Des pratiques honteuses

C’est une pratique honteuse que celle qui est exercée par My Major Company. On profite de la crédulité et de la passion des internautes pour promouvoir des artistes, certes, mais après avoir promu le compte en banque de la boite.

On reverse un minimum aux artistes, on ne prend aucun risque et on s’en met plein les poches en attendant.

A quand la disparition de ce site qui fait honte à son métier ?

Un article du journal ‘Le Point’ daté du 9 Janvier 2013

****************

My Major Company, le revers peu reluisant de la médaille

La société du fils de Jean-Jacques Goldman promettait aux internautes de produire leurs artistes préférés. Derrière ce refrain, beaucoup de fausses notes.

Par Sébastien Tortu

La promesse était pourtant belle : « My Major Company est lancé avec pour principe fondateur de découvrir les jeunes talents musicaux et de les faire accéder à une production professionnelle en permettant aux internautes d’investir dans la production d’un artiste. » Et pourtant, ces derniers temps, MMC n’est plus cette rampe de lancement pour les artistes de demain. Le rôle d’un label est de parier sur des artistes en espérant leur réussite. My Major Company, lui, ne prend aucun risque, puisque l’artiste n’est produit qu’une fois 100 000 euros rassemblés grâce à la générosité des internautes.

Le label est ainsi payé quoi qu’il arrive, même en cas d’échec, et reverse une partie marginale de l’argent gagné aux investisseurs et à l’artiste. Ce n’est pas lui qui assume les risques, mais les fans du chanteur… Si toutes les parties engagées avaient un retour sur investissement important, le modèle serait parfait. Malheureusement, les producteurs et les artistes se sentent bafoués.
Opacité des dépenses

Pour les investisseurs, la première limite de MMC repose sur le délai de production : les internautes espèrent récupérer leur mise – voire un peu plus -, mais n’ont pas de connaissances artistiques ni d’expertise du milieu musical. Ils optent souvent pour des musiques qui ressemblent à celles qui inondent les ondes du moment. Or, le délai de production chez MMC est si long (jusqu’à 2 ans) qu’au moment où l’artiste arrive sur le marché il est souvent « has been ».

Autre critique : le manque de transparence de l’entreprise sur les dépenses. « Actionnaires » d’un artiste, les producteurs en herbe devraient avoir accès aux comptes et aux bilans. Or, MMC ne justifie aucune dépense et aucun budget. Victor Lugger, directeur financier de la société, l’a affirmé dans un e-mail envoyé à Adam Davis, l’un des artistes repérés par la maison : « Le label décide seul des dépenses et de façon unilatérale pour la production de l’album. » Cette opacité dans les comptes jette le trouble quant au fait de savoir si les 100 000 euros sont bien dépensés de façon optimale pour développer la carrière d’un artiste. Dans certains cas, l’argent récolté sert à rémunérer des prête-noms, et non à investir dans la promotion de l’album.
Colère des coproducteurs

C’est le cas de Thierry de Cara, payé en tant que directeur artistique sur le projet d’Adam Davis abandonné juste avant Noël, sans qu’il ait participé à la préproduction de l’album. Adam Davis le déplore sur le site de MMC : « Le 19 octobre 2011, j’apprends complètement par hasard qu’il reçoit un salaire mensuel de la jauge depuis juillet 2011. En plus, quand on considère que Thierry n’a pas contribué à une seule note, un seul mot, une seule idée à mes titres… »

In fine, les producteurs commencent à percevoir un retour sur investissement une fois les frais liés à la production de l’album remboursés, soit après 10 000 albums vendus. Or, seuls trois disques ont dépassé ce cap : ceux de Grégoire, Joyce Jonathan, Irma. Bref, les coproducteurs sont en colère et le font savoir ! Ils se sont associés pour créer un groupe Facebook « My major Company, tes producteurs sont en colère et ça va se savoir », regroupant plus de 800 membres, ainsi qu’un site web regroupant toutes les informations pour se retourner contre MMC (http://collectifprod.wix.com/prod1).
Les artistes maltraités

Si vous êtes auteur-compositeur, MMC vous demande d’abandonner 100 % de vos droits d’édition, sans avance éditoriale (hormis les droits moraux, très minoritaires). Pour faire simple, si votre chanson est diffusée en radio, en télé ou en boîte de nuit, aucun droit ne vous sera reversé. Et mieux vaut avoir des talents d’auteur-compositeur quand vous signez chez MMC, sinon vous risquez d’attendre de long mois avant d’entonner des chansons. La société ne compte pas d’auteurs dans son équipe. Du coup, comme beaucoup d’autres maisons, My Major Company demande à ses artistes de faire des albums de reprises…

Comme les producteurs, les artistes n’ont aucune visibilité sur les comptes, donc aucun retour sur les dépenses promo. Certains supputent que leur budget promotion sert à gonfler celui d’un autre chanteur qui aurait les faveurs de la direction. Hypothèse plus que probable, quand on voit que certains albums sont passés totalement inaperçus tandis que d’autres ont bénéficié de moyens énormes. Selon certaines sources, Grégoire aurait bénéficié des mêmes méthodes que Baptiste Giabiconi : MMC aurait acheté des milliers d’albums afin de lancer le buzz autour de l’artiste et du label. Aux dépens de qui ? Concrètement, 20 % des recettes nettes hors taxes encaissées par MMC sont reversées aux interprètes. Soit une rémunération inférieure à 2,5 % du chiffre d’affaires engendré par l’artiste. Pas cher payé !
MMC, la dictature ?

Difficile de se libérer des griffes de MMC. Tout est fait pour vous décourager : intimidation, dénigrement, menaces, voire insultes. Certains ont été contraints de faire appel à la justice, comme Adam Davis, afin de se libérer des contrats et de racheter les pistes enregistrées. D’autres font appel à des managers externes afin de prendre la défense de leur dossier, comme Nathalie Beaton. Celle-ci a laissé un commentaire salé sur la société le 9 décembre 2012 : « Je dirais que les gérants du site n’ont peur de rien par inconscience totale. Un jour cela cessera, car ils tomberont face à des gens qui n’accepteront pas leur comportement incohérent et qui les mettront face à leur inconscience ! Ce n’est pas parce qu’on s’appelle Michael Goldman qu’on a le droit à tout, encore moins de mentir à des milliers de gens ! Je pense qu’un juge voit les choses de la même manière, n’est-ce pas ? »

Pour éviter que les contentieux ne se multiplient et que son image ne soit altérée, MMC fait désormais signer aux artistes une clause de confidentialité courant sur 18 mois. Cependant, dans de nombreux cas, les proches des artistes n’hésitent pas, eux, à divulguer des informations plutôt compromettantes sur les drôles de méthodes du label.

Un dernier petit mensonge pour la route : selon Michael Goldman, le fils de Jean-Jacques et cofondateur de MMC, l’entreprise aurait levé près de 13 millions depuis sa création. Sauf qu’il s’agit là des sommes investies par les internautes sur le site ; y compris l’argent misé sur les artistes non produits, et donc ultérieurement remboursé.

L’équipe de My Major Company a refusé de nous répondre pour éclaircir le sujet.


Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *