Il faut se méfier des produits de beauté

Les produits de beauté peuvent être néfastes. Il faut donc s’en méfier et savoir s’en passer de temps en temps par principe de précaution.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 4 Avril 2013

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De nombreux perturbateurs hormonaux identifiés dans des produits de beauté
L’UFC-Que Choisir dénonce la forte concentration de produits toxiques dans les cosmétiques et le risque d’effets cocktail entre les molécules

Crèmes, gels douche, shampooings, dentifrices, savons, vernis, poudres de maquillage, etc. : les cosmétiques contiennent des concentrations élevées de perturbateurs endocriniens, ces molécules susceptibles de bloquer ou de modifier le système hormonal humain et d’augmenter les pathologies lourdes comme les cancers hormonodépendants, l’infertilité ou le diabète.

L’association de consommateurs UFC-Que Choisir a publié, mardi 2 avril, les conclusions de tests portant sur 66 produits. Une vingtaine de molécules ont été trouvées, des perturbateurs endocriniens utilisés sous forme de conservateurs, d’antibactériens, de filtres solaires, d’adoucissants, d’émollients. Le propylparaben, un conservateur, a été retrouvé dans 28 produits. Un seul des produits analysés ne comportait pas les molécules chimiques recherchées.

L’étude attire l’attention sur plusieurs cosmétiques de la marque Nivea, un déodorant et un gel douche. Dans le Nivea Water Mily & Oil, 2,68 g/kg de propylparaben ont été mesurés, alors que le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) fixe la teneur à ne pas dépasser à 2,48 g/kg. Le stick déodorant Dry Confort 48 h contient 180 g/kg de cyclopentasiloxane et 7,7 g/kg en cyclotetrasiloxane, des dérivés du silicone. Un dentifrice Colgate Total renferme 2,09 g/kg de triclosan, un antibactérien qui pourrait avoir des effets sur la thyroïde. Les experts de l’UFC-Que Choisir considèrent que ce produit, s’il est combiné par exemple avec un déodorant contenant aussi du triclosan, présente  » un risque significatif « .

Effets à long terme

Ce que craignent les toxicologues, c’est l’effet  » cocktail  » : l’addition au cours d’une journée de tous ces produits, crème, protection solaire, cumulée à l’exposition à un environnement lui-même pollué par les perturbateurs endocriniens. On retrouve en effet ces molécules dans les vernis, les emballages alimentaires, les parquets, le mobilier, etc. L’un de ces perturbateurs hormonaux, le bisphénol A, est présent dans les bouteilles en plastique, les conserves, la vaisselle.

 » Les doses présentes dans les cosmétiques sont le plus souvent en dessous du seuil de risque. Mais il faut rappeler que les perturbateurs endocriniens agissent à faible dose et sur le long terme. Par ailleurs, ce sont les effets cumulatifs qui peuvent être nocifs. Le problème, c’est que la toxicologie classique considère la nocivité de chaque molécule isolément sans prendre en compte les risques liés à l’exposition à un mélange de substances « , explique Olivier Andrault, chargé de mission à l’UFC-Que Choisir.

L’association de défense des consommateurs demande donc une adaptation de la réglementation. Elle réclame à la Commission européenne la mise en place d’un programme de recherche indépendant sur les effets à long terme de ces perturbateurs endocriniens et l’obligation pour les fabricants d’afficher des étiquetages complets et précis. Les tests ont montré que la liste des ingrédients affichés par les fabricants sur leurs produits n’était pas toujours fiable. Les produits comportaient des substances non indiquées.

L’association souhaite enfin que les fabricants prennent les mesures qui s’imposent pour éliminer  » rapidement toutes les substances toxiques ou douteuses de leurs produits « .

Les effets de ces perturbateurs endocriniens sur le métabolisme humain inquiètent la communauté scientifique. En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail doit rendre publique, mardi 9 avril, une étude très attendue sur le bisphénol A. Et, d’ici à juin, l’Autorité européenne de sécurité des aliments devrait rendre son avis sur cette molécule.

Sophie Landrin


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