Réformer nos politiques d’éducation en France 2/5

Comme je l’ai dit plusieurs fois sur ce blog, notre système éducatif est en crise car il coûte très cher et est très peu performant car très inégalitaire.

Il faut réformer la classe. C’est un comble puisque réforme après réforme, le système reste profondément archaïque.

En la matière, comme on est un cancre, il faut utiliser les méthodes des cancres : copier sur son voisin ! Le fayot de la classe c’est la Finlande et son copain c’est le Québec. Il suffit d’aller se mettre assis à côté d’eux au premier rang, ravaler sa fierté mal placée et copier sur eux comme le cancre qui a préféré regarder la téloche le dimanche que de réviser ses règles de dérivation.

Réformer l’école, c’est réformer l’éducation qui mène à la formation, qui mène au monde du travail, qui mène à la compétitivité même du pays à l’échelon mondiale.

Notre école, c’est le socle de notre Nation. Raison de plus pour y mettre les moyens…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 30 Août 2014

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La classe résiste magistralement
Peu de travail en groupes, peu d’échanges profs-élèves, peu de projets pédagogiques : pourquoi la France est-elle l’un des derniers pays européens où le cours magistral est roi ?

Mardi 2  septembre retentira, dans toutes les écoles, la sonnerie de la rentrée scolaire. Rangés en file indienne, les élèves  rejoindront la  salle de classe  où ils trouveront des bureaux alignés les uns derrière les autres. En face d’eux, un tableau noir : l’espace du professeur. Les élèves consacreront une grande part de leur temps à écouter, prendre des notes, recopier les leçons, parfois  aussi  à rêvasser et s’ennuyer. Ceux qui lèveront le doigt seront parfois taxés de fayots, les professeurs qui chercheront à enseigner autrement prendront le risque d’attirer les soupçons de démagogie ou de laxisme.  » Notre tradition scolaire, c’est un enseignant, seul, face à une classe, résume le sociologue François Dubet.  Le maître transmet son savoir, les élèves écoutent en silence la leçon avant d’être évalués. Et tout ce qui vient parasiter cette transmission est perçu comme un désordre. Certes,dans la pratique, ce modèle ne tient pas mais il reste un idéal à atteindre. « 

De fait, la salle de classe n’est pas fermée à double tour ; elle n’est pas imperméable aux évolutions de la société et des publics qu’elle accueille. Le cours magistral n’aplus la place exclusive qu’il occupait auparavant. Mais l’enquête Talis sur l’enseignement publiée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), en juin, montre la prégnance, en France, d’une pédagogie  » verticale « , où le professeur déverse son savoir. Moins qu’ailleurs, les enseignants français travaillent collectivement. Moins qu’ailleurs, ils font travailler leurs élèves en petits groupes (37  % disent le faire). Moins qu’ailleurs, ils lancent  des projets d’au moins une semaine (24  %) ou utilisent des outils numériques (22  %). Une minorité affirme différencier sa pédagogie selon le niveau des élèves (22  %).

Pour résumer,  » on se situe dans un entre-deux, observe Patrick Rayou, professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris-VIII. Ni dans le cours d’amphi, ni dans le cours créatif, où les élèves seraient actifs et censés construire leur propre savoir. Dans 90  % des cas, les enseignants pratiquent une formule mixte, le cours dialogué : ils posent des questions aux élèves pour susciter l’interactivité, mais comme l’heure tourne et qu’il y a la pression du programme à boucler, ils finissent par faire répondre les bons élèves pour gagner du temps. Et tant pis pour ceux qui n’ont pas compris « .

Nombreux sont les spécialistes qui font, depuis longtemps, le procès de ce modèle. Ils lui reprochent d’être désuet au regard de l’évolution des savoirs et des modes de communication, de ne convenir qu’à une élite, de permettre, certes, un exposé rapide des connaissances, mais  pas de veiller à leur assimilation par les élèves. D’être ainsi en partie responsable des résultats médiocres de notre école : plus de 20  % des élèves ne maîtrisent pas, à la fin de la classe de 3e, les compétences de base en mathématiques et en français.

Près de 140 000 jeunes quittent chaque année le système scolaire sans diplôme. Et les choses ne vont pas en s’arrangeant, puisque, selon la dernière enquête du  Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), une évaluation de l’OCDE  parue fin 2013, le  » noyau dur  » de l’échec scolaire croît et le poids de l’origine sociale s’alourdit. Toujours selon PISA, notre école compte parmi celles où les élèves ont le moins confiance en eux et sont les plus anxieux.

Les solutions ?  » On sait ce qu’il faut faire depuis un siècle « , assure l’historien Antoine Prost. Il est même surprenant de voir à quel point les injonctions du XXe  siècle sur l’école n’ont pas pris une ride… Le plan Langevin-Wallon, élaboré à la Libération, affirme ainsi que l’école doit s’efforcer,  » non pas demunir les jeunes gens d’un bagage plus ou moins encyclopédique de connaissances bien vite oubliées ou périmées, mais de développer en eux de bonnes habitudes de travail, de la curiosité d’esprit et le goût de s’instruire « .

Quelque vingt ans plus tard, au lendemain des événements de Mai  68, Edgar Faure, alors ministre de l’éducation, réaffirme cette conception de l’école. Dans un discours à l’Assemblée nationale, il dénonce un système qui  » encombre  les têtes de connaissances, par application de l’idée absurde que la culture consiste à tout apprendre puis à tout oublier « .  Afin de donner sa place entière à  » l’effort de l’intelligence et de la réflexion « , il appelle les enseignants à réduire l’importance du cours magistral et de la mémorisation pour accroître celle des méthodes dites  » actives  » –  » recherches individuelles et collectives, discussions, dialogues  » -, où  » se développent les qualités de conception, de raisonnement et d’expression « .

Aujourd’hui, à une époque où le savoir est immédiat, dynamique et  accessible en ligne, les mêmes idées se retrouvent dans la bouche de nombreux spécialistes : ils  défendent le passage d’une école qui transmet des connaissances à un public passif à une école qui aide les élèves à les rechercher, les structurer et se forger un esprit de synthèse et d’analyse… La France s’engage difficilement dans ce virage. D’autres Etats, pourtant, y sont parvenus.

C’est le cas de la Finlande, l’un des pays qui parviennent le mieux à faire réussir tous leurs élèves. Paul Robert, principal d’un collège dans le Gard, a découvert le  système scolaire finlandais lors d’un voyage d’étude. Il garde le souvenir d’une école où  » les élèves sont épanouis et les professeurs heureux « . Une école où  » l’on ne pense pas qu’il faut accabler les élèves de travail pour les faire progresser, ni les soumettre au stress permanent des notes et des contrôles pour les motiver « . Il dit n’y avoir jamais vu un seul cours magistral,  mais  » des élèves en activité, seuls ou par groupes, des professeurs moins soucieux de déverser des connaissances que de s’assurer que les élèves apprennent « .

Les élèves finlandais qui viennent étudier en France sont d’ailleurs stupéfaits du temps passé, en classe, à recopier les leçons ! Dans les années 1960, la France n’avait pourtant rien à envier à la Finlande.  » L’école finlandaise  était hiérarchisée, inégalitaire, administrée de manière très centralisée, à l’image de sa société, souligne Paul Robert. Une réforme profonde et durable s’est dessinée. Elle s’est implantée très progressivement, non sans résistances, des zones rurales les plus reculées vers la capitale. « 

Au Québec – autre pays souvent cité en exemple -, la mue fut tout aussi progressive et profonde. Elle trouve ses racines dans l’effervescence idéologique des années 1960 et plus particulièrement dans le projet tracé par le rapport Parent (1963-1966), soit à la même période que le colloque d’Amiens (1968), considéré comme le point culminant d’un courant réformateur sur l’école.

