Un bon éditorial courageux !

Dans ces temps frappés de sinistrose ambiante dans notre pays, l’éditorial du Monde daté du 12 Mars reprend quelques vérités : quand en France on est incapable de résorber le chômage, on le peut outre-Rhin. Alors, oui, ce n’est pas parfait, mais les chiffres sont éloquents. L’Allemagne réussit là où la France échoue depuis des années. Pire, elle a réussi avec le boulet de la réunification à gérer. Elle a réussi en mettant son peuple au travail, en diminuant les allocations chômage qui poussent la population active à la glandouille.

La glandouille, en France, on connaît. Avec les 35h, des allocations chômage qui rendent heureuses bon nombre de ménage qui se posent la question « à quoi bon bosser puisque l’Etat me rémunère à jouer à la PS3 et à rénover mon appart’ », et autres mesures qui ne favorisent pas le travail, la France a un taux de chômage très haut, une économie mauribonde et des entreprises en perte de compétitivité constante. Et pendant ce temps là, les riches se cassent pour payer moins d’impôts.

Et si une partie de la solution résidait chez notre voisin ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 12 Mars 2013

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ÉDITORIAL
Sauver l’emploi : Hollande le veut, Schröder l’a fait

Le 14 mars 2003, Gerhard Schröder donnait le coup d’envoi de l’Agenda 2010. Dérégulation du droit du travail, diminution des indemnités-chômage, sanctions contre les chômeurs refusant un emploi et relèvement de trois points de la TVA : pour le chancelier social-démocrate allemand de l’époque, cette potion amère était indispensable pour guérir un pays alors qualifié d’  » homme malade de l’Europe « .

Dix ans après, M. Schröder, écarté par les électeurs dès 2005, pavoise. Lui pardonnant volontiers son embauche par Vladimir Poutine moins d’un mois après sa défaite électorale, ses compatriotes voient en lui le prototype du gouvernant capable de sacrifier sa carrière politique pour servir les intérêts du pays. Et tous attribuent l’insolente santé du pays à ses réformes.

De fait, depuis 2005, grâce notamment à la stagnation des salaires pendant cinq ans – mais aussi à la force de son industrie, à une croissance encore soutenue et à une culture de la négociation entre employeurs et salariés -, le pays est redevenu ultracompétitif. Le nombre de chômeurs a chuté de 5 à 3 millions, le nombre d’emplois est au plus haut depuis la réunification et, grâce aux rentrées d’impôts et de cotisations, les comptes publics sont en léger excédent.

Certes, ce résultat a été payé au prix fort : les inégalités se sont accrues, la précarité et le travail à temps très partiel ont progressé et plusieurs millions de salariés sont très mal payés. Mais, après s’être serré la ceinture pendant dix ans, les Allemands commencent, aujourd’hui, à négocier des accords salariaux et envisagent de créer un salaire minimum pour améliorer le sort des  » salariés pauvres « .

L’Allemagne est-elle pour autant un modèle ? Les Allemands en sont persuadés, y compris les dirigeants sociaux-démocrates pour qui  » sans ces réformes, nous serions dans la même situation que l’Espagne, l’Italie et la France « .Que les pays du sud de l’Europe, dont la France, doivent entreprendre des réformes structurelles est évident. MM. Hollande et Ayrault, dans la foulée du rapport Gallois et de l’accord conclu en janvier entre partenaires sociaux, ne disent d’ailleurs pas autre chose.

Mais la question pour les pays européens n’est pas seulement de faire ou non comme l’Allemagne. Elle est aussi de faire avec l’Allemagne. Grâce à ses réformes, ce pays engrange des excédents commerciaux faramineux : de 2003 à 2012, ceux-ci ont atteint 1 200 milliards d’euros avec les autres pays de l’Union européenne, dont 800 milliards avec la seule zone euro. On peut déplorer ce qui apparaît comme un cavalier seul de l’Allemagne et les risques qu’il fait courir sur l’industrie des autres pays européens. On peut inviter Berlin à plus de solidarité.

Mais on ne peut nier une évidence. François Hollande s’est dit déterminé à redresser l’emploi,  » coûte que coûte « . Gerhard Schröder l’a fait. Coûte que coûte, en effet.


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