Le PSG a réussi à se débarrasser de ses supporters les plus problématiques

Le PSG a fait le ménage parmi ses Ultras. Les Ultras sont des groupes qui se disent des supporters. En fait, ils n’ont de supporters que le nom. Volontiers friants de violence, ils font régner un climat malsain, quand il n’est pas très clairement raciste.

Le PSG les a éliminés et peut s’en réjouir : un calme retrouvé dans le stade et une enceinte pleine.

Le PSG a donc eu raison de se séparer de cette population problématique à double titre : à la fois commercialement et d’un point de vue de la sécuritaire vis à vis de ses vrai supporters.

Bon débarras !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 16 Mai 2013

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PSG Ultras résistants
Les violences du Trocadéro sont aussi le révélateur d’un conflit entre les dirigeants du club et certains supporteurs. Fans de toujours, ils s’estiment victimes des mesures de sécurisation du Parc des Princes et du mépris des propriétaires qataris

Liberté pour les ultras.  » Déployée au sommet d’un échafaudage par des supporteurs peu sujets au vertige, la banderole surplombe l’esplanade du Trocadéro. Ce lundi 13 mai, plusieurs milliers de tifosi attendent les joueurs du Paris Saint-Germain. Une heure avant la remise du trophée de champion de France aux footballeurs de la capitale, le slogan est relayé en direct par les télévisions présentes sur la place bondée.

Alors que la fête rêvée par le club parisien vire à l’émeute, l’étendard fait l’ouverture des  » JT « . Les incidents sont rapidement imputés aux  » ultras « , frange de supporteurs historiques du club de football parisien. Frange radicale, pour certains.  » Nous sommes tristes, de nombreux supporteurs éprouvent de la honte et les premières victimes de ces événements sont les amoureux du Paris Saint-Germain qui ont été pris en otage par les casseurs et les hooligans « , a réagi Jean-Claude Blanc, directeur général du PSG. Ce dernier, comme les autres dirigeants du club, a pris soin de ne pas citer les ultras.

Car le sujet est sensible. Cette  » liberté  » que revendiquent les ultras sur leur banderole répond à un conflit qui les oppose depuis trois ans à la direction du PSG. Un conflit sur  » la cartographie  » du stade. Pour le comprendre, il faut évoquer les incidents multiples, parfois violents, entre supporteurs, et, surtout, la mort de deux d’entre eux, Julien Quemener, en 2006, et Yann Lorence, en 2010. Le président du club à l’époque, Robin Leproux, avait alors pris des mesures radicales. Il a dissous deux  » kops  » ennemis, Auteuil et Boulogne, où se retrouvaient les supporteurs les plus virulents. Et les 13 000 supporteurs concernés ont alors été contraints de se mélanger, de façon aléatoire, dans le public. Inadmissible, pour les ultras, dont une partie décida alors de ne plus mettre les pieds au stade.

Jérémy Laroche, 28 ans, est un ultra, ancien habitué de la tribune Auteuil. Interdit de stade jusqu’en septembre sur décision de la préfecture de police de Paris, ce jeune restaurateur est le président de la défunte association Liberté pour les abonnés, dissoute au printemps 2012  » sous la pression du club « . Il faisait partie des 300 ultras présents au Trocadéro. Pour notamment dire ce qu’il pense de ce fameux placement des supporteurs au Parc des Princes. Il refuse d’endosser la responsabilité des incidents.  » On n’a rien à voir avec ces débordements, clame-t-il. Saccager, ce n’est pas dans nos codes. On est allés là-bas pour se faire entendre. On a l’espoir de dialoguer. On sait que si cela part dans tous les sens, cela pourrait nous porter préjudice.  » Et d’ajouter :  » Un ultra, c’est une personne qui donne de son temps pour suivre le club à domicile ou à l’extérieur et organiser l’animation dans les kops. « 

Dans l’entourage de la direction du PSG, on ne voit pas vraiment les choses de la même façon :  » C’est facile de dire « c’est pas moi, c’est les autres ». Les ultras ont voulu se ruer sur le podium. Ils ne sont pas responsables des pillages, qui sont le fait d’une horde de casseurs, mais ils ont provoqué les débordements. S’ils n’avaient pas été au Trocadéro, il n’y aurait pas eu ce phénomène de foule.  » Un salarié du club évoque même  » un phénomène de vengeance, d’hostilité exacerbée « .

Qui a raison ? Pour le sociologue Nicolas Hourcade, spécialiste des supporteurs,  » ce qui s’est produit au Trocadéro aurait pu se produire sur les Champs-Elysées un soir de réveillon. Mais on ne peut pas dire que les débordements n’ont rien à voir avec les supporteurs ultras contestataires, notamment tous les jets de projectiles qui ciblaient directement les stewards du PSG « . Le sociologue ajoute :  » A la différence des hooligans, qui viennent avant tout pour casser, soit les supporteurs adverses, soit la police, les ultras sont des groupes structurés, dont l’objectif principal est de soutenir leur club, mais comme ils sont dans une vision excessive du supporteurisme, ils vont jusqu’au bout, y compris jusqu’à la violence parfois, pour défendre leurs intérêts ou leurs couleurs. « 

Car les griefs adressés à la direction du PSG par les ultras, tant par le noyau dur contestataire – entre 400 et 500 personnes, selon Nicolas Hourcade – que par la majorité moins bruyante de ces supporters historiques, vont au-delà de leur placement dans le stade. Surtout depuis que la tête du club a changé. Le fonds d’investissement américain Colony Capital a en effet laissé la place à Qatar Sports Investments (QSI). Et les frondeurs reprochent à QSI de brader l’histoire du club. C’est la conviction de Philippe Pereira, ex-porte-parole des  » Indépendants  » de la tribune Boulogne, qui  » aime le PSG tel qu’on l’imaginait avant, pas celui des mercenaires « . Pour lui,  » les Qataris s’imaginent que l’histoire du PSG a débuté la saison dernière « , lors de leur rachat du club.

Le président actuel du PSG, le Qatari Nasser Al-Khelaïfi, a également maintenu le plan Leproux sur la sécurité. Or les ultras comptaient sur un assouplissement. Ce n’est pas le cas, et ils ne s’en sont jamais vraiment remis :  » A son arrivée en 2011, Jean-Claude Blanc avait promis un dialogue, et dit qu’il nous redonnerait un rôle d’intermédiaire au stade, explique Philippe Pereira. Il nous avait assuré que les mesures du plan Leproux évolueraient. Mais les Qataris les ont laissées en place, en donnant carte blanche à Jean-Philippe d’Hallivillée.  » Ce dernier est le responsable de la sécurité du PSG. Et depuis les années 1990 et l’ère du président Michel Denisot, il est la bête noire absolue des ultras, à qui il ne fait aucune concession.

Parmi ces ultras désabusés, figure Jérôme C. (qui n’a pas souhaité donner son nom), 33 ans, directeur de magasin dans la grande distribution.  » On n’est pas tous des chômeurs écervelés, contrairement au message que le club aimerait bien faire passer « , dit-il. Cet ancien abonné d’Auteuil (1995-2010) pourrait passer des heures à raconter les vexations que lui a fait subir la direction. A l’automne 2011, le PSG se rend à Zagreb pour une rencontre de Ligue des champions, mais le club, par crainte de débordements, n’a pas organisé de voyage officiel pour ses supporteurs. Jérôme C. et un ami achètent des places sur Internet, en toute légalité, et rallient Zagreb par leurs propres moyens, pensant pouvoir assister tranquillement au match au milieu du public croate. Sur place, ils tombent nez à nez avec Jean-Philippe d’Hallivillée, qui leur refuse l’accès aux tribunes…

Depuis trois ans, de nombreux supporteurs se plaignent d’être fichés par le club. Plusieurs ont lancé des recours auprès de la Commission nationale de l’informatique et des libertés : à l’occasion des matchs du PSG à l’extérieur, il leur est parfois arrivé de recevoir un message leur expliquant que le billet qu’ils avaient acheté sur Internet était annulé  » en raison de consignes de la préfecture « . Dans son règlement, le club parisien interdit en effet à ses supporteurs de se rendre par leur propre moyen dans les stades provinciaux.

Selon Jérôme C., le dialogue entre les dirigeants et les ultras est inexistant depuis l’arrivée de QSI à la tête du club.  » On a passé des coups de fil, envoyé des mails, rédigé des chartes de bonne conduite, mais ils ne veulent rien entendre « , déplore le trentenaire. Et les événements du Trocadéro risquent d’apporter de l’eau au moulin de ceux qui, au sein du club, refusent d’écouter des supporteurs. Parce qu’ils les trouvent ingérables :  » On ne peut pas dialoguer avec des gens qui ont fait ce qu’ils ont fait, ils n’ont plus aucune crédibilité, confirme un proche de la direction du club. Comment Nasser peut-il discuter avec eux après ce qu’il s’est passé lundi ? On a accueilli un million de spectateurs sur une saison au Parc et il n’y a jamais eu de problème. Le club ne veut plus de ces supporteurs-là. « 

Il aurait réussi à les remplacer par d’autres.  » Ils ont fait le ménage, se plaint Philippe Pereira, ils choisissent leurs supporteurs. Jean-Philippe d’Hallivillée m’a dit : « On s’en fout de vous, le Parc est plein. »  » Effectivement, le Parc est plein : la fréquentation, qui avait chuté à 29 000 spectateurs, en moyenne par match, l’année post-plan Leproux, est remontée à 43 000 cette saison, boostée par la constitution d’une équipe de foot  » galactique « . Le Parc est plein mais le Parc est mort, se lamente un ultra :  » Les Qataris ne veulent plus de banderoles, ni de fumigènes. Avant, le Parc était une citadelle, maintenant il est pathétique. Avant, on avait un pouvoir de pression, notamment pour contenir la hausse des tarifs. Les Qataris veulent un public de consommateurs. On n’est pas ça. « 

 » Il y a eu de bonnes choses dans la politique du PSG, qui a pris à bras-le-corps les questions de violence et de racisme, souligne Nicolas Hourcade. Mais le club n’a pas trop su gérer cette population d’ultras qui s’est sentie victime collatérale du plan Leproux, et qui a estimé avoir été injustement virée du stade. Finalement, en refusant systématiquement le dialogue avec eux, les dirigeants ont radicalisé certains individus, et une partie des incidents du Trocadéro est liée à l’exaspération de ces gens-là contre le club. « 

Dans ce contexte, les positions du club et des ultras semblent figées et inconciliables.  » Les Qataris ont attiré un nouveau public, estime Philippe Pereira. Mais il y a parmi ce public des électrons libres, incontrôlables. Certains étaient parmi les casseurs avec le maillot du club sur le dos. On va dans le mur. « 

Dimanche 19 mai, une manifestation des ultras, initialement prévue dans le 16e arrondissement de Paris pour prôner le dialogue, a été annulée par le ministre de l’intérieur, Manuel Valls. La veille, le PSG aura tenté d’effacer, au Parc des Princes à l’occasion de la réception de Brest, les séquelles laissées par les incidents du Trocadéro.

Rémi Dupré et Henri Seckel

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Une lettre au Président : « Prenez des vacances »

Une lettre au Président de la République

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Expéditeur
Philippe NOVIANT

Destinataire
M. le Président de la République Française
55 Rue du Faubourg Saint Honoré
75008 PARIS

    Moirans le 28 Juillet 2013


    Monsieur le Président de la République,

    J’ai lu, récemment, dans le journal ‘Le Monde’ que vous ne comptiez pas prendre de vacances. De plus, vous comptiez que votre gouvernement en prenne le moins possible pour qu’il puisse, selon vous, servir au mieux les Français.

    J’ai le plus profond regret de vous dire, par la présente, que, Monsieur le Président, vous avez tort.

    Vos ministres sont des hommes et femmes, non des robots. Ils exercent actuellement de hautes responsabilités et leur charge de travail impose qu’ils puissent prendre des vacances. En étant fatigués, exténués, ils risquent, par le fait d’être toujours le ‘nez dans le guidon’, de dire des choses, d’agir en dépit du bon sens, de prendre de mauvaises décisions.

    Donc, comme tout à chacun, ils doivent pouvoir se reposer car, sinon, ils pourront faire des erreurs liées à la fatigue. Vous seriez alors contraint de mettre fin aux fonctions de certains, de façon impropre, inopportune et honteuse. Quand bien même, ces « certains » auront été talentueux et efficaces dans un contexte normal. Le cas Bathot est un exemple. Vous ne vous êtes pas grandi, Monsieur le Président, par cet épisode, preuve que la fatigue de certains peut porter ombrage à tout le monde.

    La fatigue vous guète vous aussi. Vous seriez donc bien avisé de prendre du repos bien mérité. Que craignez-vous à ne pas en prendre ? Une perte d’opinion ? Vous êtes déjà au plus bas, que voulez-vous perdre de plus ? Une perte d’action ? Si vous agissez moins qu’actuellement, vous reculez ! Non, Monsieur le Président, vous avez besoin de repos car vous n’êtes pas bon, vous n’êtes pas, loin s’en faut, au niveau que le peuple Français est en droit d’attendre de son plus haut dirigeant !

    Notre économie se traîne, se morfond et vous attendez un signe divin pour que le chômage remonte de lui même ! Vous n’avez rien fait pour notre économie : nous sommes et restons le pays qui travaille le moins avec le plus grand nombre de jours de congés. Dans un contexte mondialisé comme le nôtre, où nous sommes tous les jours mis en concurrence avec d’autres pays, d’autres idées, cette oisiveté ne peut que nous  desservir ! Nous sommes et avons trop été dans la position de la cigale quand l’Allemagne a pris le rôle de la fourmi, si je peux me permettre une comparaison avec la fameuse fable de La Fontaine. Il faut donc arrêter de « chanter au temps chaud », pour nous éviter d’avoir à « danser » devant de meilleurs que nous !

    Il faut réformer cette durée du temps de travail qui plombe notre production. Certes, notre productivité est bonne. Mais la notion de productivité est un taux entre la production et la durée du travail. Nous produisons plus que les autres, pendant que nous travaillons, mais travaillons tellement peu que l’on n’est pas profitable.

    L’Etat providence montre lui aussi ses limites : nos allocations chômage poussent certaines personnes à profiter de cet argent qui correspond, selon elles, à un droit. Las, l’indemnité chômage est une aide à retrouver un emploi, non un salaire de substitution ! Votre démagogie à ne pas réformer ce système va à l’encontre de l’intérêt général. Comme il va aussi à l’encontre de l’intérêt général de laisser subsister cette anomalie monstrueuse de remboursement des cures thermales alors que notre système social est déjà lourdement déficitaire !

    Notre budget est au plus mal, qu’on en juge : 240 Milliards d’Euros de recettes, 300 de dépense, soit un trou de 60 Milliards correspondant à 25% des recettes ! Nous sommes dans la position d’un ménage qui gagnerait 2400 Euros / mois et qui en dépenserait 3000, quelle banque tolèrerait cela ne serait-ce qu’un mois ? Le remboursement des intérêts sur les emprunts passé représente à lui seul 42 Milliards ! Nous empruntons donc, certes à des taux très bas, pour rembourser les intérêts des emprunts passés ! La situation n’est pas tenable et ne peut pas durer ! Le montant de notre dette atteint 90% du PIB quand il était de 80% il y a moins de 10 ans ! En clair : la maison brûle, mais vous regardez ailleurs !

