée est « indispensable à l’unité, ce qui est d’ailleurs confirmé par le renouvellement systématique de ses contrats à durée déterminée depuis son arrivée dans l’unité ».

Le cas de cette salariée, note-t-il, est emblématique. « Les laboratoires ne sont plus financés par leur tutelle qu’à un maximum de 20 %. Pour fonctionner, il faut trouver des crédits extérieurs. » Disette budgétaire oblige, « les possibilités de recrutement de statutaires sont très limitées ».

La nouvelle loi sur les durées de CDD, dont le principe est de protéger les personnels, est « une bonne chose sur le fond. Sauf que l’Etat n’a pas abondé les budgets en conséquence pour pérenniser ces postes ». Résultat : les équipes de recherche perdent « des personnels compétents ». Cette situation-là, dit-il, est « très inconfortable pour tous, mais c’est hélas le quotidien d’un laboratoire français ». L’ingénieure nantaise sera fixée sur son sort à l’issue d’une nouvelle audience devant le tribunal administratif le 22 janvier. Contacté, l’Inserm n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Yan Gauchard – Nantes, Correspondant

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Quand certains profitent de la justice pour gagner beaucoup d’argent

La France est le pays des râleurs, tout le monde le sait. C’est un sport national. Mais certains vont encore plus loin : ils profitent de leur talent de râleur pour soutirer de l’argent à des entrepreneurs. Résultat, une forme de chantage où l’on invite les entrepreneurs à mettre la main au portefeuille en échange de la tranquilité.

Ca marchait, jusqu’au jour où certains tribunaux ont remarqué qu’on les prenait pour des imbéciles : résultat, la plainte s’est retournée contre leurs auteurs.

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Les recours abusifs, plaie des chantiers immobiliers
LE MONDE | 03.01.2013 à 13h30 • Mis à jour le 03.01.2013 à 13h31 Par Isabelle Rey-Lefebvre

Le recours est simple et gratuit : il suffit de contester la validité du permis et d’aller trouver son titulaire afin de monnayer le retrait de ce recours.

Les promoteurs se plaignent depuis longtemps d’être l’objet d’un véritable racket exercé par certains auteurs de recours en annulation de permis de construire. Ils ont été entendus par la justice : en novembre 2012, la cour d’appel de Paris a condamné pour « manoeuvres frauduleuses constitutives d’escroquerie » dix cadres de haut niveau, directeur juridique, directeur financier, professionnels de l’immobilier et avocats.

Pour la première fois, les rançonneurs sont considérés comme tels et pénalement sanctionnés, à des peines de prison avec sursis de huit à dix-huit mois et à des amendes de 10 000 euros à 50 000 euros, sans compter le remboursement des sommes indûment perçues auprès des victimes.

Et ces victimes ne sont pas de simples et pauvres escroqués, mais des promoteurs parmi les plus puissants, comme le groupe Altarea, la Cogedim et la société Bouwfonds MAB.

MOTIF QUELCONQUE

La manœuvre, très en vogue sur la Côte d’Azur, est simple, sans risque, gratuite, et peut rapporter gros : il suffit de contester devant le tribunal administratif (l’aide d’un avocat n’est nullement obligatoire), et sur un motif quelconque, la validité du permis de construire affiché sur le site, puis d’aller trouver le titulaire du permis afin de monnayer le retrait de ce recours.

Deux conditions seulement doivent être respectées : saisir ledit tribunal dans les deux mois qui suivent la délivrance du permis et démontrer son « intérêt à agir », par exemple en étant riverain du futur bâtiment, fût-on simple locataire d’un cagibi…

Le procédé est légal et la transaction se fait souvent par l’intermédiaire d’avocats, beaucoup de promoteurs préférant payer tout de suite plutôt que d’attendre le dénouement, même favorable, d’un long processus judiciaire.

