Trouvons d’autres solutions pour l’agriculture

En matière d’agriculture, il y a une bizarrerie : le consommateur paie cher ses produits, alors que les agriculteurs ont du mal à en vivre. Est-ce à dire que le consommateur sous-paie ses produits ? En fait non, mais le consommateur paie toute une série d’intermédiaires qui prennent leur part au passage.

A l’arrivée, on est obligé de subventionner des agriculteurs alors que s’ils vendaient directement au consommateur, tout le monde serait content.

Donc, plutôt que de subventionner des agriculteurs pour graisser indirectement des intermédiaires, pourquoi ne les aiderait-on pas à construire des structures pour vendre directement leur produit au consommateur final ? On pourrait monter des coopératives qui seraient chargées de vendre directement les produits dans des points de vente dédiés.

Tout le monde serait gagnant :
– Le consommateur aurait un produit de meilleure qualité et traçable.
– Le consommateur cesserait de subventionner par son impôt des intermédiaires dont la valeur ajoutée reste à déterminer
– Le producteur serait payé par son travail. La valorisation de sa production serait enfin reconnue.

Je ne dis pas que cette mesure est la solution à tous les problèmes, mais elle mériterait largement d’être creusée.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 14 Août 2013

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Les petits producteurs d’oeufs accusent la grande distribution de les asphyxier
Après s’être adapté aux normes de  » bien-être animal « , le secteur fait face à une surproduction

Une trentaine de producteurs d’oeufs bretons sont en colère. Après avoir multiplié, la semaine dernière, de spectaculaires opérations de destruction de centaines de milliers d’oeufs à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) et dans le Finistère (à Ploumagoar, Carhaix-Plouguer et Morlaix) pour protester contre la faiblesse des cours, ces éleveurs devaient être reçus, mardi 13 août après-midi, à Rennes, en présence du ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, et du préfet de la région Bretagne, Patrick Strzoda.

Ces producteurs, qui ne sont affiliés à aucune organisation syndicale, réclament des mesures d’urgence pour tenter de faire repartir le cours des oeufs à la hausse. Ce mécontentement a explosé en Bretagne, la région qui produit le plus d’oeufs dans l’Hexagone (plus de 40 % en volume).

Le fait de casser autant d’oeufs pour en faire une omelette médiatique a, certes, donné à ces patrons de PME un moyen de pression vis-à-vis des pouvoirs publics, mais a été largement critiqué par le public, écoeuré par ce gaspillage massif et ces montagnes d’oeufs qui auraient pu être données à des associations caritatives.

 » C’est la détresse. Il y en a qui vont peut-être devoir mettre la clé sous la porte dès demain parce qu’on est dans le pic des bas prix « , a expliqué à l’AFP un de ces producteurs. Un autre se plaint de vendre le cent d’oeufs à  » 4,30 euros, soit 2,70 euros en dessous du prix de revient « .

La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) leur a apporté son soutien en affirmant :  » Les producteurs d’oeufs français sont aujourd’hui à bout. Après avoir lourdement investi pour mettre leurs élevages aux normes « bien-être animal », ils doivent désormais faire face à une situation excédentaire, qui se traduit par une importante chute des cours et par la dénonciation de certains contrats de production. Les efforts de producteurs ne sont pas récompensés. Pire, leur avenir est en jeu « , insiste ce syndicat, qui demande aux pouvoirs publics  » de soulager la trésorerie des producteurs dans cette période de transition « .

Christian Marinov, directeur de la Confédération française de l’aviculture, estime entre  » 5 % à 6 % la surproduction actuelle « . L’adaptation des poulaillers aux nouvelles normes européennes – visant à donner un peu plus d’air à chaque poule en lui attribuant l’équivalent d’une feuille de papier de format A4 comme nouvel espace de vie – est, à ses yeux, effective sur tout le territoire depuis le 1er janvier 2012. Ce qui n’est pas encore le cas en Espagne ou en Italie.

Ce chantier s’était traduit, pendant les travaux d’adaptation, par une baisse de la production d’oeufs, de l’ordre de 10 % en 2011. Or, depuis septembre 2012,  » on assiste à la mise en place de nouveaux cheptels et la production est sérieusement repartie à la hausse « , dit-il. Au point que la France a retrouvé, avec 13 milliards d’oeufs produits par an, sa première place en Europe devant l’Allemagne et augmenté depuis le début de l’année ses exportations de 20 %.

La colère de ces producteurs est d’autant plus paradoxale que le prix des oeufs pour le consommateur avait plus que doublé entre janvier 2011 et janvier 2012 (+ 106 % selon la revue Agreste du ministère de l’agriculture). Cette hausse avait même atteint + 133 % en février 2012 et + 119 % en mars 2012, et avait été répercutée sur le prix des gâteaux et des pâtes.

Mais, depuis cette adaptation conjoncturelle aux nouvelles normes, les distributeurs n’ont guère fait chuter les prix des oeufs pour les consommateurs. Ce qui ne les a pas empêchés de tirer vers le bas les prix payés aux producteurs. Ceux d’entre eux qui travaillent directement avec les marchés de gros – indexés à la cotation du jour – sont les plus fragiles quand le cours de l’oeuf s’effondre.

M. Le Foll a appelé la grande distribution, lundi 12 août sur France Inter, à cesser d’exercer une pression sur les prix des oeufs. Elle se doit  » d’anticiper les choses et d’éviter d’accentuer les difficultés  » du secteur, a-t-il dit en rappelant qu’il ne dispose  » d’aucun moyen autoritaire  » pour régler ce dossier.

Contrairement aux filières du lait ou de la vigne, l’Etat ne peut pas intervenir pour aider financièrement les producteurs, sous peine de se le voir reprocher par la Commission européenne, souligne-t-on l’entourage du ministre.

 » On a une grande distribution qui continue à tirer les prix – pratiqués aux producteurs – vers le bas, au mépris de l’appareil de production d’oeufs français « , a renchéri Yves-Marie Beaudet, président de la section oeufs de l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne. Il faut  » compter 7 euros pour produire 100 oeufs « , mais  » le producteur les vend moins de 5 euros « , dit-il.

Pour lutter contre la surproduction, l’interprofession propose des méthodes drastiques, comme l’allongement artificiel de la période de désinfection des poulaillers avant le renouvellement des gallinacées, l’abattage anticipé des poules ou une pause dans la création des élevages. En contrepartie, elle demande à l’Etat des appuis financiers, des aides à l’exportation ou des allégements de charges.

Nicole Vulser

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