Petits rappels sur la « grande démocratie »

Depardieu a parlé de « grande démocratie » quand il a parlé de la Russie. J’ai déjà publié un article dans lequel je parlais des coutumes et des actions réalisées dans cette « grande démocratie ». Aujourd’hui, le journal ‘Le Monde’ le fait aussi et rappelle les éléments de cette démocratie.

A méditer…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 12 Janvier 2013

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 » La Russie est une grande démocratie « 
Gérard Depardieu en a fait sa terre d’accueil et en vante les mérites. Retour sur la Russie version Poutine
Moscou Correspondante

Chaque 7 janvier, jour du Noël orthodoxe, des jeunes se retrouvent sur le Champ de Mars, vaste jardin au centre de Saint-Pétersbourg, pour une bataille de boules de neige festive et ponctuée de fous rires. Cette fois-ci, la partie a tourné court. Un lieutenant de police, porte-voix en main, l’oeil sévère, attendait les adolescents.

L’officier leur a expliqué que les boules de neige troublaient l’ordre public, que leurs pas sur le sol gelé du Champ de Mars  » abîmaient le gazon « . Deux adolescents, hilares, ont été escortés jusqu’au fourgon policier. Emmenés au poste, ils ont été réprimandés puis libérés. Il faut le savoir, dans la Russie de Poutine, les batailles de boules de neige sont désormais interdites.

 » Ça n’est pas l’année 1937 « , soulignait récemment le président Vladimir Poutine à propos de l’état de la société. La tombe de Staline, le Petit Père des peuples, a beau être fleurie toute l’année, personne n’est fusillé dans les caves de la Loubianka, le siège des  » organes  » (le KGB, l’ancienne police politique soviétique, rebaptisée aujourd’hui FSB) au centre de Moscou. Mais une chose est sûre, le pays prend de plus en plus les traits de la nation totalitaire décrite par George Orwell dans son roman 1984 (1949, en Folio Gallimard 1972).

La société civile, qui avait émergé tout doucement après l’effondrement de la chape de plomb soviétique en 1991, est étranglée. Manifester, se rassembler, créer une association, coopérer avec une ONG étrangère est en passe de devenir un crime. Entré dans son troisième mandat présidentiel le 7 mai 2012, Vladimir Poutine a sorti son bâton pour punir l’intelligentsia, les militants des droits de l’homme et la classe moyenne dans son ensemble, de l’avoir conspué à l’hiver 2011-2012. La colère surgit après un trop-plein d’injustice, d’élections falsifiées, de mensonges et de corruption.

Une fois élu, il s’agissait de faire taire ceux et celles qui avaient dénoncé haut et fort la  » démocratie dirigée  » du maître du Kremlin.  » Nous sommes entrés dans une période de terreur « , explique Lilia Chibanova, qui dirige l’ONG Golos. Spécialisée dans le monitoring des élections, cette organisation était au premier rang de la dénonciation des élections falsifiées.

Désormais, selon la nouvelle loi sur les ONG, Mme Chibanova est obligée de se déclarer auprès du ministère de la justice en tant qu’ » agent étranger « , puisque Golos reçoit des financements de Bruxelles et des Etats-Unis. Même chose pour l’association de défense des droits de l’homme Memorial, pour Transparency International à Moscou, pour le comité des accords d’Helsinki et bien d’autres.

Encore mieux, selon la nouvelle loi sur l’espionnage et la trahison d’Etat, toute personne ayant fourni une aide  » financière, matérielle, technique, de consultant et autre à un pays étranger, à des organisations internationales  » au détriment de la sécurité du pays est passible de dix à vingt ans de prison.

Avec le procès des Pussy Riot, deux jeunes femmes (Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina) condamnées en août 2012 à deux ans de camp pour avoir scandé, sept mois plus tôt, un refrain anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur, un nouveau cap a été franchi, vent debout face à l’absurde. Leur procès était digne de celui des sorcières de Salem : dans ses attendus, la juge n’a-t-elle pas fustigé  » le blasphème  » ? Une notion pourtant absente du code pénal russe, pour le moment, car une loi est en préparation.

Marie Jégo


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