« INTÉRÊT À AGIR »

Dans le dossier de novembre, les faits sont anciens et remontent au milieu des années 1990. L’instruction a duré près de sept ans, auxquels s’ajoutent les multiples moyens soulevés par les mis en examen pour retarder le procès, notamment en posant moult questions prioritaires de constitutionnalité, toutes rejetées. En première instance, en 2008, le tribunal correctionnel de Meaux avait relaxé les prévenus (Le Monde des 5 février et 5 avril 2008), mais le parquet avait interjeté appel.

Le 13 janvier 1998, soit la veille de l’expiration du délai de deux mois après la délivrance du permis de construire d’un énorme centre commercial, Val-d’Europe, situé près de Disneyland, à Marne-la Vallée, une requête en annulation est déposée au tribunal administratif de Melun.

« Lorsque j’ai reçu une lettre d’un musicien, locataire d’un local de répétition, qui me proposait de négocier le retrait de son recours en faisant valoir son « intérêt à agir », j’ai été intrigué par cette expression peu habituelle pour un profane », témoignait Eric Ranjard, alors directeur général de la Ségécé, filiale de la BNP chargée de réaliser le centre.

EMBAUCHE DE DÉTECTIVES PRIVÉS

M. Ranjard fait volontairement traîner les négociations avec ce musicien – en réalité, animateur sur Radio Notre-Dame – et son avocat, qui exigent pas moins de 20 millions de francs (plus de 3 millions d’euros), et il embauche discrètement des détectives privés.

Ces limiers concluent très vite que non seulement le bail du local censé servir de lieu de répétition a été signé le 8 janvier 1998, cinq jours seulement avant le dépôt du recours, mais surtout qu’aucune activité ne s’y déroule, comme l’attestent les 21 constats d’huissier dressés entre les 23 janvier et 5 mars 1998. Le 26 mars, M. Ranjard porte donc plainte, déclenchant l’ouverture d’une enquête officielle.

Les policiers mettront au jour un système par lequel quelques personnes ont attaqué, en six mois, entre septembre 1997 et mars 1998, les permis de construire de quatre centres commerciaux d’envergure : Val-d’Europe, l’espace René-Coty au Havre (une opération menée conjointement par les promoteurs Altarea et Bouwfonds Marignan), un projet, à Roubaix, de la société Mac Arthur Glenn, et le centre commercial Bercy-Village, d’Altaréa, dans le 12e arrondissement de Paris.

TENTATIVE D’ESCROQUERIE

Plus surprenant encore : les instigateurs et principaux bénéficiaires de la tentative d’escroquerie sont, au travers d’une cascade de sociétés et prête-noms, Alain-Marie Germain et Jacques Lacroix, ex-directeurs juridique, pour l’un, et financier, pour l’autre, jusqu’en 1997, d’Altarea.

Ainsi, dans l’affaire du Havre, ces plaideurs n’ont pas même pris la peine d’aller en mairie se procurer l’original du permis de construire. Ils ont préféré photocopier l’exemplaire de leur patron, ce qui a d’ailleurs contribué à les confondre.

Ces deux cadres qui attaquent les opérations conduites par leur propre employeur en utilisant des informations privilégiées seront les plus sévèrement condamnés, en 2012, étant donné, notent les magistrats, « les conditions de leur particulière déloyauté ».

REQUÉRANTS PROFESSIONNELS

L’avocat Pascal Gourdault-Montagne, conseil régulier d’Altaréa dans d’autres dossiers, et cependant rédacteur des quatre recours litigieux même si son nom n’y apparaît pas toujours, est, lui aussi, parmi les plus sanctionnés. La condamnation s’assortit du remboursement des sommes indûment perçues auprès d’Altarea : 396 000 euros dans le dossier du Havre et 460 000 euros dans celui de Bercy-Village.

« Espérons que ce dossier fera jurisprudence et refroidira les ardeurs de certains requérants professionnels, sévissant notamment sur la Côte d’Azur », commente Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, défenseur, à Marseille, de cinq promoteurs sous le coup de recours qu’ils estiment abusifs. Les protagonistes se sont pourvus en cassation.

Isabelle Rey-Lefebvre

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La Chine : symbole de démocratie planétaire !

Décidément, la Chine a encore du travail à faire en matière de démocratie. La Presse n’est pas considérée ni traitée comme il se doit. Donc, ce pays, quand des articles ne lui plaisent pas, investit dans la Presse pour des informations complaisantes.

Alors, sympa la Chine ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 3 Janvier 2013

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Visas en souffrance pour le  » New York Times  » en Chine
Une enquête sur la fortune des proches de Wen Jiabao a provoqué l’ire des autorités
Shanghaï Correspondance

La saison des renouvellements de visa, chaque année en décembre, est l’occasion pour les correspondants étrangers installés en Chine de mesurer la popularité de leurs médias respectifs auprès des autorités. Un rendez-vous au ministère des affaires étrangères, puis un autre avec celui de la sécurité publique (police) et il n’y a plus qu’à patienter.

Chris Buckley, qui travaille en Chine depuis 2000, avait déposé sa demande à la mi-septembre, alors qu’il quittait l’agence Reuters après sept ans, pour rejoindre le New York Times. L’absence de renouvellement de son permis de séjour qui l’a forcé à quitter Pékin pour Hong Kong, lundi 31 décembre 2012 en fin d’après-midi, envoie un message clair. Pour Pékin, le quotidien américain est allé trop loin.

M. Buckley, 45 ans, ressortissant australien, joint mercredi 2 janvier,  » refuse de spéculer « , dans l’espoir de rentrer à Pékin. Dans un article publié lundi, le New York Times fait le lien avec la série d’articles rédigés par un de ses correspondants à Shanghaï sur l’enrichissement personnel des familles de dirigeants. En trois papiers publiés entre le 25 octobre et fin décembre, David Barboza détaillait comment les proches du premier ministre sortant, Wen Jiabao, ainsi que ceux d’un ancien gouverneur de la banque centrale, Dai Xianglong, ont bénéficié d’actions à prix réduit de la compagnie d’assurances Ping An, une décennie auparavant, à l’époque où celle-ci exerçait un lobbying intense afin d’obtenir une dérogation à de nouvelles règles qui l’auraient placée en difficulté.

L’enquête chiffrait l’enrichissement personnel de la famille Wen à plus de 2,7 milliards de dollars (2 milliards d’euros). Deux jours avant publication, des représentants du gouvernement chinois avaient rendu visite au directeur de la publication du New York Times, Arthur Sulzberger Jr, pour tenter de le convaincre de ne pas publier l’enquête, sans succès.

Deux heures à peine après la publication du premier volet de l’enquête, les sites Web du journal, en anglais et en chinois, rejoignaient la longue liste de ceux inaccessibles en Chine, comme ce fut d’ailleurs le cas pour Bloomberg avant l’été lorsque l’agence économique se pencha sur les biens de la famille de Xi Jinping à Hongkong.

Le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Hong Lei, avait alors jugé que ces articles  » calomnient la Chine et ont un objectif caché « . L’entourage de Wen Jiabao a également menacé d’engager des poursuites. Les visas des six autres journalistes du quotidien, dont l’auteur de l’enquête, ont été renouvelés. Comme le constate le quotidien américain,  » la corruption est largement couverte en Chine mais les hauts dirigeants sont considérés zone interdite « .

Le New York Times a également précisé n’avoir pas obtenu de visa pour son nouveau chef de bureau de Pékin, Philip Pan, alors que  » sa demande d’accréditation de journaliste a été déposée il y a des mois « , écrit Jill Abramson, directrice de la rédaction. En mai 2012, la Chine avait expulsé la correspondante de la chaîne anglophone d’Al-Jazira.

Expansion médiatique

Pour contrer les informations des médias étrangers comme le New York Times, jugées négatives par Pékin, la Chine mène une politique d’expansion médiatique dans le monde. Après que l’agence officielle Chine Nouvelle s’est offert un espace publicitaire à Times Square, à New York, le quotidien anglophone China Daily a lancé son édition nord-américaine puis européenne, multipliant au passage le nombre de ses correspondants. En décembre, le journal a inauguré une édition hebdomadaire pour l’Afrique publiée à Nairobi, au Kenya, rejoignant la télévision officielle CCTV qui dispose d’un décrochage quotidien sur l’Afrique.

Le ministère des affaires étrangères chinois n’a pas encore donné sa position sur la décision de ne pas accorder un visa à M. Buckley. Par contre, sur son site Internet, il annonce avec fierté sa refonte et le lancement d’applications pour les mobiles, téléphones et tablettes…

Le nouveau secrétaire général du Parti communiste, Xi Jinping, qui sera nommé président de la République en mars, s’est engagé à faire du combat contre la corruption, sujet des articles incriminés, sa priorité fondamentale. Lors d’une réunion du bureau politique, le 31 décembre, le Parti communiste chinois a également promis d’en faire un objectif majeur pour l’année 2013.

Harold Thibault

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Une différence entre la Grande-Bretagne et la France

Le 12 septembre 2012, Sophie Pedder, chef du bureau de The Economist à Paris depuis 2003, a publié un livre intitulé ‘Le déni français’, aux éditions JC Lattès.

Elle y expliquait que la France ne travaillait pas assez et qu’elle faisait trop la place aux mesures sociales par rapport aux mesures économiques de base. Son bouquin, que j’ai lu, est largement vrai. Cependant, elle a oublié une toute petite particularité de son pays natal, par rapport à la France : son pays est un enfer pour les grévistes, et ça, ça change quand même beaucoup de choses quand il s’agit d’imposer des réformes.

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Lettre de Grande-Bretagne
Le pays où il n’est pas facile de faire grève
Article paru dans l’édition du 24.08.10

Les uns après les autres, ils s’insurgent. Et brandissent la menace d’une rentrée sociale à hauts risques. Depuis que le gouvernement du conservateur David Cameron a présenté son budget, le 22 juin, les syndicats britanniques évoquent ces grèves qui pourraient perturber la vie de leurs concitoyens une fois l’été passé. Des rues qui ne seraient plus nettoyées, des poubelles qui resteraient pleines, des métros qui ne rouleraient plus….

A lire la presse, l’ombre de « l’hiver du déplaisir » – comme l’ont baptisé les Britanniques en référence à la pièce de théâtre Richard III et à la première tirade du héros shakespearien – plane une nouvelle fois sur le Royaume. C’était fin 1978, début 1979, quand le premier ministre travailliste James Callaghan tentait désespérément, pour juguler une inflation galopante, de plafonner la hausse des salaires. S’ensuivirent des arrêts de travail dans tout le pays. Et l’élection de Margaret Thatcher.

Aujourd’hui, le 10 Downing Street, dont la priorité est de réduire un déficit budgétaire record en temps de paix, veut sabrer dans le train de vie de l’Etat. Avec, à la clé, près de 600 000 emplois en moins d’ici à à 2015 dans le secteur public, soit 10 % des effectifs. Ceux qui échapperont au couperet se sont, pour leur part, vu promettre deux ans de gel des salaires et une retraite amputée. Quant aux salariés du privé, qui ont déjà subi de plein fouet la récession, voilà que M. Cameron veut les faire travailler jusqu’à 66 ans d’ici à 2016. En France, la perspective d’une telle cure d’amaigrissement aurait déjà mis le pays en ébullition. Ici, rien. Si ce n’est des déclarations d’intention des organisations syndicales. Pourtant, il reste 6,9 millions de salariés syndicalisés en Grande-Bretagne, dont 4 millions dans le public. C’est deux fois moins qu’à la fin des années 1970 mais c’est encore 20 % de la population active.