    Depuis que vous êtes aux plus hautes fonctions, vous avez dépensé beaucoup de temps de débat parlementaire à engager des réformes qui auraient pu attendre. Le mariage pour tous est une avancée sociétale majeure, certes, mais il n’était pas la priorité, loin s’en faut, au regard de la situation économique exécrable de notre pays !

    Je vous conseille donc de prendre des vacances. Si vous voulez partir loin, faites-le. Si vous voulez dépenser beaucoup d’argent à voyager avec l’avion présidentiel, faites-le aussi. Seulement, je vous saurais gré de bien vouloir emmener le bouquin de Madame Sophie Pedder intitulé « Le déni Français ». Ce livre est une honte pour la France car il permet à une représente Anglaise de nous donner des leçons. Se faire donner des leçons par l’ultra-libéralisme Anglo-Saxon me donne des boutons. Alors, lorsque les propos de ce bouquin sont avérés à 90%, on se dit que les réformes sont véritablement indispensables !

    Vous déplorerez peut être une certaine insolence dans mes propos. Je peux vous assurer qu’il n’en est rien. Mais cela serait mentir que de vous affirmer que vous menez les bonnes actions et que je trouve que vous êtes compétent à votre poste. J’ai voté pour vous, par trois fois : une fois aux primaires, deux fois aux présidentielles. Mon choix initial s’était porté sur M. Srauss Kahn qui s’est écarté du jeu pour cette sombre affaire du Sofitel. Vous avez donc été un second choix pour moi, comme je suis convaincu que vous avez été un second choix pour une majorité de Français. Comme je vous l’ai dit, vous n’êtes pas au niveau, mais vous êtes le meilleur. En effet, le choix électoral, dans notre pays gangréné par le bipartisme, n’est qu’un leurre. Vous êtes donc notre dernier espoir avant Marine. Car éludons ici la solution Sarkozy, incapable de mener les réformes qui s’imposaient alors que son premier ministre connaissait la situation décrite ci-dessus. Je n’avais donc pas envoyé une telle lettre à M. Sarkozy car j’avais espoir en son successeur de gauche. Les actions n’ont pas été à la hauteur de mes attentes, j’ai donc pris le parti de rédiger la présente au lieu de faire confiance à Marine : j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur.

    En conclusion Monsieur le Président, je ne saurais trop vous conseiller, une fois de plus de prendre des vacances et laisser vos ministres en faire de même. Cela vous permettra de prendre du recul, de réfléchir, d’analyser la situation de notre pays et d’avoir véritablement les armes pour mener les actions au service de l’intérêt général.

    Je vous souhaite donc de bonnes vacances Monsieur le Président. Et j’espère que le peuple Français aura la chance de vous retrouver meilleur à votre retour, ce qui, au regard de votre bilan depuis un an, n’est guère difficile.

    Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations distinguées.

Philippe NOVIANT

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Prenez des vacances, Monsieur le Président, vous serez meilleur !

Il faut prendre des vacances Monsieur le Président, car vous en avez besoin ! Vous n’êtes pas au niveau de ce que l’on peut attendre d’un Président. Vous êtes fatigué, vous êtes usé et n’êtes pas assez tourné vers l’intérêt général. Qu’avez-vous à perdre à prendre des vacances ? Votre quote de popularité ? Elle est déjà au plus bas, elle ne pourra pas descendre plus !

Vous avez oublié que vous aviez la responsabilité de ré-inscrire la France dans un contexte économique mondialisé. Las, vous êtes dans l’immobilisme le plus absolu en la matière alors que la logique devrait inciter à ce que les Français travaillent plus et mieux afin de rendre à la France le rang économique qu’elle a perdu. Le chômage bat des records, la croissance est à zéro et vous continuez à ne rien faire pour ne pas froisser. Prenez donc des vacances, ressourcez-vous, lisez la presse économique, lisez le livre sur l’état de la France de Mme Pedder et revenez fort pour sortir notre pays de la situation dans laquelle elle est aujourd’hui.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 26 Juillet 2013

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L’Elysée et Matignon se divisent sur les vacances des ministres
Le gouvernement s’accordera une pause estivale à l’issue du conseil des ministres du 2 août

C’est Jean-Marc Ayrault, en personne, qui l’a glissé à plusieurs de ses ministres  :  » Mais dis-lui, qu’on va tous être crevés et qu’on a besoin de vacances !  » Rares, pourtant, ont été les membres du gouvernement à évoquer devant le président des bienfaits d’une véritable coupure estivale.  » Personne n’a osé lui dire. On ne veut pas avoir l’air de tire-au-flanc « , confesse une ministre. Si bien que le chef du gouvernement s’est résolu à faire lui-même passer le message à François Hollande.  » C’est une question de bon sens : nous sommes des humains, nous avons tous besoin de nous ressourcer. Les Français le comprennent très bien, c’est un faux débat « , estime M. Ayrault.

Entre le président et son premier ministre, il n’y a pas eu souvent, en cette première année d’exercice du pouvoir, une ombre de divergence. Sur la question des congés, pourtant, les deux têtes de l’exécutif ne sont pas exactement d’accord.  » J’ai cru comprendre que Matignon et l’Elysée ne sont pas tout à fait sur la même ligne, confirme une ministre. Le premier ministre nous dit de prendre de vraies vacances, mais le président a une vision plus réduite du concept… « 

Le chef de l’Etat conserve un souvenir cuisant de ses premiers congés de président, au mois d’août 2012, pendant lesquels il s’était considérablement ennuyé dans la résidence d’été des présidents de la République, au fort de Brégançon. Un séjour qui avait en outre coïncidé avec le début du dévissage de l’exécutif dans les sondages et d’une dégradation plus rapide que prévu des indicateurs économiques et sociaux. Hors de question, donc, d’accréditer à nouveau l’impression d’une vacance du pouvoir. Les ministres ont été priés d’offrir l’image de l’action.

Bien sûr, les membres de l’équipe Ayrault jouiront de deux semaines de repos après le dernier conseil des ministres avant les vacances, le 2 août. Mais tous devront être présents au séminaire gouvernemental, le 19 août, qui précédera de deux jours le conseil des ministres de reprise. Et la relâche sera relative.  » Pendant leurs vacances, ils doivent être constamment joignables, insiste-t-on à Matignon. Ils doivent aussi pouvoir revenir à Paris dans des délais brefs, donc éviter de partir à l’autre bout du monde. Enfin, ils doivent organiser précautionneusement une permanence dans leur ministère afin que la moitié de leur cabinet soit constamment présent. « 

Pour la première fois depuis longtemps, Geneviève Fioraso ne se rendra donc pas aux Hébrides extérieures, à six heures de bateau au large de la côte ouest de l’Ecosse… C’est peu dire que ces consignes n’ont pas comblé d’aise les membres de l’équipe de Jean-Marc Ayrault.  » On est crevé « , souffle une ministre.  » Ce n’est pas bien de ne pas couper « , appuie un poids lourd du gouvernement, qui s’agace  :  » Il n’y a que Hollande pour s’emmerder à Brégançon  !  » Une troisième renâcle  :  » Je ne sais pas encore très bien où je vais aller, mais je veux pouvoir passer du temps avec mes enfants, c’est sacré  !  » Pour ce poids lourd de la majorité, ces signes extérieurs d’austérité vacancière  se révéleraient même déplacés :  » C’est un débat absurde. Les ministres ont tout intérêt à se reposer, car le dernier trimestre de l’année va être compliqué et toute l’année 2014 sera une année électorale. On pourrait très facilement l’assume r, mais c’est comme sur la transparence, on veut donner des gages à une opinion publique chauffée à blanc en faisant croire qu’un gouvernement doit travailler 365 jours par an  !  » Autant dire que les ministres ne partiront pas l’esprit tout à fait tranquille.

 » Non seulement, on a des devoirs de vacances pour le séminaire de rentrée, mais en plus on doit faire des choses pendant les congés « , peste une ministre qui souligne perfidement que  » les technos qui travaillent à l’Elysée, eux, prennent des vacances…  » Pas tout à fait exact : les conseillers de François Hollande, eux aussi, sont astreints à cette rigueur estivale.

 » Le président a donné des consignes assez strictes de présence de son cabinet à Paris, et même à l’Elysée, confirme un de ses conseillers. Une permanence sera organisée entre le secrétaire général, les secrétaires généraux adjoints et la directrice de cabinet.  » Les autres collaborateurs ont eux aussi reçu  » de fortes incitations à être vigilants  et réactifs « .  » Qui est là  ? « , a ainsi innocemment demandé le président lors de récentes réunions.

Le message a été reçu cinq sur cinq. D’autant que l’exemple vient d’en haut. Le chef de l’Etat a la ferme intention de continuer les déplacements pendant tout le mois d’août.  » Ses vacances se réduiront à environ une semaine, assure-t-on à l’Elysée. Vacances, d’ailleurs, n’est pas le terme approprié. Il travaillera tout le temps. Il va juste changer un peu de cadre et prendre un peu d’oxygène. « 

François Hollande, c’est un euphémisme, n’a pas l’esprit vacancier. Plusieurs réunions se sont déjà tenues à l’Elysée sur la programmation de l’agenda de la rentrée et du second semestre 2014, selon un conseiller,  » pour être un peu plus proactif « .

Bastien Bonnefous et David Revault d’Allonnes

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Quand nos enseignants profitent du système (2/2)

La suite du précédent article sur la réussite des enfants des professeurs…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 9 Mai 2013

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Pour Marc ou François, des parcours  » dont les dés étaient jetés d’avance « 

SUIVI ATTENTIF de la scolarité, ambitions élevées, valorisation de la curiosité, de la prise de risques, de l’estime de soi… C’est d’un accompagnement  » à part  » dont bénéficient, au quotidien, les enfants d’enseignants.

Qui mieux qu’un enfant d’enseignants peut en témoigner ?  » J’ai toujours trouvé à la maison une aide orientée et précise « , affirme Simon, 24 ans, sur le point de devenir lui-même enseignant.  » L’école était un sujet de discussion très valorisé, sans qu’on ne parle que de ça. Mon père, instituteur, a toujours pris soin de nous offrir des loisirs de qualité dans une logique éducative et pédagogique, raconte cet étudiant qui a grandi à Lyon. Il était particulièrement sensible au fait d’appliquer à l’éducation de ses enfants les principes auxquels il croyait et qu’il utilisait en classe. « 

Une sorte de  » déformation professionnelle  » dont Simon profite encore :  » La formation actuelle des enseignants est très insuffisante, et mon père l’a palliée en m’apportant une aide technique et théorique essentielle. « 

Sophie, 22 ans, étudiante à Sciences Po Toulouse, met en avant le  » juste équilibre  » instauré par ses parents – une mère professeure des écoles, un père enseignant de physique-chimie en collège – entre le temps consacré au travail scolaire et celui des loisirs.  » Il y avait toujours quelqu’un à la maison pour m’aider dans mes devoirs, me faire réciter, m’apprendre une méthode de travail, souligne la jeune femme qui a grandi à Vichy (Allier). Les horaires de travail de mes parents coïncidant avec ceux de l’école, j’ai pu faire tout un tas d’activités, il y avait toujours quelqu’un pour m’accompagner. « 

 » Influencé positivement « 

Marc, 35 ans, ingénieur en informatique, insiste lui aussi sur la très grande disponibilité de ses parents.  » Ma mère était institutrice spécialisée en psychopédagogie, mon père directeur d’un lycée agricole. Partager les soirées, les mercredis, toutes les vacances, c’est évidemment un avantage, ma mère jouant les taxis du cours de solfège au court de tennis… « . Cela a  » influencé positivement  » sa trajectoire scolaire, dit-il : bac S mention  » très bien  » à 18 ans, classe prépa’, réussite au concours de l’Ecole polytechnique – avec un an et demi d’avance -, grande école d’ingénieur à Paris… Un parcours  » dont les dés étaient jetés d’avance, estime-t-il, peut-être même avant d’entrer à l’école « .

Un sentiment partagé par François, 45 ans, professeur des écoles en banlieue parisienne – comme avant lui son père et son grand-père.  » Etre un bon élève, ça n’a rien d’inné, c’est presque un métier : rester assis, attendre son tour, être attentif, faire ses devoirs. Ces petites choses essentielles à la réussite scolaire s’intègrent plus facilement quand on est enfant d’enseignants « , assure-t-il.

Devenu parent, il confie  » redevenir professeur  » quand il regarde les devoirs de sa fille aînée, 8 ans, scolarisée dans son école – mais pas dans sa classe.  » Je sais comment fonctionne la langue, la phrase, et je peux le lui expliquer en évitant l’affrontement, note-t-il. C’est plus problématique quand je me retrouve, sur certains points de pédagogie, en désaccord avec sa maîtresse !  » François ne dit pas qui, alors, de l’enseignant ou du parent, prend le dessus…

M. Ba

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Quand nos enseignants profitent du système (1/2)

Dans le monde de l’éducation, il y a une classe d’élèves qui profitent de la situation : les fils d’enseignants.

Même par rapport aux fils de cadre, ils sont en avance.

Alors pourquoi ?

Pour trois raisons principales :

1. Ils connaissent les ‘trucs’ à faire pour pouvoir bénéficier de la meilleure éducation en se trouvant dans les meilleures classes.

2. Par leur copinage, ils bénéficient de passe-droits qui leur permettent d’avoir la priorité par rapport aux autres élèves

3. Les enseignants ont beaucoup de temps. Ils sont très loin de faire leur 35h par semaine, alors ils peuvent s’occuper de leurs enfants et les assister.

Cette situation n’est pas normale car elle brise l’égalité qui devrait prévaloir entre nos citoyens.

Le corps enseignant est gangrainé par un syndicalisme d’un autre âge qui empêche toute réforme d’envergure. Maintenant, on a aussi la preuve que ce sont eux qui profitent le plus du système.

A quand donc une réforme d’envergure capable de redonner plus d’égalité entre tous les élèves en forçant les enseignants à travailler plus pour la communauté et un peu moins pour leurs propres enfants ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 9 Mai 2013

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Enfants d’enseignants, ces  » chouchous  » de l’école
Des chercheurs veulent expliquer la suprématie scolaire des fils et filles de profs, désormais statistiquement établie

La peur de l’école ? La plupart des enfants d’enseignants ignorent ce que c’est. Pour eux, l’école est un territoire familier, presque un prolongement de leur foyer.  » On est dans le moule dès la plus tendre enfance « , témoigne Anne, 38 ans, agrégée d’espagnol, qui marche sur les traces de ses parents, tous deux enseignants.  » On entend parler d’éducation à table, on intègre les codes, les attentes de l’école…  » Un sentiment partagé par François, 45 ans, professeur des écoles en banlieue parisienne, fils et petit-fils d’instituteurs.  » Il n’y a pas de séparation entre la sphère familiale et la sphère scolaire, note-t-il. Très tôt, j’ai compris ce qu’on attendait d’un bon élève, d’un bon lecteur, d’un bon scripteur… « 

Toujours premiers de la classe, les enfants de  » profs  » : c’est ce qui se murmure entre parents lors des réunions de classe. A ce préjugé favorable, Annie Lasne, enseignante et formatrice, a donné une base statistique fiable. Dans le cadre de sa thèse de doctorat, soutenue en novembre 2012 à l’université de Bourgogne, elle a isolé les résultats scolaires des enfants de professeurs – du primaire et du secondaire – de ceux des enfants de cadres et de professions intellectuelles supérieures.

