L’austérité est-elle nécessairement mauvaise ?

On constate, encore une fois, au vu de cet article, que les économistes ne sont pas à la hauteur de l’aura qu’on leur porte. En voilà donc qui disent que l’austérité stoppe la croissance : la belle affaire !

Remettons les choses à leur place en rappelant les fondements de l’économie.

Dans la vie, pour financer des dépenses, on peut soit économiser et travailler, soit emprunter. Beaucoup de pays ont choisi l’emprunt, argent facile par excellence. Cependant, un emprunt doit se rembourser. Car si on ne le rembourse pas, on ne peut plus emprunter, ou alors à des coûts faramineux, à la hauteur de risque que prend le prêteur vis à vis de l’emprunteur.

Ainsi, on peut être en difficulté lorsqu’il s’agit de rembourser ses dettes. On ne peut pas les rembourser d’un coup car on stoppe la croissance. C’est vrai. Mais l’austérité n’est pas en cause ! Si on gère l’argent en tant que personne responsable au départ, on évite d’avoir recours à l’emprunt, in fine au remboursement qui va avec !

C’est donc un peu facile de critiquer l’austérité. On n’aurait pas eu à le faire si on avait été responsable au début. Dans la fameuse fable de la fontaine, la cigale peut critiquer la fourmi qui ne prête pas, mais la cigale a été elle même bien plus fautive !

Savoir gérer correctement le budget aujourd’hui permet d’éviter les douleurs de demain : ces simples principes sont absent des pensées de nos économistes, et c’est cela qui permet de se poser des questions sur leurs compétences.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 20 Avril 2013

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Le désaveu de deux économistes américains met à mal les partisans de l’austérité
L’Américain Kenneth Rogoff a reconnu une erreur. Ses travaux démontraient qu’au-delà de 90 % du PIB, la dette publique fait chuter la croissance

Brillants économistes hier, écoutés des politiques et des puissants, les deux professeurs renommés de Harvard Kenneth Rogoff et Carmen Reinhart viennent soudain de basculer dans la disgrâce. L’origine du désaveu : une erreur. Ou plutôt  » une série d’erreurs  » qui se seraient nichées dans leurs travaux datant de 2010 sur les méfaits de l’endettement public (Growth in a Time of Debt,  » la croissance au temps de dette « ) à en croire Robert Pollin et Michael Ash, professeurs d’économie à l’université du Massachusetts.

Ces fautes sont suffisamment importantes pour démonter leur thèse affirmant – statistiques à l’appui – qu’une dette publique, lorsqu’elle dépasse le seuil de 90 % du produit intérieur brut (PIB), provoque un effondrement de la croissance. Ils avaient montré que le PIB, calculé sur 20 pays au cours de la période d’après-guerre, passait de + 3 % à + 4 % en moyenne à – 0,1 % dès que la dette franchit 90 %.

C’est en faisant travailler l’un de ses étudiants, Thomas Herndon, que le professeur Pollin a réalisé la faute commise par ses confrères.  » Mon étudiant ne parvenait pas à refaire la démonstration « , nous a-t-il expliqué au téléphone.

M. Pollin n’est pas un militant de la relance ni un fanatique de la dépense publique, mais il espère bien que la conclusion de ces  » contre-travaux  » arrivera jusqu’aux oreilles des chefs d’Etat. Car, aux Etats-Unis comme en Europe, le seuil de 90 % a été brandi comme un argument imparable pour les défenseurs de l’austérité.  » Beaucoup ignoraient sans doute l’origine de ce chiffre, poursuit M. Pollin, mais tous étaient persuadés qu’en basculant au-delà de ce 90 %, on tomberait dans l’abîme. « 

Blessé, M. Rogoff a reconnu la faute, assurant, dans une lettre datée du 17 avril, qu’il  » redoublerait d’efforts pour éviter, à l’avenir, de telles erreurs « . Mais il maintient l’idée d’un lien néfaste entre surendettement et croissance. Il n’empêche. Encensés hier pour leurs travaux, M. Rogoff et Mme Reinhart, sont aujourd’hui accusés par la blogosphère d’avoir  » bidouillé  » des chiffres pour défendre leur thèse, et d’avoir détruit des millions d’emplois en incitant les Etats à faire de la réduction des déficits une priorité.

 » Orientés politiquement « 

 » Ce n’est pas la première fois que nos travaux sont accusés d’être orientés politiquement « , signale, un peu désabusé, M. Rogoff dans son courrier. Il rappelle que leurs analyses ont aussi été critiquées, il y a quelques mois, pour avoir influencé l’autre camp, celui de Barack Obama.

Au sein de la communauté académique la réaction est moins virulente. La plupart des économistes reconnaissent leurs  » travaux passionnants  » et attestent d’un lien entre surendettement et croissance.  » L’Etat, pour s’endetter, pompe les crédits « , pointe Gérard Béaur, chercheur au CNRS. C’est autant d’argent qui ne va pas dans l’économie réelle.  » Et à un moment ou un autre, poursuit-il, quelqu’un doit payer  » : le contribuable (par l’intermédiaire des hausses d’impôts), le consommateur (par les taxes indirectes) ou le rentier (par l’inflation).

Bref, il y a sans doute un lien entre dette et croissance, mais comment le démontrer ? Trop de paramètres entrent en jeu. Est-ce le surendettement qui fait chuter le PIB ou la baisse du PIB qui conduit à faire gonfler la dette ?

Finalement, la plus grave erreur de M. Rogoff et de Mme Reinhart est d’avoir agité  » un chiffre magique autour duquel tout s’ordonnerait « , pense Alain Alcouffe, professeur à l’université de Toulouse. Ce dernier s’est d’ailleurs déjà servi du  » cas Rogoff-Reinhart  » pour apprendre à ses élèves  » à se méfier de démonstrations statistiques trop parfaites « .

Claire Gatinois

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