Il faut dire que les mouvements sociaux ont fort mauvaise presse de ce côté de la Manche, où la liberté individuelle est une valeur non négociable. Surtout, il est très compliqué d’y faire grève. Cela relève même du parcours du combattant, au cours duquel les employeurs peuvent porter l’affaire devant la justice et obtenir facilement la fin des opérations. « C’est le droit de grève le plus restrictif des pays développés, explique Keith Ewing, professeur de droit à King’s College, il enfreint à plusieurs égards les droits de l’homme, comme l’ont souvent pointé le Bureau international du travail et le Conseil de l’Europe ». Ce qui n’empêche pas M. Cameron d’étudier, sous la pression du patronat, la possibilité de le réglementer encore un peu plus.

En tant que tel, le droit de grève n’existe pas en Grande-Bretagne. Constitutionnel en France, en Italie ou en Espagne, il est illégal sur l’île d’Albion. Les juges, qui ont façonné le Common law, considéraient qu’il violait les droits des employeurs. Le Labour, qui est né en 1899 du désir des syndicats de changer les choses, a accordé, en 1906, une « immunité » aux organisations désireuses de faire grève à certaines conditions. Et notamment à celle que leur motivation ne soit pas d’ordre politique.

Entre 1979 et 1990, Mme Thatcher a fait adopter pas moins de cinq lois pour encadrer toujours plus cette « immunité ». Son successeur John Major en a rajouté deux. Le New Labour de Tony Blair puis de Gordon Brown, qui a dirigé le pays entre 1997 et 2010, n’a pas jugé utile de lui rendre un peu de cet espace perdu.

Conséquence, aujourd’hui, les mouvements de solidarité sont, eux aussi, interdits : une grève doit porter sur les seules conditions de travail des salariés au sein de l’entreprise. Un juge a même considéré en mai, dans le cas de Johnston Press, qu’elle ne pouvait être organisée à l’échelle du groupe de presse, mais seulement de ses titres…

Par ailleurs, toute grève doit être précédée d’un référendum, dont l’organisation est soumise à une procédure complexe, avec multiples notifications à l’employeur et moult détails sur l’état des troupes rebelles (catégorie socioprofessionnelle, lieu de travail…). Il suffit d’une faille technique dans l’une de ces étapes pour que les avocats de la direction saisissent la justice. Et, le plus souvent, parviennent à leurs fins.

British Airways (BA), dont les hôtesses et stewards, après vingt-deux jours de grève depuis le début de l’année, envisagent de nouveaux arrêts de travail en septembre 2010, en sait quelque chose. En décembre 2009, un tribunal a arrêté Unite dans son élan au motif que le syndicat avait consulté des salariés en cours de licenciement, qui ne pourraient donc pas faire grève. De fait, la direction n’avait pas voulu lui communiquer la liste des partants… « Une grève de ce genre sur la période de Noël fait plus de mal à BA et au grand public » qu’à n’importe quel autre moment de l’année, a commenté le juge.

En mai, un de ses confrères a, à son tour, privé le personnel navigant de la compagnie aérienne de grève, malgré, là encore, un oui massif au référendum : le syndicat n’avait pas notifié à ses troupes, au moment des résultats, les onze bulletins invalidés. Le chiffre en question avait été transmis à la direction et figurait sur le site Web de Unite. Mais pas dans les SMS qu’avaient reçus ses membres. En appel, Unite a obtenu gain de cause. Une fois n’est pas coutume.
Virginie Malingre

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Le rapport Jospin : une avancée vers la démocratie !

Vraiment, j’apprécie ce rapport. Entre l’interdiction du cumul des mandats, la proportionnelle limitée aux législatives et la règle des parrainages, je suis d’accord avec l’intégralité du rapport.

