Une nouvelle étude confirme le changement climatique du à l’homme

Il faut engager les mesures pour inverser la tendance du réchauffement climatique global et il faut le faire maintenant ! Il faut engager des mesures courageuses et oublier les intérêts particuliers pour défendre l’intérêt général car il en va de la survie même de notre espèce !

Nous savons maintenant, de manière sûre et non alambiquée, que le réchauffement est une réalité, qu’il est intense et est dû aux activités humaines. Il faut agir et agir vite, non en privilégiant quelques solutions, mais en les mettant toutes en avant, simultanément.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 9 Mars 2013

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Un réchauffement sans précédent depuis 11 000 ans
D’ici à la fin du siècle, les températures pulvériseront le maximum de l’époque géologique actuelle

A ceux qui douteraient encore que le réchauffement en cours a franchi les limites de la variabilité naturelle du climat, une nouvelle étude, publiée vendredi 8 mars dans la revue Science, en apporte une preuve dont la force tient à son recul historique. Les températures terrestres actuelles sont plus chaudes que celles enregistrées durant la plus grande partie des onze derniers millénaires. Et, sur l’ensemble de cette période, le réchauffement présent est inédit par sa rapidité.

Faute de mesures directes et d’observations satellitaires, la reconstitution des climats passés est un exercice complexe. Pour les périodes proches, les chercheurs ont notamment recours à la dendrochronologie, c’est-à-dire aux cernes annuels de croissance des arbres. Pour les temps plus reculés, les témoins du climat sont les sédiments marins, les carottes glaciaires, les pollens ou des composés organiques produits par les algues. Leurs caractéristiques physico-chimiques permettent à la fois de les dater et de connaître les conditions environnementales qui prévalaient alors.

C’est cette méthode qu’ont utilisée Shaun Marcott (université d’Etat de l’Oregon) et ses collègues pour reconstruire les températures à la surface de la Terre depuis onze mille trois cents ans. C’est-à-dire, peu ou prou, depuis le début de l’holocène, la période interglaciaire dans laquelle nous vivons, qui a succédé au dernier âge glaciaire. Ils ont ainsi reconstitué des séries de données sur 73 points du globe : 29 dans l’hémisphère Nord, 33 dans la zone équatoriale et 11 dans l’hémisphère Sud, moins documenté.

Le tableau qu’ils dressent est celui d’un réchauffement moyen de la planète de 0,6 oC au début de l’holocène, suivi d’un long plateau stationnaire de quatre millénaires, puis, à partir de – 5 000 ans, d’un refroidissement progressif de 0,7 oC, le plancher étant atteint il y a environ deux cents ans, avec le  » petit âge glaciaire « . Enfin, au cours du dernier siècle, la colonne de mercure grimpe en flèche.

 » La température moyenne de la décennie 2000-2009 n’a pas encore dépassé le pic de l’holocène, notent les auteurs. Mais elle est plus chaude que pendant 75 % de cette période.  » La profondeur de champ, couvrant pour la première fois l’ensemble de l’holocène – alors que les précédents panoramiques ne portaient que sur un ou deux millénaires -, n’en rend que plus saisissante la hausse brutale du thermomètre depuis la révolution industrielle.  » La température globale est passée du niveau quasiment le plus froid au plus chaud durant le siècle passé « , soulignent les chercheurs.

 » Ce qu’il faut retenir, c’est que le rythme du réchauffement en cours apparaît sans précédent aussi loin que les auteurs peuvent remonter, c’est-à-dire jusqu’à la frontière du dernier âge glaciaire, commente le climatologue Michael Mann (université de Pennsylvanie). Or, le vrai problème, en termes d’impacts du réchauffement, est la vitesse du changement, car c’est ce qui met au défi notre capacité d’adaptation. « 

Regardant cette fois le futur, les auteurs ajoutent que, dans tous les scénarios du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, qui prévoient, à l’horizon 2011, un réchauffement moyen compris entre 2 oC et 4 oC, le maximum de l’holocène sera dépassé. Et même pulvérisé.

 » C’est une étude importante, fruit d’un gros travail de compilation et de calibration des archives paléoclimatiques, pense Edouard Bard, professeur au Collège de France, coauteur d’un récent travail similaire sur la déglaciation qui a précédé l’holocène. Elle montre clairement la singularité du dernier siècle par rapport aux variations climatiques, d’assez faible amplitude, des onze mille ans passés. « 

On pourra objecter qu’il est difficile de comparer les températures actuelles, mesurées sur une année ou une décennie, avec des moyennes établies sur des durées pluriséculaires. Pour Valérie Masson-Delmotte, chercheuse au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (CEA, CNRS, université de Versailles – Saint-Quentin, Institut Pierre-Simon – Laplace), cette étude n’en confirme pas moins que  » le climat, en cent ans, est sorti complètement de la gamme de variabilité de la période interglaciaire « .

Selon Michael Mann, les conclusions de ce travail pourraient même être  » plus fortes encore que celles que tirent les auteurs « . Car ceux-ci pourraient avoir sous-estimé des biais liés au changement de l’obliquité de la Terre – c’est-à-dire de son inclinaison – au cours des derniers onze mille trois cents ans. De ce fait, dans les hautes latitudes de l’hémisphère Nord, les étés sont censés être plus frais aujourd’hui que par le passé. En tenant compte de ce refroidissement naturel attendu,  » il est possible que la situation actuelle n’ait pas de précédent depuis onze mille ans « , explique le chercheur américain. Dans ce cas,  » il faudrait remonter jusqu’à la période interglaciaire précédente, il y a cent vingt-cinq mille ans, pour trouver des températures rivalisant avec celles d’aujourd’hui « .

M. Mann se dit  » certain  » que  » les professionnels du déni du changement climatique attaqueront cette nouvelle étude et ses auteurs « . Il sait de quoi il parle. En 1998, il avait publié la première reconstruction des températures au cours du dernier millénaire, celle-ci suggérant que la dernière décennie du XXe siècle était très probablement la plus chaude depuis l’an mil.

La courbe qu’il en avait tirée, saisissante, avait été surnommée la  » crosse de hockey  » en raison de sa forme particulière. Elle a valu à son auteur une décennie d’attaques incessantes, de menaces, d’accusations de fraude ou d’incompétence, racontée dans un livre paru en 2012 (The Hockey Stick and the Climate Wars, Columbia University Press).

 » Parce qu’elle confirme la « crosse de hockey » et qu’elle en étend les conclusions, cette nouvelle étude, prédit le chercheur, sera attaquée par ceux qui ont intérêt à continuer de nier la réalité du changement climatique anthropique. « 

Stéphane Foucart et Pierre Le Hir

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