Contre le cumul des mandats… mais cumularde quand même…

C’est assez caustique la défense de Mme Andrieux : elle dit être contre le cumul des mandats… mais cumule quand même. Aujourd’hui elle met en avant le fait qu’elle soit contre le cumul des mandats pour justifier de sa faible implication dans son affaire : honteux !

Honteux car elle bénéficie des traitements liés à son cumul en démontrant qu’elle n’exerçait pas les fonctions pour lesquelles elle était payée ! Elle démontre par la même que le cumul des mandats est néfaste pour l’intérêt général dans le fait qu’il rétribue des gens qui ne font pas leur travail.

Il faut donc urgemment supprimer le principe même du cumul, ce, dans l’intérêt général.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 16 Mars 21013

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Face aux soupçons de clientélisme, la véhémente défense de Sylvie Andrieux
La députée PS est jugée à Marseille pour  » complicité de détournements de fonds publics « 
Marseille Envoyé spécial

Ce n’est pas elle, c’est les autres. Ses anciens collaborateurs qui aujourd’hui mentent, les fonctionnaires qui n’ont pas fait leur travail de contrôle, et la présidence de la région qui a la signature des règlements financiers. Voilà en substance résumée l’audition, jeudi 14 mars, de la députée PS des Bouches-du-Rhône, Sylvie Andrieux, qui comparaît devant le tribunal correctionnel de Marseille depuis le 4 mars pour  » complicité de détournements de fonds publics « .

L’élue socialiste des quartiers nord de Marseille est soupçonnée d’avoir accordé 740 000 euros de subventions à des associations fictives aux fins de clientélisme électoral lorsqu’elle était vice-présidente de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) entre 2005 et 2008. Dans cette affaire, 21 autres personnes – dont certaines sont renvoyées pour  » escroquerie  » – répondent également devant le tribunal, présidé par Christine Mée.

Il y a là des collaborateurs du conseil régional ex-proches de Mme Andrieux et des caïds de cités sensibles de sa circonscription électorale. Entendus à la barre au cours de cette audience, ces derniers, qui ont tous reconnu les faits, ont raconté comment le conseil régional finançait leurs associations créées de toutes pièces, souvent sous des noms d’emprunt.  » Vous pouviez mettre le nom d’un mort, ils ne vérifiaient pas « , a assuré Benyoub Same, l’un des prévenus.

Toute de noir vêtue, croix en or autour du cou, Mme Andrieux, 52 ans, cheveux blonds et regard clair, s’est défendue bec et ongles à la barre pendant près de cinq heures. Quand, en 1998, la gauche a gagné la présidence de la région PACA,  » la politique de la ville n’existait pas « , a-t-elle expliqué. Aussi a-t-elle accepté ce secteur parce qu’il s’inscrivait dans  » la volonté d’une politique dynamique « . Toutefois, elle qui  » adore le travail collectif  » déplore que  » le pouvoir – ait – été complètement centralisé par la présidence  » – sous-entendu, Michel Vauzelle, le président PS. Les délégations de fonction ?  » On va en parler…  » – sous-entendu, il n’y en avait pas. Lors de son deuxième mandat, à partir de 2004, son  » activité était moins prégnante « . Elue députée en 1997, elle s’est, à partir de cette époque, surtout investie à l’Assemblée nationale et dans sa circonscription législative. D’ailleurs, elle est  » contre le cumul des mandats « , et consacrait de moins en moins de temps à son rôle de vice-présidente de la région. Les dossiers ? Elle les regardait à peine :  » Je veillais à ce qu’il y ait les tampons et c’était réglé.  » Elle avait  » tendance à les présenter à Rolland Balalas, en qui – elle – avait confiance « .

Lui aussi prévenu, Rolland Balalas était l’assistant parlementaire de Mme Andrieux et le secrétaire général du groupe socialiste à la région. La semaine dernière, d’autres prévenus ont affirmé à la barre qu’il était l’organisateur des détournements dont il aurait profité en partie. Dispensé d’audience après avoir été victime d’un accident cardio-vasculaire, il a tout de même témoigné mercredi à la barre malgré un lourd handicap, notamment cérébral. Avec le peu de mots qu’il lui reste, il a reconnu son rôle auprès des associations, tout en refusant d’endosser celui d’organisateur.  » C’est impossible. Les élus, oui. Moi, impossible « , a-t-il balbutié.

Balalas ?  » Il a fait des choses indescriptibles en tant qu’homme « , s’étouffe presque Mme Andrieux. Il était responsable du fonctionnement du groupe et de la répartition des dossiers.  » Il avait toute ma confiance, insiste-t-elle. Je pouvais passer des semaines et des semaines sans passer au groupe.  » C’est lui qui connaissait les responsables des associations, lui qui recevait les demandes de subvention, et c’est encore lui qui finalisait les dossiers avant de les transmettre aux services compétents pour acceptation.  » Il avait un rôle central « , souligne-t-elle. Il savait tout des dérives, des fausses factures, et, selon elle, il en a profité.

Quand elle a pris connaissance du dossier d’instruction, qu’elle a lu  » en entier « , elle a découvert que celui qui fut son principal collaborateur était associé avec un policier dans une société de travaux publics. Que sa femme avait des bulletins de salaire provenant d’une association financée par le conseil général, et qu’enfin il était  » un indicateur de police tellement haut placé qu’on ne peut pas révéler son numéro « . Des amitiés franc-maçonnes expliqueraient, selon elle, que ces pièces versées au dossier n’aient pas été retenues par l’accusation contre son ancien collaborateur.  » Ça dépasse l’entendement « , s’emporte-t-elle. Elle qui a  » une mère alsacienne et une éducation suisse-allemande « , est très  » rigoriste « .

Sylvie Andrieux ne veut pas  » être la victime expiatoire « . Elle n’a jamais favorisé personne à la région. Pas plus des associations de son secteur, que des collaborateurs. Et si d’aucuns s’aventureraient à la chercher sur ce terrain, elle menace :  » Et le cabinet présidentiel ? Ils viennent tous d’Arles – la ville dont M. Vauzelle est maire – .  » Et si ça ne suffit pas, elle pourrait  » sortir nom par nom qui, sur les 4 000 emplois de la région, a embauché qui. Ses enfants, ses amis, ses proches…  » En se défendant, Sylvie Andrieux dresse le tableau d’une institution où le clientélisme fait office de politique. Précisément ce que lui reproche la justice.

L’audience se poursuit jusqu’au 22 mars.

Yves Bordenave

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