Espérons maintenant que les parlementaires avaliseront ces mesures dans l’intérêt général, et vu que, pour beaucoup, ils sont cumulards, ce n’est pas gagné…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 10 Novembre 2012

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Le rapport Jospin prône un big bang politique
Mandatée par François Hollande, la commission présidée par l’ancien premier ministre propose un cadre institutionnel profondément renouvelé Cumul des mandats, proportionnelle, parrainages… tout pourrait changer

Pour un renouveau démocratique « . C’est le titre du rapport que Lionel Jospin, entouré des treize autres membres de la commission de rénovation et de déontologie de la vie publique (CRDVP), remettait, vendredi 9 novembre, à François Hollande. Sous la sobre jaquette, ce document de 130 pages, assorti de 35 propositions, a toutes les chances d’être un pavé dans la mare tant il est porteur d’une profonde évolution des comportements publics.

 » La commission a placé les citoyens au coeur de son propos « , indique le rapport dans son introduction. Cette volonté de dépasser la  » crise de confiance  » entre les citoyens et les institutions politiques est en quelque sorte le  » fil rouge  » de ses propositions. Au-delà des chantiers de rénovation qu’il ouvre, c’est aussi le caractère innovant des solutions proposées qu’il faut retenir.

S’il fallait en administrer la preuve, la partie consacrée au scrutin présidentiel et aux élections législatives et sénatoriales recèle, à cet égard, des propositions inédites dans notre Ve République. Le parrainage citoyen pour les candidats à l’élection présidentielle, l’introduction d’une dose de proportionnelle aux législatives avec un système de double vote pour chaque électeur, la refonte du collège électoral sénatorial avec un mécanisme de pondération des votes pour équilibrer la représentation démographique. Ces pistes de réformes n’avaient jamais, jusqu’à présent, fait l’objet d’une réflexion aussi poussée.

La commission Jospin veut être celle qui aura précédé le passage à l’acte pour le non-cumul des mandats. L’ancien premier ministre sait, pour y avoir été confronté, à quels conservatismes cette volonté de rénovation se heurte.

La première partie du rapport est consacrée à la rénovation de la représentation politique. En commençant par le scrutin présidentiel. La commission Jospin ne touche pas au mode d’élection du président de la République, mais elle propose de  » repenser le dispositif de qualification préalable des candidats « , en particulier le système des 500 signatures d’élus nécessaires pour pouvoir concourir.  » Un filtre doit être maintenu « , estime-t-elle, mais le dispositif actuel est à la fois source d’inégalités entre les candidats, obsolète et contestable sur le plan de la légitimité.

Au parrainage des élus, elle propose de substituer un parrainage citoyen, en fixant à 150 000 le nombre de signatures nécessaire pour pouvoir concourir. Ce seuil (environ 0,33 % des électeurs inscrits) est conforme à la moyenne observée dans les Etats de l’Union européenne ayant adopté un mécanisme de parrainage citoyen. Les signatures devraient émaner d’au moins 50 départements ou collectivités d’outre-mer, sans que l’un ou l’autre ne puisse fournir plus de 5 % des parrainages, soit 7 500 signatures. Chaque électeur recevrait un formulaire de parrainage. Le dépouillement et le contrôle relèveraient des préfectures avant d’être validés par le Conseil constitutionnel. Les parrainages ne seraient pas publics.

La commission se prononce aussi pour une modification des modalités de remboursement des dépenses électorales des candidats. Actuellement, ceux qui obtiennent moins de 5 % des suffrages ne peuvent prétendre qu’à 4,75 % du plafond de dépenses, qui s’élève à 16,8 millions d’euros, et ceux qui franchissent cette barre à 47,5 %, dix fois plus. Jugeant cet effet de seuil trop important, elle propose une série de tranches espacées de 2 points, de 0 % à plus de 20 %, avec un taux de remboursement variant de 6 % à 46 % du plafond.

