Une réponse de M. Dupont-Aignan

J’ai reçu une réponse à ma lettre envoyée à M. Dupont-Aignan.

Pour mémoire, elle figure sur ce blog et est disponible ICI.

Elle est datée du 27 Août 2013.

La voici.

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Nicolas Dupont-Aignan :

Monsieur,

Je vous remercie pour votre courriel en date du 30 juin.

Tout d’abord permettez-moi de saluer l’intérêt que vous nous portez et
l’attention dont vous semblez animée quant à la place accablante de notre
cher pays rongé par tant de maux. Je crois, nous croyons que l’Union
Européenne telle qu’elle est actuellement configurée en est un des plus
nocifs. Reconsidérer la place de la France en cette période de
mondialisation à outrance ne peut incontestablement se réaliser sans prendre
en compte l’Europe : coopérer avec nos voisins européens traduit un atout
incontestable pour notre Etat-Nation et son rang auprès des géants de ce
monde. Cependant l’avis que vous me transmettez quant aux conséquences d’une
sortie de l’euro traduit un acharnement ne retraçant que de simples
généralités qui peuvent aisément être réfutées.

Nous nous retrouvons dans une situation éminemment complexe : dépossédés de
l’un de nos mécanismes d’action économique majeur, à savoir notre politique
monétaire, nous sommes contraints de n’avoir à répondre aux problématiques
actuelles que par une politique budgétaire ou des réformes structurelles.
Elles sont les vestiges d’un semblant de conservation de notre souveraineté,
si lâchement confisquée par nos élites au profit de Bruxelles comme vous le
savez. Or, les contraintes budgétaires qui étranglent nos moyens d’action
nous dépossèdent de l’usage intégral de notre politique budgétaire : je ne
nie pas qu’il faille réduire nos dépenses publiques, nos gaspillages,
diminuer nos dettes et déficits. Bien au contraire. Je demande à ce que nous
soyons exemplaires. Mais dans la limite du raisonnable, que nous nous
limitions nous-mêmes. La crise actuelle étant majoritairement une crise de
l’offre et notre pays arborant un imposant déficit commercial, il va de soi
que la seule politique budgétaire ne répond en rien aux solutions de sortie
de crise. Il faudrait coupler politiques monétaire et budgétaire, renforcées
par un protectionnisme qui permettrait à la France de bénéficier du fruit de
ses propres relances ; contrairement aux erreurs causées par Mauroy,
confronté aux séquelles de l’irresponsable ouverture totale de notre
économie. Mais voilà, la politique monétaire est nationalement impossible,
et inefficace au niveau européen : j’en veux pour preuve les taux de la BCE
frôlant narquoisement les 0% sans pour autant provoquer la moindre relance.
Que faire alors ! Comment lutter sans le moindre mécanisme d’action ?
Comment répondre à la spécificité de chacun des pays avec une politique
centralisée à Francfort qui n’a même pas pour objectif premier d’éradiquer
le mal s’élevant honteusement en zone euro : le chômage !

Si l’UE nous refuse un euro au service de la croissance et de l’emploi,
alors la France devra organiser un référendum pour demander aux Français
s’ils ne préfèrent pas revenir au franc. Prenons-nous en main, ne dit-on pas
que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même ? La France n’a pas
grand-chose à craindre mais a bien au contraire tout à espérer d’un tel
sursaut monétaire. Comme le dit Jean-Jacques Rosa, la sortie de l’euro n’est
pas la solution à tous nos problèmes et ne nous dispensera pas de mesures
complémentaires parfois douloureuses, mais c’est un préalable à la
résolution de nos difficultés.
Sortir de l’euro serait une délivrance pour bien des peuples, mais à vrai
dire, je propose plus que la substitution de cette monnaie inefficace. Le
beau pays que nous aimons tant réincarnerait son rôle déjà bien connu : il
rendrait la liberté à des peuples entiers, réattribuerait aux Etats-Nations
les capacités de s’autodéterminer et de maitriser leur destinée, rétablirait
la démocratie en Europe. La sortie de l’euro – monnaie unique et la chute de
l’illégitime pouvoir omniprésent de la Troïka, l’un n’allant pas sans
l’autre, sous l’impulsion de la France démontreraient qu’il existe un pacte
vingt-et-une fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du
Monde. Il s’agit-là d’un enjeu de taille, à la hauteur de notre histoire,
nullement utopique mais plutôt raisonné.

Ce discours est effectivement étayé par des experts dont les compétences ne
sont plus à prouver, bien qu’ils ne jouissent malheureusement pas de
l’intérêt des médias. Je ne me permets pas de remettre vos connaissances
économiques en question, cependant permettez-moi de citer des références
dont je ne peux que me réjouir de la maturité, de la réflexion, et de la
connaissance économique quant à une réelle alternative sensée.

Combien de prix Nobel d’Economie sont-ils favorables à la sortie de l’euro ?
Maurice Allais, Milton Friedman, Amartya Sen, Paul Krugman, Joseph Stiglitz
(etc.) : le parti « immature » et dépourvu de « réflexion » que nous
constituons, comme vous l’affirmez, propose une alternative soutenue par des
experts de qualité mondiale et INDEPENDANTS. L’idiotie n’est pas de croire
en une alternative possible et soutenue par de vrais professionnels,
Monsieur, mais bien de ne vouloir remettre en question et en cause un
imposant pilier de l’Union Européenne prétendument intouchable.

