Quand l’Allemagne se fait engueuler

L’Allemagne se porte bien car elle a engagé des réformes courageuses que la France a été incapable de mener. Nous avons une classe politique lâche et immobile qui se complaît dans son bien-être alors qu’en Allemagne cette classe est plus axée sur l’intérêt général. Mais tout n’est pas rose pour autant car l’Allemagne a tendance à abuser de sa position dominante. Elle n’a pas de SMIC et ne se soucie guère du bien être de ses salariés. Ainsi, elle n’hésite pas à aller chercher des Roumains, payés une misère, pour effectuer un travail exténuant et éreintant.

L’Allemagne n’est donc pas exempte de tout reproche, mais elle l’est bien plus que la France qui est immobilisée par son idéologie politique qui la freine dans la défense de son intérêt économique. La relance de la consommation intérieure, en Allemagne, pourrait être faite par la mise en place d’un SMIC. Mais attention : un SMIC n’est pas une solution à tout, car elle accroît mécaniquement une hausse des prix.

L’Allemagne doit donc poursuivre ses efforts, quand la France a véritablement besoin de talents tant elle se montre médiocre dans sa politique actuelle.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 14 Novembre 2013

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L’Europe presse Berlin de rééquilibrer son économie
Bruxelles enquête sur l’excédent commercial allemand. Et rappelle le  » grave  » problème de compétitivité français
Bruxelles Bureau européen

Pour l’Allemagne, c’est une grande première ; pour la France, presque une habitude. Les deux principales puissances de la zone euro devaient être invitées par la Commission européenne, mercredi 13 novembre, à mettre un peu d’ordre dans leurs économies.

José Manuel Barroso, le président de la Commission, et son équipe devaient ouvrir une enquête approfondie sur les excédents des comptes courants engrangés par l’Allemagne. Une perspective longtemps rejetée bec et ongles par la chancelière Angela Merkel. Quant à la France de François Hollande, elle doit, d’après Bruxelles, accélérer encore ses efforts de réforme pour redresser la compétitivité de son économie.

 » Si la France et l’Allemagne mettaient réellement en application les recommandations du Conseil européen, elles rendraient un grand service à la zone euro « , a prévenu ces derniers jours Olli Rehn, le commissaire chargé des affaires économiques et monétaires.

Ce double avertissement est sans précédent depuis la mise en place, voici deux ans, du  » mécanisme d’alerte  » destiné à prévenir l’émergence de déséquilibres macroéconomiques au sein de l’Union européenne et de la zone euro. A ce titre, la Commission surveille déjà les faiblesses de l’économie française, mais elle a longtemps hésité avant de pointer du doigt les excédents allemands.

Au grand dam de la France, de l’Espagne ou de l’Italie, la prudence de Bruxelles à l’égard de Berlin tranchait jusqu’ici avec les positions prises par les Etats-Unis, et le Fonds monétaire international (FMI), qui réclament de longue date à l’Allemagne de rééquilibrer son économie pour la rendre moins dépendante des exportations, et stimuler sa demande intérieure.

 » Personne ne veut critiquer les succès des entreprises allemandes dans la concurrence mondiale. Il s’agit plutôt de maîtriser les évolutions qui pourraient mettre en danger sur la durée la poursuite de cette réussite « , a justifié M. Rehn pour préparer les esprits outre-Rhin. Pour le commissaire, il est temps de réagir dans la mesure où les excédents allemands vont se situer, cette année comme en 2012, à 7 % du produit intérieur brut (PIB), c’est-à-dire au-dessus du seuil de 6 % identifié lors de la mise en place, en 2011, de cet instrument de surveillance macroéconomique. A l’époque, Berlin avait tout fait pour éviter d’être mis en cause.

Cette fois, la Commission renvoie dos à dos Allemagne et France pour mieux défendre son approche auprès des deux pays. Afin d’apaiser la première, M. Rehn rappelle que treize Etats ont fait l’objet, en 2012, d’enquêtes approfondies diligentées par Bruxelles, dont la France, le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, la Suède ou l’Espagne, pour des raisons diverses.

 » En Allemagne, il s’agit de réduire les goulets d’étranglement de la consommation intérieure : diminuer les impôts des plus modestes, accroître les investissements publics et privés, améliorer  la concurrence dans les services « , plaide M. Rehn. Une façon, à ses yeux, d’encourager l’activité outre-Rhin, pour le plus grand bénéfice de l’ensemble du continent.

A la France, le commissaire rappelle cependant que l’Allemagne n’est pas le seul pays à influer sur la prospérité de la zone euro. Pour lui, l’Hexagone détient, lui aussi,  » la clé d’un retour à la croissance et à l’emploi « , à condition d’approfondir les réformes engagées par M. Hollande.

Le parallèle s’arrête là. L’Allemagne reste la référence au sein de l’union monétaire. L’enquête approfondie annoncée mercredi doit être menée d’ici à mars 2014. Elle pourrait déboucher sur des recommandations non contraignantes.

En revanche, la France est de plus en plus montrée du doigt. Vendredi 15 novembre, la Commission devrait dire ce qu’elle pense du programme économique présenté début octobre par Paris, en échange du délai de deux ans consenti pour ramener les déficits en deçà du seuil de 3 % du PIB, d’ici à 2015.

Sur le plan budgétaire, la Commission s’apprête à décerner un satisfecit au projet de loi de finances français pour 2014 : il serait  » globalement satisfaisant « , a jugé, mardi, M. Barroso. Bruxelles devrait toutefois indiquer que les marges de manoeuvre du gouvernement français sont désormais quasiment inexistantes, et qu’il ne faut pas relâcher l’effort.  » La politique fiscale de la France a atteint les limites de l’acceptabilité « , a dans ce contexte prévenu M. Barroso.

Pour les autorités européennes, la priorité doit être de baisser les dépenses publiques, étant donné le niveau record des prélèvements fiscaux et sociaux. La Commission devrait surtout reprendre les grands axes de la recommandation adressée en mai à Paris, pour tenter de régler le  » grave  » problème de la compétitivité française. A l’époque, six domaines d’action prioritaire avaient été identifiés : réforme du marché du travail, coût du travail, libéralisation des services, environnement des entreprises, simplification de la fiscalité, sans oublier la réduction des déficits. Pour M. Rehn, il est grand temps d’agir, quitte à aller au-delà des initiatives prises, ou annoncées, par M. Hollande. Pour ne prendre qu’un exemple, la réforme des retraites en cours d’adoption n’a pas tout à fait convaincu à Bruxelles.

Dans cet exercice d’évaluation détaillée des réformes engagées, la France côtoie  l’Espagne, les Pays-Bas, Malte et la Slovénie, autres pays qui bénéficient, depuis juillet, de délais supplémentaires pour assainir leurs comptes publics.  » Il s’agit des pays qui connaissent les tensions les plus graves « , affirme un proche de M. Rehn :  » L’idée est de s’assurer que la réduction des déficits s’accompagne, pour être durable, de réformes.  » L’Allemagne, qui n’est plus en déficit excessif, n’est pas concernée par ce genre de rappel à l’ordre. L’Italie non plus.

Philippe Ricard

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