La réforme sur les universités était-elle réellement une bonne idée ?

La réforme sur les universités menée sous Sarkozy était-elle réellement une bonne idée ? L’Université doit être une compétence régalienne. Elle doit donc échapper à une logique purement mercantile. En effet, l’éducation est à la charge de l’Etat et doit être entièrement financée par l’Etat. En changeant cette logique, on a inversé la logique en faisant de l’éducation supérieure un marché comme un autre. Cela ne marche pas comme on le voit aujourd’hui. A une université qui affichait de bons taux de réussite, on lui a imposé une logique de rentabilité que l’université n’a pas pu remplir.

Une situation de faillite donc… qui va être rattrapée par le contribuable. L’autonomie n’est donc qu’un leurre car lorsqu’il y a des faillites, les universités ne ferment pas.

De plus, elles ne peuvent pas entrer en concurrence les unes avec les autres de manière pleinement opérationnelle car elles sont trop éloignées pour que cette concurrence puisse pleinement s’exprimer.

La réforme des universités n’a donc servi à rien car on a introduit des critères d’autonomie qui peuvent ne pas être respectés, et l’on a oublié la véritables priorité des universités : les étudiants.

Encore, donc, une mesure qui n’a servi à rien, hormis à faire de la communication politique à deux Euros.

Un article du journale ‘Le Monde’ daté du 22 Novembre 2013

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Louée pour ses taux de réussite, l’université de Versailles-Saint-Quentin n’a plus un sou
Le ministère de l’enseignement supérieur vient de lui accorder une avance de 5 millions d’euros pour payer notamment les salaires et les factures

Si l’université Versailles-Saint-Quentin (UVSQ) était une entreprise, elle serait en cessation de paiements. Sans argent frais de l’Etat, elle ne pourrait pas payer les salaires de ses personnels en décembre, ni ses factures. Au terme de négociations serrées avec le ministère de l’enseignement supérieur et celui de l’économie, l’université va bénéficier d’une avance remboursable d’environ 5 millions d’euros.

En 2012, elle a affiché un déficit de 5,2 millions d’euros, le premier depuis sa création en 1991. Et elle ne peut plus puiser dans ses réserves, son fonds de roulement est négatif. D’autres universités connaissent aussi des difficultés financières importantes et certaines accusent même trois déficits consécutifs mais la situation de l’UVSQ semble inédite. Une des explications serait à chercher dans une sous-dotation chronique de l’établissement. L’UVSQ, créée il y a vingt ans, n’a, comme la plupart des jeunes universités, jamais obtenu les dotations en personnel et en fonctionnement suffisantes.

 » Nos difficultés ne sont pas nouvelles. Dès que nous avons découvert l’ampleur de nos difficultés au printemps, un plan de réduction des dépenses de 7 millions entre 2014 et 2016 a été mis en place « , explique Jean-Luc Vayssière, son président. Les dépenses de fonctionnement ont été réduites de 20 %, des emplois ont été gelés et les départs non remplacés.

Depuis plusieurs jours, le président de l’UVSQ tente de rassurer ses personnels, les syndicats et les étudiants. Pas simple : après un audit du ministère de l’enseignement supérieur, la Cour des comptes a remis un rapport d’observations provisoires très critique.  » L’université est dans une situation financière difficile (…). Cette situation est essentiellement le résultat d’une absence d’anticipation et d’analyse des conséquences de décisions de gestion qui ont conduit à une augmentation de la masse salariale et des dépenses de fonctionnement. « 

Depuis son passage à l’autonomie en 2010, la masse salariale de l’UVSQ a beaucoup augmenté, +7,63 % en 2011, + 6, 53 % en 2012. De nombreuses universités ont procédé de la même manière pensant que le ministère accompagnerait dans le temps ces embauches, cela n’a pas été le cas. Cette inflation s’est accompagnée d’une augmentation de l’offre de formation et du nombre d’étudiants.

 » Réduire la voilure « 

Les difficultés de l’UVSQ sont aussi à chercher dans les projets immobiliers. En cause, trois partenariats public-privé (PPP).  » Des opérations bien aventureuses « , critiquent les syndicats d’enseignants et d’étudiants. L’université a récupéré un bâtiment de médecine mais le loyer d’exploitation s’élève à 750 000 euros. Elle doit aussi débourser 900 000 euros pour l’observatoire de Versailles-Saint-Quentin, un centre de recherche sur les sciences de l’Univers.  » C’est excellent pour notre notoriété, mais cela ne nous rapporte pas d’argent « , dit M. Vayssière.

Mais c’est surtout la signature d’un contrat de performance énergétique qui pose problème. L’objectif était de permettre de faire des travaux pour réduire sa facture énergétique. Las ! Ce contrat de 25 ans se traduit par un surcoût de 2 millions d’euros.  » Je souhaite renégocier ce partenariat avec l’appui de l’Etat « , annonce M. Vayssière.

Malgré ses remarques sévères, la Cour des comptes reconnaît que l’attractivité de l’université, ses taux de réussite remarquables et le développement de son offre de formation ont servi la croissance de l’activité de formation. L’UVSQ est arrivée en tête des universités pour la réussite de ses étudiants en licence, selon un classement du ministère.  » L’université remplit aujourd’hui avec sérieux l’une de ses principales missions qu’est l’enseignement « , juge la juridiction mais elle lui demande de contenir ce développement, coûteux en ressources d’enseignement.  » Aujourd’hui, on me demande de réduire la voilure, dit Jean-Luc Vayssière. Je veux bien le faire mais en restant vigilant sur la qualité des formations. Je n’accepterai pas de mettre en difficulté mes étudiants. Si je n’ai pas les moyens de les faire réussir, je serai obligé de réduire mes capacités d’accueil en première année de licence. « 

L’université veut préserver au maximum le taux d’encadrement en licence et ne pas multiplier les parcours en premier cycle. En revanche, l’offre de formation en master, et notamment en sciences et technologie, va être réduite et mutualisée avec Orsay et Evry dans le cadre du pôle Paris-Saclay.

Nathalie Brafman

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