Au contraire combien de prix Nobels d’envergure égale soutienne l’Euro ?
Aucun. Seuls des économistes de seconde zone européens, tous payés par les
banques qui jouissent de l’euro, sans aucun exception, défendent leur gagne-
pain.
Les Prix Nobel précédemment cités ne sont qu’une infime partie d’économistes
sortis de l’ombre parmi une multitude certaine. Ils voient dans la sortie de
l’euro la voie de salut pour les pays européens. L’amitié des pays européens
demeurerait évidemment scellée par nos nécessaires partenariats et
coopérations économiques, diplomatiques, en termes de recherches, de
progrès…
Et si le discours le plus simple était justement de laisser aller le cours
des choses, de substituer ce qui a été trop rapidement acquis, de manière
trop irréfléchie. Avouez que si notre volonté d’en finir avec l’euro est
irréfléchie, la rapidité de l’acquisition de l’euro ne peut que l’avoir été
davantage ; sans quoi nous ne connaitrions pas, Monsieur, la crise sans
précédent que nous traversons. Les immatures sont les défenseurs du projet
de monnaie unique qui se sont précipités dans la mise en œuvre de leur
utopie sans en mesurer les enjeux et malheureuses conséquences. Ce sont eux,
Monsieur, les immatures. Ce sont eux, Monsieur, qui signent l’euro de leur
méconnaissance économique atterrante. Si anticipations, connaissances
économiques et réflexions avaient été au cœur des processus d’accès à
l’euro, croyez-vous, Monsieur, que nous en serions dans la situation
actuelle ? Notre parti prend acte de la crise de l’euro et propose sa
solution. L’erreur est humaine, on n’apprend justement que par ses erreurs.
Il ne faut pas avoir honte de revenir dessus, mais bien au contraire en
ressortir grandis. Et non persévérer en s’enfonçant toujours plus dans
l’abîme de la faillite du système.
Revoyons nos ambitions à la hausse, ré-enchantons ce rêve français qui tout
au long de notre histoire n’a fait qu’outrepasser notre modeste présence en
ce monde. Car la mondialisation, bien qu’exacerbée aujourd’hui, existe
depuis bien des siècles et que les pays il fut un temps s’en protégeaient
intelligemment pour qu’elle leur permette de s’accomplir plus
majestueusement. Nous pouvons en tirer les fruits.

Oser parler « d’immaturité » à notre égard est insultant. Nous avons le
mérite d’avoir dénoncé les traités nous ayant conduit à la perte actuelle
que nous connaissons. Les événements qui succédèrent nous ont donnés raison.
Nous ne sommes pas immatures, nous avions réfléchi, et les conséquences
anticipées se sont réalisées. Il va de soi que le laxisme qui découle de
l’immaturité dont font preuve nos politiques se répercute sur bien d’autres
thématiques empreintes au sein de notre patrie : les événements récents en
banlieues parisienne en ont été une preuve supplémentaire. Une action
radicale mais juste est légitime, est nécessaire quant au renouveau
politique que nous devons instaurer et que vous souhaitez.

Propager la bien-pensance est démagogique. Le populisme, consiste à dénoncer
une élite tout en prônant un recours au peuple. Je ne renonce pas au
référendum, Monsieur, je le privilégie et je dénonce le laxisme,
l’incompétence de nos élites. Je suis pour la démocratie. Hors, vous aussi
croyez en la trahison de ceux que nous appelons si grossièrement « élites »,
votre lettre me l’a prouvé. Vous avez foi, Monsieur, autant que moi en cette
réalité et tenez donc vous-même un discours populiste. J’exclue en
l’occurrence toute signification de discours « simpliste », « mensonger » à
ce terme.
L’idée d’une sortie de l’euro aux conséquences désastreuses n’est que le
résultat d’un dogme rigide qui rend plus immature encore l’individu ne
constatant pas que de réels spécialistes de la question économique ont un
avis fondé : mûri, réfléchi, scientifiquement valable et raisonné. Je ne
vous permets donc pas d’insulter mon parti à vocation Nationale d’immature,
encore moins d’illégitime à pouvoir incarner l’exercice de l’Etat. Car notre
légitimité vient de notre croyance –devenue rare au sein du personnel
politique – en la France, de notre volonté à lui retrouver sa grandeur et
son intégrité. Notre volonté est de la reconstituer, de rendre à sa Nation
la souveraineté qui lui a été dérobée.

Défendre l’euro aujourd’hui, c’est se vouloir complice du honteux assassinat
de la Nation grecque actuellement perpétré et d’un affaiblissement
historique des économies européennes au seul profit de l’Allemagne (l’euro
n’est que l’autre nom du Mark=
Votre discours défend ceux que vous dénoncez, ceux qui sont illégitimes à
gouverner. Vous vous rendez donc, et j’en suis navré, complice d’eux, à vos
dépens.

Le renouveau politique ne s’accomplit pas en poursuivant les erreurs de ceux
que l’on dénonce.
Ne pas revendiquer ses opinions uniquement pour accéder à ses ambitions,
n’est- ce pas justement le jeu que mènent ces politiciens que vous critiquez
tant ? Nous nous assumons et ne cèderons pas à ce que nous ne croyons pas
juste. C’est un devoir qui, même s’il ne nous permettait pas d’accéder à nos
ambitions comme vous le dites, traduit non pas la « facilité », notre «
radicalisme », mais bien notre honnêteté. Nous privilégions l’action, car il
est grand temps que nous ne nous laissions plus faire.

Nous porterons ce que nous jugeons bon, raisonnable et raisonné pour notre
Nation. Quelles qu’en soient les normes brisées, les rigidités assouplies,
l’excès de « limites » dont on ne connait la légitimité mais qui sont
l’argument irrationnel premier permettant de n’avoir à tenir aucun discours
construit : c’est la meilleure solution pour servir le pays que nous aimons
tant, pour que vive la France et pour que vive la République.

Je vous prie de croire, Monsieur, que je poursuivrai en ce sens mon action,
et que je vous transmets mes salutations compatriotes.

Nicolas Dupont-Aignan
Président de Debout la République


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