Il est intolérable de virer quelqu’un pour ses convictions !

Comme je l’ai déjà dit, il est intolérable de virer un ministre à cause de ses convictions.

Par contre, il y a un fait nouveau : il y aurait eu des pressions.

Concrêtement, Philippe Crouzet, président du directoire du groupe Vallourec, est l’époux de Sylvie Hubac, directrice du cabinet de François Hollande.

Cela pose très clairement la question d’un conflit d’intérêt mis au détriment de l’intérêt général. M. Crouzet travaille dans l’exploitation des gaz de schiste et Madame Batho était contre cette exploitation.

Il reviendra à M. Hollande à démontrer que ces faits sont pur hasard.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 6 Juillet 2013

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L’ancienne ministre de l’écologie se dit victime du travail de sape des lobbies économiques

LES LOBBIES économiques ont-ils été à la manoeuvre pour évincer Delphine Batho du ministère de l’écologie ? C’est ce que l’ex-membre du gouvernement a déclaré, jeudi 4 juillet, lors d’une conférence de presse aux allures de règlement de comptes.

Mme Batho procède par allusions, ne donnant aucun exemple précis d’intervention de  » ces forces économiques  » qui, selon elle,  » n’ont pas accepté le niveau d’ambition qu’elle avait fixé pour la transition énergétique « . Ajoutant que  » ce combat s’est cristallisé sur la question des gaz de schiste et plus discrètement sur la réduction de la part du nucléaire en France « .

Mme Batho ne cite qu’un seul nom : celui de Philippe Crouzet, président du directoire du groupe Vallourec, leader mondial des tubes sans soudure utilisés pour l’exploitation des huiles et gaz de schiste. Elle s’étonne  » qu’il ait pu annoncer – sa – marginalisation des semaines à l’avance devant des responsables de son entreprise aux Etats-Unis « .

La ministre limogée fait allusion à un dîner informel organisé, le 11 juin, entre des cadres de Vallourec et quelques journalistes au cours d’un voyage de presse aux Etats-Unis. A cette occasion, comme l’a constaté un journaliste du Monde, M. Crouzet s’était livré à une attaque en règle de la ministre de l’écologie, la qualifiant d' » incompétente « . A demi-mot, il avait laissé entendre qu’il souhaitait que le débat sur la transition énergétique fût conduit autrement, voire par quelqu’un d’autre. Mais il n’a pas indiqué clairement, selon nos informations, que son sort était scellé.

Mme Batho savait ce qu’elle faisait en mentionnant le nom de M. Crouzet : ce patron est l’époux de Sylvie Hubac, directrice du cabinet de François Hollande, avec qui elle était à l’ENA. L’ex-ministre suggère ainsi un possible conflit d’intérêts dans l’entourage proche du chef de l’Etat.

Rapports de force

Si elle n’a pas prononcé le nom d’Henri Proglio, le PDG d’EDF, elle s’est inquiétée à plusieurs reprises de la réalité de la fermeture de la centrale de Fessenheim d’ici à la fin 2016, comme François Hollande s’y est engagé. Impossible de savoir, en effet, si l’entreprise publique a bien lancé le dossier administratif de fermeture du site alsacien, indispensable pour tenir les délais. A la question :  » Pourquoi l’Etat actionnaire de 85 % d’EDF ne tape-t-il pas du poing sur la table pour rappeler M. Proglio à l’ordre ? « , Mme Batho a expliqué, jeudi :  » C’est un point important auquel je ne veux pas répondre maintenant… « 

Il est certain que plusieurs industriels ont fait du  » Batho-bashing « .  » Elle a très mal géré le débat sur la transition énergétique qui est devenu un piège à cons pour le gouvernement. Le faible prix de l’électricité est un atout majeur de notre compétitivité. L’exécutif le sait, raconte l’un des participants, côté patronat. Elle a voulu, malgré de nombreux avis, prendre la tête du comité de pilotage au lieu de déléguer. Nous l’avons prévenue au moins une dizaine de fois que ce débat marchait sur la tête. Elle n’a pas voulu entendre. Nos plaintes sont remontées à Matignon, mais on visait le débat, pas Batho… « 

Concernant le gaz de schiste, l’ex-ministre a conforté, dans une circulaire du 21 septembre 2012, la loi du 13 juillet 2011 qui interdit la fracturation hydraulique en France. Un texte qui a déplu. Là encore, comme le confirme un haut fonctionnaire, les plaintes des industriels seraient remontées jusqu’à Matignon. De sévères critiques ? Assurément. Mais un complot ? Il faudra que Mme Batho en dise plus.

Le poids des lobbies industriels a toujours pesé sur les ministres de l’écologie. La tête de Nicole Bricq, prédécesseure de Mme Batho, a été obtenue par le Medef et l’Union française des industries pétrolières après qu’elle eut décidé, le 13 juin 2012, de suspendre des permis de forage en Guyane accordés au groupe Shell.

Autant de rapports de forces que confirme volontiers Chantal Jouanno, ex-secrétaire d’Etat chargée de l’écologie du gouvernement Fillon II :  » C’est permanent et violent. Sur les OGM, par exemple, les gens de Monsanto n’avaient pas manqué de me rappeler qu’ils avaient un accès direct au président des Etats-Unis… « 

Marie-Béatrice Baudet(avec Gilles Paris)

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