La commission se prononce également sur le calendrier électoral qui prévoit, depuis 2002, l’organisation des élections législatives après l’élection présidentielle. Un calendrier qu’avait fait adopter Lionel Jospin, premier ministre, en mai 2001, et que la commission qu’il préside propose de maintenir, avec deux aménagements  » limités « . Ces échéances électorales seraient avancées de deux mois. La fin du mandat présidentiel serait ainsi fixée au deuxième dimanche de mars. Le délai entre les deux élections serait réduit d’une ou deux semaines. Le nouveau gouvernement pourrait ainsi engager ses premières réformes plus rapidement.

La commission Jospin était attendue sur le mode de scrutin législatif. Quelle dose de proportionnelle ? Sa réponse est sans ambiguïté. Elle ne souhaite pas  » remettre en cause les acquis du fait majoritaire  » :  » Favoriser la constitution d’une majorité claire, afin d’assurer la stabilité gouvernementale, tel est le premier objectif qui doit être assigné au mode de scrutin  » pour les élections législatives. Maintien, donc, du scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour l’essentiel des députés et, sans augmentation de leur nombre (577), un nombre limité –  » 10 % au plus, soit 58 députés  » – élus à la proportionnel. Pour garder inchangé le nombre de députés, un redécoupage des circonscriptions sera nécessaire. La commission envisage une méthode de répartition  » plus équitable sur le plan démographique « .

Pour ces élus à la proportionnelle, l’élection aurait lieu à un tour de scrutin, dans une circonscription nationale unique, sans exigence de seuil. Chaque électeur disposerait de deux voix, l’une pour le scrutin majoritaire, l’autre pour le scrutin proportionnel, les deux votes étant indépendants.

Enfin, la commission propose un véritable  » lifting  » du Sénat, où le mode d’élection et la composition du collège électoral  » favorisent à l’excès  » la représentation des petites communes rurales et des communes par rapport aux départements et aux régions. Une anomalie que la commission entend corriger en rééquilibrant le poids des départements et des régions et celui des communes en fonction de leur population. Elle souhaite en outre rétablir le scrutin proportionnel dans les départements élisant trois sénateurs.

Elle complète aussi, en la renforçant, la modulation des aides financières aux partis politiques en fonction du respect de la parité.

Les propositions formulées par la commission sont précises, détaillées et, chaque fois que nécessaire, accompagnées d’une note technique indiquant si elles appellent loi constitutionnelle, loi organique, loi ordinaire ou décret. Au gouvernement et au Parlement, à présent, d’en faire leur profit.

Patrick Roger

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Il faut sortir la Polynésie française de son état

Il faut réellement traiter ce problème. On ne peut tolérer qu’une partie du territoire Français soit dans un tel état.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 29 décembre 2012

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Derrière son image de carte postale, la Polynésie française se transforme en poubelle
L’absence de gestion des déchets depuis des décennies menace la santé des habitants
Papete Correspondante

Dans le marécage situé à quelques kilomètres de l’aéroport de Tubuai, dans l’archipel des Australes, les habitants déposent depuis trente ans les ordures.  » Quand le trou déborde, on passe les engins pour tasser, on rebouche, et on creuse un autre trou « , raconte Thérèse, qui tient une pension non loin du site. Ici poussaient autrefois des herbes hautes. Elles ont disparu.  » Il faut fermer le site rapidement, lâche le maire de la commune, Fernand Tahiata. Nous savons que le dépotoir provoque une grave pollution. « 

En 2011, le bureau d’étude Capse, chargé d’évaluer la situation dans la perspective de la fermeture de la décharge, a conclu à l’existence d’un  » risque majeur pour l’environnement naturel et humain « . Les teneurs en aluminium, manganèse et hydrocarbures détectées dans la nappe phréatique dépassent les normes de sécurité. Il recommandait aussi une analyse complémentaire de  » la concentration en polluants des légumes consommés par la population  » et préconisait, en attendant, de  » limiter, voire stopper leur consommation « .