Rapport Parent au Québec, colloque d’Amiens en France… Les deux récits étaient proches.  » Il s’agissait de construire une école plus démocratique, moins rigide, plus ouverte sur le monde et plus centrée sur les besoins des élèves « , explique Denis Meuret, professeur en sciences de l’éducation à l’université de Bourgogne. Dans ce modèle, le rôle de l’enseignant était moins de permettre aux élèves d’amasser un maximum de connaissances que de les aider à apprendre. Le rapport québécois  a réussi à fournir un modèle d’éducation durable ; le rapport français, lui, est tombé dans l’oubli. Et depuis, constate Denis Meuret,  » la France semble rejouer toujours l’opposition mise en scène à Amiens entre la tradition et la réforme « .

Pourquoi cette différence ? Pourquoi l’école française se révèle-t-elle incapable de  se réformer en profondeur ? Force est de constater qu’elle a connu, au cours des dernières décennies, une succession de réformes avortées, détournées ou perdues dans les sables : les classes nouvelles (1945), la réforme pédagogique des années 1960, le collège rénové (1982), les instituts universitaires de formation des maîtres (1989), et, d’une certaine manière, la loi Fillon (2005) qui institue un socle commun de connaissances et de compétences.  » Toutes visaient à modifier le cœur du métier d’enseignant : elles préconisaient un « enseigner autrement », observe Antoine Prost. A la limite, on peut tout changer dans l’éducation nationale, sauf la façon d’enseigner. « 

Pourrait-il en être autrement, alors que les orientations politiques changent aussi rapidement que les locataires de la rue de Grenelle ? Alors que l’éducation nationale reste une grosse machine bureaucratique tout entière accaparée par la lourdeur des tâches gestionnaires ? Alors que la formation initiale des professeurs  demeure très académique et la formation continue réduite à sa portion congrue ? Alors que les enseignants refusent d’être accompagnés pédagogiquement par leur chef d’établissement et ne reçoivent la visite d’un inspecteur que tous les cinq ans en moyenne ? Alors que les inspecteurs eux-mêmes ne sont pas toujours prompts à soutenir les réformes s’ils estiment qu’elles portent atteinte à leur pré carré disciplinaire ?

 » Les ministres de l’éducation sont des acteurs faibles à la tête d’une administration extrêmement puissante  mais mal pilotée, note François Dubet. Aucun changement ne peut être entrepris sans le consentement des enseignants, et c’est tant mieux. Mais ce principe d’adhésion est allé trop loin : l’école semble appartenir aux professionnels de l’école, elle a échappé aux politiques.  » Au Québec, les oppositions existent et se manifestent : elles ont le pouvoir de freiner les réformes, parfois de les infléchir, mais pas de les empêcher.  » En France, l’avis des enseignants n’est pas un avis parmi d’autres, souligne Denis Meuret. Il peut se transformer en droit de veto, parce que l’intervention du politique dans l’école a une légitimité moindre qu’ailleurs. « 

Tout l’art d’un ministre de l’éducation consiste à tenter de faire bouger les lignes sans heurter l’identité collective de la profession, défendue bec et ongles par son syndicat majoritaire, le SNES. Certains  débats  prennent vite l’allure de casus belli : l’attachement à la discipline, l’évaluation par l’inspecteur, le baccalauréat conçu comme un test de connaissances conditionnant toute la scolarité dès le collège… Il reste peu d’espaces pour agir.  » Il y a, dans le monde enseignant, une sorte de balancier entre d’un côté la classe, où les enseignants font preuve d’imagination et d’un grand dévouement, et de l’autre un discours collectif extrêmement conservateur, observe François Dubet. D’un côté, ils se plaignent de programmes trop lourds et de pédagogies inefficaces et, de l’autre, toutes les tentatives d’instaurer un style pédagogique moins raide et moins centré sur les contrôles et les notes sont vécues comme une agression et une perte de dignité. Ils sont généreux sur le plan individuel et sur la défensive collectivement. Ils disent que rien ne va, mais craignent que ce ne soit pire si ça change. « 

Il faut sans doute lire dans ces contradictions le poids du passé, la nostalgie d’une époque, l’image fantasmée d’un âge d’or dans laquelle les élèves respectaient le maître et les savoirs qu’il leur transmettait. La résurgence, aussi, d’un temps où les professeurs de lycée étaient nommés pour enseigner dans les facultés et se voyaient conférer le titre d’universitaires. Ce que Jean-Pierre Obin, inspecteur général honoraire de l’éducation nationale, appelle  » l’idéal universitaire « , et qui explique pourquoi, encore aujourd’hui,  » la pédagogie universitaire – l’exposé magistral bien construit, le propos clair et brillant, et surtout les connaissances de haut niveau qu’il expose -, reste une référence dont la valeur symbolique apparaît bien supérieure aux autres formes de pédagogie « .

C’est sur cette identité d’universitaire qu’ont buté toutes les réformes pédagogiques. Si on enlevait cette qualité, que resterait-il en effet  aux enseignants ? On les prépare à être des érudits : les concours de recrutement exigent d’eux des connaissances pointues dans leur discipline,  mais on ne leur apprend pas – ou du moins pas assez – à être des experts des apprentissages, à savoir susciter l’intérêt de toute une classe, à diversifier leurs pratiques selon les profils d’élèves, à mobiliser des stratégies pour pallier les  difficultés des plus faibles… La mise en place des écoles supérieures du professorat et de l’éducation, à la rentrée 2013, doit certes permettre de développer le savoir-faire  dans la formation des enseignants, mais les résistances sont encore fortes.

La paralysie est d’autant plus présente que les ministres ne parviennent pas à trouver des appuis solides dans l’opinion publique. Le pays s’inquiète pendant trois jours des résultats catastrophiques de PISA ; les partis politiques, les organisations syndicales, les mouvements d’opinion, relayés par les médias, tapent du poing pour exiger une école plus démocratique, puis c’est le silence radio. La vie reprend son cours. Car pourquoi l’élite au sens large souhaiterait-elle réformer un système dont elle bénéficie ? Qui prendrait le risque de toucher aux classes préparatoires ou à la série scientifique du lycée, qui assure sa reproduction sociale ?

Alors, d’où viendra le changement, si l’on ne peut compter ni sur une loi ni sur l’opinion publique ?  » De l’intérieur ! « , répond l’historien de l’éducation Claude Lelièvre, et plus précisément de l’université, que les collèges et les lycées ont tendance à imiter. Ce professeur émérite des universités à Paris-V veut croire qu’avec Internet et la prolifération des manuels numériques, des logiciels et des Moocs (cours en ligne ouverts et massifs) le cours magistral d’amphi disparaîtra pour laisser place à un autre modèle, proche d’une  » pédagogie inversée  » : le  cours se délivre à distance, et le  face-à-face maître-élèves est entièrement consacré  à l’application des connaissances, à des exercices, à des cas pratiques.

