Quand l’Allemagne va parfois trop loin…

Très franchement, là, il y a un truc qui ne va pas… Quel est l’intérêt de dépenser à ce point l’argent du contribuable à organiser un procès d’envergure pour un préjudice de 700 Euros ? Vingt-deux jours d’audience et 45 témoins ne se font pas sans coût et il sera nécessairement beaucoup plus élevé que le préjudice reproché !

Parfois, le mieux est l’ennemi du bien. L’Allemagne serait bien avisé de réviser ce vieil adage avant d’engager des actions idéologiques…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 16 Novembre 2013

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Un ex-président allemand au tribunal pour 700 euros

Pour la première fois dans l’histoire de la République fédérale, un ancien président de la République fédérale d’Allemagne comparaît devant un tribunal, jeudi 14 novembre. Christian Wulff, élu président en juin 2010, avait dû démissionner en février 2012 de ce poste largement honorifique.

A la suite de soupçons de corruption révélés par la presse, le parquet avait en effet demandé la levée de son immunité. Au total, pas moins de 21 charges pesaient contre ce responsable de la CDU, proche d’Angela Merkel, soupçonné d’avoir bénéficié de la générosité intéressée d’hommes d’affaires lorsqu’il était ministre-président de la Basse-Saxe de 2003 à 2010. Problème : au fur et à mesure de l’avancement de l’enquête, les charges retenues contre lui se sont toutes révélées infondées à l’exception d’une seule.

En 2008, un ami, le producteur de cinéma David Gronewold lui aurait payé une chambre d’hôtel et une note de restaurant lors de la Fête de la bière à Munich. Montant de la facture : un peu plus de 700 euros. En échange, Christian Wulff aurait intercédé en faveur de cet ami auprès de Siemens. De corruption, il n’est plus question.

Devant le tribunal de Hanovre, Christian Wulff doit désormais simplement répondre de  » trafic d’influence « . Le procureur a bien proposé à l’ancien président une transaction financière (20 000 euros contre l’abandon des charges à son encontre) mais celui-ci a refusé et se pose désormais en victime d’un acharnement judiciaire.  » Ce n’est pas un jour facile. J’espère balayer la toute dernière accusation qui reste – contre lui – , car je me suis toujours comporté convenablement « , a-t-il dit en arrivant à son procès. Celui-ci promet d’être très médiatisé. Malgré la relative modestie du délit présumé, pas moins de 45 témoins sont appelés à la barre et vingt-deux jours d’audience sont prévus.

Malaise dans la presse

Un certain malaise était perceptible dans la presse à l’ouverture du procès. Christian Wulff et sa jeune épouse Bettina ont dans un premier temps été portés aux nues par la  » presse people  » et par le quotidien Bild. Tout a changé lorsque celui-ci a révélé en décembre 2011 que le président avait, jadis, obtenu un prêt (déclaré devant notaire) d’un de ses amis pour acquérir sa résidence principale et qu’il avait menacé de représailles le rédacteur en chef de Bild si celui-ci publiait son  » scoop  » sur ce fameux prêt. Ensuite, la presse s’était déchaînée sur les faveurs que Christian Wulff était supposé avoir reçues de ses riches amis. On avait d’ailleurs appris à cette occasion que les journalistes allemands bénéficiaient également d’un certain nombre d’avantages non négligeables. Fallait-il vraiment provoquer une crise politique et personnelle – le couple Wulff s’est entre-temps séparé – pour moins de 800 euros ? Le jugement apportera peut-être un élément de réponse.

F. Le. (Berlin, correspondant)

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