Assez de laxisme dans nos campagnes !

Il faut vite stopper le laxisme en matière de vols dans nos campagnes : il en va de la légitimité de l’Etat dans ces territoires ! On ne peut, en effet, toujours cautionner ces vols qui mettent en péril les agriculteurs. Ceux-ci ont le droit le plus fondamental de vivre de leur travail. Il est donc hors de question de ne pas prendre en compte leurs plaintes ou de ne rien faire pour connaître les auteurs de ces délits qui embêtent tout le monde.

Il faut donc engager des moyens et changer l’état d’esprit des gendarmes dans ces territoires afin de faire cesser ces pratiques honteuses.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 22 Août 2013

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Les agriculteurs exaspérés et démunis face aux vols sur leurs exploitations

Champs de fruits pillés, gasoil siphonné, piquets en fer arrachés… les paysans se disent impuissants face à ces actes qui seraient plus fréquents

Si cela se trouve, le temps de notre conversation, on m’a démonté un appareil…  » Comme ce producteur de maïs de Gironde, les agriculteurs sont plutôt tendus, cet été, persuadés que les vols sur leurs exploitations n’ont jamais été aussi fréquents ni aussi importants. Onze tonnes de pêches ont disparu de deux fermes des Pyrénées-Orientales, six tonnes de blé dans le Vaucluse, six autres dans la Nièvre, durant la seule première quinzaine d’août.

Ni la justice ni la gendarmerie ne disposent de statistiques nationales sur ces larcins agricoles. Mais dans les représentations locales de la FNSEA, le principal syndicat agricole, un même constat revient : depuis quatre ou cinq ans, ces vols prennent de l’ampleur, surtout en périphérie des grandes agglomérations. Les gendarmeries sont mobilisées, les procureurs interpellés, les préfets tiennent réunion… Sans grand effet, semble-t-il. Il y a toujours eu du maraudage dans les campagnes  » mais là, c’est puissance dix, témoigne Joël Hospital, président régional (Champagne-Ardenne) de la FNSEA. En juin, nous avons demandé un renforcement des rondes, mais la gendarmerie manque d’effectifs « .

Ses 105 hectares de cultures variées ont été visités quatre fois en deux mois. Il y a quelques jours, les 350 litres du réservoir de son tracteur ont été siphonnés.  » On ne peut plus laisser d’engin en plein champ le soir sinon, au matin, il n’y a plus de gasoil.  » Qui se vole aussi dans les citernes alimentant les pompes d’irrigation. L’agriculteur a bien tenté de placer des blocs de béton de 300 kg sur sa citerne.  » Mais les voleurs viennent avec des barres à mine, et se mettent à quatre ou cinq pour pousser.  » Parfois, plutôt que de siphonner, c’est un coup de pioche dans le réservoir du camion. 450 euros de réparation pour 150 euros de gasoil…

Fer et cuivre sont prisés, eux aussi. Des champs disparaissent les câbles électriques en cuivre des travées d’irrigation, les piquets en fer des clôtures ou des vignes, les asperseurs, des morceaux de serre, tout le petit outillage qui a le malheur de traîner. Sans compter les tracteurs, ou leurs batteries, les plants de vignes, les animaux d’élevage, parfois dépecés sur place pour leur viande, les fruits et légumes dont des champs entiers sont pillés le temps d’une nuit. Les camions, les caisses, la main-d’oeuvre pour cueillir, tout est prévu.

Tout cela coûte

 » Une gangrène « , résume Hervé Peloffi, éleveur en Ariège et président de la FNSEA Midi-Pyrénées, qui explique combien ces vols incessants usent ses confrères.  » On vient saccager un travail déjà pénible et peu rémunérateur. Les gens deviennent fous !  » A mener une vie sur le qui-vive,  » où chaque matin on se demande ce que l’on va trouver « , raconte Serge Vialette, céréalier dans l’Aude. Où la charge de travail augmente sans cesse – enterrer les câblages, ramener le tracteur à la ferme ou le cacher loin des routes, faire chaque soir le tour des parcelles isolées, des systèmes d’irrigation… Où l’on se claquemure, creuse des fossés, s’entoure de chiens, s’équipe de portails électriques, de systèmes anti-pompage à codes pour les cuves, de caméras de vidéosurveillance analogiques à infrarouge, vraies ou fausses, de systèmes anti-démarrage et de géolocalisation des tracteurs.

Mais on ne peut clôturer et filmer tous les champs, savent-ils. Et tout cela coûte. Joël Hospital calcule :  » A 80 centimes le litre de gasoil, ce sont rapidement 5 000 à 10 000 euros de perte.  » Les assurances ne couvrent pas tout (notamment pas les vols en plein champ). On ne les prévient pas forcément, non plus, pour des questions de franchises, ou par crainte qu’elles ne finissent un jour pas refuser d’assurer. De même qu’on ne porte pas toujours plainte. A quoi bon ? Ces délits sont jugés mineurs par la justice.  » En un mot, c’est « Débrouillez vous ! », pense Yves Aris, producteurs de fruits dans les Pyrénées-Orientales. Je vous défie de trouver une seule condamnation pour vol de produits agricoles ! Les procureurs classent sans suite ou demandent des peines avec sursis. La gendarmerie ne peut pas patrouiller partout. « 

Incompréhension. Sentiment d’injustice. Discours sur l’impunité offerte aux malfrats. Sur ces réseaux de revente auxquels les forces de l’ordre ne s’attaquent pas assez : les ferrailleurs et leurs succursales en Espagne, ceux qui pratiquent la vente directe, et auxquels on ne demande pas de prouver leur qualité d’agriculteur… Du coup, des rondes de surveillance nocturne s’organisent dont on ne parle pas trop aux journalistes.

En revanche, on les avertit bien qu’ » un jour, ça finira mal « . Parce que les gens n’en peuvent plus, selon Hervé Peloffi :  » Récemment un groupe d’agriculteurs qui « tournaient » a pris sur le fait deux Roumains en train de voler des câbles. Ils les ont pourchassés. C’est très dangereux, ils auraient pu avoir des armes et leur régler leur compte. « 

Chacun a son histoire d’agriculteur qui a tiré en l’air, ou sur un camion, ou qui a bien failli le faire, et se souvient de ce trufficulteur de la Drôme qui, fin 2010, a abattu un voleur à coups de fusil à pompe. Jean-Louis Dubourg, cultivateur de maïs en Gironde, raconte, placide :  » Il y a de plus en plus d’alarmes sur les appareils d’irrigation. Quand elles se déclenchent en pleine nuit, les gars n’y vont pas avec un bâton.  » L’ambiance a bien changé dans les campagnes, jadis réputées accueillantes. Quelque chose s’est cassé, regrette Hervé Peloffi.  » Le Front national grimpe, chez ces bosseurs qui ne supportent plus le laxisme.  » La République, croient-ils, les a abandonnés à leur sort.

Pascale Krémer


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