Ironie de l’Histoire : on en reviendrait alors à la pédagogie du XIXe  siècle, quand seule l’élite de l’élite accédait aux études secondaires.  » C’était alors une pédagogie de l’exercice intellectuel, dont le but n’était pas d’amasser le maximum  de connaissances, explique l’historien  Claude Lelièvre. Les étudiants passaient le plus clair de leur temps en étude à lire et à  faire des exercices. Les quatre heures de cours par jour servaient  à corriger les devoirs et vérifier que la leçon était comprise par tous.  » Selon lui, l’édifice du cours magistral, qui n’a finalement qu’un siècle, est en train de flancher.  » Les termites ont commencé à y creuser leurs trous. Il reste à y porter les derniers coups qui le feront tomber. « 

Aurélie Collas, Aurélie Collas

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Réformer nos politiques d’éducation en France 1/5

Comme je l’ai dit plusieurs fois sur ce blog, notre système éducatif est en crise car il coûte très cher et est très peu performant car très inégalitaire. Nos politiques ont leur part de responsabilité, mais ils ne sont pas les seuls. Les syndicats ont aussi une grande part de responsabilité car ils ont très souvent mis l’intérêt des professeurs avant l’intérêt des enfants, ceci particulièrement pour les professeurs de collège et lycée, et encore plus pour les professeurs de classe préparatoire où le vol envers le contribuable est manifeste.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 30 août 2014

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ENTRETIEN
 » En France, l’enseignement n’est pas pertinent « 
Andreas Schleicher, directeur de l’éducation de l’OCDE, juge les résultats de l’école très au-dessous des attentes

Andreas Schleicher fait et défait la réputation des systèmes scolaires. Directeur de l’éducation de l’OCDE, il est le grand patron de PISA, l’évaluation du niveau des élèves à 15 ans dans 65 pays. La France s’y classe mal, et selon lui, c’est d’abord parce qu’on ne gère pas les enseignants.

Pour la première fois de son histoire, la France a une femme à la tête du ministère de l’éducation. Est-ce que les ministres femmes se distinguent ?

Dans quelques pays, des réformes majeures, qui ont totalement modifié le visage de l’école, ont été menées par des femmes ministres. Je pense à mon pays, l’Allemagne, où le système a été très largement réformé dans les années 2000. Je pense aussi à l’Italie, où les changements ont été moins consensuels, certes, mais où le système éducatif est bien plus efficace aujourd’hui qu’en 2000.

Comment qualifieriez-vous globalement le système français ?

Les résultats obtenus dans les classements internationaux sont très en dessous de ce qu’on pourrait attendre de la France. Par ailleurs, l’école française est l’une des plus inégalitaires au monde, alors que l’égalité est un sujet omniprésent dans le débat. Elle est très loin de l’idéal dont rêve ce pays, en dépit d’efforts conséquents comme le temps que les jeunes Français passent en classe et l’âge précoce auquel on les y envoie !

Quelle est la raison majeure de ce marasme ?

L’enseignement n’est pas pertinent en France. On y est en décalage. Le monde moderne se moque bien de ce que vous savez. Il s’intéresse à ce que vous savez en faire. Il a besoin de gens créatifs, capables de croiser les sujets quand l’école française fait encore trop réciter des leçons. En France plus qu’ailleurs, on n’enseigne pas suffisamment ce qui sera pertinent pour réussir sa vie !

Les pays asiatiques, premiers dans les classements, enseignent aussi beaucoup de  » par cœur « , non ?

On se protège par des stéréotypes sur l’école asiatique. Allez dans une classe japonaise. Le professeur sait optimiser le temps qu’il passe avec chaque élève dans une classe et mobiliser chacun d’eux. Avoir 40 élèves ne lui pose pas problème ; il les met en activité. En Chine, c’est de plus en plus la même chose. Les enseignants sont formés à la gestion de classe, bien mieux qu’en France.

Pourquoi ne parvient-on pas à la même chose en France ?

J’ai rencontré beaucoup d’enseignants formidables, très investis. Mais le système ne leur facilite pas le travail. En France, les maîtres ne collaborent pas. Ils ne se perçoivent pas comme membres d’une communauté professionnelle. L’institution les traite comme des exécutants qui sont là pour faire passer un programme. Ils sont comme à l’usine, font leur travail dans leur coin. S’ils étaient à Shanghaï, on viendrait tous les jours dans leur classe leur donner des conseils. A Singapour, ils auraient 100 heures annuelles de formation.

C’est à vos yeux la clé pour améliorer notre école ?

La qualité d’un système éducatif n’est jamais supérieure au talent de ses enseignants. On ne changera les mentalités des élèves qu’en changeant celle des professeurs. Et pour ça, il faut leur donner les moyens d’enseigner différemment en adaptant par exemple leur pédagogie au niveau des élèves.

Vous seriez ministre, vous commenceriez par quoi ?

Déjà, la formation initiale est trop académique. Il y aurait plus de pratique, ce ne serait que meilleur… même s’il faut reconnaître que les réformes vont fort heureusement dans ce sens. Mais le vrai défi est de changer le quotidien des enseignants, les rendre acteurs de leur métier, arrêter de les considérer comme s’ils étaient des ouvriers. Ça changera l’attrait du métier. Aujourd’hui, même si vous payiez mieux les professeurs, vous ne les attireriez pas. Qui a encore envie d’être un exécutant ?

Vous proposez de leur fixer des objectifs… et d’en finir avec des programmes très précis ?

Exactement. Avec un point à ne pas oublier, puisque la France est en pleine réécriture de son socle commun de connaissances, de compétences et de culture : il faut se fixer un idéal élevé. La Suède et la Finlande ont deux écoles assez proches. A une limite près : la Finlande a défini des standards qui disent ce qu’est l’excellence ; la Suède s’est contentée de rappeler le minimum à acquérir par tous. En termes de résultats, la Finlande arrive bien devant la Suède, car chaque enseignant, chaque famille sait ce qu’est l’excellence et tend dans cette direction. C’est important pour les enfants des familles les moins favorisées pour qui l’école est la seule chance.

Si cette liberté importe, l’affectation des enseignants est tout aussi essentielle à vos yeux…

Oui, or en France, vous défiez le bon sens. Plus un enseignant est installé dans le système, plus il a le choix de ses élèves. A contrario, un jeune diplômé est tout de suite confronté à une immense difficulté. Cela crée d’emblée une envie de fuir ! Ou de ne pas venir…

A Shanghaï, un chef d’établissement talentueux d’une école pour l’élite qui veut progresser dans sa carrière doit d’abord montrer ce qu’il sait faire dans une école difficile. C’est la même chose à Singapour, au Canada ou en Finlande et c’est aussi vrai pour les enseignants. Cela permet d’attirer les plus dynamiques dans les établissements difficiles. Car l’équité n’est pas de donner plus d’enseignants aux élèves les plus en difficulté, mais de leur offrir les meilleurs. Et côté enseignants, il s’agit de mettre les gens face à un challenge qu’ils sont en mesure de relever.

Oui, mais les ministres sont paralysés par la peur des syndicats…

Un pays a les syndicats qu’il mérite. La nature des syndicats reflète l’identité d’un système éducatif. Si vous avez un système très  » industriel « , les syndicats reproduisent cette structure et se battent comme ceux des ouvriers pour les salaires, les effectifs. Si vous avez un système éducatif axé sur la pédagogie, les syndicats investissent ce champ. En Suède, en 1994, au moment de l’instauration du salaire au mérite, ils se sont largement mobilisés. Quatre ans après, 70 % des syndiqués l’approuvaient.

Propos recueillis par Maryline Baumard

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Une conception particulière de l’intérêt général

M. Jérôme Lavrilleux est élu puisqu’il est conseiller général de l’Aisne depuis 2002 et a été élu député européen le 25 mai 2014. Donc, ce Monsieur devrait être garant de l’intérêt général. Et ? Et il suppose que si on l’embête, il dirait et révèlerait des affaires qui vont contre l’intérêt général…

C’est donc qu’il sait et connaît des affaires mais qu’il les tait alors même que son job est de servir l’intérêt général.

Donc, ce Monsieur Jérôme Lavrilleux est un pourri, car c’est comme cela que l’on appelle des élus qui mettent leurs intérêts propres avant l’intérêt général.

