Une lettre au Président : « Prenez des vacances »

Une lettre au Président de la République

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Expéditeur
Philippe NOVIANT

Destinataire
M. le Président de la République Française
55 Rue du Faubourg Saint Honoré
75008 PARIS

    Moirans le 28 Juillet 2013


    Monsieur le Président de la République,

    J’ai lu, récemment, dans le journal ‘Le Monde’ que vous ne comptiez pas prendre de vacances. De plus, vous comptiez que votre gouvernement en prenne le moins possible pour qu’il puisse, selon vous, servir au mieux les Français.

    J’ai le plus profond regret de vous dire, par la présente, que, Monsieur le Président, vous avez tort.

    Vos ministres sont des hommes et femmes, non des robots. Ils exercent actuellement de hautes responsabilités et leur charge de travail impose qu’ils puissent prendre des vacances. En étant fatigués, exténués, ils risquent, par le fait d’être toujours le ‘nez dans le guidon’, de dire des choses, d’agir en dépit du bon sens, de prendre de mauvaises décisions.

    Donc, comme tout à chacun, ils doivent pouvoir se reposer car, sinon, ils pourront faire des erreurs liées à la fatigue. Vous seriez alors contraint de mettre fin aux fonctions de certains, de façon impropre, inopportune et honteuse. Quand bien même, ces « certains » auront été talentueux et efficaces dans un contexte normal. Le cas Bathot est un exemple. Vous ne vous êtes pas grandi, Monsieur le Président, par cet épisode, preuve que la fatigue de certains peut porter ombrage à tout le monde.

    La fatigue vous guète vous aussi. Vous seriez donc bien avisé de prendre du repos bien mérité. Que craignez-vous à ne pas en prendre ? Une perte d’opinion ? Vous êtes déjà au plus bas, que voulez-vous perdre de plus ? Une perte d’action ? Si vous agissez moins qu’actuellement, vous reculez ! Non, Monsieur le Président, vous avez besoin de repos car vous n’êtes pas bon, vous n’êtes pas, loin s’en faut, au niveau que le peuple Français est en droit d’attendre de son plus haut dirigeant !

    Notre économie se traîne, se morfond et vous attendez un signe divin pour que le chômage remonte de lui même ! Vous n’avez rien fait pour notre économie : nous sommes et restons le pays qui travaille le moins avec le plus grand nombre de jours de congés. Dans un contexte mondialisé comme le nôtre, où nous sommes tous les jours mis en concurrence avec d’autres pays, d’autres idées, cette oisiveté ne peut que nous  desservir ! Nous sommes et avons trop été dans la position de la cigale quand l’Allemagne a pris le rôle de la fourmi, si je peux me permettre une comparaison avec la fameuse fable de La Fontaine. Il faut donc arrêter de « chanter au temps chaud », pour nous éviter d’avoir à « danser » devant de meilleurs que nous !

    Il faut réformer cette durée du temps de travail qui plombe notre production. Certes, notre productivité est bonne. Mais la notion de productivité est un taux entre la production et la durée du travail. Nous produisons plus que les autres, pendant que nous travaillons, mais travaillons tellement peu que l’on n’est pas profitable.

    L’Etat providence montre lui aussi ses limites : nos allocations chômage poussent certaines personnes à profiter de cet argent qui correspond, selon elles, à un droit. Las, l’indemnité chômage est une aide à retrouver un emploi, non un salaire de substitution ! Votre démagogie à ne pas réformer ce système va à l’encontre de l’intérêt général. Comme il va aussi à l’encontre de l’intérêt général de laisser subsister cette anomalie monstrueuse de remboursement des cures thermales alors que notre système social est déjà lourdement déficitaire !

    Notre budget est au plus mal, qu’on en juge : 240 Milliards d’Euros de recettes, 300 de dépense, soit un trou de 60 Milliards correspondant à 25% des recettes ! Nous sommes dans la position d’un ménage qui gagnerait 2400 Euros / mois et qui en dépenserait 3000, quelle banque tolèrerait cela ne serait-ce qu’un mois ? Le remboursement des intérêts sur les emprunts passé représente à lui seul 42 Milliards ! Nous empruntons donc, certes à des taux très bas, pour rembourser les intérêts des emprunts passés ! La situation n’est pas tenable et ne peut pas durer ! Le montant de notre dette atteint 90% du PIB quand il était de 80% il y a moins de 10 ans ! En clair : la maison brûle, mais vous regardez ailleurs !

    Depuis que vous êtes aux plus hautes fonctions, vous avez dépensé beaucoup de temps de débat parlementaire à engager des réformes qui auraient pu attendre. Le mariage pour tous est une avancée sociétale majeure, certes, mais il n’était pas la priorité, loin s’en faut, au regard de la situation économique exécrable de notre pays !

    Je vous conseille donc de prendre des vacances. Si vous voulez partir loin, faites-le. Si vous voulez dépenser beaucoup d’argent à voyager avec l’avion présidentiel, faites-le aussi. Seulement, je vous saurais gré de bien vouloir emmener le bouquin de Madame Sophie Pedder intitulé « Le déni Français ». Ce livre est une honte pour la France car il permet à une représente Anglaise de nous donner des leçons. Se faire donner des leçons par l’ultra-libéralisme Anglo-Saxon me donne des boutons. Alors, lorsque les propos de ce bouquin sont avérés à 90%, on se dit que les réformes sont véritablement indispensables !

    Vous déplorerez peut être une certaine insolence dans mes propos. Je peux vous assurer qu’il n’en est rien. Mais cela serait mentir que de vous affirmer que vous menez les bonnes actions et que je trouve que vous êtes compétent à votre poste. J’ai voté pour vous, par trois fois : une fois aux primaires, deux fois aux présidentielles. Mon choix initial s’était porté sur M. Srauss Kahn qui s’est écarté du jeu pour cette sombre affaire du Sofitel. Vous avez donc été un second choix pour moi, comme je suis convaincu que vous avez été un second choix pour une majorité de Français. Comme je vous l’ai dit, vous n’êtes pas au niveau, mais vous êtes le meilleur. En effet, le choix électoral, dans notre pays gangréné par le bipartisme, n’est qu’un leurre. Vous êtes donc notre dernier espoir avant Marine. Car éludons ici la solution Sarkozy, incapable de mener les réformes qui s’imposaient alors que son premier ministre connaissait la situation décrite ci-dessus. Je n’avais donc pas envoyé une telle lettre à M. Sarkozy car j’avais espoir en son successeur de gauche. Les actions n’ont pas été à la hauteur de mes attentes, j’ai donc pris le parti de rédiger la présente au lieu de faire confiance à Marine : j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur.

    En conclusion Monsieur le Président, je ne saurais trop vous conseiller, une fois de plus de prendre des vacances et laisser vos ministres en faire de même. Cela vous permettra de prendre du recul, de réfléchir, d’analyser la situation de notre pays et d’avoir véritablement les armes pour mener les actions au service de l’intérêt général.

    Je vous souhaite donc de bonnes vacances Monsieur le Président. Et j’espère que le peuple Français aura la chance de vous retrouver meilleur à votre retour, ce qui, au regard de votre bilan depuis un an, n’est guère difficile.

    Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations distinguées.

Philippe NOVIANT


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