Sortez les bouées, les femmes et les enfants d’abord : l’UMP sombre !

Sarkozy a perdu les présidentielles à cause de sa droitisation exacerbée. Penser, ne serait-ce qu’un seul instant, que l’on puisse faire revenir l’électorat de l’extrême droite, le FN et Marine, dans le giron républicain avec un discours du FN est un leurre absolu ! L’électorat FN préfèrera toujours l’originale à la copie et l’UMP ne se contente que de copier des propos sans y ajouter la moindre plus-value.

L’UMP va dans le mur avec ce genre de discours car les modérés, ceux qui font les élections, s’écarteront forcément du mouvement. Car oui, ce sont les modérés qui font les élections ! Ce sont les gens qui ne s’enferment pas dans un carcan et qui vont peser le pour et le contre d’un programme pour apporter leurs voix. Ca ne sert à rien d’aller draguer un électorat convaincu car il ne changera pas d’avis. C’est plus facile de faire voter pour la droite quelqu’un du centre qu’un membre du PS ! Comme c’est plus facile de faire voter pour l’UMP quelqu’un du PS qu’une personne du PC !

Essayer de draguer l’électorat frontiste ne sert à rien si on n’a pas de plus-value à apporter par rapport à l’originale. C’est ce que l’UMP n’a pas encore compris et c’est ce qui me fait dire que M. Fillon, M. Sarkozy ne sont que des idiots.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 17 Septembre 2013

****************

L’UMP gagnée par la panique
En affirmant qu’il n’excluait pas d’apporter sa voix à un candidat Front national, François Fillon s’est attiré les foudres d’Alain Juppé et de Jean-Pierre Raffarin, qui redoutent une implosion du parti

Le piège s’est refermé sur l’UMP. Engagé depuis plusieurs années, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, sur une ligne droitière qui avait rejoint les aspirations de sa base militante, le parti créé par Jacques Chirac ne sait plus comment se situer vis-à-vis du FN. Conséquence de cette perte de repères : le tête-à-queue opéré sur le sujet par François Fillon. L’ex-lieutenant de Philippe Séguin, qui, à la tête du RPR, avait contribué à maintenir une digue face au FN, est passé sans barguigner du  » ni-ni  » (qui consiste à ne voter ni pour le PS ni pour le FN en cas de duel au second tour d’un scrutin) au  » ou-ou « .

Qu’un ancien premier ministre, réputé  » modéré « , confirme qu’il pourrait apporter sa voix à un candidat d’extrême droite, a fort logiquement levé un vent de panique à droite. Cette prise de position de M. Fillon a immédiatement réveillé les divisions entre l’aile modérée de l’UMP, n’acceptant aucune compromission avec le FN, et les plus droitiers, qui assument de s’adresser ouvertement aux électeurs tentés par l’extrême droite.

Dès samedi, le chef de file des centristes du mouvement, Jean-Pierre Raffarin, a sonné l’ » alerte rouge « , laissant planer la menace d’une possible implosion de l’UMP.  » Le vote FN est une ligne de fracture pour l’UMP. C’est notre pacte fondateur qui est en cause « , a écrit l’ex-premier ministre sur Twitter, en faisant référence aux valeurs du mouvement lors de sa création par Jacques Chirac en 2002.

Dans la foulée de M. Raffarin, d’autres centristes de l’UMP, tels Luc Chatel ou Franck Riester, ont également pris leurs distances avec les propos de M. Fillon, rappelant que la droite devait maintenir un cordon sanitaire strictement hermétique avec le FN. Même tonalité chez Xavier Bertrand :  » Nous devons rester fermes sur nos valeurs. Pas de compromis, pas de compromission « , a affirmé l’ex-ministre, candidat à la primaire de l’UMP en vue de la présidentielle. Alain Juppé a également condamné vivement la position de M. Fillon.

L’aile droite de l’UMP a vu au contraire dans le revirement de M. Fillon une  » victoire idéologique « .  » Nous avons toujours dit qu’une part de notre mission était d’aller vers les électeurs du Front national, de nous adresser à eux « , a souligné Geoffroy Didier, chef de file du courant de la Droite forte.

Le leader de la Droite populaire, Thierry Mariani, s’est félicité que M. Fillon ait  » évolué  » dans sa position sur le FN.  » Nous avons de plus en plus de difficultés à expliquer qu’il y a une frontière infranchissable entre l’UMP et le FN, et donc pas d’alliance possible, notre seule solution est de changer complètement de tactique « , estime cet ancien ministre, l’un des vice-présidents de l’UMP, dans un entretien au Journal du dimanche.

C’est paradoxalement à Jean-François Copé – qui avait gagné par la droite la bataille de la présidence de l’UMP face à M. Fillon -, qu’il reviendra de stopper l’hémorragie.  » C’est l’avenir de l’UMP qui est en jeu si on la laisse dériver vers l’extrême droite « , a confié M. Copé au Figaro, en indiquant qu’il demanderait à tous les dirigeants de l’UMP de  » prendre publiquement position  » sur ce sujet.

Ces nouveaux déchirements au sein de l’UMP sont observés avec gourmandise par les centristes de l’UDI, qui comptent bien tirer profit de la situation. La prétention de l’UMP d’incarner la droite et le centre  » est morte cette semaine « , a tranché le président de l’UDI, Jean-Louis Borloo, lors de l’université de rentrée de son parti. Tout au long du week-end, M. Borloo a multiplié les appels du pied aux centristes de l’UMP. S’appuyant sur un sondage BVA pour iTélé, selon lequel 70 % des sympathisants de droite approuvent le changement de stratégie de M. Fillon, M. Borloo voudrait récupérer les autres :  » 30 %, plus nous, plus nos camarades du Modem, ça ferait la première force politique ! « , s’est-il exclamé dimanche.

En opérant ce revirement, M. Fillon espère marquer des points dans un électorat de droite de plus en plus décomplexé.  » Il faut qu’il sorte de cette image de Hollande de droite que Copé lui avait collé pendant la campagne pour la présidence de l’UMP « , explique le filloniste Eric Ciotti.

Dégâts potentiels

La manoeuvre n’est pas sans danger, M. Fillon courant lui-même le risque de brouiller son image et de perdre sa spécificité par rapport à ses concurrents dans la course à l’Elysée. Ce qui pourrait laisser du champ à des personnalités incarnant les valeurs fondatrices de l’UMP, comme Alain Juppé, François Baroin ou Nathalie Kosciusko-Morizet.

Mais les dégâts potentiels de son tête à queue dépassent de très loin sa personne. C’est ce qu’a résumé Henri Guaino, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et député UMP des Yvelines. Il va  » falloir  » que l’UMP  » tranche dans ses instances internes pour définir sa ligne « , a déclaré M. Guaino sur France 5.  » Si on continue dans cet invraisemblable désordre et avec ce genre de coups politiques, l’UMP va avoir un problème quant à ce qu’elle incarne « , a-t-il ajouté.

 » Quand on se targue d’être un homme d’Etat et de vouloir gouverner la France, on ne pratique pas la politique des coups, on a des principes, des valeurs et on s’y tient « , a lancé l’élu des Yvelines, pour lequel l’ex-premier ministre n’a manifesté ni  » une attitude d’homme d’Etat, ni de gaulliste, ni de séguiniste « .

Jean-Baptiste de Montvalon et Alexandre Lemarié


Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *