M. Schröder a défendu l’intérêt général au contraire des dirigeants Français

C’est peu dire que d’affirmer que M. Schröder a, en son temps, fait montre de courage. Il a réussi à faire baisser de manière drastique le chômage en privilégiant l’intérêt général et en mécontentant son peuple : il ne paierait pas les gens à rester à la maison en profitant des allocations chômage.

Il en a perdu les élections… mais dans l’intérêt du peuple puisque le taux de chômage a fortement diminué, au contraire de la France. En outre, l’Allemagne est compétitive, devenant le premier exportateur au monde.

Alors, non, tout n’est pas parfait : il est vrai que la précarité à augmenté, les inégalités avec et que beaucoup n’arrivent pas à joindre les deux bouts.

Il ne suffira donc pas à la France de faire un copier-coller du modèle Allemand car il n’est pas parfait. Mais en France, il faudra abandonner tôt ou tard cette idée qu’on peut être riche et compétitif en ne travaillant que 35h par semaine et en ayant le plus grand nombre de jours de congés au monde. Pour s’en sortir, il va falloir travailler. Travailler voudra aussi dire diminuer très fortement nos 5 Millions de salariés dans la fonction publique et faire travailler plus cette catégorie de personnels.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 13 Mars 2013

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Dix ans après, l’Allemagne reste divisée sur les réformes Schröder
En une décennie, le nombre des chômeurs a reculé, mais les inégalités se sont accrues
Berlin Correspondant

Dix ans après leur lancement, le 14 mars 2003, les réformes sociales du chancelier allemand Gerhard Schröder continuent de diviser le pays et notamment sa formation politique, le parti social-démocrate (SPD).

Signe le plus flagrant de ce malaise : tout en se disant  » fier  » de ces réformes, le président du SPD, Sigmar Gabriel, a présenté lundi 11 mars, en compagnie de Peer Steinbrück, candidat du parti contre Angela Merkel aux prochaines élections législatives, un programme qui prend en grande partie le contre-pied de  » l’Agenda 2010  » de l’ancien chancelier.

En mars 2003, au pouvoir depuis cinq ans, M. Schröder présente un vaste plan de réformes inspiré par le premier ministre britannique Tony Blair. Son objectif : réduire le taux de chômage (alors à 9,8 % de la population active contre 8,9 % en France). Idée maîtresse : responsabiliser chacun, notamment les demandeurs d’emploi.

Résultat : les allocations-chômage sont réduites à 12 mois ; ensuite, un chômeur ne perçoit plus qu’une aide sociale forfaitaire. Le taux d’imposition des plus riches passe, lui, de 53 % à 42 %. Quant aux Allemands qui se rendent chez le médecin, ils ne sont plus remboursés intégralement, mais doivent débourser un forfait de 10 euros par trimestre.

Le gouvernement avait préalablement dérégulé le travail temporaire et introduit des  » mini-jobs « , des emplois à temps partiel rémunérés au maximum 400 euros par mois et quasiment exemptés de cotisations sociales.

Principale conséquence de ces réformes : le coût unitaire des salaires n’augmente que de 7 % en dix ans outre-Rhin alors qu’il progresse de 20 % en moyenne dans la zone euro. L’Allemagne est redevenue compétitive ; le chômage a reculé de cinq à trois millions de personnes mais les inégalités se sont développées. Les plus riches se sont enrichis, alors que près de sept millions de personnes gagneraient moins de 8,50 euros de l’heure.

Alors que le SPD a été battu aux élections de 2005 et de 2009, le parti propose désormais de créer un salaire minimum à 8,50 euros de l’heure. Il veut aussi interdire aux employeurs de moins payer les intérimaires que les emplois statutaires et de relever à 49 % le taux d’imposition le plus élevé. Pour sa campagne, le SPD veut donc de nouveau mettre le cap à gauche.  » Le contraire de ce qu’a fait le SPD au pouvoir « , a commenté, lundi, l’un des dirigeants de Die Linke, le parti de la gauche radicale.

Mercredi, ce parti organise une grande conférence pour dire tout le mal qu’il pense de l’Agenda 2010. Mme Merkel hésite, elle, de moins en moins à le valoriser, pour mieux mettre le SPD en difficulté. Elle affirme vouloir introduire un salaire minimum qui serait négocié branche par branche. Sur l’Agenda 2010, les Verts sont partagés :  » Il – comportait – de bonnes choses comme la fusion des indemnités-chômage et de l’aide sociale, et de moins bonnes comme celles concernant le travail temporaire « , note Claudia Roth, coprésidente des Grünen.

Signe du désarroi d’une bonne partie des Allemands, le grand quotidien de centre gauche, la Süddeutsche Zeitung a, de manière exceptionnelle, publié le 9 mars deux éditoriaux sur l’Agenda 2010 : l’un pour, l’autre contre.

Christoph Schmidt, le nouveau président du conseil des économistes, instance supposée aider Berlin dans ses décisions, s’inquiète du débat en cours :  » La discussion sur le salaire minimum montre qu’il est davantage question dans l’agenda politique de plus fortes régulations que de libéralisation. « 

Son collègue Michael Hüther, directeur de l’institut de l’économie allemande (IW), juge, lui, que  » l’Agenda 2010 a prouvé, en grandeur réelle, que des réformes destinées à favoriser l’offre fonctionnaient « . Un volumineux rapport sur la richesse et la pauvreté outre-Rhin, présenté le 3 mars par le gouvernement, est plus circonspect.

Certes, avec plus de 41 millions d’emplois, l’Allemagne atteint un record ; 72 % des Allemands entre 15 et 64 ans travaillent contre 65 % en 2000. Mais 25 % des emplois sont  » atypiques  » contre moins de 20 % au début du siècle. Les femmes sont particulièrement concernées. En 2003, 27 % travaillaient entre 36 et 39 heures par semaine ; elles ne sont plus que 15 % aujourd’hui. La plupart occupent, malgré elles, des emplois à temps partiel et voudraient travailler plus.

Si le SPD veut mettre l’accent sur le salaire minimum et la justice sociale, l’influente fondation Bertelsmann veut, elle, mettre en avant un autre thème : le nécessaire recul, à 69 ans, de l’âge de la retraite. Un brûlot pour le SPD qui a obtenu en 2009 le pire score de son histoire pour avoir, dans la foulée de l’Agenda 2010, approuvé le report progressif de la retraite à 67 ans, au grand dam des syndicats.

Frédéric Lemaître

    Accélération de la hausse des salaires outre-Rhin

    Après des années de modération salariale, qui ont contribué à doper la compétitivité allemande, des hausses de salaires et des primes importantes ont été accordées depuis deux ans aux employés allemands, conséquence de la bonne marche des affaires des entreprises du pays. Ainsi, en 2012, le coût horaire du travail a connu outre Rhin une hausse de 2,6 %, selon les chiffres publiés lundi 11 mars par l’office fédéral des statistiques Destatis. Entre 2002 et 2007, ce coût a progressé en moyenne de 1,3 % par an, quand, entre 2008 et 2011, il augmentait de 2,1 %.

    La progression enregistrée en 2012 recoupe une hausse des salaires bruts de 3 % et des charges de 1,2 %, a précisé Destatis.

    S’attardant plus particulièrement sur le troisième trimestre 2012, l’office constate que le coût horaire allemand du travail a augmenté de 2,9 % sur un an. A titre de comparaison, il n’a progressé que de 1,9 % en moyenne dans l’ensemble de l’Union européenne. Il s’agit du septième trimestre d’affilée où la progression est supérieure en Allemagne à celle qui est enregistrée, en moyenne, en Europe.

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