D’un autre côté, il aurait tort de se priver puisqu’il a trouvé des cons d’électeurs pour voter pour lui. A un moment on ne peut pas toujours fustiger nos pourris d’élus : si le citoyen n’était pas lui aussi pourri, on n’en aurait pas… Parfois, on a les politiques que l’on mérite… Sauf si, bien sûr, l’électeur n’est pas au courant. Mais enfin, pour Jean-François Copé, Eric Woerth, Isabelle Balkany, Patrick Balkany et Marie-Christine Tardy sur Meylan, on sait qu’ils sont pourris alors pourquoi avoir continué à voter pour eux ?

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Jérôme Lavrilleux : « Si on m’exclut de l’UMP, je parlerai »

Le Monde.fr avec AFP | 29.08.2014 à 05h12 • Mis à jour le 29.08.2014 à 07h22

Jérôme Lavrilleux, impliqué dans l’affaire Bygmalion qui a conduit à la chute de Jean-François Copé, alors président de l’UMP, menace les membres de l’UMP de représailles et de révélations gênantes s’ils décident de l’exclure du parti d’opposition.

L’ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé se dit « déterminé à aller jusqu’au bout » pour contester la procédure en ce sens lancée contre lui à la fin de juin. Il déclare ainsi, dans une interview au Parisien publiée le 28 août :

    « Pour le moment je me tais. Mais si on m’exclut de ce parti auquel j’appartiens depuis vingt-cinq ans, alors je reprendrai ma liberté de parole et je parlerai. (…) Ça se réglera devant les tribunaux. J’ai déjà pris plusieurs avocats. »

Selon Le Parisien, Jérôme Lavrilleux a déjà obtenu le report de la commission des recours qui aurait dû statuer vendredi sur son cas. L’intéressé justifie :

    « Je suis en vacances. Je ne vois pas pourquoi je les annulerais pour répondre à une convocation qui m’a été envoyée au tout dernier moment. Et puis avant d’être entendu, j’aimerais bien qu’on me fasse parvenir le dossier fondant les motifs de mon exclusion. Curieusement, on ne me l’envoie pas. Tout simplement parce qu’il n’existe pas. »

« LA SAGESSE SERAIT QU’ON OUBLIE »

Jérôme Lavrilleux tient enfin à rappeler qu’il « n'[a] pas été poursuivi par la justice, n'[a] pas été mis en examen et encore moins été condamné… contrairement à d’autres qui ont toujours leur carte à l’UMP ». « La sagesse serait simplement qu’on oublie toute cette procédure. »

Jérôme Lavrilleux qui était aussi directeur adjoint de la campagne présidentielle de 2012 de Nicolas Sarkozy, s’était retrouvé avant l’été au cœur d’une affaire qui avait fait trembler l’ensemble de l’UMP.

Il avait reconnu le 26 mai, en direct sur le plateau de BFM TV, gorge serrée et larmes aux yeux, que la campagne présidentielle de 2012 avait donné lieu à « un dérapage sur le nombre » de meetings et qu’un système occulte avait été mis en place pour éviter de dépasser le plafond autorisé des frais de campagne, soit environ 22,5 millions d’euros.

Ce système consistait pour la filiale de Bygmalion, Event and Cie, à facturer indûment à l’UMP des dépenses qui auraient dû entrer dans le compte de campagne de Nicolas Sarkozy, pour 10 à 11 millions d’euros, selon l’avocat de Bygmalion, Patrick Maisonneuve, et Jérôme Lavrilleux qui a été placé en garde à vue pour cette affaire.

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Enfin Madame Lagarde est mise en examen dans l’affaire Tapie !

On savait depuis belle lurette que Madame Christine Lagarde avait agi aux ordres de M. Nicolas Sarkozy dans l’affaire de l’arbitrage Tapie. Les juges viennent donc de la mettre en examen dans ce dossier et ce n’est pas trop tôt.

On avance donc dans ce dossier. Il ne restera donc plus à nos juges qu’à être extrêmement ferme et à condamner l’ensemble des protagonistes de cette sombre histoire à rembourser les 400 Millions d’Euros attribués à tort à M. Tapie.

L’Etat Français, in fine les contribuables, sont les véritables victimes dans cette affaire. Ils doivent donc être remboursés.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 29 Août 2014

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Les raisons de la mise en examen de Mme Lagarde dans l’affaire Tapie
L’ex-ministre de l’économie est poursuivie pour  » négligence « . Les juges lui reprochent de n’avoir pas joué son rôle de garde-fou des finances publiques

La directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, ministre de l’économie de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2011, a été mise en examen, mardi 26 août, pour  » négligence « , dans le cadre de l’instruction menée par la Cour de justice de la République (CJR). Les magistrats enquêtent sur les conditions dans lesquelles l’homme d’affaires Bernard Tapie a pu percevoir de l’Etat 405 millions d’euros, en juillet 2008, à l’occasion d’un arbitrage lié à son conflit avec le Crédit lyonnais.

Mme Lagarde est poursuivie en vertu de l’article 432-16 du code pénal qui réprime d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende  » lorsque la destruction, le détournement ou la soustraction par un tiers des biens  » tels que des fonds publics  » résulte de la négligence d’une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public « . Elle bénéficiait, depuis mai 2013, du statut de témoin assisté pour des suspicions de  » complicité de faux par simulation d’acte « , et  » complicité de détournement de fonds publics « .

Il semble donc, à la lueur de la quatrième audition de Mme Lagarde devant la CJR, que les magistrats, informés des progrès de l’enquête menée dans le volet non ministériel de l’affaire Tapie, aient changé leur approche du rôle joué par l’ex-ministre dans ce que les juges de droit commun désignent comme un  » simulacre  » d’arbitrage.

Ils considèrent aujourd’hui que Mme Lagarde, sans avoir initié le processus délictueux, aurait dû s’opposer à l’arbitrage, à tout le moins intenter un recours contre la décision, et qu’elle a au minimum fait preuve de  » négligence  » dans ce dossier hautement sensible pour les finances publiques mais aussi sur le plan politique, au vu des relations privilégiées entretenues par M. Tapie avec M. Sarkozy.

Ce chef de poursuite pourrait-il également, du coup, s’appliquer aux autres décideurs politiques, tels que Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée, déjà placé en garde à vue dans ce dossier ? La question se pose fortement désormais. Le cas de l’ex-chef de l’Etat est un peu différent puisqu’il bénéficie d’une immunité pour les actes liés à l’exercice de son mandat. Mais pour en bénéficier, il faut que les actes en question ne soient pas détachables de l’exercice de ses fonctions présidentielles, ce qui n’apparaît pas certain en l’espèce.

Quoi qu’il en soit, il apparaît que Mme Lagarde n’a pas joué son rôle de garde-fou des finances publiques, en évitant d’intervenir activement dans le processus décisionnel. Elle semble avoir été tenue pour partie à l’écart de l’affaire, qui s’est jouée principalement à l’Elysée.

Pour autant, elle a rendu personnellement visite à 52 reprises à Nicolas Sarkozy à l’Elysée, de 2007 à 2011, selon les agendas de l’ex-chef de l’Etat, saisis par les juges. Pouvait-elle s’éloigner à ce point d’un dossier aussi sensible, dépendant directement de ses services ?  » Je maintiens que je n’ai parlé de cette affaire ni à M. Sarkozy, ni à aucun de ses collaborateurs « , a-t-elle soutenu devant la CJR, le 31 janvier.

