Il est temps de mettre définitivement fin au « fini-parti » !

Ce principe du « fini-parti » est honteux, ce, à double titre :

1. D’abord, parce que, dans tout travail, quand on se presse, on ne le fait pas bien. Le ramassage des ordures est un service public. A ce titre, il se doit d’être fait correctement. Quand le « fini-parti » est la règle, il est sûr que le travail ne peut être fait correctement. On a beau jeu, dès lors, de dire que le problème réside dans le contrôle. Ce n’est pas vrai. Le contrôle implique un surplus de dépense qui est inutile quand la simple suppression du « fini-parti » peut résoudre le problème initial.

2. Quand on se presse, cela remet forcément en cause la sécurité. Le ramassage des ordures se fait avec des véhicules avec, très souvent, du personnel à l’arrière chargé de mettre les bennes dans les camions. Le risque est donc grand que les conducteurs appuient un peu trop sur le champignon. Ce risque engage le personnel à l’arrière des véhicules, ainsi que les autres usagers de la route.

Dès lors, la règle du « fini-parti » doit être définitivement abolie : c’est une question de responsabilité devant le citoyen, une question de coût et une question de sécurité.

Une pétition a été initiée. Elle est disponible ici : http://chn.ge/PEfsQQ

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 26 Avril 2014

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Marseille : la justice administrative remet en cause le  » fini-parti « 
La mairie et le syndicat FO des éboueurs ont six mois pour modifier ce règlement

La Cour administrative d’appel a demandé, vendredi 25 avril, à la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM) d’abroger un point ultracontroversé du règlement intérieur de sa direction de la propreté urbaine : celui relatif au  » fini-parti « , une organisation du travail qui permet aux agents de collecte des ordures de quitter leur poste une fois qu’ils estiment leur tâche effectuée.

Dans son arrêt, la cour considère que la pratique du  » fini-parti  » est susceptible d’avoir une influence sur la qualité du service rendu et que la décision l’instituant aurait dû, lors de son inscription dans le règlement intérieur de MPM en 2007,  » être soumise au vote  » de la communauté urbaine, ce qui n’a pas été fait. La cour donne six mois au nouveau président de la communauté urbaine, l’UMP Guy Teissier, pour réparer cette  » illégalité « .

Est-ce pour autant la fin du  » fini-parti  » à Marseille ? Le sujet enflamme les esprits dans une ville exaspérée par son problème de propreté. Pendant la dernière campagne municipale, la gauche comme le FN ont demandé sa suppression. Chacun y voyant une des causes de la saleté des rues et un symbole de la  » cogestion de Marseille par le syndicat majoritaire, Force ouvrière « .  » Le problème, ce n’est pas le “fini-parti”, c’est le contrôle « , ont rétorqué alors le maire, Jean-Claude Gaudin, et l’UMP, maniant un argument massue : le PS, bien qu’aux affaires à la communauté urbaine depuis 2008, n’a pas souhaité supprimer cette organisation du travail.

Chez MPM, on rappelle que ce n’est pas le  » fini-parti  » qui a  » été déclaré illégal  » par la cour administrative d’appel, mais  » l’absence de vote « .  » C’est un faux problème, pourquoi ne partirait-on pas si le travail est fini ? « , demande M. Teissier. Dans son discours d’intronisation, conscient de l’enjeu politique, il a annoncé vouloir établir  » un nouveau contrat local de propreté, conforme aux règles de droit « . Une de ses premières sorties officielles, le 17 avril, a été pour les équipes de collecte des ordures. Une rencontre encadrée par les leaders de FO, avec qui le dialogue semble au beau fixe. Pendant la campagne, le syndicat majoritaire à la ville et à la communauté urbaine a poussé son soutien jusqu’à décerner une carte de  » membre d’honneur  » à M. Gaudin.

Devant les agents, Guy Teissier a rappelé qu’il n’avait rien  » contre le “fini-parti”  » mais qu’il n’était plus possible que  » des hommes travaillent plus que d’autres « . En 2007, un rapport de la chambre régionale des comptes évoquait, pour une majorité des tournées de collecte des ordures à Marseille,  » un temps de travail équivalent à la moitié du temps de travail légal, soit 3 h 30 environ « .

 » Aujourd’hui, la moyenne est plutôt de cinq heures dans le cadre d’une journée continue, assure Patrick Rué, secrétaire général FO-territoriaux, qui représente 60 % des 3 500 agents de MPM. Mettre en place un temps de travail plancher est une possibilité. Ce qui se négociera, c’est le contexte global. Aujourd’hui, soit Guy Teissier suit à la lettre cette décision de justice et décide de ne plus appliquer le “fini-parti”. Soit il prépare un nouveau texte pour le présenter au conseil communautaire… Je crois plutôt à cette seconde solution. « 

Le  » fini-parti  » n’est pas l’apanage des éboueurs marseillais. Cet usage a cours dans de nombreuses autres collectivités pour l’enlèvement des ordures ménagères, explique Jacques Pélissard, président de l’Association des maires de France. Mais la Caisse nationale d’assurance-maladie a recommandé, en 2008, de mettre  » tout en œuvre pour supprimer – cette – pratique accidentogène « .

Lorsqu’ils sont soumis au  » fini-parti « , les agents ont, en effet, tendance à rouler un peu trop vite et à exécuter des gestes trop brusques. Ils s’exposent, du même coup, à divers risques : accidents de la circulation, troubles musculo-squelettiques…  » Cela pose des problèmes de santé au travail et de qualité de service, pointe Nicolas Portier, délégué général de l’Assemblée des communautés de France. Des collectivités ont donc cherché à sortir de ce mode d’organisation du travail.  » Ce fut notamment le cas de l’agglomération de Perpignan en 2012.

Mais l’abandon du  » fini-parti  » n’est pas évident à faire accepter. Bon nombre d’agents y sont attachés car il laisse un peu plus de temps libre et leur permet de cumuler une autre activité, pas toujours déclarée, souligne un maire.

Certains élus optent pour le maintien du  » fini-parti  » mais en le  » canalisant « , grâce notamment à la mise en place de la géolocalisation, explique M. Pélissard. Avec un tel dispositif, on sait en temps réel où se trouvent les camions, à quelle vitesse ils circulent, complète Hubert Martin, directeur d’un syndicat mixte qui coiffe plusieurs collectivités chargées de la collecte des ordures ménagères dans le Jura. Au début, les salariés concernés le vivent parfois comme une intrusion et une marque de défiance, mais à la longue,  » je crois qu’ils finissent par y voir les avantages « , ajoute M. Martin.  » Cela les amène à assurer leur tournée sans courir.  » Le  » “fini-parti” peut être un bon système s’il est bien encadré « , conclut Nicolas Garnier, délégué général d’Amorce, une association regroupant collectivités et entreprises sur les questions des déchets.

Bertrand Bissuel et Gilles Rof (à Marseille)

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