Les politiques doivent intervenir pour valoriser le prix du carbone

La planète va mal et le charbon, technologie oh combien polluante, reprend des couleurs. Il faut donc que les politiques Européens interviennent afin de valoriser le prix du carbonne afin que ces technologies, coûteuses pour la planète, mais pas sur le plan économique, deviennent moins populaires.

La planète ne peut se payer le luxe de se voir réchauffer pour des principes purement mercantiles !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 29 Novembre 2012

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Electricité : l’Europe retourne au charbon
Malgré ses émissions de CO2, la houille est devenue plus compétitive que le gaz pour produire du courant

La scène se déroule le 12 novembre à Martigues, dans les Bouches-du-Rhône. Henri Proglio, le patron d’EDF, inaugure la dernière-née des centrales françaises.  » Il s’agit d’une véritable prouesse technique et technologique, d’un chantier exemplaire « , se félicite-t-il devant les élus, les salariés et les sous-traitants. L’aboutissement de cinquante et un mois de travaux et d’un investissement de 500 millions d’euros, le plus important du groupe en France, mis à part l’EPR de Flamanville (Manche).

Seulement voilà : dès le premier jour, la centrale de Martigues est vouée à perdre de l’argent. Au moins à horizon visible. Car, depuis le lancement du projet, le marché européen de l’énergie a basculé et les centrales fonctionnant au gaz comme celle de Martigues ont perdu leur atout compétitif, au profit du charbon. Une situation loin de la  » transition énergétique  » attendue, au sujet de laquelle la France ouvre jeudi 29 novembre un grand débat.

En récession, l’Europe utilise moins d’électricité, ce qui fait baisser les cours de cette énergie : sur le marché de gros allemand, ils sont tombés mardi à leur plus bas historique. Or, le gaz qui sert de matière première, lui, reste cher. Beaucoup trop.

Les calculs effectués par Bloomberg sont sans appel : aux prix actuels, une centrale au gaz implantée outre-Rhin perd 12 euros par mégawattheure, un record. Pour les compagnies d’électricité, mieux vaut désormais brûler du charbon, un combustible qui permet de gagner de l’argent.

Résultat : au lieu de fonctionner de 5 000 à 6 500 heures par an comme prévu, la plupart des centrales à gaz européennes ne sont plus mises en service que pour faire face aux pointes de consommation, 2 500 ou 3 000 heures par an. En Allemagne, E.ON a même annoncé son intention d’en fermer une, utilisée… 87 heures depuis le début de l’année !

A Martigues, la toute nouvelle installation ne tourne qu’un jour sur deux ou trois. Trop peu pour rentabiliser l’investissement.  » C’est sur la durée qu’il faudra en juger, corrige-t-on chez EDF. Ce genre d’installation est conçu pour des dizaines d’années. « 

Les experts avaient pourtant prédit un âge d’or du gaz. Une énergie plus propre que d’autres et d’un bon rendement pour la production d’électricité. Le charbon semblait condamné à disparaître peu à peu.  » On y a tous cru « , reconnaît un patron du secteur.

Mais, en Europe, c’est un tout autre scénario qui se déroule. Cette année, la consommation de gaz devrait y tomber autour de 460 milliards de mètres cubes, son plus faible niveau depuis au moins douze ans, selon les prévisions de la Société générale.

En revanche, le charbon a le vent en poupe. Pour alimenter leurs centrales, les électriciens européens ont accru leurs importations de charbon américain de 85 % au premier semestre. En France, la consommation de charbon pour l’électricité a bondi de 79 % entre septembre 2011 et 2012.

 » On a donc exactement le contraire de ce qui était souhaité, constate un professionnel. De vieilles centrales au charbon fonctionnent à plein parce qu’elles sont profitables, alors que des cycles combinés à gaz tout neufs sont à l’arrêt. Et le secteur électrique européen émet du CO2 comme jamais !  »  » Ridicule « , alors que l’Union européenne dépense des milliards d’euros pour soutenir les énergies vertes, peste-t-on chez Shell.

Que s’est-il passé ? Aux Etats-Unis, l’essor du gaz de schiste a fait chuter les cours du gaz. Du coup, les compagnies électriques américaines qui le pouvaient se sont tournées vers cette énergie au détriment du charbon.

Evolution inverse en Europe. Le prix auquel les compagnies achètent leur gaz y reste élevé, car il est indexé sur le pétrole dans le cadre de contrats à long terme. En revanche, le charbon, dont les Américains ne veulent plus, se déverse sur le Vieux Continent, et cet afflux a fait chuter la valeur de ce combustible. Dans le même temps, le prix des quotas d’émissions de CO2 a baissé. Bilan : entre le gaz et le charbon, le rapport de forces s’est inversé depuis un an. Et l’écart ne cesse de se creuser.

Chez EDF, un homme le constate tous les jours : Marc Ribière. A Saint-Denis, il dirige l’équipe qui effectue en temps réel les arbitrages entre les différents moyens de production d’électricité en France.  » Pour choisir, nous comparons avant tout le coût des combustibles utilisés, explique-t-il. Les barrages, l’éolien et le solaire sont prioritaires. Puis vient le nucléaire. Si cela ne suffit pas, nous faisons appel aux centrales à charbon, surtout celles situées près des ports d’importation. Le gaz ne vient qu’après. « 

Lundi 26 novembre, lors du pic de consommation journalier, le charbon a ainsi assuré 6 % de l’électricité consommée en France, contre moins de 0,5 % pour le gaz.

Au bout du compte,  » il y a, en Europe, une vampirisation du gaz par le charbon « , résume Thierry Bros, spécialiste du sujet à la Société générale. Certaines centrales à gaz ferment, les autres marchent au ralenti. Et plus aucune nouvelle n’est construite. L’allemand E.ON vient ainsi d’annuler le projet qu’il envisageait à Hornaing (Nord).

Peu de chances que la donne change rapidement.  » Pour que le gaz redevienne compétitif, il faudrait que le prix du charbon monte de 50 %, que celui du gaz baisse de 30 %, ou que le CO2 vaille quatre fois plus cher « , calcule M. Bros. Loin de la transition écologique rêvée, l’Europe semble durablement revenue à l’âge du charbon.

Denis Cosnard

    Vents porteurs pour la très polluante usine de Drax

    C’est une des usines les plus polluantes d’Europe. Mais avec la compétitivité retrouvée du charbon, la centrale de Drax, la plus importante du genre en Grande-Bretagne, bénéficie de vents porteurs. Son action a pris 15 % en trois mois, l’une des meilleures performances du secteur.

    La société est ainsi valorisée à 2,6 milliards d’euros.

    Face aux contraintes sur le CO2, Drax a cependant décidé de convertir trois de ses six tranches à la biomasse, un lourd investissement.

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