Mais rien n’a été fait. Une dizaine de familles vivent à quelques centaines de mètres du dépotoir.  » Nous avons entendu parler de rumeurs de pollution. Mais, on ne connaît pas la nature du danger « , déplore une habitante voisine du site. Elu du parti écologiste polynésien Heiura Les Verts, le ministre de l’environnement, Jacky Bryant, confirme qu’aucune nouvelle étude n’a été menée, mais assure que le service du développement rural déconseille de cultiver à proximité de la décharge.  » Des analyses complémentaires ne feraient que confirmer ce que nous savons « , admet-il.

Dans les îles de Polynésie française, la gestion des déchets tourne au cauchemar.  » Tubuai n’est pas unique. La situation est identique dans toutes nos îles « , confirme le ministre de l’environnement.

Des tonnes de détritus se sont accumulées depuis une trentaine d’années au rythme de l’évolution des modes de vie. Le développement du territoire qui a suivi l’installation du centre d’expérimentations nucléaires du Pacifique, à partir de 1963, s’est accompagné d’un flux jusque-là inexistant de produits manufacturés. Mais nul ne s’est soucié de ce qu’ils deviendraient une fois hors d’usage.

La directive de l’Union européenne restreignant l’enfouissement aux déchets ultimes ne s’impose pas sur ce territoire de la République doté d’une large autonomie. Du coup, les décharges sauvages ont fleuri sur ces îles souvent qualifiées de  » cartes postales « .

Celle de Maupiti déborde sur le lagon. A Bora Bora, les fumées qui en émanaient altéraient régulièrement la visibilité des avions. Aujourd’hui, les habitants de Tahiti, l’île la plus peuplée, produisent 60 000 tonnes par an de déchets non recyclables, selon une étude financée par l’Ademe et présentée le 7 novembre au conseil des ministres du territoire. Une masse comparable aux citadins de métropole.

Dans l’archipel des Australes, chaque habitant produit 345 g de déchets par jour, deux tiers de moins qu’à Tahiti. Mais cette quantité n’en reste pas moins ingérable sur ces territoires exigus.

Pour tenter de réduire la production de déchets, le ministère de l’environnement a établi une stratégie en trois points : une taxe afin d’inciter les importateurs à commander des produits économes en emballages, des sanctions pour ceux qui ne trient pas et l’expérimentation d’incinérateurs de petite capacité.

Des filières de collecte sélective existent depuis dix ans mais fournissent de maigres résultats. Même à Punaauia, la commune désignée  » Tortue d’or  » par la société d’environnement polynésienne pour l’efficacité du tri de ses administrés, les matières recyclables récupérées atteignent à peine 50 % du potentiel identifié.

Pour résorber les sites existants, les réponses tardent à venir. Seules Tahiti et Bora Bora sont équipées de centres d’enfouissements techniques permettant de contrôler les déchets stockés pour éviter les pollutions du milieu naturel. Ceux de Nuku Hiva et de Rapa, achevés depuis 2008, ne fonctionnent pas, faute d’accord sur leur financement.

La construction de celui de Tubuai, prévue pour accueillir quarante années de déchets, devrait commencer en 2013.  » Au rythme actuel, il sera plein dans quinze ans « , estime, pessimiste, Damas Bataillard, technicien chargé des déchets à Tubuai.

Sans prise de conscience collective, la Polynésie risque de ne plus pouvoir faire face. Un budget de plus de 21 millions d’euros a été alloué dans le cadre des accords entre l’Etat et la collectivité d’outre-mer pour financer des projets liés à la gestion des déchets. Mais, signe supplémentaire de l’absence de volonté politique, à un an de la fin de ce contrat de projet, les sommes déboursées restent dérisoires.

Christine Chaumeau

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