Des chiffres : 97,5 % des enfants d’enseignants quittent le CM2 à l’heure ou en avance, contre 94,5 % des enfants de cadres. Ils sont 5 % de plus à n’avoir jamais redoublé au collège et au lycée. Ils ont aussi 3 % de chances de plus de décrocher le baccalauréat… Un  » bac S  » pour 46 % d’entre eux, contre 43 % pour les enfants de cadres.  » La différence peut sembler ténue, mais elle est récurrente dès le plus jeune âge, souligne Annie Lasne, et elle va dans le sens d’un avantage constant donné aux enfants d’enseignants, au primaire et plus encore au secondaire. « 

C’est que leurs parents savent, sans doute bien mieux que quiconque, privilégier ce que le système peut offrir de plus  » efficace  » d’un point de vue scolaire. Allemand plutôt qu’anglais en LV1, options dites de distinction comme le grec et/ou le latin, mais aussi la musique ou le cinéma, classes à horaires aménagés, classes bi-langues ou européennes… Tout en valorisant la culture au sens académique, ils contribuent, à travers ces choix d’orientation, à ce que leurs enfants se retrouvent  » entre bons élèves « .

 » L’avantage que confère la connaissance fine des arcanes de l’école s’est renforcé avec la complexification du système « , note le sociologue Yves Dutercq, qui vient de publier Les Bons Elèves (avec Carole Daverne, éd. PUF).  » Posséder les bonnes informations, savoir frapper aux bonnes portes pour éviter les mauvaises classes est évidemment plus facile quand vous venez de la « maison ».  » Pour ce professeur d’université, la maîtrise des codes de l’école compte, et pour beaucoup, dans ce qu’il nomme la  » surréussite  » de ces enfants.

Que dire, alors, de leur accompagnement quotidien ?  » La réussite scolaire se prépare dans l’ordinaire des situations familiales, explique Annie Lasne. Les activités domestiques ou de loisirs conduisent à la construction de compétences valorisées à l’école. Peu importe l’activité : ce qui compte c’est l’utilisation qui en est faite, au profit de compétences cognitives. Les parents enseignants installent une continuité des pratiques et des valeurs entre les sphères familiale et scolaire. « 

La sociologue Agnès Van Zanten, qui coordonne, depuis septembre 2012, au sein du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP/Sciences Po), une enquête de deux ans sur la scolarité des enfants d’enseignants, porte toute son attention sur ces  » pratiques culturelles « .  » Elles ont suivi l’évolution de la société pour se normaliser, devenir plus éclectiques, observe la chercheure, mais elles sont plus régu liè res et plus intensives q ue dans d’autres familles… ne serait-ce que parce que les enseignants ont une maîtrise de leur emploi du temps que d’autres n’ont pas « . Un  » capital temps  » qui, associé au  » capital culturel « , pèse davantage que le  » capital économique « .

Depuis le Québec, où elle effectue un post-doctorat, Géraldine Farges, chercheure associée aux travaux d’Agnès Van Zanten, entend mesurer précisément ce  » capital temps « .  » Nos premières observations montrent que les enseignants ont une disponibilité de l’ordre de 1 h 50 au quotidien – pour des enfants de moins de 6 ans -, contre plutôt 1 h 30 chez les cadres, explique-t-elle, et la différence est plus forte le mercredi. Reste à regarder de plus près la manière dont ce temps est investi. « 

 » Surinvesti, même « , renchérit Marie Duru-Bellat, professeure à Sciences Po Paris.  » Dans les foyers enseignants, tout – ou presque – devient objet de préoccupation éducative, souligne-t-elle. Ces parents vont « rentabiliser » les activités les plus banales, sans en être toujours conscients, et en plaçant la barre haut.  » Attestée jusqu’au lycée, la  » surréussite  » des enfants d’enseignants n’est pas confirmée après le baccalauréat. D’autres facteurs entrent alors en ligne de compte – le coût des études, l’expérience du secteur privé qui fait défaut, l’absence de  » réseau « …

 » Les parents enseignants sont persuadés que les établissements et les facs se valent, que la valeur d’un enseignement dépend uniquement de l’engagement et du travail personnel… « , explique Louna, 35 ans. Cette ex-juriste a passé sur le tard le concours d’institutrice après avoir grandi en Vendée aux côtés d’une mère directrice d’école.  » C’est en ce sens qu’ils vivent sans doute un peu dans un monde idéal ! « 

Un monde idéal, mais qui ne profite pas à tous, selon le sociologue François Dubet.  » Dans tous les pays, les compétences des parents jouent un rôle dans la formation des inégalités scolaires, rappelle-t-il. Le problème, c’est que ces mécanismes sont plus accentués en France, et que les inégalités qui se révèlent à l’école sont plus importantes que ce que supposeraient les seules inégalités sociales.  » Pas facile pour les enseignants d’inverser la donne, alors que le système bénéficie, en premier lieu, à leurs enfants.

Mattea Battaglia

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Savoir gérer un budget est indispensable à la gestion d’un Etat

On se dit souvent que l’Etat, ne pouvant faire faillite, savoir gérer un budget ne sert pas à grand chose. En se disant cela, on a tort. Oui, un Etat peut faire faillite, et la faillite d’un Etat revient à la faillite d’un système basé sur le service public.

Des écoles qui ne remplissent plus leur rôle, pas plus que ne peuvent le faire l’armée ou les prisons. C’est à cela que l’on s’expose quand on est incapable, depuis plus de 30 ans de voter un budget à l’équilibre.

Gauche comme droite, nos politiques n’ont eu de cesse de jouer sur des mesures démagogiques pour se faire élire. Las, cette gestion trouve ses limites : il faut enfin devenir responsable et savoir gérer économiquement un Etat qui en a bien besoin.

Dans ce but, il faut oublier des solutions simplistes des extrêmes, gauche comme droite. Il faut être responsable et redonner la valeur travail à notre pays. Notre pays a besoin de travailler pour gagner de l’argent et faire tourner notre économie.

Cela ne se fera pas avec les 35h et avec le record mondial des jours de congés dans l’année.

Il faut prendre des mesures économiques à bras le corps et appliquer les recettes qui marchent dans d’autres pays, comme l’Allemagne ou les pays nordiques.

Il faut le faire maintenant car on est un pays que l’on peut considérer, à juste titre, comme étant un pays en faillite.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 09 Mai 2013

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Les services de l’Etat sont  » à l’os « 
Le gouvernement doit trouver 7,5 milliards d’euros d’économies en 2014. Un exercice redoutable

Ce n’est pas la misère, mais c’est parfois déjà la pauvreté. Dans les ministères, dans les services déconcentrés, les contraintes budgétaires se font durement sentir. Ici, ce sont des factures payées aux entreprises avec trois mois de retard. Là, c’est une partie d’un tribunal de grande instance (TGI) interdite au public pour cause de chute de moellons. Ailleurs, c’est la gendarmerie privée, pour la deuxième année consécutive, de tout achat de véhicules…

En 2012, les dépenses de l’Etat, hors charges de la dette et pensions, ont diminué de 300 millions d’euros. Or, elles augmentent spontanément de 6 milliards d’euros par an, selon la Cour des comptes, et de 7 milliards, selon le ministère du budget. La baisse de 2012, inédite, a donc exigé une vigilance de tous les instants. Cet effort va se poursuivre. En 2014, il faudra trouver 7,5 milliards d’euros d’économies, a prévenu le ministre délégué au budget, Bernard Cazeneuve. Pour obtenir une baisse effective de 1,5 milliard.

Dans cet environnement rude où, de l’aveu d’un budgétaire,  » ce n’est plus du train de vie de l’Etat qu’il est question, mais bien de la capacité des services publics à fonctionner « , 2013 est une année charnière. Quelques semaines après le vote d’un budget truffé de hausses d’impôts, Bercy a annoncé un gel supplémentaire de crédits, au grand dam de plusieurs ministres.

 » Les services sont à l’os. Le respect des normes budgétaires se traduit déjà par près de 8 % d’économies sur le fonctionnement et l’investissement en trois ans. On ne peut pas faire plus « , déplore-t-on au ministère de l’intérieur. Sauf à ce que l’Etat ne puisse plus payer l’essence des voitures de police ou faire face aux besoins des demandeurs d’asile…

A la chancellerie, où l’on admet pudiquement  » une certaine tension sur le fonctionnement « , le surgel gomme tous les efforts faits en 2012 pour retrouver des marges de manoeuvre. Il fait planer la menace d’une baisse des crédits d’investissement qui, jusque-là préservés, avaient permis d’entamer la réhabilitation ô combien nécessaire des Baumettes et de Fleury-Mérogis. Pour pouvoir soutenir une véritable baisse des crédits dans la pénitentiaire, il faudrait que le nombre de détenus (67 000 pour 57 000 places) diminue. Or, développer les alternatives à la prison, comme le bracelet électronique ou le placement en semi-liberté, coûte cher.

Cette année, les crédits de fonctionnement des services judiciaires sont censés baisser de 7 %. Il va falloir tailler partout et l’Etat ne recule devant aucune petite économie. Les procureurs et les présidents des 33 cours d’appel et des 181 TGI sont ainsi invités à opter pour de moyennes cylindrées. La suppression de leurs logements de fonction (alors que les préfets conservent les leurs) est à l’étude. A peine engagée, la bataille fait rage.

Toutes les économies ne sont pas bonnes à faire. Le recours systématique au partenariat public-privé pour financer hôpitaux, tribunaux ou prisons a montré ses limites, notamment financières. Le surgel de 2013 va contraindre l’administration à reporter certaines opérations, à arrêter des chantiers déjà lancés.

 » On fera des économies, mais on aura des pénalités… Cela vaut aussi pour la réduction à trente jours des délais de paiement de l’Etat, impossible à tenir « , observe-t-on dans l’immeuble magnifique mais vétuste qui abrite les services de Christiane Taubira, place Vendôme. Faute d’argent, le manque de magistrats complique le contrôle de l’hospitalisation d’office, le renouvellement des tutelles ou la collégialité de l’instruction.

Trouver des gisements d’économies supplémentaires est extraordinairement difficile. Car l’Etat est un paquebot aux dépenses rigides et les restrictions accumulées au fil des années pèsent lourd. Le ministère de la défense, par exemple, assume des effectifs nombreux et sous différents statuts, ainsi qu’un fort volant de dépenses de fonctionnement courantes et exceptionnelles. La loi de programmation militaire de 2008 (qui court jusqu’en 2020) avait prévu des militaires moins nombreux mais mieux équipés. Las, le coût des restructurations a été sous-estimé et le ministère a essuyé les conséquences financières de la non-exportation du Rafale. Cela a pesé sur l’équipement des armées. Le ministère estime en être arrivé  » à un seuil de rupture  » :  » Le gap – écart – entre nos crédits et nos besoins s’accroît depuis 2010. Cette année, il atteint 2,2 milliards… « 

La stratégie des bouts de chandelle s’épuise. Pour ne pas froisser les élus locaux, on a maintenu 3 600 brigades de gendarmerie en activité. Et tant pis si 150 d’entre elles enregistrent moins d’une plainte par semaine ! La carte des compagnies républicaines de sécurité (CRS) date de 1945. Plutôt que d’y toucher, Nicolas Sarkozy a fait ramener de 80 à 60 les effectifs d’une compagnie sans en diminuer le nombre. Autant d’astuces qui n’ont qu’un temps.

Faire plus suppose d’être créatif, ce qui n’est pas impossible. La chancellerie rêve par exemple de pouvoir recycler les 400 millions d’économies envisagées sur les frais de justice, avec la mise en place d’une plate-forme nationale des interceptions judiciaires.

D’autres économies sont possibles, à condition de réorganiser l’Etat – c’est l’un des objectifs de la modernisation de l’action publique. Laissons parler ce haut fonctionnaire proche de la majorité :  » Soit on va plus loin sur les effectifs, en ne remplaçant qu’un fonctionnaire sur trois ou sur quatre partant à la retraite, et on décale en fin de quinquennat les promesses de recrutement ; soit on joue sur le catégoriel et on gèle les avancements, ce qui ne peut se faire qu’au niveau interministériel ; soit on taille dans les dépenses d’intervention : ainsi Bercy a chiffré à 2 ou 3 milliards d’euros d’économies, dès la première année, le gel de l’indexation des prestations sociales.  » Explosif.

Claire Guélaud

    La Cour des comptes cible la Garde républicaine

    Dans un référé publié mardi 7 mai, la Cour des comptes demande une  » revue générale  » de la protection de l’Elysée, de Matignon ou de l’Assemblée nationale, assurée par la prestigieuse Garde républicaine, pour un coût annuel de 280 millions d’euros. La Cour des comptes estime que les  » missions de la Garde répondent davantage à des objectifs de prestige qu’à des besoins de sécurité « . Elle demande par ailleurs la fusion de deux formations musicales de la gendarmerie en un ensemble unique  » pour poursuivre les économies de personnel « .

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La théorie des coins

Je suis tombé par hasard sur la ‘Théorie des coins de stabilisation‘ dont Science et Vie avait parlé en 2006.

L’article dit que nous ne pourrons pas résoudre la problématique du réchauffement par un coup de baguette magique, mais qu’il faudra adopter un ensemble de solutions. D’où les ‘coins’ qui sont autant de solutions pour réduire notre impact. Il reste furieusement d’actualité et ferait bien d’être pris en compte par nos politiques, tant leurs solutions sont basiques et médiocres.

Comme cela date quelque peu, je pense que je peux reproduire cet article qui est de grande qualité. Je ne pense pas que Science et Vie me tienne rigueur de publier cet article 7 ans après, d’autant plus qu’il est particulièrement introuvable. Par contre, si le coeur vous en dit, vous pouvez vous abonner à Science et Vie, qui est un magazine de grande qualité. Son service ‘Archives’ permet de retrouver ce genre de perles.

Il est disponible ici : http://archives.science-et-vie.com/

Bref, cet article est un « cadeau » (quoique je ne sais pas si on peut parler d’un cadeau quand le présent ne nous appartient pas…) qui vous invite à vous abonner au magazine comme le sont les différents « cadeaux » faits tout au long de ce blog pour vous inciter à vous abonner au journal ‘Le Monde’, journal de grande qualité lui aussi.

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Une ville ne peut faire faillite en France… mais la France le peut elle…

Ah ! Il est beau cet article ! Rassurons-nous donc : aucune ville de France ne peut être en faillite ! Ouf !

Ouf ?

Je rappellerais juste le budget Français voté en 2013 par notre classe politique. Par toute cette belle classe politique qui a fait Science-Po et ENA.

en millions €
BUDGET GÉNÉRAL

RESSOURCES :
Total des ressources nettes du budget général (A)  240 016

CHARGES :
Total des charges nettes du budget général (B)     302 640

SOLDE DU BUDGET GÉNÉRAL (C=A-B)
– 62 624

En clair, la France gagne 240 Milliards d’Euros par an et en dépense 302. Soit un déficit, annuel de 62 Milliards représentant 26% des recettes.

