L’exploitation du gaz de schiste trouve ses limites aux Etats-Unis

Ainsi donc la vérité se fait cruelle vis à vis des partisans du gaz de schiste : le filon risque de ne pas être exploitable car la nature se rebiffe. A force d’être dans une politique énergétique du ‘toujours plus’, toutes les sources énergétiques des Etats-Unis subissent un retour de vis sévère.

Il faudra donc bien penser, à moment ou à un autre, à purement et simplement réduire sa consommation énergétique. La climatisation pose un vrai problème, quand des solutions alternatives existent… mais peuvent être moins confortables il est vrai.

Que voulons-nous ? Faire des efforts ou subir de plein fouet les affres de mère nature que l’on aura largement initiées ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 31 Juillet 2013

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Le parc énergétique américain est vulnérable au changement climatique
Selon un rapport fédéral, la production souffrira de plus en plus des sécheresses, tempêtes et inondations

La multiplication d’événements climatiques extrêmes comme l’ouragan Sandy, qui a frappé New York en octobre 2012, constitue une menace sur le système énergétique américain. C’est la conclusion d’un rapport que le département de l’énergie a consacré mi-juillet à la vulnérabilité du secteur américain de l’énergie au changement climatique et à la multiplication des sécheresses, tempêtes et autres inondations.

Ce document, qui compile des dizaines d’études réalisées depuis le début des années 2000, a été publié un mois après l’annonce de son plan climat par le président Obama. Il met en évidence les inquiétudes de l’administration américaine concernant la sécurité énergétique à l’horizon 2060.

Depuis 1900, les températures moyennes annuelles ont augmenté de 0,8 oC aux Etats-Unis, ce qui s’est traduit par des épisodes de sécheresse et de canicule plus nombreux et plus longs. Pendant l’été 2012, 60 % du pays a connu un déficit en eau. Parallèlement, les tempêtes se multiplient. Ces phénomènes ont déjà entraîné des coupures d’électricité de plusieurs jours pour des millions de personnes.

Surtout, les infrastructures de production sont souvent situées dans des zones sensibles aux aléas climatiques. Or, les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat sont claires : la situation va s’aggraver. Le National Energy Technology Laboratory, basé à Pittsburgh (Pennsylvanie), estime que 350 centrales thermiques – 60 % du total – ont été construites dans des zones où l’eau devient rare, alors que d’importantes quantités sont nécessaires pour les refroidir. Actuellement, 90 % de l’électricité du pays est produite à partir de centrales fonctionnant au gaz, charbon, fuel.

Avec le réchauffement des températures, leur production devrait baisser significativement pendant les mois d’été. D’ici à 2060, la moyenne des capacités estivales devrait décroître de 4,4 % à 16 %, selon le modèle climatique utilisé.

Les sécheresses limitent également les capacités de production de certaines centrales hydroélectriques. A l’été 2010, les précipitations anormalement faibles sur le bassin-versant de la rivière Columbia ont engendré une diminution des quantités d’électricité distribuées par la Bonneville Power Administration, l’agence fédérale américaine qui fournit l’électricité dans le nord-ouest du pays. L’entreprise y a perdu 164 millions de dollars (124 millions d’euros).

Quant à l’extraction des gaz de schiste, très gourmande en eau, elle aussi est menacée par l’aridification. En juillet 2010, cette activité a été suspendue, faute d’eau disponible, au Kansas, au Texas, en Pennsylvanie et dans le Dakota du Nord.

Mais la baisse du niveau de l’eau n’est pas la seule crainte des experts : sa température pose aussi problème. Déjà, les incidents se multiplient : en août 2012, la centrale nucléaire de Millstone (Connecticut) a été contrainte de stopper un de ses deux réacteurs, car la température de l’océan dans le détroit de Long Island était trop élevée pour le refroidir. Un arrêt inédit depuis sa mise en service, en 1970.

Les deux semaines d’interruption ont entraîné une baisse de production de 255 000 mégawatts-heures et coûté des millions de dollars. Un tel incident s’était déjà produit en Alabama et dans l’Illinois entre 2007 et 2012.

L’intensification des vagues de chaleur va aussi conduire à des pics de consommation d’électricité provoqués par l’usage massif de climatiseurs que les installations existantes seront incapables d’alimenter. Le Laboratoire national d’Argonne, un des plus importants centres de recherche des États-Unis, estime qu’il faudra construire d’ici à 2050 de nouvelles structures pour produire 34 gigawatts supplémentaires dans l’ouest du pays, pour un coût total de 45 milliards de dollars.

Les infrastructures situées sur les littoraux sont très vulnérables à l’élévation du niveau des mers et aux tempêtes. En octobre 2012, des centrales thermiques du nord-est du pays ainsi que des raffineries et des oléoducs ont été endommagés par l’ouragan Sandy. Plus de 8 millions de personnes se sont trouvées privées de courant. Selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), ces événements extrêmes devraient être plus nombreux dans le futur : globalement, les épisodes de fortes précipitations seront deux fois plus fréquents d’ici à la fin du siècle.

Les phénomènes météorologiques qui occasionnent des dégâts supérieurs à 1 milliard de dollars se sont beaucoup accrus ces trente dernières années : 2011 et 2012 ont ainsi été les deux années les plus  » chères  » de l’histoire du pays.

Le rapport du département à l’énergie se contente de lancer quelques pistes de réflexion pour rendre les infrastructures moins vulnérables, notamment l’adoption de nouvelles technologies, comme la réutilisation des eaux usées pour rafraîchir les réacteurs.

Olivier Mary

    Les centrales nucléaires françaises sous surveillance

    Dans l’Hexagone, ni les premières restrictions d’usages de l’eau (en vigueur depuis le 26 juillet en Ardèche) ni les fortes températures récentes ne justifient d’alerte, indique EDF, qui assure une  » surveillance permanente  » des conditions météorologiques et hydrométriques. Le fonctionnement des 58 réacteurs français, dont 44 en bord de fleuve, peut être affecté soit par une sécheresse rendant le débit des cours d’eau insuffisant pour la dilution des effluents radioactifs, soit par une canicule conduisant à un dépassement des limites réglementaires de chaleur des eaux rejetées dans les fleuves après avoir refroidi les réacteurs. En 2003 et 2006, des dérogations avaient été accordées à certaines centrales, et plusieurs réacteurs avaient été arrêtés. Aucune demande de dérogation n’a pour l’instant été faite à l’Autorité de sûreté nucléaire, précise EDF.


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