Les auto-entrepreneurs et les artisans ne doivent pas s’écharper

Il n’y a aucune raison pour qu’artisans et auto-entrepreneurs se fassent la guerre, car leur domaine d’activité n’est pas le même. Entre un artisan qui va gagner 2000Euros / mois et un auto-entrepreneur, issu quelques fois de la SNCF, l’entreprise ferroviaire laissant (…beaucoup…) de jours de congé à son personnel, il y a un gouffre.

Gouffre réglementaire tout d’abord : si un chantier impose des normes avec formations indispensables en désamiantage, en sécurité électriques et assurances décénales, l’auto-entrepreneur ne pourra y avoir accès. Inversement, il n’y a pas besoin de faire appel à un artisan (qui ne voudra pas nécessairement le marché d’ailleurs, car trop petit) pour redisposer un meuble de cuisine, remplacer un robinet ou réparer une chasse d’eau.

Bref, à chacun son marché : à l’artisan, les gros chantiers aux prérogatives réglementaires indispensables, à l’auto-entrepreneur, les menus travaux réalisés en deux heures maximum.

Il devra en revenir à la loi de définir les domaines d’activité, précis, alloués à une catégorie ou à l’autre afin que la guéguerre intestine entre artisans et auto-entrepreneurs cessent et que l’on favorise la notion de travail dans notre pays. En effet, notre pays souffre en ceci qu’il ne travaille pas assez : les 35h doivent déjà être réformées car, à elles seules, elles sont déjà un motif de concurrence vis à vis des artisans. Car nombreux sont les cas de salariés SNCF et autres branches de la fonction publique, travaillant au black ou en tant qu’auto-entrepreneurs afin d’arrondir leur fin de mois, alors que l’entreprise SNCF (en y incluant bien entendu RFF) est déjà déficitaire et bénéficie déjà largement des subsides de l’Etat, in fine, de l’argent public.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 21 Août 2013

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 » La concurrence que nous faisons aux artisans est dérisoire « 

Questions à François Hurel, président de l’Union des autoentrepreneurs

Que pensez-vous du projet de loi qui va modifier le statut des autoentrepreneurs ?

YSi le seuil de chiffre d’affaires à partir duquel l’autoentrepreneur intégrera le droit commun – qu’ilsoit fixé par voie réglementaire ou législative – durcit le régime actuel, j’y serai opposé. Ce texte vise à briser un régime qui fonctionne bien en lui imposant une durée déterminée de deux ans. Le système actuel a démontré qu’il fonctionne parce qu’il est simple et accessible à tous. La création, par le gouvernement, de la commission confiée au député Laurent Grandguillaume, est un signal fort, positif, mais ce n’est pas un résultat. Il devra mettre autour d’une table tous les acteurs, pour discuter ensemble de la question des seuils.

Pourquoi les artisans sont-ils opposés au régime actuel ?

Il faut engager une vraie discussion, en finir avec cette tension extrême qui s’apparente à du poujadisme. Pour tondre une pelouse ou changer une ampoule, le consommateur s’y retrouve en faisant appel à un autoentrepreneur. Pour refaire un tableau électrique, il aura, en revanche, besoin d’un électricien, diplômé, assuré. Or, la concurrence que nous faisons aux artisans est dérisoire, selon le rapport de l’inspection générale des affaires sociales et de l’inspection générale des finances.

Que préconisez-vous ?

Il faut opérer une distinction claire entre les métiers des artisans et les activités des autoentrepreneurs. Plusieurs pistes de réflexion pourraient être explorées : arriver à une analogie des régimes, séparer les activités réservées à l’un et à l’autre, modifier le statut des artisans… Cette loi est focalisée sur les artisans, alors que seuls 25 % des autoentrepreneurs ont des activités à la frontière de celles des artisans. Ce qui revient à pénaliser 75 % des autoentrepreneurs, ceux qui travaillent dans le conseil, l’informatique… Leurs activités risquent d’être bridées.

Propos recueillis par N. V.


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