C’est comme ci un ménage gagnait 2400Euros / mois et en dépensait 3000. Est-ce tenable ?

Petite cerise sur le gateau : la charge de la dette de l’Etat, qui représente le paiement des intérêts des emprunts passés (j’insiste sur INTERETS, c’est à dire que c’est de l’argent qui ne rembourse pas le capital des emprunts passés !), représente, à elle seule, 46 Milliards !

Donc, sur les 62 Milliards de trou, on en paie 46 pour rembourser les intérêts des emprunts passés ! On emprunte donc pour rembourser les intérêts du passé !

Est-ce viable ?

L’image est cliquable pour un rendu plus gros…

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Une ville peut-elle faire faillite en France ?

Le Monde.fr | 19.07.2013 à 19h32 • Mis à jour le 19.07.2013 à 20h28 | Par Nicolas Chapuis

Une ville entière qui demande à mettre la clé sous la porte. La scène paraît surréaliste mais vient de se produire à Detroit aux Etats-Unis, où la cité de plus de 700 000 habitants, grevée par une dette de quelque 18 milliards de dollars (13,7 milliards d’euros), s’est déclarée en faillite jeudi 18 juillet. Une commune en France pourrait-elle atteindre ce point critique ? L’hypothèse apparaît improbable et de nombreux garde-fous existent de ce côté-ci de l’Atlantique pour empêcher la descente aux enfers.

UN NIVEAU D’ENDETTEMENT MOINDRE

Les communes françaises ne peuvent théoriquement pas atteindre le niveau de dette record des villes américaines, qui dans le cas de Detroit se compte en milliards. Tout d’abord, il est interdit en France d’emprunter pour « combler un déficit de la section de fonctionnement ou une insuffisance des ressources propres ». En clair, le code général des collectivités locales n’autorise le recours à l’emprunt que pour financer des investissements, pas pour les frais courants.

Pour surveiller et éviter les écarts, les comptes de chaque commune sont contrôlés par l’Etat. Le budget des communes est établi en début d’année. Au mois de juin, le compte administratif, qui permet de vérifier les dépenses par rapport aux prévisions, est établi et voté. L’administrateur des finances publiques, représentant comptable de l’Etat dans le département, certifie la bonne tenue des comptes.

Par ailleurs, depuis 1993, l’administration a mis en place un réseau d’alerte interne sur les finances des communes. Il s’agit de détecter celles qui se retrouvent dans des situations critiques, en surveillant notamment le niveau d’endettement et la pression fiscale.

L’ARME SUPRÊME : LA MISE SOUS TUTELLE

Ces outils ne permettent pas d’éviter à chaque fois le décrochement d’une ville. Dans l’hypothèse d’un déficit grave, les préfets peuvent prendre le contrôle des opérations et imposer des mesures drastiques, notamment des hausses d’impôt ou des réductions des dépenses publiques. Ce fut le cas à Grigny en 2009, où la commune de l’Essonne se retrouva avec un déficit insupportable de 15,5 millions d’euros. Faute de budget adapté à la gravité de la situation, le préfet avait suivi les recommandations de la chambre régionale des comptes : les taxes foncières avaient bondi de 50 % et la taxe d’habitation de 44,26 %. Ces hausses s’étaient accompagnées d’une réduction autoritaire des dépenses de personnel et des subventions aux associations.

Plus récemment, dans le Val-d’Oise, la ville de Beauchamp a subi le même sort. Mais les élus ont refusé de voter un budget qui prévoyait une hausse de 27 % de la taxe foncière. Le maire a retiré le vote, provoquant de facto la mise sous tutelle de la ville. Depuis, la chambre régionale des comptes a rendu son verdict : elle demande une augmentation de 30 % de la taxe foncière.

LA MENACE DES EMPRUNTS TOXIQUES

Si le risque de faillite des villes françaises est donc quasi nul, les investissements dans des emprunts toxiques avaient mis beaucoup de communes dans le rouge après la crise des subprimes en 2008. C’était le cas à Argenteuil dans le Val-d’Oise, où le conseil municipal (majorité UMP) avait contracté un emprunt toxique auprès de Dexia. Une situation dénoncée par Philippe Doucet, maire PS à partir de 2008 : « L’Etat a laissé les communautés locales investir dans ces produits financiers douteux. L’administration a cautionné. Quand je suis arrivé à la tête de la ville, il y avait un autofinancement négatif. Cela s’est traduit par des fortes hausses d’impôts pour rétablir les comptes. »

Des centaines de villes avaient ainsi dû renégocier leurs emprunts. Mais pour l’élu du Val-d’Oise, aucune commune ne peut faire faillite. « En France, c’est structurellement impossible, le préfet intervient avant et augmente les impôts autant qu’il le faut. C’est la différence entre un pays totalement libéral comme les Etats-Unis et la France qui conserve sa tradition centralisatrice de contrôle des collectivités. »

Nicolas Chapuis

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M. Aphatie : le plus grand mensonge est son statut de journaliste.

Il est clair que s’il suffisait de lire ‘Le Monde’ toute la journée pour en faire un commentaire le soir en donnant, bien entendu, son opinion personnelle, la France compterait de nombreux ‘journalistes’ !

Le plus grand mensonge de l’affaire Cahuzac c’est de dire que Jean Michel Aphatie est un journaliste !

On parle de journalisme ‘assis’. En fait, le journalisme ‘assis’ n’en est pas un. Le journalisme c’est la recherche de la vérité, l’investigation et les enquêtes. Rester assis sur une chaise en lisant son canard favori ne devrait pas autoriser son auteur à obtenir sa carte de presse. Nous vivons dans un pays qui a une drôle notion en matière journalistique…

On devrait donc retirer sa carte à M. Aphatie car il ne la mérite, tout simplement, pas.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 18 Avril 2013

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Jean-Michel Aphatie, l’épreuve irréfutable
M le magazine du Monde | 18.04.2013 à 17h37 • Mis à jour le 21.04.2013 à 09h17
Par Daniel Psenny et Pierre Jaxel

A 21 ans, jeune homme sans boussole et sans diplômes, Jean-Michel Aphatie a fait le garçon de café à Lourdes, où il a servi une saison durant une procession de pèlerins. Il n’a pourtant pas développé le moindre goût pour l’art catholique du mea culpa. L’intervieweur et chroniqueur vedette de RTL et de Canal+ se révèle même aujourd’hui du genre impénitent. Et fier de l’être…

Panache ou arrogance ? Voilà quinze jours que ses oreilles sifflent, qu’il affronte quolibets sur les réseaux sociaux et moqueries des confrères. Mais il n’en démord pas. Oui, veut-il bien admettre, « Edwy Plenel avait raison ». Jérôme Cahuzac, comme le disait Mediapart depuis décembre, était bien coupable d’avoir caché un compte en Suisse. Mais, non, ne comptez pas sur lui pour convenir qu’il avait tort. « On nous demandait de croire l’histoire sur parole. Où étaient les preuves ? C’est trop facile ! », enrage-t-il, fidèle à sa ligne. Plus saint Thomas que jamais.

L’histoire de Jean-Michel Aphatie, 54 ans, est celle d’une « victime collatérale », sur le champ de bataille médiatique, du scandale Cahuzac qui dynamite la politique française depuis le début du mois d’avril. Une histoire anecdotique mais si révélatrice des grands débats et des petites haines qui agitent le théâtre du journalisme parisien. Tout a commencé voilà quatre mois, en décembre 2012.

Dès les premières révélations de Mediapart sur le ministre du budget, Jean-Michel Aphatie dénonce le manque de sérieux de l’enquête, sans faire de demi-mesure. « Des preuves ! Montrez-nous les preuves ! », demande-t-il sur tous les tons à l’antenne, sur son blog et sur Twitter, au directeur de Mediapart, Edwy Plenel, et au rédacteur des articles, Fabrice Arfi. La joute entre les trois hommes, à coup de phrases et de minimessages incendiaires, devient rapidement prisée des amateurs de polémiques.

Jean-Michel Aphatie s’est-il laissé emporter par ses convictions ? Certains le pensent. « Lors de la nomination du gouvernement, il disait que c’étaient tous des brêles, sauf Cahuzac », se souvient un collègue. L’intéressé s’en défend. Il assure n’avoir mené sa croisade qu’au nom d’une certaine éthique du journalisme, où l’on ne cloue pas quelqu’un au pilori « sans biscuit ». Las, si son discours pouvait s’entendre avant le 2 avril – une majorité de journalistes pensaient comme lui, car des affaires « révélées » par Edwy Plenel avaient déjà fait « pschitt » -, il est devenu subitement inaudible. Lorsque Jérôme Cahuzac est passé à confesse, les « allégations » sont devenues une réalité indiscutable et le plus gros scandale politique du début de quinquennat de François Hollande. Fâcheux, pour celui qui a envoyé près de 80 tweets, selon le décompte de l’observatoire des médias Acrimed, pour ironiser pendant des semaines sur la légèreté de ses confrères. Le retour de bâton ne s’est pas fait attendre : « Je n’en ai jamais pris autant plein la tronche », admet Jean-Michel Aphatie.

LES PREUVES

« Des preuuuuves, je veux des preuuuuves ! », l’a imité d’une petite voix chevrotante mais implacable l’humoriste Sophia Aram, sur France Inter, au lendemain matin des aveux. Le soir, « Les Guignols de l’info », dans « Le Grand Journal », ont rétrogradé sa marionnette à l’accent chantant à la présentation de la météo. « Ils ne savaient pas comment l’utiliser, ils ont trouvé », constate Jean-Michel Aphatie. Depuis, ils ne le lâchent pas… Les téléspectateurs n’en ont rien su mais, au bout de quelques jours, le 8 avril, le chroniqueur a quitté le plateau au milieu des « Guignols », excédé d’être ainsi ridiculisé. Dès le 3 avril, Eva Joly l’a attaqué bille en tête, l’interpellant d’un : « Vous, monsieur Aphatie, qui avez hurlé avec les loups, qui avez mis votre plume de chroniqueur au service des puissants ! » Dur. Le lendemain, Florian Philippot, le vice-président du Front national, en a remis une louche, lui faisant remarquer qu’il n’était « pas le mieux placé » pour évoquer l’affaire Cahuzac.

A l’inverse de sa marionnette, le journaliste n’a pas été sanctionné. « Il a, à juste titre, remis en cause les méthodes de Mediapart et sa conception du journalisme en posant les bonnes questions, mais il n’a jamais défendu Jérôme Cahuzac », juge Jacques Esnous, directeur de la rédaction de RTL. « Je ne lui en veux pas d’avoir pris position, même s’il s’est trompé. C’est son travail d’éditorialiste », assure Renaud Le Van Kim, coproducteur du « Grand Journal ». Mais sur les réseaux sociaux, Jean-Michel Aphatie est devenu le symbole conspué d’un journalisme « assis », au mieux inoffensif et inutile, au pire complice des pouvoirs. « Il fait du journalisme de bureau peopolisé par Canal+ », résume un confrère tenant de cette ligne.

Quelques jours plus tard, dans le bar d’un discret hôtel du huitième arrondissement de Paris, Jean-Michel Aphatie n’hésite pas à élargir le débat. Ce qu’il voit de l’évolution du journalisme, explique-t-il, ne lui plaît guère. Et c’est, au fond, ce qui motive son combat. « La fin ne justifie pas les moyens », résume-t-il toujours persuadé que l’équipe de Mediapart, au départ, n’avait pas de « preuves ». « La preuve, ce n’est pas un mot de journaliste, c’est un mot judiciaire, un mot de procureur », lui avait rétorqué Edwy Plenel en janvier. Mais Jean-Michel Aphatie s’accroche : « C’est fascinant. Regardez WikiLeaks. Tout le monde dit que c’est un travail merveilleux. Personne ne dit que c’est du vol de données informatiques ! Après, que va-t-on faire ? Cambrioler des maisons au nom de la vérité ? Tuer pour arracher des secrets ? » Il poursuit, intarissable : « Lorsqu’une équipe de télévision va chez la soeur de Mohamed Merah avec des micros dissimulés et lui fait dire qu’elle est antisémite, c’est des méthodes de policiers ! » Avec celles de Jean-Michel Aphatie, riposte-t-on à Mediapart dans un dialogue de sourds, nul risque de soulever le couvercle des secrets de la cocotte-minute républicaine. Et adieu Rainbow Warrior, Irlandais de Vincennes ou Watergate…

Pourquoi tant d’acrimonie ? Le glabre Aphatie et le moustachu Plenel se connaissent depuis longtemps. En 1998 et 1999, pendant un peu moins d’un an, le premier travailla sous les ordres du second, qui dirigeait la rédaction du Monde. Jean-Michel Aphatie assure qu’il a eu « beaucoup de bonheur » à travailler avec un « aiguilleur talentueux, doté d’un vrai sens de l’actualité ». Dans son livre autobiographique Liberté, égalité, réalité (Stock, 2006), il louait déjà ses qualités. Mais il tempérait son jugement de quelques anecdotes qui illustraient deux manières opposées d’appréhender le métier. Il écrit ainsi qu’Edwy Plenel, victime de son « emballement » dans l’affaire des paillotes brûlées en Corse par des gendarmes, où il voulait voir le bras de Lionel Jospin, « avait livré dans son édito la thèse qu’aucun de ses journalistes ne parvenait à valider dans les articles du Monde ». Dans son ouvrage, Jean-Michel Aphatie donne sa conception du parcours professionnel réussi d’un journaliste : finir éditorialiste. Cela ne va pas de soi, faisons-nous remarquer. « C’est vrai. Mais, personnellement, j’ai compris avec le temps que je préférais ramener ma fraise qu’enquêter. »

RASTIGNAC MODERNE

Avant de « ramener sa fraise » à l’antenne, Jean-Michel Aphatie a eu un parcours atypique. Il fut un adolescent dilettante, fils d’épiciers, qui arrêta ses études à 14 ans, BEPC en poche – obtenu au repêchage. Inquiétant ses parents, il développa un début d’ulcère à 18 ans. Il vendit des voitures, d’abord au noir. Et s’essaya donc à faire le garçon de café, dans la torpeur estivale de Lourdes, même si sa mère pensait ce métier « trop dur » pour lui. C’est, raconte-t-il, l’élection de François Mitterrand, en 1981, qui a agi comme une révélation, bien qu’il n’ait pas voté. Il prend conscience, d’un coup, qu’il est possible de vivre l’histoire. Il adhère au Parti socialiste, où il reste quatre ans, se sentant rapidement plus proche du goût pour l’orthodoxie budgétaire des rocardiens que des plus révolutionnaires de ses camarades. A 22 ans, il reprend aussi le chemin des études, pour compléter son bagage intellectuel, fait de lectures accumulées en désordre. Il passe son baccalauréat et étudie quatre années à la faculté de Pau, où il milite autant qu’il travaille. Jeune barbu de gauche, il comprend pourtant à cette époque que le « grand soir » n’est pas son affaire.