Mais à l’époque, était-elle susceptible de contrecarrer les projets de son mentor politique ? En février 2008, désemparée, elle rédige ainsi une lettre à son attention – et qu’elle assure n’avoir jamais envoyée – :  » Cher Nicolas, (…) utilise-moi pendant le temps qui te convient (…). Si tu m’utilises, j’ai besoin de toi comme guide et comme soutien (…). Avec mon immense admiration. Christine L. « 

Mme Lagarde affirme en tout cas ne pas avoir suivi personnellement le dossier, à Bercy :  » J’ai considéré qu’à partir du moment où j’avais pris la décision de ne pas m’opposer à l’arbitrage, il appartenait à M. Richard – Stéphane Richard, le directeur de son cabinet – d’assurer le suivi du dossier.  » C’est ainsi que les réunions décisives de juillet 2007 puis de juillet 2008 à l’Elysée ayant trait à l’arbitrage se sont déroulées en son absence. C’est M. Richard qui s’y est rendu, comme il a aussi reçu M. Tapie à Bercy le 7 novembre 2008, quand celui-ci voulait régler un problème fiscal. M. Richard, actuel PDG d’Orange, est poursuivi dans le volet non ministériel de l’affaire pour  » escroquerie en bande organisée « .

La CJR semble donc avoir considéré qu’il était un peu commode pour la directrice du FMI de s’exonérer de toute responsabilité. D’autant que l’un des services placés sous son autorité, l’Agence des participations de l’Etat (APE), s’était montré clair dès le 1er août 2007. Dans une note adressée à la ministre, l’APE disait  » déconseiller au ministre la voie d’un arbitrage qui n’est justifiée ni du point de vue de l’Etat, ni du point de vue du CDR – la structure chargée de gérer le passif du Crédit lyonnais – « .

Mme Lagarde dit ne pas avoir eu connaissance de ce document, M. Richard ne l’ayant selon elle entretenu du dossier Adidas qu’à compter du 17 août 2007. Le 23 mai 2013, elle indiquait à la CJR  :  » J’estime que j’aurais pu avoir plus d’informations dans le processus de la décision que j’étais amenée à prendre de ne pas m’opposer à l’arbitrage.  » Elle ajoutait  :  » Il me semble maintenant que j’aurais dû être plus méfiante. « 

Méfiante, ou vigilante ? Les magistrats lui donnent certes quitus de ne pas avoir organisé le  » simulacre « , mais lui reprochent de ne pas avoir été pro-active dans ce dossier. A l’évidence, ils n’ont pas été convaincus par sa défense, notamment lorsqu’elle leur a déclaré :  » Je n’ai pas souvenir d’avoir été  informée de la mécanique mise en place « , ou encore lorsqu’elle a répété n’avoir  » jamais été informée  » des doutes, pourtant formés de longue date à Bercy, sur la personnalité de Pierre Estoup, l’un des juges arbitres mis en examen.

Si le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a déclaré mercredi 27 août que le gouvernement n’avait  » pas de commentaire à faire sur des choix qui incombent au FMI « , Europe Ecologie-Les Verts a appelé Mme Lagarde à  » se mettre en retrait  » de l’institution.

Une hypothèse rejetée par l’intéressée, qui avait tenu à annoncer elle-même, mercredi, sa mise en examen en ces termes :  » Après trois années d’instruction, des dizaines d’heures d’audition, la commission s’est rendue à l’évidence que je n’avais été complice d’aucune infraction et a donc été réduite à alléguer que je n’aurais pas été suffisamment vigilante lors de l’arbitrage opposant la société CDR au liquidateur du groupe et des époux Tapie. (…) J’ai demandé à mon avocat d’exercer tous les recours contre cette mise en examen. « 

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

    Le FMI devra décider du sort de sa directrice

    Christine Lagarde, qui devait rejoindre Washington dès mercredi 27 août, le lendemain de sa mise en examen pour  » négligence  » dans l’affaire Tapie, peut-elle rester directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) ? Telle est la question à laquelle le conseil d’administration de l’organisation, qui représente ses 188 Etats-membres, devra répondre, trois ans après l’affaire DSK.

    Le porte-parole du Fonds, Gerry Rice, s’est refusé à tout commentaire et l’ex-ministre de l’économie française a indiqué à l’Agence France-Presse qu’elle excluait de démissionner.

    L’institution a renouvelé sa confiance, à plusieurs reprises, à sa directrice générale depuis que celle-ci a été placée en mai 2013 sous le statut de témoin assisté dans l’affaire Tapie. Mais il ne s’agissait pas, alors, d’une mise en examen.

    Le FMI, qui vient de fêter ses 70 ans, devra donc décider rapidement s’il renouvelle ou non sa confiance à Mme Lagarde.

    Si cette dernière devait démissionner, comme fut contraint de le faire Dominique Strauss-Kahn dans des circonstances autrement difficiles, les pays émergents chercheraient probablement à placer l’un des leurs à la tête d’un Fonds dirigé, depuis 1944, par un Européen.

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Quand M. Macron veut remettre en cause les 35 heures

On sent que M. Macron veut remettre en cause les 35 heures. Il a raison. On ne travaille pas assez en France. Par contre, ce qui me gêne, c’est qu’il parle de l’entreprise alors même qu’il y a 5 Millions de salariés, bénéficiant des 35h qui ne travaillent pas dans le monde de l’entreprise et qui coûtent énormément à la société : je veux parler des fonctionnaires…

Très clairement, il faut remettre en cause le régime des 35h dans la fonction publique.

La première cible est très clairement les professeurs de collège, Lycée et surtout de classe prépa qui sont payés largement pour ne même pas faire ces heures. Il y en a même certains qui se paient de luxe d’avoir des participations dans des entreprises de cours du soir, ce qui pose un problème éthique évident : comment un professeur peut-il essayer de faire progresser ses élèves en classe alors même qu’il reverra ses mêmes élèves revenir dans son entreprise le soir en payant plein pot ?

Dans le domaine de la santé, médecins et infirmières aux urgences font largement plus que 35h puisqu’ils font largement plus que 39h ! Dès lors, pour ces personnels, essayons déjà de leur donner un repos conséquent afin d’éviter qu’ils fassent des journées de 35h avant de leur donner, sur le papier, un temps de travail qu’ils n’ont pas… Dans le monde hospitalier, mieux vaut un personnel travaillant réellement à 39h, qu’un personnel travaillant hypothétiquement à 35h mais en fait travaillant tellement qu’il en vient à mettre la sécurité de ses patients en jeu…

La remise en cause des 35h doit donc commencer par les fonctionnaires car c’est le principal levier de la non-compétitivité de notre pays…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 29 Août 2014

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Aménagement des seuils sociaux et 35 heures : les dogmes socialistes remis en question

LE NOUVEL HABIT social-libéral du gouvernement remanié s’incarne dans la confirmation du franchissement de plusieurs tabous. Plusieurs dogmes socialistes – la défense des seuils sociaux, des 35 heures et globalement celle du code du travail – sont clairement remis en cause par les différentes déclarations de Manuel Valls, et de son nouveau ministre de l’économie, Emmanuel Macron. Sans que cela ne soit cependant totalement nouveau de la part de l’un et l’autre.

L’idée de l’aménagement des seuils sociaux a été mise sur la table avant l’été. François Hollande et Manuel Valls veulent assouplir les obligations légales pesant sur les entreprises passant les seuils de 10, de 20 et de 50 salariés, comme l’élection d’un délégué du personnel ou la création d’un comité d’entreprise.

Ce sujet, parmi d’autres, doit être débattu lors d’une négociation sur la modernisation du dialogue social qui doit s’ouvrir en septembre. En en reparlant mercredi devant les patrons, M. Valls n’a donc pas franchement innové. Et il s’est bien gardé de dire ce qu’il attendait précisément de cette négociation.

