Un éditorial qui ne dit pas tout

Ah qu’il est beau et doux cet éditorial ! L’éditorialiste, qui a sa carte de Presse, n’informe pas mais se contente d’émettre un avis, forcément éclairé, sur la société. Il n’informe pas mais il juge. Il juge que l’on ne peut se faire justice soi-même et que le numérique c’est pas bien car ça permet que le peuple prenne trop de libertés avec leur droit à l’expression.

Se faire justice, c’est mal et Facebook est méchant de donner l’expression à ceux qui voudraient le faire.

Est-ce si simple que cela ? Oui, se faire justice soi-même est intolérable dans une société Démocratique et Républicaine. Seule la justice est à même de rendre la justice. Soit.

Dans le dossier présent on voit quoi ? Un individu perdre la vie à cause d’un braquage alors qu’il avait déjà eu 14 condamnations ! Où est la justice quand elle se permet de faire se balader dans les rues des voyous au casier long comme le bras ? Oui le bijoutier doit être condamné pour ses actes, mais la justice ne doit-elle pas l’être aussi ? Ne doit-elle pas l’être d’abord ? Ce voyou est mort non à cause du bijoutier mais d’abord à cause de la justice qui n’a pas fait son travail et qui en a incité d’autres à le faire à sa place !

C’est cela la vérité ! Aucun Français n’accepte qu’on puisse avoir 14 condamnations et recommencer, la justice a donc fait preuve, en plus d’un laxisme absolu, d’un sens ouvertement anti-démocratique ! Une Démocratie est un mode d’exercice du pouvoir du peuple par le peuple. Quand la justice oublie d’écouter le peuple, on ne peut s’en prendre qu’à soi-même si d’autres se font justice eux-mêmes !

Petit rappel sur le rôle de la condamnation dans la justice pénale. Elle doit :

– Eduquer. Le rôle n’est pas rempli. Dans nos prisons on éduque plus les voyous à la filouterie plutôt qu’à des matières permettant à l’individu de se réinsérer convenablement dans la société.
– Punir. Le rôle n’est pas rempli. La moyenne des années passées derrière les barreaux d’un condamné à perpétuité est de 23 ans. Peut-on me rappeler la définition de perpétuité ?
– Protéger la société. Par un laxisme exacerbé et car la punition n’est pas au rendez-vous, la protection n’est plus assurée. Il ne faut donc pas s’étonner que d’autres se protègent.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 19 Septembre 2013

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ÉDITORIAL
Le bijoutier de Nice, ou la loi du talion numérique

Sous la loupe grossissante d’Internet et des réseaux sociaux, l’affaire du  » bijoutier de Nice  » est devenue, en peu de jours, l’implacable révélateur de l’état inquiétant de la société française.

Nul n’en ignore plus le scénario. Le 11 septembre, Stephan Turk ouvre sa bijouterie. Il est immédiatement menacé par deux hommes armés d’un fusil à pompe, tabassé et dévalisé. Au moment où ses agresseurs montent sur un scooter pour s’enfuir, le bijoutier saisit un pistolet qu’il détient illégalement et fait feu à trois reprises. L’un des braqueurs est touché mortellement. Le bijoutier a été mis en examen pour homicide volontaire et placé sous contrôle judiciaire. Mais, simultanément, une page  » Soutien au bijoutier de Nice  » est créée sur Facebook ; elle a reçu, à ce jour, plus de 1,6 million de clics d’approbation, ces fameux  » like « , emblème du réseau.

Un cas clinique, où tout se conjugue. Un petit bijoutier, exaspéré par l’insécurité, aussi réelle que ressentie par les commerçants, victimes d’agressions à répétition. Un petit braqueur, 19 ans, quatorze sanctions ou condamnations à son actif, sorti de prison deux mois plus tôt. Des petits calculs politiques qui, à six mois des municipales, conduisent les élus UMP – Christian Estrosi, député et maire de la ville, Eric Ciotti, député et président du conseil général – à participer à une manifestation de soutien au bijoutier, aux côtés de leur concurrente du Front national. Enfin, les petits réflexes des internautes, qui, d’un clic, disent  » aimer  » le geste meurtrier du bijoutier.

Il serait aveugle et absurde d’ignorer ce que cette affaire révèle des tensions, des exaspérations, de la colère ressenties par les commerçants. Et, au-delà, par des Français qui constatent, depuis des années, l’augmentation de l’insécurité, notamment des agressions sur les personnes, et enragent devant l’impuissance des pouvoirs publics à juguler efficacement ce fléau. Après le président de la République, le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, a dit comprendre cette colère, mais ajouté qu’il n’avait pas de  » baguette magique « .

Mais il serait tout aussi aveugle et absurde d’occulter les dérapages dangereux que révèle ce fait divers tragique. Pour les réseaux sociaux, tout d’abord. Sans même parler des risques de manipulation ou d’instrumentalisation, les internautes seraient bien inspirés de mesurer qu’ils participent d’une sorte de justice d’opinion, comme on parle d’une démocratie du même nom : une  » justice  » émotionnelle qui conduit tout bonnement à la vengeance irrationnelle. Ce faisant, ils instaurent, en quelque sorte, une loi du talion numérique. Au détriment des tribunaux, seuls légitimes pour rendre la justice au nom du peuple français. En l’occurrence devant une cour d’assises et des jurés populaires.

Quant aux responsables politiques qui se sont emparés de cette affaire, ils sont coupables d’une redoutable démagogie. On n’en est pas surpris quand il s’agit d’un Jean-Marie Le Pen, assurant qu’il aurait fait la même chose que le bijoutier de Nice. Mais quand des parlementaires – et ceux-ci se veulent les plus vigoureux défenseurs de la loi et de l’ordre – s’affichent comme les premiers avocats d’une justice expéditive, la République a du souci à se faire.


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