Ce qu’il aime, c’est l’analyse et l’électricité des débats. Après avoir obtenu une maîtrise de droit public, il décide d’entrer à l’IUT de journalisme de Bordeaux. Une année qu’il finance en revendant sa Renault 5. Puis, en 1986, il « monte » à Paris, avec une idée désormais bien ancrée : devenir journaliste politique. Dans la capitale, il débute par quelques piges, puis se pose à Politis, hebdomadaire lancé par Bernard Langlois, Michel Naudy, Jean-Paul Besset et Bernard Galland, tous bien plus à gauche que lui. Il y fait ses armes, s’en va deux ans plus tard. « J’ai vécu trois dépôts de bilan. Ça suffisait… », raconte-t-il. Il commence ensuite une vie de nomade des rédactions. Libération, Le Journal du dimanche, Le Parisien, L’Express. Et Le Monde, enfin. Ses ex-collègues se souviennent d’un gars plutôt « sympa », « bosseur », « méticuleux », même s’il pouvait être parfois « têtu » et toujours « ambitieux ».

C’est à cette époque de migrations qu’il dit avoir vécu son « pire souvenir » professionnel. Une blessure d’ego. En mai 1991, il part du jour au lendemain de Libération, après avoir appris que son contrat ne serait pas renouvelé. En 1999, c’est Le Monde, Edwy Plenel et la presse écrite qu’il quitte pour s’installer à la radio, qui devient sa passion. D’abord sur France Inter, puis sur RTL, qui lui confie les rênes de l’interview du matin, en 2004. Deux ans plus tard, Canal+ le choisit pour incarner la politique au « Grand Journal ». Il peaufine son style pétulant, éruptif et développe son antienne, qui ne cesse d’irriter à gauche : la nécessité de lutter contre les déficits et la dette.

De la province à la capitale, du cancre à la star des plateaux, du socialiste au chantre de la « pensée unique », il est facile d’écrire son histoire à la manière d’un Rastignac moderne qui aurait oublié de lester ses valises de convictions. Ça l’irrite. « On ne cesse de râler contre la reproduction des élites. Ma mère a fait des ménages, a grandi dans une maison dont les sols étaient en terre battue. Mon père a commencé dans une ferme. Le génie français m’a permis d’être ce que je suis. Ça suscite de la jalousie et des critiques, c’est minable », balaie-t-il. Et « l’analyste » revient au pas de charge, pour asséner : « C’est la crise qui crée l’envie et les envieux. »

COMPÉTITION

Cela fait belle lurette que ses chroniques tranchées, ses avis présentés comme des vérités et son côté « cumulard » des médias suscitent l’agacement. L’affaire Cahuzac offre une fenêtre de tir à ses détracteurs. « C’est un type d’une arrogance incroyable. Il pense être les médias à lui tout seul, ne supporte aucune critique. C’est un excellent intervieweur mais un mauvais chroniqueur, qui mouline deux idées obsessionnelles, le déficit et la dette, alors qu’il nous fait le coup de l’objectivité incarnée ! », l’éreinte l’éditorialiste Jean-François Kahn, qui n’a pas attendu ce dernier épisode pour monter au créneau. « Il est toujours bienveillant avec ceux qui l’emploient mais ne se prive pas d’attaquer la concurrence. C’est un mercenaire de l’info qui fait payer cher sa parole », ajoute Daniel Schneidermann, fondateur d' »Arrêt sur images », autre contempteur parmi les plus assidus.

Sur Twitter, Jean-Michel Aphatie répond aux critiques par l’ironie : « J’ai les bœufs carottes [la police des polices] qui me suivent. » Jean-François Kahn refuse pourtant, cette fois, de l’accabler : « Je trouve le déchaînement contre lui injuste. Sa position, lorsqu’il demandait des preuves, n’était pas scandaleuse, même si je n’étais pas d’accord avec lui. On a le droit de débattre. » Jean-Paul Besset, ancien de Politis et du Monde, devenu député européen écologiste, se montre indulgent pour son ex-confrère et son tempérament emporté : « Il est dans l’excès de la passion, avec ses colères homériques. Il ne supporte pas le mensonge et les postures et, aujourd’hui, il reste fidèle à lui-même. Il persévère dans l’erreur, avec passion. C’est un bagarreur. »

L’intéressé confesse qu’il goûte peu l’introspection, à l’inverse de la compétition. « J’aime le combat. Je suis lancé dans la course jusqu’au jour où ça s’arrêtera », dit-il, en tapant sur son cœur. Dans sa loge du « Grand Journal », nous lui demandons si, à l’instar de la bimbo siliconée de la téléralité Nabilla, invitée de l’émission de Canal+ ce soir-là, qui a déposé sa formule culte « Non mais allô, quoi… », il envisage de créer une marque pour protéger les droits de son fameux : « Des preuuuuves ! » « Ah, ça, ce n’est pas Plenel qui le ferait », se marre-t-il. Incorrigible.

Daniel Psenny et Pierre Jaxel

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Il faut contrôler les salariés du secteur public

Il faut renforcer les contrôles des arrêts maladie dans la fonction publique et se concentrer sur les arrêts les plus longs, car les plus coûteux. L’argent économisé permettrait de pouvoir renforcer les indemnisations des agents et des salariés les plus précaires.

C’est une simple question d’égalité. Cela nécessite du courage de s’atteler à cette tâche, mais la viabilité de notre système de santé en dépend.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 26 Avril 2013

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Le coût des arrêts maladie a augmenté de 46,5 % en douze ans
L’allongement de la vie professionnelle et le vieillissement de la population active contribuent à la hausse des indemnités journalières. Un rapport préconise de multiplier les contrôles

Il faut renforcer les contrôles sur les arrêts de travail dont le coût a nettement augmenté en dix ans. C’est l’une des principales préconisations du  » rapport d’information  » remis, mercredi 24 avril, par Bérengère Poletti, député (UMP) des Ardennes. Ses conclusions ont été adoptées par l’ensemble des élus, de droite et de gauche, qui siègent à la mission d’évaluation des lois de financement de la Sécurité sociale, à l’Assemblée nationale.

Quelle est l’ampleur du phénomène ? Le nombre de journées d’arrêt de travail, liés à une maladie et couverts par la  » Sécu « , est passé de 180 millions en 2000 à 204 millions en 2011. Durant cette période, les indemnités journalières accordées aux salariés ont progressé de 46,5 %, passant de 4,3 milliards à 6,3 milliards d’euros. Toutefois, la tendance n’est pas linéaire durant la décennie écoulée et une baisse a même été enregistrée en 2012 (- 1,6 %).

Si l’on inclut les sommes relatives à la prise en charge des accidents du travail et des maladies professionnelles, les dépenses ont atteint 8,9 milliards d’euros en 2011 (9,343 milliards en tenant compte des salariés agricoles et des indépendants).

Les trois quarts des arrêts maladie sont d’une durée inférieure à 30 jours mais ils ne représentent que 20 % de l’indemnisation. A l’inverse, les arrêts de plus de 6 mois, quoique peu nombreux (5 % du total), concentrent 40 % de la dépense.

Y a-t-il une différence entre public et privé ? Les comparaisons sont  » délicates « , écrit Mme Poletti, du fait de la fragilité de certains indicateurs. Sur la période 2003-2011, la proportion d’absences pour maladie s’élève à 3,9 % chez les agents titulaires de la fonction publique, 3,7 % pour les salariés du privé disposant d’un CDI de plus d’un an et 2,6 % chez les précaires (CDD, intérim).

Les disparités sont fortes au sein du secteur public. Le nombre moyen de journées d’arrêt-maladie par agent était de 13 dans la fonction publique d’Etat en 2003 (dernière année connue). Les chiffres sont plus élevés dans les collectivités locales : presque 30 jours s’agissant des régions, 21 pour les départements et 24 dans les communes, en 2011.

Quelles sont les causes de l’absentéisme ?

Plusieurs  » facteurs se conjuguent « , souligne le rapport. Le vieillissement de la population active et l’allongement de la vie professionnelle ont une incidence. Entre 2008 et 2011, les salariés de plus de 50 ans ayant bénéficié d’un arrêt-maladie ont augmenté de 8,5 %, soit un rythme plus soutenu que celui du nombre total d’arrêts (+1,4 %). La durée des absences s’accroît avec l’âge : en moyenne, elle est 3,5 fois plus importante pour les salariés de plus de 60 ans que pour ceux de 30 ans.

Mme Poletti met également en avant la pénibilité physique de certains métiers et les risques psycho-sociaux, en hausse. Enfin, la densité des praticiens joue un rôle :  » L’offre de soins étant plus importante, il est plus facile de se faire prescrire un arrêt maladie « , note le rapport.

Y a-t-il des abus et des fraudes ? En 2011, l’assurance-maladie a déposé 166 plaintes pénales contre des fraudes administratives (fausses déclarations, etc.). Celles qui avaient pu être détectées en amont, il y a deux ans, représentaient un  » préjudice évité  » de près de 370 000 euros.

Les actions de contrôle à l’égard des assurés et des professionnels de santé ont permis d’économiser 421 millions d’euros en 2011. Mais elle balaient trop large, aux yeux de Mme Poletti, et  » ne jouent pas nécessairement leur rôle de dissuasion « . En outre, de nombreux acteurs interviennent dans ces procédures  » sans grande coordination « .

Quelles sont les pistes d’amélioration ? La moitié des préconisations du rapport porte sur le contrôle du dispositif. L’une d’elles suggère de mieux vérifier les arrêts de travail de plus de 7 jours, l’assurance-maladie ayant tendance, pour l’heure, à concentrer ses efforts sur les absences de plus de 45 jours (qui sont les plus coûteux).

Mme Poletti propose aussi de  » généraliser le contrôle par l’assurance-maladie  » des agents de la fonction publique. Des mesures allant dans ce sens avaient été expérimentées, grâce à une loi votée fin 2009, mais elles ont  » rencontré des difficultés dans – leur – mise en oeuvre opérationnelle « , relève, pudiquement, le rapport.

Enfin, la députée aimerait que la réglementation soit modifiée pour prévoir une meilleure indemnisation des travailleurs précaires. Ceux-ci sont souvent privés de toute couverture, à cause d’une durée d’affiliation trop courte ou d’un nombre d’heures travaillées insuffisant. Mais Mme Poletti prend soin de préciser qu’avant de s’engager dans une telle voie, il conviendrait d’en évaluer le coût…

Bertrand Bissuel

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Il faut en finir avec les pratiques des opticiens

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Les opticiens vivent sur un principe économique qui est financé par les mutuelles. Cela n’est pas viable à terme car les mutuelles vivent des subsides de leurs adhérents. On ne peut pas continuer à cautionner des taux de marges bruts phénoménaux où des opticiens sont capables de gagner leur vie en ne vendant que deux paires par jour !

Il faut donc que l’Etat y mette le hola pour préserver l’équilibre économique des mutuelles. Les mutuelles doivent être interdites de rembourser des montures de lunettes à plus de 100Euros, montures dont le taux de marge approche régulièrement les 1000%.

M. Vallini étant un fan de lunettes devant l’éternel, je n’ai pu résister à mettre sa photo pour agrémenter cet article 😉

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 24 Avril 2013

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Optique : la concurrence s’accroît, les marges aussi
Selon l’association UFC-Que choisir, chaque paire de lunettes rapporte 275 euros en moyenne au vendeur

Qu’il soit myope, presbyte, ou les deux, le porteur de lunettes risque de relire plusieurs fois le chiffre, pour s’assurer qu’il ne s’y méprend pas. Marge brute : 275 euros par paire de lunettes, soit 70 % du prix de vente. Selon une étude de l’UFC-Que Choisir publiée mardi 23 avril, c’est ce que touche en moyenne un opticien lorsqu’il vend une monture et des verres.

Une marge  » exorbitante « , estime l’association de consommateurs, qui avance une explication pour le moins paradoxale : le nombre croissant de magasins d’optiques, porté par l’augmentation du nombre de diplômés qui sortent chaque année des écoles d’optique.

 » Nous voyons se multiplier l’ouverture de boutiques sans que cette concurrence ne profite aux clients avec des prix en baisse, ce qui est contraire à toute logique économique, souligne Mathieu Escot, l’auteur de l’étude. Cela tient à la complexité des produits et à l’opacité tarifaire du marché, qui ne permet pas au consommateur de se repérer.

Avec 11 422 points de vente en France, le nombre d’opticiens a augmenté de 47 % en douze ans, alors que le besoin, lui, n’a progressé que de 13 %.  » Cette explosion ne correspond pas à une logique de santé publique, et ne peut s’expliquer que par la rentabilité élevée de l’activité de distribution de lunettes « , note le document.

Mais comme le marché a progressé moins vite que les implantations, le chiffre d’affaires par magasin a baissé de 6,6 % entre 2005 et 2012.  » L’an dernier, chaque magasin n’a vendu que 880 paires de lunettes, soit 2,8 équipements par jour ouvré « , souligne l’UFC-Que Choisir.  » Les frais fixes d’un magasin se répercutent sur ces seules 2,8 paires de lunettes.  » Maintenir la rentabilité suppose donc de vendre ses montures à des prix élevés.

Pour l’UFC-Que Choisir,  » cette multiplication injustifiée  » de boutiques génère un surcoût estimé à 54 euros par paire vendue. Deuxième facteur d’inflation,  » la seconde paire de lunettes offerte  » qui n’a de gratuit que le nom car les dépenses marketing représentent 60 euros par paire et  » plombe la facture des consommateurs « .

Pour baisser les prix, l’UFC-Que Choisir préconise de généraliser les réseaux de soins développés par les complémentaires santé. Ces dernières organisent des réseaux d’opticiens qui en contrepartie d’un volume d’activité important acceptent de baisser leurs tarifs.  » Des opticiens me disent qu’à ces prix-là, on ne peut plus vendre de la qualité. Moi, je sais combien coûte un loyer, un magasin, la publicité « , se défend Alain Afflelou, président du conseil de surveillance, du groupe du même nom. Pour lui, les dépenses des Français en optique sont dues au comportement des mutuelles et des assurances, qui ont créé des mauvaises habitudes chez les consommateurs :  » Il y a quinze ans, on changeait de lunettes tous les quatre ans. Désormais, c’est tous les ans…

Enquête sur les montures

Chez Krys, si Jean-Pierre Champion, directeur général du groupe, reconnaît que  » la marge brute est élevée  » pour payer les loyers des magasins et la masse salariale (30 % du chiffre d’affaires),  » il faut regarder la marge nette, qui est inférieure à 4 % « .

Par ailleurs, l’Autorité de la concurrence instruit une enquête sur le marché des montures, aux mains de quelques acteurs. Concernant la fabrication des verres, l’UFC-Que Choisir souligne qu’Essilor  » est en position de domination écrasante en France  » avec 66 % du marché. Cela lui permet  » d’afficher une rentabilité élevée « .

