Un sondage très intéressant sur la société Française

C’est un sondage très intéressant qui est livré ici et mérite, à mon sens que je vous en parle. Ce que j’en retiens de néfaste par contre, c’est que la Droite a perdu son caractère Républicain. La droite Républicaine n’est plus qu’un lointain souvenir. Même au niveau local, M. Polat, candidat malheureux (mais moins que moi 😉 ), aux dernières législatives sur la 9e Isère, n’en finit pas d’essayer de ralier à sa cause les électeurs du FN.

Pour moi, Chiraquien dans mes opinions, je me sens plus que jamais orphelin d’une certaine idée d’une droite humaniste et républicaine à laquelle l’UMP ne répond pas. Ainsi, on a beau dire que je ne sais à quel sein me vouer, mais comment peut-il en être autrement dans la configuration politique actuelle ou le Chiraquisme, émanation de Pompidou et de De Gaulle, est foulé ainsi du pied ?

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Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 25 Janvier 2013

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Les frontières entre familles politiques se sont brouillées
L’étude montre la porosité entre l’électorat UMP et FN, sauf sur l’économie et la mondialisation

Chacun en a fait l’expérience : il est des sujets qu’il vaut mieux éviter d’aborder avec ceux qui ne votent pas comme vous sous peine de disputes homériques ; il en est d’autres, en revanche, qui peuvent faire naître des ententes inattendues entre électeurs de partis rivaux. L’enquête d’Ipsos réalisée pour Le Monde en fournit maints exemples. Il en ressort une cartographie de la société française assez complexe, faite de fractures et de porosités qui brouillent parfois singulièrement les frontières qui bornent les différentes familles politiques.

Entre UMP et FN, des convergences frappantes C’est l’un des points les plus frappants de cette enquête : la très forte proximité idéologique des sympathisants de l’UMP et de ceux du Front national sur le terrain des thématiques  » identitaires « . Cette convergence est frappante quand on pose la question de l’immigration : 83 % des électeurs UMP et 99 % de ceux du FN estiment qu’il y a  » trop d’étrangers en France « . Elle l’est encore plus quand on pose celle de l’islam. 83 % à l’UMP et 93 % au FN affirment ainsi que  » l’islam n’est pas tolérant « , 81 % à l’UMP et 94 % au FN qu’il n’est pas  » compatible avec les valeurs de la société française « . Enfin, 99 % des électeurs FN et 89 % de ceux de l’UMP pensent que  » l’islam cherche à imposer son mode de fonctionnement « .

Concernant la demande d’autorité, les électeurs de droite et d’extrême droite partagent également le même avis. Ils sont ainsi 98 % à l’UMP et 97 % au FN à penser que la France a  » besoin d’un vrai chef qui remette de l’ordre « . Ces convergences font apparaître une  » dédiabolisation  » à fronts renversés : ce n’est pas le FN qui va vers l’UMP mais le contraire. Les électeurs de droite ne sont pas séduits par les nouvelles postures du FN sur l’économie et le social, mais bien par les  » fondamentaux  » du parti fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972. Entre un FN qui refuse de se dire d’extrême droite et une UMP dont le président, Jean-François Copé, revendique l’étiquette de  » droite décomplexée « , la frontière est particulièrement poreuse.

Des divergences demeurent néanmoins. Elles portent d’abord sur la mondialisation. Ainsi, 51 % des électeurs UMP estiment que  » la mondialisation est une opportunité pour la France « , tandis que seulement 18 % de ceux du FN partagent cette opinion. A la question de savoir si la France doit  » se protéger d’avantage du monde d’aujourd’hui « , 92 % des sympathisants FN répondent par l’affirmative, alors qu’ils ne sont que 53 % à l’UMP.

L’Europe est le second point de clivage. Dans le climat d’euroscepticisme généralisé que confirme l’étude d’Ipsos, 84 % des sympathisants du FN jugent qu’il faut  » renforcer les pouvoirs de décisions de notre pays  » au détriment de l’Europe, contre 57 % à l’UMP. A propos de l’euro, le désaccord est encore plus profond : 62 % des électeurs du FN pensent que la France devrait en sortir, soit 50 points de plus qu’à l’UMP. Ce n’est pas en militant pour l’abandon de la monnaie unique, thème central des premiers mois de sa campagne présidentielle, que Marine Le Pen peut espérer rallier les électeurs de l’UMP.

La relative confiance des électeurs de gauche L’espoir est toujours de gauche. Contrairement à l’électorat de droite, les sympathisants du Parti socialiste et du Front de gauche conservent une certaine confiance dans l’avenir. A 60 %, ils estiment que le déclin de la France n’est pas inéluctable, même s’ils jugent que la puissance économique française a fortement pâli.

Logiquement, ces deux électorats se retrouvent sur plusieurs fondamentaux de gauche, comme la défense des services publics et le refus de stigmatiser les immigrés comme les chômeurs. Ils partagent la conception toute mitterrandienne de  » l’argent qui corrompt « , même si comme l’ensemble des Français, ils considèrent dans un même temps qu’il est bon de  » vouloir en gagner beaucoup « . Et, à une écrasante majorité, ils jugent que pour établir la justice sociale, il faut prendre aux riches pour donner aux pauvres.

Si leurs visions de la mondialisation divergent, ces deux électorats sont plus partagés sur l’Europe. Alors que 72 % des sympathisants du Front de gauche souhaitent renforcer les pouvoirs de la France face à l’Europe, ils sont 58 % à partager cet avis dans l’électorat socialiste – le même taux qu’à l’UMP.

Divisée, comme la droite, au sujet de l’Europe et de la mondialisation, la gauche (comme la droite) partage en revanche un même point de vue sur l’autorité : 74 % des électeurs du Front de gauche et 70 % de ceux du PS pensent aujourd’hui que la France a besoin d’un  » vrai chef pour remettre de l’ordre « . Le Front de gauche, un électorat à part Sans surprise, c’est sur la mondialisation, qu’ils considèrent comme une menace, la souveraineté nationale, qu’ils souhaitent renforcer, les médias, qu’ils critiquent, et le monde politique, qu’ils jugent volontiers corrompus, que se font les points d’accords entre l’extrême gauche et l’extrême droite.

Plus complexe est le rapport qu’entretiennent ces électorats avec les valeurs dites  » identitaires « . S’ils divergent fondamentalement sur l’idée qu’il y a trop d’immigrés en France (46 % des sympathisants du Front de gauche partagent cet avis contre 99 % de ceux du FN), le désaccord est moindre quant la question posée est celle de la main-d’oeuvre immigrée. Ainsi, si une écrasante majorité des sympathisants FN (98 %) jugent qu’on peut trouver une main-d’oeuvre en France sans avoir à recourir à l’immigration, ils sont près de 70 % à porter le même jugement dans l’électorat du Front de gauche.

L’autre point de convergence concerne le rejet de l’islam. 79 % des sympathisants Front de gauche pensent que la religion musulmane  » cherche à imposer son mode de fonctionnement « . C’est 20 points de moins que le FN, certes, mais 15 points de plus que le PS. Un exemple de plus qui montre que, sur le front des valeurs identitaires, le gradient gauche/droite offre une grille de lecture imparfaite pour décoder la société française.

Raphaëlle Besse Desmoulières, Bastien Bonnefous, Abel Mestre et Thomas Wieder

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