Un lanceur d’alerte est essentiel à la démocratie

Quand l’intérêt d’Etat dépasse l’intérêt du citoyen, il faut se poser des questions. Le lanceur d’alerte Snowden a révélé que les Etats-Unis se comportaient comme des Big Brother. Ce Monsieur doit donc être protégé car il a défendu, par les informations qu’il a rendues publique, la liberté qu’a tout à chacun de savoir et connaître la vérité.

Cela s’apparente au journalisme et le journalisme est la pierre angulaire de toute démocratie. M. Snowden doit donc être considéré comme un héros, non comme un paria.

La France en serait ressortie grandie d’avoir accordé le droit d’asile à ce Monsieur. Elle en a décidé autrement, c’est dire le peu de cas qu’inspire la défense des intérêts individuels dans notre pays. On peut aussi parler de lâcheté : la France ne serait-elle pas un peu lâche vis à vis des Etats-Unis. C’est vrai qu’on ne peut pas être ferme tout le temps : être ferme pour défendre l’intérêt de M. Snowden et ferme pour virer une ministre de l’écologie à la langue bien pendue…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 6 Juillet 2013

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Edward Snowden, le  » geek  » assiégé
Après ses révélations sur la NSA, le jeune informaticien est en quête d’une terre d’asile

Son sage visage d’étudiant américain à lunettes et son passé d’engagé dans les forces spéciales n’annonçaient pas forcément le destin d’Edward Snowden : fêter son trentième anniversaire dans un lieu secret d’Hongkong, traqué par les services secrets après avoir copié sur une clé USB et divulgué des documents ultraconfidentiels qui ébranlent la première puissance mondiale, son propre pays.

Même George Orwell, l’auteur de l’effrayant 1984, n’aurait pu imaginer la réalité décrite par le jeune informaticien. Pour pénétrer dans les vies privées, l’Agence nationale de sécurité (NSA) n’a nul besoin de poser micros et caméras dans chaque foyer comme Big Brother. Elle met en mémoire des milliards de relevés téléphoniques, de courriers électroniques et de données personnelles consignées sur les réseaux sociaux du monde entier.

 » Edward Snowden versus Barack Obama « , le thriller planétaire apparaît d’autant plus haletant que le président américain peine à relever le défi d’un nouveau type que lui a lancé le jeune homme devant l’opinion internationale. Lui qui pose l’Amérique en défenseuse des libertés sur l’Internet et appelait récemment à la mobilisation contre les ravages des cyberattaques chinoises, le voilà en situation d’arroseur arrosé.

Le défi au président Obama apparaît d’autant plus cinglant que, détourné, le slogan de sa campagne présidentielle de 2008 a déjà donné son nom au scandale dénoncé par Edward Snowden :  » Yes, we scan.  » Assiégé, le  » geek  » continue de distiller ses secrets d’Etat selon une programmation soigneusement établie : après l’espionnage américain au détriment de la Chine et de la Russie, pays où il a trouvé refuge, ses révélations sur les écoutes visant des citoyens allemands, français et les institutions européennes ressemblent à un magistral  » plan média « .

Même sa quête désespérée d’un pays d’asile souligne la réalité des rapports de force mondiaux : rares sont les Etats, Russie et Chine compris, prêts à contrarier durablement le puissant Oncle Sam. Le fugitif ne se fait d’ailleurs guère d’illusions :  » Vous ne pouvez pas vous dresser contre l’agence de renseignement la plus puissante du monde sans accepter le risque, a-t-il admis dans le Guardian. S’ils veulent t’attraper, avec le temps, ils y parviendront. « 

Intrusif

Résultat : Edward Snowden, qui prétend agir pour sauver la démocratie américaine et ses libertés constitutionnelles, et dénonce l’immixtion de l’Etat dans la vie privée, fait la promotion des régimes les plus autoritaires, ceux précisément où l’Etat se montre le plus intrusif.

Pourtant, en réussissant à prolonger sa liberté et à continuer de s’exprimer tout en demeurant invisible, le jeune Américain, très sûr de lui, a déjà remporté une victoire : engager les Américains à exiger plus de transparence de leurs gouvernants et des géants du Web et les citoyens du monde à exercer leur vigilance, afin d’éviter que l’Internet, prodigieux moyen de partage des connaissances, ne se transforme, sous couvert de lutte contre le terrorisme, en un vecteur de tyrannie.

Philippe Bernard

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