 » Il suffit d’aller dans n’importe quel magasin pour voir que les opticiens nous mettent en concurrence avec d’autres fabricants, mais c’est vrai nous sommes le leader sur les produits innovants et personnalisés, souvent plus haut de gamme et donc plus chers « , reconnaît Eric Léonard, directeur Europe d’Essilor. Celui-ci constate la montée en puissance des fabricants asiatiques avec des verres à bas prix.  » Ils détiennent, en volume, un quart du marché français environ.  » Depuis quelques mois, Marc Simoncini, qui a lancé en 2011 un site Internet de vente de lunettes et de lentilles de contact, bataille contre les grands réseaux d’opticiens. L’ancien patron de Meetic souhaite  » diviser par deux le prix d’une paire de lunettes « . Il s’est donné dix ans pour y arriver, et dit viser entre 3 % et 5 % du marché. Pour l’heure, il vend 10 % des lentilles en France et quasiment pas de lunettes. Les spécialistes lui mettent des batons dans les roues, argue-t-il.  » L’un des deux fournisseurs de montures de luxe – Safilo – ne veut pas nous vendre ses produits, et Essilor nous explique qu’il ne veut pas vendre ses verres sur Internet « , s’insurge M. Simoncini.

 » Il faut être très précis dans les mesures à prendre pour commander un verre complexe puis le monter correctement, ce que ne permet pas aujourd’hui Internet  » , répond M. Leonard.  » Nous aurions pu aussi aller sur le Web, mais il n’est pas encore possible de le faire. Il faut choisir, régler les montures. Nous ne sommes pas des épiciers ! « , s’énerve Alain Afflelou. De son côté, M. Simoncini dit  » ne pas comprendre la virulence des réactions  » du milieu de l’optique. Le 15 avril, il s’exprimait sur Twitter, rageur :  » Les chaussures sur Internet ça ne marchera jamais ! Le luxe ça ne marchera jamais ! Les rencontres ça ne marchera jamais ! L’optique… « 

Dominique Gallois et Julien Dupont-Calbo

    Un marché en expansion

    Toujours plus de magasins

    Le nombre de points de vente en France a progressé de 47 % entre 2000 et 2012, passant de 7 773 à 11 400 magasins. Selon l’association de consommateurs UFC-Que choisir, cette croissance dépasse largement l’augmentation des besoins médicaux de la population, estimée à + 13 % sur la même période. Chaque magasin ne vend aujourd’hui que 2,8 paires de lunettes par jour en moyenne.

    Des marges confortables

    Une paire de lunettes est vendue en moyenne 393 euros hors taxe (soit 470 euros TTC), 3,3 fois son prix d’achat par l’opticien (118 euros). Celui-ci dégage une marge brute de 275 euros.

    Des ventes qui progressent

    Le marché français représentait 5,794 milliards d’euros en 2012, selon l’institut d’études GfK, en hausse de 1,2 % par rapport à 2011. Depuis cinq ans, la progression du volume de ventes est constante.

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L’austérité est-elle nécessairement mauvaise ?

On constate, encore une fois, au vu de cet article, que les économistes ne sont pas à la hauteur de l’aura qu’on leur porte. En voilà donc qui disent que l’austérité stoppe la croissance : la belle affaire !

Remettons les choses à leur place en rappelant les fondements de l’économie.

Dans la vie, pour financer des dépenses, on peut soit économiser et travailler, soit emprunter. Beaucoup de pays ont choisi l’emprunt, argent facile par excellence. Cependant, un emprunt doit se rembourser. Car si on ne le rembourse pas, on ne peut plus emprunter, ou alors à des coûts faramineux, à la hauteur de risque que prend le prêteur vis à vis de l’emprunteur.

Ainsi, on peut être en difficulté lorsqu’il s’agit de rembourser ses dettes. On ne peut pas les rembourser d’un coup car on stoppe la croissance. C’est vrai. Mais l’austérité n’est pas en cause ! Si on gère l’argent en tant que personne responsable au départ, on évite d’avoir recours à l’emprunt, in fine au remboursement qui va avec !

C’est donc un peu facile de critiquer l’austérité. On n’aurait pas eu à le faire si on avait été responsable au début. Dans la fameuse fable de la fontaine, la cigale peut critiquer la fourmi qui ne prête pas, mais la cigale a été elle même bien plus fautive !

Savoir gérer correctement le budget aujourd’hui permet d’éviter les douleurs de demain : ces simples principes sont absent des pensées de nos économistes, et c’est cela qui permet de se poser des questions sur leurs compétences.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 20 Avril 2013

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Le désaveu de deux économistes américains met à mal les partisans de l’austérité
L’Américain Kenneth Rogoff a reconnu une erreur. Ses travaux démontraient qu’au-delà de 90 % du PIB, la dette publique fait chuter la croissance

Brillants économistes hier, écoutés des politiques et des puissants, les deux professeurs renommés de Harvard Kenneth Rogoff et Carmen Reinhart viennent soudain de basculer dans la disgrâce. L’origine du désaveu : une erreur. Ou plutôt  » une série d’erreurs  » qui se seraient nichées dans leurs travaux datant de 2010 sur les méfaits de l’endettement public (Growth in a Time of Debt,  » la croissance au temps de dette « ) à en croire Robert Pollin et Michael Ash, professeurs d’économie à l’université du Massachusetts.

Ces fautes sont suffisamment importantes pour démonter leur thèse affirmant – statistiques à l’appui – qu’une dette publique, lorsqu’elle dépasse le seuil de 90 % du produit intérieur brut (PIB), provoque un effondrement de la croissance. Ils avaient montré que le PIB, calculé sur 20 pays au cours de la période d’après-guerre, passait de + 3 % à + 4 % en moyenne à – 0,1 % dès que la dette franchit 90 %.

C’est en faisant travailler l’un de ses étudiants, Thomas Herndon, que le professeur Pollin a réalisé la faute commise par ses confrères.  » Mon étudiant ne parvenait pas à refaire la démonstration « , nous a-t-il expliqué au téléphone.

M. Pollin n’est pas un militant de la relance ni un fanatique de la dépense publique, mais il espère bien que la conclusion de ces  » contre-travaux  » arrivera jusqu’aux oreilles des chefs d’Etat. Car, aux Etats-Unis comme en Europe, le seuil de 90 % a été brandi comme un argument imparable pour les défenseurs de l’austérité.  » Beaucoup ignoraient sans doute l’origine de ce chiffre, poursuit M. Pollin, mais tous étaient persuadés qu’en basculant au-delà de ce 90 %, on tomberait dans l’abîme. « 

Blessé, M. Rogoff a reconnu la faute, assurant, dans une lettre datée du 17 avril, qu’il  » redoublerait d’efforts pour éviter, à l’avenir, de telles erreurs « . Mais il maintient l’idée d’un lien néfaste entre surendettement et croissance. Il n’empêche. Encensés hier pour leurs travaux, M. Rogoff et Mme Reinhart, sont aujourd’hui accusés par la blogosphère d’avoir  » bidouillé  » des chiffres pour défendre leur thèse, et d’avoir détruit des millions d’emplois en incitant les Etats à faire de la réduction des déficits une priorité.

 » Orientés politiquement « 

 » Ce n’est pas la première fois que nos travaux sont accusés d’être orientés politiquement « , signale, un peu désabusé, M. Rogoff dans son courrier. Il rappelle que leurs analyses ont aussi été critiquées, il y a quelques mois, pour avoir influencé l’autre camp, celui de Barack Obama.

Au sein de la communauté académique la réaction est moins virulente. La plupart des économistes reconnaissent leurs  » travaux passionnants  » et attestent d’un lien entre surendettement et croissance.  » L’Etat, pour s’endetter, pompe les crédits « , pointe Gérard Béaur, chercheur au CNRS. C’est autant d’argent qui ne va pas dans l’économie réelle.  » Et à un moment ou un autre, poursuit-il, quelqu’un doit payer  » : le contribuable (par l’intermédiaire des hausses d’impôts), le consommateur (par les taxes indirectes) ou le rentier (par l’inflation).

Bref, il y a sans doute un lien entre dette et croissance, mais comment le démontrer ? Trop de paramètres entrent en jeu. Est-ce le surendettement qui fait chuter le PIB ou la baisse du PIB qui conduit à faire gonfler la dette ?

Finalement, la plus grave erreur de M. Rogoff et de Mme Reinhart est d’avoir agité  » un chiffre magique autour duquel tout s’ordonnerait « , pense Alain Alcouffe, professeur à l’université de Toulouse. Ce dernier s’est d’ailleurs déjà servi du  » cas Rogoff-Reinhart  » pour apprendre à ses élèves  » à se méfier de démonstrations statistiques trop parfaites « .

Claire Gatinois

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A quoi servent les IEP ?

La majorité de nos politiques et de nos dirigeants proviennent des IEP. Quand on voit l’argent que l’on dépense pour former des personnes qui seront incapables de voter un budget à l’équilibre pour la France, on peut ouvertement se poser des questions quant à la pertinence de la formation !

Nos futurs politiques ne sont pas les seuls à sortir des IEP : on a aussi des dirigeants comme M. Pépy, PDG de la SNCF, qui ne sait pas ce qu’est un client.

Bref, ces instituts coûtent beaucoup pour des résultats médiocres. On serait bien avisé de réformer ces instituts qui, très clairement, ne remplissent pas les objectifs de formation de nos dirigeants.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 18 Avril 2013

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Paris, régions : les sciences politiques ne se valent pas

Pour l’Etat, un étudiant de Sciences Po Toulouse vaut-il un étudiant de Sciences Po Paris ? La vieille querelle des inégalités de dotation publique entre les neuf instituts d’études politiques (IEP) de France est peut-être en passe d’être vidée. En recevant les six IEP les plus  » pauvres « , jeudi 11 avril, le ministère de l’enseignement supérieur a promis des discussions et assuré vouloir réduire les inégalités.

Se cabrant devant les efforts que l’Etat leur demande en 2012-2013, les IEP d’Aix-en-Provence, Lille, Lyon, Rennes, Strasbourg et Toulouse avaient écrit le 5 avril à leur ministre, Geneviève Fioraso, pour dire leur ras-le-bol. L’amputation de 5 % de leur dotation de fonctionnement, conséquence du surgel budgétaire décidé par le gouvernement, est  » perçue comme inéquitable « , préviennent les rebelles. Car  » cette décision vient amoindrir les moyens d’action d’établissements déjà sous-dotés  » qui se démènent notamment pour démocratiser l’enseignement supérieur.

L’Etat donne moins aux étudiants de ces six établissements qu’à ceux des trois autres IEP de France (Paris, Bordeaux, Grenoble). Si l’on rapporte la part publique du budget des IEP au nombre d’étudiants accueillis, la dotation est de 7 600 euros par étudiant à Paris, contre 2 600 euros à Lille (Le Monde du 2 février 2012).

L’entourage de Mme Fioraso réfute ce critère, lui préférant le nombre de postes payés par l’Etat pour cent étudiants : l’IEP le moins bien doté, Lille, dispose de 3,93 professeurs pour 100 étudiants, contre 7,3 à Grenoble. Le cabinet exclut l’IEP de Paris de cette comparaison, car  » son modèle est différent  » et l’établissement (qui a reçu 68 millions d’euros de l’Etat en 2012, sans compter une centaine de postes) paie lui-même l’essentiel de ses enseignants.

Toutefois, les inégalités seront comblées, assure le ministère. Huit postes ont été créés en 2013 à Aix-en-Provence, à Lille, à Rennes et à Toulouse. Cette politique  » serait poursuivie en 2014 et dans les années à venir « , ont confié des IEP en sortant du ministère.

Point sensible

Par ailleurs,  » Geneviève Fioraso a demandé à Frédéric Mion – le nouveau directeur de Sciences Po Paris – de reprendre une politique de coopération avec les IEP « , précise son entourage. Le point est sensible : quel rôle doit jouer la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP, qui gère l’IEP de Paris) ? Celle-ci, déplore le  » groupe des six « ,  » a cessé purement et simplement d’assumer ses devoirs vis-à-vis des IEP en région et fonctionne de facto au seul service de l’IEP de Paris, en contradiction flagrante avec les missions qui lui avaient été confiées à la Libération « .

Ce point fera notamment l’objet de  » discussions  » qui vont s’engager, sous l’égide du ministère. Mais un retour au statu quo ante a peu de chances d’aboutir. L’idée, aujourd’hui, est plutôt que les IEP s’affirment au sein de leur université de rattachement. Ils devront cependant coopérer avec la FNSP sur les concours, la recherche ou la gestion de la marque.

Reste une question :  » Pourquoi, s’interroge Pierre Mathiot, directeur de Lille, l’Etat continuerait-il de donner autant à la FNSP si elle cesse de jouer tout rôle de coordination ? Pourquoi ne pas attribuer directement au vrai réseau des IEP, le nôtre, une partie de la dotation donnée à Paris ? « 

Benoît Floc’h

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Les économistes sont-ils bien formés ?

Une chose frappe à la lecture de cet article : si le contenu des cours d’économie est à ce point sujet à caution, comment peut-on former des personnes qui seront des experts dans leur domaine ?

Malheureusement, la réponse va de soi : car la formation est défaillante, l’économiste ne peut être que défaillant.

L’économie n’est pas une science. L’écart entre la théorie et la pratique est tel qu’il ne respecte pas les principes mathématiques de base devant donner un cadre à la matière.

Ainsi, théoriquement, un crash économique doit avoir lieu tous les siècles. On en est loin, puisque un crash économique arrive en moyenne tous les 30 ans. Il manque donc une humilité dans le cadre de l’économie, humilité qui ne deviendra jamais la règle car les économistes vivent de leurs prédictions.

L’économiste, comme le disait Mitterrand est-il un incompétent ? Au vu de cet article, j’ai bien peur qu’il ait eu raison.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 18 Avril 2013

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Ma licence d’économie ne connaît pas la crise
Un collectif d’étudiants dénonce le manque de pluralité dans l’enseignement de l’économie à l’université, dont il juge l’approche trop éloignée de la réalité

Réuni en états généraux, samedi 6 avril, à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, le collectif d’étudiants Pour un enseignement pluraliste de l’économie dans le supérieur (PEPS) veut en finir avec  » cet enseignement de l’économie étrangement déconnecté de l’histoire qui s’écrit sous nos yeux « .

Leur souhait ? Que les cours s’ancrent dans l’actualité avant d’en venir à l’exposé des théories. Les étudiants partent du principe qu’il ne s’agit pas de former des chercheurs mais des cadres du privé capables de recul et d’adaptation. Ils réclament aussi l’application d’une vraie pluridisciplinarité pour étudier les faits à la lumière de plusieurs sciences sociales.

 » Nous sommes conscients que ce que nous réclamons exige une grande coordination des équipes pédagogiques et un bouleversement des méthodes « , concèdent les animateurs du collectif.  » Il faudra que les professeurs renouvellent le contenu de leurs cours chaque année « , persifle un étudiant dans la salle. Les enseignants présents prêtent une oreille attentive, à l’instar d’Etienne Wasmer, professeur d’économie à Sciences Po.  » L’initiative est intéressante et mérite d’être expérimentée « , juge-t-il prudemment.

D’autres sont plus dubitatifs. Professeur en prépa au lycée Henri-IV, pourtant favorable à l’initiative, Pascal Combemale prévient :  » Attention au tourisme pluridisciplinaire.  » Et il s’interroge :  » Aujourd’hui, où sont les professeurs capables d’une telle ouverture ?  »  » Il est nécessaire de tenir compte de la diversité des étudiants, des cursus, des établissements « , remarque Pascal Le Merrer, de l’Ecole normale supérieure de Lyon et directeur des journées de l’économie.