Mais le premier ministre a confirmé qu’il en faisait le principal enjeu de la négociation, alors que la CFDT, seul gros syndicat prêt à en débattre, aimerait aussi parler d’autres sujets, comme la représentation des salariés des petites entreprises. Contrairement au patronat, le syndicat considère que l’élection de représentants n’est pas un obstacle à la bonne marche de l’entreprise.

Par ailleurs, le sujet des seuils sociaux irrite fortement les députés socialistes  » frondeurs  » qui promettent de ne pas voter une loi les remettant en cause. Ils s’appuient pour cela sur une étude de l’Insee datant de 2011 qui démontre que leur suppression n’aurait qu’un impact marginal sur les créations d’emploi.

L’idée de déroger aux 35 heures a quant à elle été lancée par Emmanuel Macron dans un entretien à l’hebdomadaire Le Point, recueilli avant qu’il ait été nommé ministre de l’économie, mais publié jeudi 28 août.  » Nous pourrions autoriser les entreprises et les branches, dans le cadre d’accords majoritaires, à déroger aux règles de temps de travail et de rémunération. C’est déjà possible pour les entreprises en difficulté. Pourquoi ne pas étendre à toutes les entreprises, à condition qu’il y ait un accord majoritaire avec les salariés ? « , explique-t-il.

 » Recherche d’un accord « 

Cela signifierait que chaque entreprise peut, avec l’accord de ses syndicats, déroger aux 35 heures. Un tabou absolu pour les socialistes, qui ont introduit la mesure en 1998. Contrairement à ce qu’affirme M. Macron, même les accords de maintien dans l’emploi, créés par l’accord sur l’emploi du 11 janvier 2013 pour les entreprises en difficultés, ne prévoient pas une telle possibilité. Patrons et syndicats peuvent en effet s’entendre pour aménager temporairement le temps de travail différemment, mais en respectant toujours le cadre légal.

Lancée avant qu’il soit ministre, cette idée ne devrait pas voir le jour, comme l’a laissé entendre Matignon jeudi matin. Reste qu’elle correspond au fond de la pensée de Manuel Valls qui, en 2011, alors qu’il n’était que maire d’Evry et député de l’Essonne, avait déclaré, au risque de s’attirer les foudres de ses camarades socialistes, qu’il fallait  » déverrouiller les 35 heures « .

Devant le Medef mercredi, le premier ministre s’est dit par ailleurs prêt à aménager le code du travail dans le sens du patronat. M. Valls a clairement affirmé devant le Medef que les  » actions de simplification (…) incluent aussi le code du travail « .

Il a cependant rappelé son attachement à la  » recherche d’un accord  » avec les syndicats. Pour l’instant, la CFDT, principal partenaire syndical du gouvernement, semble prête à continuer de jouer le jeu. Jeudi matin sur Europe 1, son leader, Laurent Berger, n’était  » pas choqué  » par le discours du premier ministre.

Jean-Baptiste Chastand

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N’oublions pas la liberté de la presse

Après la diplomatie du ping-pong initiée par la Chine et les Etats-Unis dans les années 1970, on a les reproches ping-pong actuellement. En effet, Chine et Etats-Unis se renvoient à la tête les violations aux Droits de l’homme.

Dans un premier temps, on pourrait se dire que Chine et Etats-Unis ont la même conception, donc relative, des Droits de l’homme.

Ca serait oublier une composante fondamentale et démocratique de la conception même de ces droits : là où la Chine critique les Etats-Unis par sa classe dirigeante, les Etats-Unis le font eux, par une presse libre et indépendante… La différence tient en effet car la Chine… n’a pas de presse libre et indépendante…

On a donc des abus dénoncés par les Etats-Unis par leur presse libre et indépendante, et de l’autre côté des abus Américains dénoncés par des représentants qui n’ont pas de légitimité démocratiqu

Alors bien sûr, les faits dénoncés par la Chine sont réels. Il n’empêche qu’ils représentent « la paille dans l’oeil du voisin » quand on oublie joyeusement « sa poutre ».

Le pilier fondamental de toute démocratie est la liberté entière et la pluralité de la Presse. Tant que la Chine ne l’aura pas mise en place, l’un aura forcément plus de torts que l’autre…

Ce qui vaut pour la Chine vaut encore plus pour l’Iran, l’Egypte ou la Corée du Nord…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 29 Août 2014

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Après Ferguson, la Chine fait la morale aux Etats-Unis

C’est devenu un classique des relations entre la Chine et les Etats-Unis. Et un jeu diplomatique dont les deux grandes puissances ne se lassent pas. Depuis la fin des années 1990, la publication par le département d’Etat américain de son rapport sur les droits de l’homme dans le monde, où les violations du régime chinois sont systématiquement dénoncées, est suivie, peu après, d’une réponse circonstanciée de Pékin, sous la forme d’un contre-rapport. Pékin y détaille notamment les dégâts provoqués par les armes à feu, les bavures policières, la discrimination raciale et la place de l’argent dans la politique américaine.

La mort d’un adolescent noir le 9 août à Ferguson, tué par un policier, et les émeutes qui l’ont suivie ont permis à l’agence étatique Chine nouvelle de reprendre la même antienne :  » Même dans un pays qui a pendant des années essayé de jouer le rôle de juge et défenseur international des droits de l’homme, il y a encore beaucoup à faire. « 

L’agence a également blâmé d’autres  » manquements aux droits de l’homme  » chez la grande puissance rivale, comme la surveillance, révélée par Edward Snowden,  » des courriers et téléphones mobiles des Américains ordinaires aussi bien que des dirigeants d’autres pays, y compris d’alliés traditionnels des Etats-Unis « , les fusillades meurtrières dans le pays et les  » attaques de drones incessantes à l’étranger « .

La Chine n’a pas été la seule à profiter de Ferguson pour régler ses comptes avec Washington. En Iran, autre  » ennemi  » des Etats-Unis, le numéro un de la République islamique, le guide suprême Ali Khamenei, ne cesse de tweeter depuis la mi-août en utilisant le hashtag #Ferguson.  » Pouvez-vous soutenir que les Afro-Américains ont les mêmes droits que les blancs ? « , écrit-il le 25 août.  » Le drapeau des droits de l’homme est brandi par ceux qui en sont eux-mêmes les plus grands violateurs « , estimait-il une semaine plus tôt.

En ajoutant le hashtag #Gaza, le guide suprême a même dénoncé, le 25 août, les  » crimes  » commis par les Etats-Unis  » aux côtés de son protégé, Israël « .  » De quel droit revendiquez-vous le leadership mondial ? « , a-t-il lancé.

De son côté, l’Egypte s’est permis d’utiliser ironiquement le même langage diplomatique que celui dont a usé Washington pendant les manifestations au Caire et la répression visant les Frères musulmans :  » Nous suivons de près l’escalade des manifestations dans la ville de Ferguson et les réactions qu’elles suscitent « , a dit un responsable.

Le plus vindicatif a été la Corée du Nord, un régime dictatorial que George Bush avait jadis classé dans l' » axe du Mal  » avec l’Iran et l’Irak. Les Etats-Unis ? Un  » cimetière pour les droits de l’homme « , a tonné un porte-parole du ministère des affaires étrangères.

François Bougon

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Avait-on besoin d’un tel profil au Ministère de l’Economie ?

On le sait : les banques ont directement été responsables de la crise financière mondiale en 2008.

On le sait aussi : le profil de nos politiques ayant tous fait Science-Po ENA, démontre que celui-ci n’est pas gage de leur professionnalisme. En effet, pas un seul n’a été capable de voter un budget à l’équilibre en plus de trente ans…

La nomination de notre ministre de l’économie pose dès alors question à deux titres puisqu’il a fait Science-Po et ENA et a été banquier !

