Quand notre système de santé accepte des mercenaires (2/2)

J’adore ce témoignage : d’après ce médecin mercenaire, « il n’y a rien de honteux », mais il prend bien garde à ne pas révéler son identité ! Mauvaise foi, bonjour ! Et bonjour le courage aussi !

Et bien si, c’est honteux, car c’est le contribuable qui paie cette situation ubuesque ! C’est le contribuable qui va surpayer des médecins à travailler moins car les politiques n’ont pas eu le courage d’augmenter le numérus clausus, ni de remettre en cause la liberté d’installation des médecins sur le territoire !

C’est une situation honteuse car la situation des déserts médicaux est une situation de fait !

Il est réellement temps que les politicards oublient la voix des médecins pour privilégier la voix du peuple : c’est cela que l’on appelle la démocratie !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 13 Août 2013

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TéMOIGNAGE
Médecin mercenaire ?  » Il n’y a rien de honteux à cela « 

Elle a 32 ans, et travaille depuis trois ans et demi comme urgentiste. Dont une bonne partie comme intérimaire. Comme mercenaire ?  » Le terme ne me gêne pas, je sais pourquoi je fais mon boulot : je le fais pour le faire bien « , explique la jeune médecin, qui souhaite rester anonyme. Le choix de ne pas occuper un poste de titulaire, elle l’explique par une  » envie de liberté « .

Après son internat, la jeune femme a commencé à exercer dans un hôpital de Seine-Saint-Denis, près de chez elle. Elle a aimé soigner la population défavorisée qui se présentait aux urgences. Mais pas les conditions de travail : services fermés dans l’hôpital, ce qui compliquait l’orientation des malades, violence de certains patients  » qui veulent tout, tout de suite « , etc. Au bout d’un an, elle a préféré aller voir ailleurs.

Elle goûte alors à l’intérim, seulement six mois. Puis se fixe plus d’un an dans un hôpital des Yvelines. Le peu de temps disponible pour la formation des internes ou la recherche, les gardes surchargées du fait du manque de médecins, l’impossibilité de travailler à mi-temps pour la même raison – elle voulait faire de l’intérim à côté pour financer la reprise de ses études – lui font à nouveau jeter l’éponge.

 » On m’a proposé de rester « 

En septembre, cela fera un an qu’elle ne fait plus que de l’intérim, par le biais d’une agence. Ainsi, elle gagne autant qu’avant, mais en travaillant moins, ce qui lui permet de suivre des études de sciences : elle touche 500 euros la journée (de dix à douze heures) ou la nuit (de douze à quatorze heures), et 1 000 euros net la garde de vingt-quatre heures. Frais de transport, de restauration et d’hôtel lui sont payés.

Pendant plusieurs mois, l’urgentiste a bouché les trous, d’hôpital en hôpital, d’une préfecture à l’autre.  » Chaque fois que je suis passée quelque part, on m’a proposé de rester et de prendre un poste, dit-elle. Des hôpitaux où il manque des médecins, il y en a en région parisienne, alors imaginez dans le Massif central !  » De cette expérience, elle retient  » qu’entre Paris et la province, les médecins n’ont pas les mêmes moyens, et qu’ils réfléchissent du coup très différemment « .

Maintenant, elle n’a plus envie de tourner. Elle se consacre à un seul hôpital, en Bourgogne. Dans son service, la moitié des gardes sont effectuées par des intérimaires. Les gens de son profil, elle le sait, ne sont pas toujours les bienvenus.  » Moi, je n’ai jamais eu de problème. Je suis une jeune femme, et je suis souriante « , explique-t-elle.

Les intérimaires qu’elle a croisés sont plutôt plus âgés qu’elle.  » Il y a même des chefs de service. Mais il n’y a rien de honteux à cela. S’il était possible d’avoir des heures supplémentaires payées à l’hôpital, c’est dans leur établissement qu’ils en feraient « , juge la jeune femme.

Enfin, si elle reconnaît que certains intérimaires peuvent manquer de sérieux, elle souligne que le problème se pose aussi parmi les titulaires.

Laetitia Clavreul

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