 » Il faut le dire, les enseignants chercheurs accaparés par leurs publications se préoccupent très peu de leurs étudiants. C’est d’ailleurs le seul métier pour lequel aucune formation n’est dispensée « , s’insurge Gilles Raveaud, maître de conférences en économie à l’Institut d’études européennes de l’université Paris-VIII, à Saint-Denis

 » Lorsque, dans une soirée, on m’interpelle sur, par exemple, ce qui se passe en ce moment à Chypre ou sur le chômage des jeunes, je suis incapable de répondre… Et je me pose des questions sur l’utilité de ce que j’apprends. L’actualité économique et sociale est dramatiquement absente des cursus d’économie « , explique Arthur Jatteau, doctorant à l’université d’Amiens.  » Nous sommes déçus des cours. Ils ne nous permettent pas de parler, d’analyser la majorité des événements actuels ni, a fortiori, la crise « , surenchérit un autre étudiant.  » Lorsque je ressors, en travaux dirigés, un exercice sur la croissance, qui date d’il y a cinq ans, je n’y crois pas moi-même « , témoigne une doctorante chargée de cours à Paris-I. La crise ne fait qu’accentuer le divorce entre la théorie et la réalité.

La contestation des étudiants du PEPS pointe un triple manque de pluralisme de leur enseignement : leurs cursus ne sont pas assez ouverts sur les autres sciences sociales, une part trop belle est faite à l’approche quantitative statistiques, probabilités, économétries, modélisations , au détriment d’une démarche qualitative, d’enquêtes de terrain, d’entretiens ; et pour clore le tout, les étudiants jugent l’approche orthodoxe néoclassique omniprésente :  » Nous ne sommes pas anti-école néoclassique mais nous souhaitons la replacer dans le cadre plus général des sciences économiques, afin qu’elle soit enseignée au même titre que les autres écoles de pensée « , précise Arthur Jatteau. En étudiants consciencieux, les membres du collectif prouvent le bien-fondé de leur malaise et ont, pour cela, disséqué le contenu de 50 (sur 54) licences d’économie et d’écogestion proposées par les universités.

L’épistémologie, par exemple, qui est l’étude critique des sciences, n’est proposée que dans une seule université. L’histoire de la pensée économique ne représente que 1,7 % des enseignements, une quinzaine d’universités faisant l’impasse dessus.  » Or l’histoire de la formation des concepts et des théories est indispensable pour les relativiser et les replacer dans leur contexte « , juge Julie Dayot, étudiante membre du PEPS. Même sort pour l’histoire des faits économiques, présente dans 1,6 % des cursus.

En additionnant ces trois disciplines oubliées, que les étudiants appellent  » réflexives  » car elles permettent un regard sur l’économie en tant que science, on atteint 5,5 % des enseignements dispensés. A l’opposé, les outils techniques, statistiques, probabilités, économétrie, occupent 19,5 % des heures de cours. S’y ajoutent ce que les étudiants surnomment les cours  » mic-mac « , pour microéconomie (10,7 %) et macroéconomie (12,8 %).  » En classes prépa d’écoles de commerce, l’économie est peut-être enseignée avec plus d’ouverture, en particulier avec les cours d’analyse économique et historique des faits contemporains « , témoigne un élève de prépa.

Le mécontentement ne reste pas limité à la France puisque d’autres mouvements étudiants, en Allemagne et au Canada, ont, sans concertation entre eux, dressé le même constat. Le réseau allemand Plurale Ökonomik, par exemple, parti d’Heidelberg en 2003, a dressé sa carte des universités en leur attribuant une  » note de pluralité « . Dans sa lettre ouverte, le réseau demande que 20 % des chaires soient occupées par des économistes hétérodoxes et qu’y soient dispensés plus de cours sur l’histoire de la pensée économique.

Isabelle Rey-Lefebvre

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Notre système éducatif est en crise : il faut réagir !

Cette fois-ci, c’est sûr. Notre système éducatif est en crise. Il coûte cher et n’est pas bon. M. Prost, historien de l’éducation de son état en convient et tire la sonnette d’alarme.

Quand va-t-on enfin réagir et redonner à notre pays la place qui doit lui revenir en matière d’éducation ? Quand va-t-on avoir des politiques qui vont avoir le courage d’engager des réformes ambitieuses, si nécessaires, contre un corps enseignant ankylosé dans un système syndical d’un autre âge ?

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Le niveau scolaire baisse, cette fois-ci c’est vrai !
LE MONDE | 20.02.2013 à 14h43 • Mis à jour le 20.02.2013 à 15h03 Par Antoine Prost, historien de l’éducation

A force de crier au loup, c’est en vain qu’on appelle au secours s’il surgit… On a tellement dénoncé la baisse du niveau, alors qu’il montait, comme le montraient les évaluations faites à la veille du service militaire, lors des « trois jours », qu’aujourd’hui l’opinion ne s’alarme guère, alors qu’il baisse pour de bon.

Il faut pourtant sonner le tocsin. Tous les indicateurs sont au rouge. Dans les fameuses enquêtes PISA, la France est passée entre 2000 et 2009, pour la compréhension de l’écrit, du 10e rang sur 27 pays au 17e sur 33.

La proportion d’élèves qui ne maîtrisent pas cette compétence a augmenté d’un tiers, passant de 15,2 %, à 19,7 %. En mathématiques, nous reculons également et nous sommes dans la moyenne maintenant, alors que nous faisions partie du peloton de tête.

Ces chiffres gênent : on les conteste. Ce sont des évaluations de compétences à 15 ans, qui mesurent indirectement les acquisitions scolaires…

Et pour ne pas risquer d’être mal jugés, nous nous sommes retirés de l’enquête internationale sur les mathématiques et les sciences. Mieux vaut ne pas prendre sa température que de mesurer sa fièvre.

Mais cela ne l’empêche pas de monter. Les données s’accumulent.

Voici une autre enquête internationale qui, elle, fait référence aux programmes scolaires (Pirls). Elle porte sur les compétences en lecture après quatre années d’école obligatoire, donc à la fin du CM1.

En 2006, sur 21 pays européens, la France se place entre le 14e et le 19e rang selon les types de textes et les compétences évaluées.

Les enquêtes nationales vont dans le même sens. Le ministère a publié une synthèse des évaluations du niveau en CM2 de 1987 à 2007 (note d’information 08 38).

Si le niveau est resté stable de 1987 à 1997, il a en revanche nettement baissé entre 1997 et 2007. Le niveau en lecture qui était celui des 10 % les plus faibles en 1997 est, dix ans plus tard, celui de 21 % des élèves.

ENRAYER CETTE RÉGRESSION

La baisse se constate quelles que soient les compétences. A la même dictée, 46 % des élèves faisaient plus de 15 fautes en 2007, contre 21 % en 1997.

L’évolution en calcul est également négative. Le recul n’épargne que les enfants des cadres supérieurs et des professions intellectuelles, dont les enseignants.

Le dernier numéro (décembre 2012) d’Education et formations, la revue de la direction de l’évaluation du ministère, présente une étude sur le niveau en lecture en 1997 et 2007 : la proportion d’élèves en difficulté est passée de 14,9 %, à 19 %, soit une augmentation d’un tiers.

Un élève sur trois est faible en orthographe, contre un sur quatre dix ans plus tôt.

Il est urgent de réfléchir aux moyens d’enrayer cette régression. Les résultats convergents et accablants qui viennent d’être cités sont tous antérieurs à la semaine de quatre jours.

Qui peut soutenir qu’elle ait amélioré les choses ?

Cela dit, elle n’est pas seule en cause. Si l’on ne trouve pas les moyens de faire travailler plus efficacement les élèves, le déclin est inéluctable.

Le projet de Vincent Peillon donne opportunément la priorité au primaire, mais aucun ministre n’a de prise directe sur ce qui se fait dans les classes.

C’est aux professeurs des écoles et à leurs inspecteurs qu’il revient d’y réfléchir collectivement. Et le temps presse : nous avons un vrai problème de pédagogie qui ne se résoudra pas en un jour.

Antoine Prost, historien de l’éducation

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Ce n’est pas comme cela que l’on luttera contre le changement climatique

Le changement climatique ne peut que gagner face à ce manque de courage et à l’incompétence généralisée de nos politiques. Ils ne se rendent pas compte qu’agir comme cela ne peut que concourrir à nous conduire à notre propre perte. Cette perte et l’état déplorable dans lequel nous rendrons la planète à nos enfants, prend sa source dans cette bêtise, dans cette incompétence, dans cette irresponsabilité, dans cette lâcheté et médiocrité générale de nos politiques.

C’est honteux et cela mériterait quelques retours de bâtons.

Affligeant.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 18 Avril 2013

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Le plan de sauvetage du marché carbone rejeté
Le Parlement européen a voté, mardi 16 avril, contre un projet visant à relever le prix du CO2
Bruxelles Bureau européen

Le Parlement européen a-t-il signé l’arrêt de mort du marché du carbone ? Mardi 16 avril, à Strasbourg, une majorité de députés (334 voix contre 315 et 63 abstentions) a rejeté une proposition de la Commission européenne visant à sauver le principal instrument financier de la politique climatique de l’Union européenne (UE). Il s’agissait de geler provisoirement 900 millions de  » permis de polluer  » sur les 8,5 milliards qui doivent être mis aux enchères entre 2013 et 2020, dans le but de relever le cours du quota de CO2, devenu trop faible pour inciter les industriels à investir dans les techniques moins polluantes.

Le prix du CO2 s’est effondré : il avoisinait 25 euros la tonne en 2008, 7 euros en 2012 puis a chuté à 5 euros. Un effet de la crise, qui a limité la production, et donc les émissions. Après le vote des eurodéputés, le prix de la tonne a frôlé les 3 euros, son plus bas historique.

Les parlementaires partisans du  » non  » ont estimé qu’une intervention sur l’offre affaiblirait le système d’échange des quotas d’émission, créé en 2005 pour permettre à l’UE d’atteindre ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre. Ils ont également évoqué les menaces, pour la compétitivité des entreprises et la facture des consommateurs, d’un renchérissement du prix du carbone.

Des voix dissidentes se sont exprimées dans les principaux groupes politiques. Mais, même divisé, le Parti populaire européen (PP, conservateurs) a fait pencher la balance. Il a été sensible à l’intense lobbying des industriels qui avaient intérêt à maintenir le prix du CO2 à un niveau faible pour ne pas avoir à payer trop cher leurs émissions de gaz à effet de serre.

Avenir incertain

Les perdants sont, outre la commissaire européenne Connie Hedegaard, les Etats (France, Grande-Bretagne, Suède, Italie…) qui la soutenaient, mais aussi une quarantaine de grands groupes, notamment énergétiques, qui ont investi massivement dans les technologies non polluantes et appuyaient la proposition de Bruxelles.

L’avenir du dossier est incertain. Il est renvoyé en commission du Parlement et devrait, en principe, revenir en séance plénière. Mais rien n’indique qu’il pourrait y recevoir un écho plus favorable.

Mme Hedegaard dit espérer que les Etats reprendront la main et formuleront de nouvelles propositions. Mais le Conseil est divisé : Chypre est hostile, la Pologne veut protéger son industrie, les Pays-Bas et l’Allemagne planifient la construction de centrales au charbon, ce qui va aggraver la pollution, souligne Joris den Blanken, de Greenpeace Europe. Le député socialiste allemand Matthias Groote évoque  » un début de renationalisation de la politique climatique « . Ce qui pourrait engendrer une autre forme de concurrence entre les pays et une remise en question des objectifs climatiques de l’UE.

Jean-Pierre Stroobants

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Pour un renouvellement démocratique

M. De Langlade, candidat aux législatives en Isère en 2012, a soumis un certain nombre de points auxquels je souscris entièrement. Le gouvernement actuel serait bien aise de les reprendre à son compte.

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Article :

Pour une démocratie efficace :

Réduire le nombre de députés de 577 à 400 et donner aux députés les moyens de contrôle du gouvernement et de proposition législative.

Inscrire dans la Constitution que le nombre de membres du gouvernement de la République française est limité à 15.

Supprimer un niveau d’administration en engageant la fusion des départements et des régions.

Diviser par 2 le nombre des élus des intercommunalités.

Pour une démocratie renouvelée :

Inscrire dans la Constitution l’obligation de démission de la Fonction publique pour tout fonctionnaire élu à un mandat politique national.

Limiter à 3 le nombre de mandats successifs pour les députés et les sénateurs.

Interdire le cumul entre un mandat exécutif local et un mandat national.

Supprimer l’accès automatique des parlementaires aux fonctions d’avocat.

Pour une démocratie transparente :

Étendre à tous les élus nationaux l’obligation de transparence sur leur patrimoine réservée au seul Président de la République.

Renforcer les dispositions sur les conflits d’intérêt pour les parlementaires exerçant une activité privée.

Mettre en place au Parlement une Commission des recours ouverte aux citoyens contestant une disposition législative.

Étendre à l’ensemble des administrations publiques l’obligation de transparence sur les données, notamment en matière de justice et de sécurité.

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Exergie plutôt qu’énergie

Tout commence par ce simple principe. Un litre d’eau à 40°C possède une énergie équivalente partout sur Terre. Cependant, elle pourra être utilisée bien différemment au pôle Nord et au Sahara ! Au pôle Nord, l’énergie pourra être utilisée pour faire fondre de la glace, pour chauffer, alors qu’au Sahara, en plein jour, elle ne sera d’aucune utilté.

Cette utilité, c’est ce que l’on nomme « L’exergie » et qui correspond à l’utlité d’une énergie donnée.

Un article bluffant décrivant ce concept est décrit dans le numéro de Science Et Vie de Juillet 2013. Il vaut son pesant de cacahuètes et vaut, à lui seul, l’achat du magazine !

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Il faut être ferme contre le cannabis

Le cannabis est une drogue. Le cannabis est une drogue nocive. Il faut donc donc être extrêment ferme contre cette plante car la fumer n’est pas anondin. Le cannabis est néfaste car il peut entraîner des cas graves de schyzophrénie et est à l’origine de lésions irréversibles du cerveau.

Des études ont montré des cas de performances intellectuelles fortement amoindries chez les consommateurs réguliers.

Le bénéfice-risque est très clairement en défaveur de la plante sauf en ce qui concerne les cancéreux : étant gravement malades, ceux-ci peuvent utiliser la plante pour se soulager.

La décision de prendre du cannabis pour soulager les affections les plus graves appartient à la société et à elle seule, par ses pouvoirs législatifs et judiciaires. A aucun moment, l’individu ne peut rendre la justice par lui seul en monopolisant le débat.

Ainsi ce porte-parole doit-il être condamné avec la plus exemplaire fermeté car il engage la vie et la santé physique de ses concitoyens. On ne peut pas tolérer de tels agissements vis à vis de la santé publique.

La désobéissance civile ne peut être tolérée dans le cas où la santé des citoyens est mise en danger.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 10 Avril 2013

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A son procès, le porte-parole des  » cannabis social clubs  » plaide le  » combat politique « 
Dominique Broc comparaissait, le 8 avril, pour détention et provocation à l’usage de stupéfiants
Même si le président du tribunal correctionnel de Tours, Jean de Mattéis, a tenté de cadrer les choses, le porte-parole des  » cannabis social clubs « , Dominique Broc, a bien eu droit à sa tribune, lundi 8 avril. L’homme comparaissait pour usage et détention illicite de drogue, provocation à l’usage de stupéfiant et refus de prélèvement d’ADN.

Ces derniers mois, il avait expliqué dans les médias qu’il voulait faire reconnaître les coopératives de cultivateurs de cannabis, qui produisent pour leur consommation personnelle, comme des associations, et avait milité pour une dépénalisation. Ce qui avait conduit à son interpellation le 21 février à son domicile, où 126 plants, 26 g de cannabis, son mobile et son ordinateur avaient été saisis.

 » Désobéissance civile « 

A la barre, le jardinier de 44 ans recommence :  » C’est un combat politique qu’on mène « ,  » contre l’économie souterraine « ,  » d’ampleur nationale « , même si seule une trentaine de militants est venue le soutenir. Au président qui l’interroge sur la provocation à l’usage, il rétorque que tous les membres des clubs sont déjà consommateurs :  » Je ne les invite pas à consommer, mais à consommer mieux et moins.  » Lui, ne fume plus ; il est même  » contre le pétard  » à cause du tabac. Il a un temps consommé le cannabis en aliment, désormais il le prend en vaporisation.

Plusieurs fois, le président lâche que  » peut-être que la loi changera un jour « , mais que ce n’est pas le sujet du jour. C’est pourtant sur ce terrain-là que veut aller la défense.  » Mon client n’est pas un doux-dingue, mais quelqu’un de courageux « , lance Me Philippe Baron, qui voit là un cas de  » désobéissance civile « . Pour lui, les critères sont réunis : infraction intentionnelle, acte public, pacifique et collectif, défense de  » principes supérieurs  » (le droit à la santé dans le cadre d’un usage thérapeutique et la lutte contre le marché noir). L’avocat multiplie les références : Martin Luther King, Gisèle Halimi, ou le procès de Bobigny de 1972 qui a contribué à l’autorisation de l’IVG. Et Daniel Vaillant, ex-ministre de l’intérieur, qui a remis en 2011 un rapport appelant à  » sortir de l’hypocrisie  » au sujet du cannabis.

La défense demande que le tribunal correctionnel se déclare  » incompétent « , estimant que c’est devant une cour d’assises que M. Broc devrait être jugé, pour production illicite de stupéfiant, et pas seulement pour détention et usage. Il encourrait alors jusqu’à vingt ans d’emprisonnement, voire trente ans pour faits commis en bande organisée (ils sont quinze dans son club, il est seul poursuivi), et non pas dix ans. Ses avocats voient dans la poursuite pour simple détention la preuve de  » l’inadaptation de la loi de 1970  » sur les stupéfiants. Selon eux, la justice serait engorgée si elle poursuivait comme il se doit les producteurs de cannabis, qui sont 200 000 en France.

Le procureur, Jean-Dominique Trippier, refuse  » le piège  » tendu.  » La loi peut être discutée, dénoncée, lâche-t-il. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’on peut s’autoriser à la violer parce qu’elle ne nous plaît pas.  » Et ajoute :  » Le ciment qu’est la loi pour une société, cela veut dire quelque chose. Penser qu’on peut s’asseoir dessus, c’est un peu facile.  » Il requiert huit mois d’emprisonnement avec sursis pour détention, usage et provocation à l’usage, plus deux pour refus de prélèvement.

Le jugement a été mis en délibéré au 18 avril. Peu après, le 2 mai, M. Broc aura encore affaire à la justice. Cette fois avec 12 autres personnes pour une assignation en vue de dissoudre la Fédération des cannabis social clubs, dont les statuts ont été déposés en mars et publiés depuis au Journal officiel.

Laetitia Clavreul

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Quand des avocats Suisse aident des riches à se soustraire à l’impôt

L’impôt est essentiel aux pays et aux démocraties. Il permet l’égalité des peuples. Quand des riches essaient de se soustraire à l’impôt, ils commettent un acte grave car il entrave la liberté et le bonheur de leur contribuable.

Ces actes ne peuvent être approuvés, pas plus que ne peut l’être le secret bancaire, crime contre l’humanité par essence, car allant à l’encontre des principes élémentaires d’humanité.

Quand l’argent devient plus important que l’humain, il faut faire cesser ce pouvoir néfaste et enfermer les gens qui se rendent coupables de ce que l’on peut appeler un crime.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 9 Avril 2013

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Avocats suisses, levez-vous !
L’analyse des 2,5 millions de documents  » OffshoreLeaks  » établit le rôle joué par des avocats suisses dans l’évasion fiscale

Au moment de créer une société-écran aux îles Cook, le 15 septembre 1993, l’avocat zurichois Peter Hafter ne pouvait pas imaginer ce qui allait se produire vingt ans plus tard. En ce printemps 2013, le fax qu’il a envoyé pour lancer les opérations, les e-mails qui ont suivi, ainsi que toutes ses communications d’affaires avec la société Portcullis Trustnet, à Rarotonga, la plus grande des îles de l’archipel, ont été copiés et transmis à des journalistes, dans le cadre de l’opération  » OffshoreLeaks « , dont Le Monde est partenaire.

Cette gigantesque quantité d’informations permet, pour la première fois, de comprendre, à travers des centaines de cas réels, comment des avocats et des fiduciaires suisses, de Genève à Saint-Gall, ont aidé des clients du monde entier à monter des sociétés offshore et des trusts, afin de préserver leur patrimoine des appétits du fisc ou d’héritiers trop pressants.

Mais revenons à notre avocat. Les documents en notre possession montrent comment Peter Hafter a participé au montage financier de quelques-unes des plus grandes fortunes d’Europe. En jargon, on appelle cela asset protection, pour  » protection de patrimoine « . En français, il faut traduire par  » optimisation fiscale « , ou pire, par  » soustraction fiscale « .

Peter Hafter, 83 ans, n’est pas n’importe qui. Jusqu’à son départ progressif à la retraite ces dernières années, il était l’un des piliers de Lenz & Staehelin, le plus grand cabinet de Suisse, avec des bureaux à Genève, Lausanne et Zurich et employant plus de 150 avocats. Ce 15 septembre 1993, c’est la première fois – mais pas la dernière – que Peter Hafter fait appel à Portcullis Trustnet, une agence spécialisée dans les montages effaçant tout lien entre des personnes ou des entreprises et leurs actifs. Depuis Zurich, à 16 940 kilomètres, il ouvre la société à responsabilité limitée Triton Limited sur l’île de Rarotonga, perdue en plein coeur du Pacifique sud, quelque part entre la Nouvelle-Zélande et Hawaï. Son client ? Le célèbre Gunter Sachs : photographe d’origine allemande, héritier de la dynastie von Opel (des voitures Opel), ex-mari de Brigitte Bardot, naturalisé suisse en 1976. Gunter Sachs, lui-même, n’apparaît pas dans les documents officiels de Triton. Ses directeurs sont Peter Hafter, ainsi que deux autres personnes de confiance de Gunter Sachs. Sur le papier, ce sont eux qui détiennent les 2 000 parts au porteur de la société.

Peter Hafter organise aussi la création d’une seconde société-écran, Tantris Limited, et de quatre trusts, Parkland Oak, Moon Crystal, Espan Water et Sequoia, tous établis dans les îles Cook, entre le 18 mai 1994 et le 22 juillet 1996. Ces entités abriteront une part importante de la fortune de Gunter Sachs. Peter Hafter siège dans chacune d’elles comme trustee, c’est-à-dire qu’il n’agit pas pour son propre compte, mais pour celui des bénéficiaires, Rolf, Christian Gunnar et Claus Alexander, les trois fils Sachs. Mais dans deux trusts au moins, Gunter Sachs lui-même pouvait profiter de l’argent, en tant que bénéficiaire.

Selon une note entrée le 4 avril 1999 dans la base de données interne de Portcullis Trustnet, un  » arrangement spécial  » est même trouvé pour garder secret le nom du mandant, Gunter Sachs. Ce dernier reste donc caché au pays du secret, anonyme dans l’anonymat des îles Cook. Il conserve toutefois le contrôle sur les fonds, qui seront notamment gérés jusqu’à sa mort par la société Galaxar SA, basée à Genève. Un cinquième trust suivra même en avril 2007, le Triton Trust.

Tout se corse en 2008, lorsque Gunter Sachs établit de nouveau son domicile en Suisse, après un intermède de quelques années à Londres. Lenz & Staehelin prépare un dossier à l’attention des autorités fiscales. Gunter Sachs déclare environ 470 millions de francs suisses (390 millions d’euros) de fortune. Seulement voilà, dans ses dernières déclarations fiscales que nous avons pu consulter, pas un seul des cinq trusts n’est annoncé. Ni les deux sociétés-écrans.

Manquent également plusieurs sociétés de Gunter Sachs, dont des documents officiels prouvent qu’elles disposaient pourtant de millions d’actifs. C’est notamment le cas de K-Buchs ou K-Erlen, basées à Luxembourg, introuvables dans sa déclaration fiscale. Malgré des affaires florissantes, Gunter Sachs ne payait aucun impôt sur le revenu en Suisse. Mais juste 2,7 millions de francs suisses par an sur sa fortune.

Autre élément curieux : l’inventaire successoral du photographe, rédigé par ses avocats suisses qui est daté de juillet 2012. Ce document évalue l’ensemble des oeuvres d’art ayant appartenu à Gunter Sachs à 48 millions de francs suisses. Pourtant, six semaines auparavant, les 22 et 23 mai 2012, 260 pièces de la collection privée du photographe – c’est-à-dire une partie seulement – ont été vendues par Sotheby’s à Londres. Et elles ont rapporté 41,4 millions de livres sterling, soit 62 millions de francs suisses (51 millions d’euros). Un autoportrait d’Andy Warhol, datant de 1986, s’est vendu à 8 millions de francs suisses, une composition florale est partie à 5,5 millions et un portrait de Brigitte Bardot, toujours d’Andy Warhol, a été adjugé pour 4,5 millions. Dans les documents fiscaux auxquels nous avons eu accès, il n’y avait pas la moindre trace du produit de cette vente.

Confrontée à ces éléments, jeudi 4 avril, avec la publication des  » OffshoreLeaks  » par le consortium international des journalistes d’investigation ICIJ, l’administration fiscale du canton de Berne a décidé de réagir :  » Compte tenu de ces informations, l’intendance des impôts va réexaminer le dossier de Gunter Sachs et, le cas échéant, utiliser les possibilités et moyens juridiques à sa disposition pour prendre des mesures « , a expliqué Yvonne von Kauffungen, la porte-parole. En clair : il s’agit du premier pas avant l’ouverture formelle d’une enquête.

 » Les trusts concernés n’ont pas été mis en place pour des raisons fiscales, mais bien plus pour la planification successorale « , a fait savoir l’avocat Peter Hafter.  » L’ensemble du patrimoine de Gunter Sachs au moment de sa mort a été signalé aux autorités fiscales concernées « , a-t-il ajouté. Il assure que, si les trusts n’ont effectivement pas été annoncés aux autorités fiscales, tous les actifs qui s’y trouvaient l’ont été. Cela ne suffit pas pour Bruno Knüsel, l’intendant des impôts du canton de Berne :  » Cette pratique nous laisse dans le flou sur la forme exacte du trust. Et nous ne pouvons rien demander, car nous ignorons que ces avoirs proviennent d’un trust. Cela rend notre travail beaucoup plus difficile. « 

En plus des cinq trusts de Gunter Sachs, l’avocat Peter Hafter a aussi mis en place dix-huit trusts aux îles Cook pour le baron français Elie de Rothschild, fondateur et ancien président de la Rothschild Bank à Zurich, décédé en 2007. Mais le célèbre avocat n’a pas voulu commenter. Il n’a rien dit non plus pour expliquer la création de sociétés pour le compte de l’industriel allemand de l’acier et de l’armement, le baron Hans-Heinrich Thyssen-Bornemisza et son épouse Carmen.

Pour eux, l’avocat Peter Hafter s’est même transformé en acheteur d’art. Grand amateur de tableaux de maîtres, le baron  » Heini  » était devenu citoyen suisse en 1950 et résidait à Lugano. Sa collection privée était déjà mondialement connue lorsqu’il épousa en 1985 en cinquième noce Carmen, Miss Espagne 1961 et ancienne épouse de l’acteur américain Lex Barker (Tarzan, de 1949 à 1953). Dans les années 1990, elle convainc son mari de céder une grande partie de sa gigantesque collection de plus de 1 000 oeuvres à l’Etat espagnol, contre 350 millions de dollars. Pour abriter les tableaux de maître restants et les léguer à sa femme et ses enfants, le baron créa cinq trusts aux Bermudes, portant chacun le nom d’un grand peintre. Le trust Caravaggio fut attribué à Carmen, le trust Gauguin à Alejandro Borja, fils de Carmen et adopté par le baron, etc.

Au même moment, fut créée une société nommée Nautilus Trustees Limited dans les îles Cook pour permettre à Carmen d’acheter discrètement d’autres tableaux. Elle était la bénéficiaire de la société, mais elle restait en retrait. Les directeurs étaient, entre autres, Peter Hafter, de l’étude Lenz & Staehelin, et l’avocat zurichois Patrick Oesch. Les actions au porteur de la société de Nautilus furent envoyées chez Lenz & Staehelin, pour être conservées dans un coffre-fort à Zurich.

En 2002, malgré la cession des 775 oeuvres à l’Etat espagnol dix ans plus tôt, Carmen se retrouve à la tête de l’une des plus importantes collections privées au monde : 655 pièces, évaluées à 541 millions d’euros lors d’une estimation officielle. Un jugement de la Cour suprême des Bermudes du 12 mars 2013, que nous nous sommes procurés, estime le patrimoine du seul trust Gauguin  » aux alentours de 1 milliard de dollars « .

Selon des experts fiscaux suisses et espagnols que nous avons interrogés, la raison du tour de passe-passe par les îles Cook et les Bermudes est évidente. Si Carmen Thyssen possédait directement les oeuvres de sa collection privée, elles auraient été taxées à hauteur de 2,5 % d’impôt sur la fortune en Espagne. Les conseils avisés de ses avocats lui ont donc permis d’économiser au minimum entre 10 et 15 millions d’euros par an. Et au Tessin, où Carmen est de nouveau domiciliée officiellement, elle ne paie pas d’impôt sur la fortune sur ses tableaux, comme le révèle son avocat espagnol Jaime Rotondo. Ces trusts y permettent une économie d’environ 2 millions de francs suisses par an. Largement de quoi amortir les quelques dizaines de milliers de dollars dépensés chaque année pour maintenir ces structures en place.

Catherine Boss, François Pilet et Titus Plattner

 » Le Matin Dimanche « , en collaboration avec Mar Cabra ( » El Confidencial « ), Bastian Obermayer, Frederik Obermaier ( » Süddeutsche Zeitung « ) et Oliver Zihlmann ( » Sonntags Zeitung « ).

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