Un bon éditorial !

On n’a pas tout le temps droit à un tel éditorial, on a donc de quoi se réjouir. Se réjouir car on appelle un chat un chat. En matière d’éducation, la France a un système qui coûte un fric monstre pour des résultats à raz les paquerettes. Les profs, comme nos politiques, portent leur part de responsabilités.

Il faut donc, une fois pour toutes, se retrousser les manches et travailler pour rattraper cette situation indigne d’un pays comme le nôtre. On a été, de par le passé, moteur en matière d’éducation. Cela n’est plus le cas et ceci n’est pas tolérable dans une démocratie comme la nôtre.

Alors, cessons de râler et de gesticuler et au boulot car on en a besoin !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 23 Janvier 2013

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ÉDITORIAL
L’école, ou le triomphe du corporatisme

Quelle palinodie ! Depuis trente ans, tout le monde ou presque s’accorde sur le diagnostic. Enseignants, chercheurs, Académie de médecine, chronobiologistes, parents, parlementaires et ministres successifs l’ont répété : nous avons l’organisation du temps scolaire, particulièrement à l’école, la plus absurde et contre-productive qui soit.

La journée de six heures d’enseignement – la plus longue des pays de l’OCDE – est unanimement jugée trop lourde pour tenir compte du temps d’attention des enfants. La semaine de quatre jours, instaurée en 2008, est jugée à la fois trop compacte et trop hachée. Quant à l’année scolaire, la France détient le record mondial de brièveté : 144 jours de classe, contre 180 à 200 dans tous les pays comparables.

Les mises en garde ont été incessantes. Ces rythmes scolaires ne sont pas seulement mauvais pour les enfants. Ils ont conduit, en quatre décennies, à ce que l’historien de l’éducation Antoine Prost qualifiait en 2008 de  » Munich scolaire  » : une réduction spectaculaire de 20 % du temps global de travail des élèves ! Et que croyez-vous qu’il se passât ? Rien.

Depuis le jour de son entrée en fonctions, le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, a rouvert le dossier avec énergie et engagé une longue concertation avec tous les acteurs concernés. Son objectif ? Rétablir la semaine de quatre jours et demi afin de réduire la journée de classe d’au moins… une demi-heure, en l’accompagnant, jusqu’à 16 h 30, d’activités périscolaires prises en charge par les collectivités locales. Il s’est bien gardé de toucher à la durée de l’année scolaire. Trop explosif ! Et, après arbitrage du président de la République, s’il pose le principe que cette réforme sera appliquée à la rentrée 2013, il admet que des villes puissent la reporter à 2014.

Et que croyez-vous qu’il se passe, devant cette considérable révolution ? La grève, annoncée massive, des enseignants des écoles parisiennes, ce 22 janvier, et une journée nationale d’action de leurs syndicats le lendemain.

Il est vrai que le maire de la capitale a annoncé son intention d’appliquer la réforme à la rentrée prochaine. Vrai aussi que les instituteurs parisiens craignent de perdre dans l’affaire un privilège qui remonte à la monarchie de Juillet : ne pas enseigner la musique, les arts plastiques et l’éducation physique, pris en charge, à Paris, par des enseignants  » municipaux « . Vrai encore qu’il leur est demandé de (re)travailler une demi-journée de plus, sans augmentation de salaire. Vrai, enfin, qu’ils tentent d’entraîner les parents dans leur combat.

Disons-le tout net : ce corporatisme étriqué est lamentable. Les performances médiocres de l’école française, attestées par toutes les enquêtes internationales, devraient plutôt inciter tous ses acteurs à se mobiliser, avant tout, dans l’intérêt des enfants.

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