L’entourage de ce Ministre a beau jeu de dire que ce Monsieur connaît le monde de l’entreprise à ce titre, son argument ne tient pas.

D’abord, la banque est à l’entreprise ce que Mc Donald’s est à la restauration. Aucune entreprise n’a été à l’origine d’une crise financière mondiale… les banques si…
De plus, la banque Rothschild n’est pas la banque de Monsieur ou Madame tout le monde car elle n’est même pas la banque de l’entreprise-tout-le-monde !
Rappelons en effet que le monde de l’entreprise ne se limite pas, loin s’en faut, aux mastodontes du CAC40, qui comme son nom l’indique, ne comprend que 40 membres… alors que le nombre global d’entreprises en France est de près de 3 Millions.

Vous pouvez cliquer ICI pour avoir un aperçu complet de la ventilation de ces entreprises par domaine d’activité. Les chiffres datant de 2011.

Ce Monsieur a travaillé à l’inspection des finances qui n’a pas brillé par sa compétence ces trente dernières années comme je l’ai dit ci-dessus. Aujourd’hui, la France continue à ne pas respecter ses engagements budgétaires et l’Allemagne grogne à raison de cette situation.

Son entrée à la banque Rothschild, il ne la doit pas à ses compétences, mais bel et bien à un carnet d’adresses bien fourni rempli au moment où il exerçait ses fonctions de haut fonctionnaire à l’inspection des finances.

En plus, il est devenu très riche par opportunisme et en rien par le travail ou le talent. Rappelons qu’un banquier se gave sur le travail des autres. Ainsi, gagner de l’argent en pilotant comme gérant de Rothschild le rachat par Nestlé d’une filiale de Pfizer, n’est pas un talent particulier, mais bel et bien un travail d’intermédiaire qui se gave avec un argent gagné sans aucun mérite. On voit aussi que les fusions-acquisitions ne sont en rien la norme des 3 Millions d’entreprises composant notre pays, seule une minorité étant à même d’engager pareille procédure.

Sous un costume de renouvellement, M. Emmanuel Macron est loin d’en être un. C’est un opportuniste qui sera incapable de résoudre les problèmes de la France.

Les hommes passent, la médiocrité reste… A quand un véritable renouvellement ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 28 Août 2014

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Emmanuel Macron L’envol d’un libéral de gauche
Apprécié des chefs d’entreprise, le nouveau locataire de Bercy a eu pour mentors Jacques Attali et Michel Rocard

François Hollande a longtemps résisté à l’idée de le nommer au gouvernement.  » Il n’est pas élu. Pour un ministre, c’est un handicap « , avait déjà balayé le président lorsque Manuel Valls, fraîchement promu à Matignon le 31 mars, avait songé à Emmanuel Macron pour un portefeuille à Bercy. Celui du budget. Peut-être aussi le chef de l’Etat craignait-il que le choix d’un ex-banquier de chez Rothschild, fût-il son ancien collaborateur à l’Elysée, fasse figure de provocation pour une partie de la gauche, deux ans après avoir désigné dans sa campagne électorale la finance comme son  » ennemie « . Les deux hommes, d’ailleurs, n’en ont jamais parlé directement. En habile manœuvrier, M. Macron sait qu’il ne faut jamais être en situation de demander quelque chose à François Hollande.

Lundi 25 août au soir, pourtant, le président s’est laissé convaincre. Le secrétaire général de l’Elysée, Jean-Pierre Jouyet, n’a eu qu’à énumérer les rares élus possibles et constater la minceur du vivier avant de lâcher tranquillement :  » Si l’on veut quelqu’un qui connaisse bien l’économie, adhère à la politique de l’offre, ait la confiance des entreprises et incarne une nouvelle génération, je ne vois que Macron…  » Manuel Valls y était toujours très favorable. Alors, va pour Macron !  » Il y a eu tout de suite unanimité « , raconte un conseiller du président. Vers 15 heures, mardi, François Hollande l’a appelé pour lui proposer le job. Parfaitement conscient de la tempête politique qu’il allait provoquer.  » J’assume « , a-t-il lâché devant ses collaborateurs. Et c’est ainsi qu’un ancien associé gérant chez Rothschild s’est retrouvé installé, à Bercy, dans le fauteuil d’Arnaud Montebourg, ministre de l’économie obsédé par le colbertisme économique et le dirigisme industriel.

Le nouveau ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique a de fait vite été déniaisé. Une avalanche de réactions hostiles l’a accueilli dès l’annonce du nouveau gouvernement.  » C’est l’officialisation de la domination de la grande finance ! « , a aussitôt tweeté le vice-président du Front national Florian Philippot.  » Un financier technocrate comme ministre de l’industrie va mener notre outil de production à la catastrophe  » a renchéri le député maire de Nice, Christian Estrosi. Les  » frondeurs  » de la gauche, surtout, paraissent considérer sa nomination comme un chiffon rouge.  » Ce n’est pas un bon signe « , répétait sur BFM-TV le député socialiste Jean-Marc Germain.  » Macron le libéral pour remplacer Montebourg = provocation dérisoire « , a réagi sur Twitter le député socialiste Laurent Baumel, appuyé par son collègue Jérôme Guedj fustigeant  » un symbole regrettable « . Le seul message de félicitations remarqué est venu… d’Arnaud Montebourg :  » Bienvenue à Emmanuel Macron avec lequel nous avons travaillé si bien dès les premiers instants du ministère du redressement productif.  » Quelques minutes plus tard, Macron recevait un texto amusé d’Alain Minc, l’un de ses anciens mentors de l’inspection des finances :  » La politique est la seule héritière du surréalisme… « 

Qui pourrait mieux incarner la ligne du nouveau gouvernement que ce jeune homme de 36 ans qui avait largement contribué à élaborer, du temps où il était secrétaire général adjoint de l’Elysée, le pacte de compétitivité en faveur des entreprises à partir du rapport Gallois, puis le pacte de responsabilité, cette fameuse politique de l’offre qui hérisse tant les  » frondeurs  » de la gauche ?  » Il est beaucoup moins libéral qu’on ne le dit « , assure l’ancien enfant de la Gauche socialiste Julien Dray ;  » bien plus à gauche qu’on ne le croit « , soutient son parrain ministériel Jean-Pierre Jouyet. Emmanuel Macron est l’une de ces figures nouvelles du pouvoir, venu au PS à 24 ans avant de faire cet aggiornamento personnel que le parti, une fois aux responsabilités, a tant de mal à admettre. Et, s’il n’est pas un professionnel de la politique au sens où l’entend le président, il est bien la figure la plus politique de cette équipe  » Valls 2 « . L’incarnation de l’inflexion progressive du président vers une posture ouvertement sociale libérale. Il est aussi là pour cela.  » Le président sait qu’il fera parfaitement le job « , glisse-t-on à l’Elysée.

De multiples portraits dans la presse ont déjà maintes fois brossé son parcours, tellement typique de la nomenklatura française, du collège de jésuites d’Amiens au lycée Henri-IV à Paris, de Sciences Po à l’ENA, de l’inspection des finances à la banque Rothschild. Ses copains de promo à l’ENA répartis dans tous les ministères de droite puis de gauche. Son entregent dans les milieux patronaux. Ils ont parfois évoqué son mariage – une rareté, cette fois – avec Brigitte Trogneux, de vingt ans son aînée, rencontrée alors qu’elle était son professeur de français en première. C’est un de ces garçons qui dort peu, travaille beaucoup, réseaute plus encore, parle sans fard et avec brio, charismatique et attentif à ses interlocuteurs.

Sur le plan économique, c’est un pragmatique assez classique.  » Il est pour le respect des grands équilibres et la redistribution autant qu’elle soit possible « , résume un de ses anciens camarades de l’inspection des finances. Il faudrait y ajouter un goût pour l’industrie et une certaine forme de patriotisme économique qui l’ont amené, au tout début de ses engagements politiques, vers Jean-Pierre Chevènement, et qui furent, ces derniers mois, à la source de sa bonne entente avec Arnaud Montebourg. Pour autant, ses vrais mentors sont Michel Rocard et Jacques Attali. Avec le premier, il partage à la fois une relation affective démonstrative – il peut traverser une salle de restaurant pour aller embrasser sur les deux joues l’ancien premier ministre – et une pensée politique et intellectuelle qui l’a amené à s’accorder plus tard avec Manuel Valls.

Le second a fait de lui le rapporteur de la Commission pour la libération de la croissance française initiée par le président Nicolas Sarkozy en 2007. C’est là qu’il a enrichi un carnet d’adresses débuté au temps où il était chargé de mission à l’inspection des finances sous la direction de Jean-Pierre Jouyet et qu’il fit encore grossir dès 2008 en rejoignant la banque Rothschild sur les conseils de l’ancien patron de PPR, Serge Weinberg, un grand ami de Laurent Fabius.

Il aurait d’ailleurs pu devenir fabiusien si ce dernier n’avait pas voté contre la constitution européenne. Il aurait aussi pu rejoindre Dominique Strauss-Kahn. L’équipe de DSK lui avait d’ailleurs commandé quelques notes avant la présidentielle de 2007.  » Mais il ne se sentait pas à l’aise avec le personnage « , rapporte une amie. Le plus étonnant est pourtant qu’il ait choisi François Hollande dès la fin 2008, alors que celui-ci était au plus bas dans les sondages.  » Il n’y avait personne autour de Hollande, et encore moins des types de son profil, explique un proche. Il avait donc moins de concurrents. Mais c’était un pari. Et il l’a gagné. « 

Etait-il en phase avec les promesses de campagne du candidat Hollande ou n’était-il qu’un ambitieux ? Quelques mois avant la présidentielle, il pilote comme gérant de Rothschild le rachat par Nestlé d’une filiale de Pfizer, une transaction à plus de 9 milliards d’euros qui fait de lui un millionnaire, sans que cela change en rien son engagement auprès de ce candidat qui a dit ne pas aimer  » les riches « . Avant le second tour, il se rend aussi à Londres pour rencontrer des expatriés français et minimiser la portée de la taxe à 75 % sur les très hauts revenus.

De la douceur et des bons mots, voilà ce qui a caractérisé le mode de pilotage, habile, de M. Macron dans les méandres de la géopolitique élyséenne. Hémisphère droit du cerveau présidentiel, le secrétaire général adjoint, toujours souriant et urbain, s’entendait parfaitement avec son vis-à-vis de gauche, Aquilino Morelle, nonobstant les divergences idéologiques. Mais aussi avec l’ancien secrétaire général Pierre-René Lemas, ennemi notoire du précédent. Au fond, M. Macron comptait, à l’Elysée, peu d’ennemis, même si sa médiatisation lui valait des jalousies.  » Je pars le cœur léger. Il n’y a pas de trahison des idées auxquelles je pouvais croire « , glissait-il au Monde peu avant son départ de l’Elysée, en juillet. Délicat euphémisme.

Tous ceux qui ont pu le voir en 2012 face au président nouvellement élu ont constaté qu’il était l’un des rares à lui parler sans détour, quitte à se désoler discrètement des circonvolutions de son action économique. Dès le début du quinquennat, il avait plongé dans la crise de la zone euro.  » Sherpa  » économique lors des conseils européens et des différents G8 et G20, il s’est tissé un réseau de relations en Europe et dans le monde, dont il a notamment usé pour plaider auprès de l’Allemagne que la France respecterait l’objectif de retour des déficits publics en-dessous de 3 % du PIB, mais plus lentement que prévu. C’est aussi lui qui a intercédé en faveur des  » pigeons « , ces patrons qui s’étaient élevés contre l’alourdissement de la taxation des plus-values de cession d’entreprise, orchestrant le recul du gouvernement. Et défendu bon nombre de patrons d’entreprises publiques comme Carlos Ghosn (Renault), Stéphane Richard (Orange) ou Henri Proglio (EDF). Après l’expérience mitigée Pierre Moscovici, puis l’épisode fracassant d’Arnaud Montebourg, le gouvernement socialiste a-t-il enfin trouvé son ambassadeur dans les milieux économiques ?  » Il connaît les boîtes, confirme l’Elysée. Les patrons l’apprécient. « 

Pendant deux ans à l’Elysée, il n’a cependant jamais cessé de rencontrer des élus socialistes, prenant parfois deux petits déjeuners, dès 7 h 30 du matin. Une candidature lui avait été proposée dans sa ville natale d’Amiens pour les municipales de 2012. Prudent, il avait décliné.  » L’erreur est de croire qu’il n’est qu’un banquier, assure Julien Dray. Moi qui suis marxiste, il m’a convaincu que la compétitivité de la France était un réel problème et que la politique de l’offre n’était pas un gros mot.  » Il aura pourtant fort à faire pour séduire les  » frondeurs  » de la gauche.  » Macron est un socialiste « , a d’ailleurs cru bon de préciser Manuel Valls, mardi, au 20 heures de France 2.

Avant de quitter l’Elysée, en juillet, Emmanuel Macron, qui caressait alors l’espoir d’une carrière universitaire aux Etats-Unis, avait organisé un pot avec l’ensemble du cabinet présidentiel.  » Je vais prendre un peu de distance, réfléchir, enseigner peut-être « , avait-il lancé, avant de se tourner vers François Hollande :  » Mais dès que vous aurez besoin de moi, je serai là.  » Il n’a pas attendu très longtemps.

Raphaëlle Bacqué et David Revault d’Allonnes

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Le clientélisme peut mener à la faillite !

Cet article est très intéressant. Car il montre que les politiciens incompétents peuvent ruiner tout un pays. Il faut des contraintes de concurrence et de compétitivité. Tant l’extrême gauche que l’extrême droite, en France, rejettent ces idées, tant elles sont pourtant indispensable si on ne veut pas ruiner une Nation.

Contrairement aux dires de Mme Marine Le Pen, garder une économie fermée est néfaste pour un pays. Si on y ajoute un clientélisme social et structurel, on y met de l’huile sur le feu.

Bref, l’histoire économique de l’Argentine est intéressante car elle jette un regard cru sur les dires de nos extrêmes politiques.

A méditer.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 26 Août 2014

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L’ÉCLAIRAGE | CHRONIQUE
Leçons argentines

L’Argentine vient de connaître son sixième défaut extérieur depuis l’après-guerre. Les crises financières qui se sont succédé dans ce pays au cours des dernières décennies (défauts et/ou crises bancaires et/ou hyper-inflation) n’ont fait que refléter l’une des plus fortes phases de déclin économique du temps de paix de l’histoire contemporaine. Et le mode de spoliation à intervalles réguliers de ses créanciers a constitué l’une des issues les plus  » naturelles  » pour les différents gouvernements argentins, incapables de forger les conditions d’un développement durable.

Rappelons qu’à son apogée l’Argentine était l’un des pays les plus riches du monde. Pays très ouvert, puissance agricole de premier plan, elle figurait parmi les grandes  » stars  » de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. C’est le pays qui attirait alors le plus de capitaux et de migrants (plus de la moitié des habitants de Buenos Aires étaient d’origine étrangère en 1914). Elle était la neuvième puissance économique mondiale, tant en 1920 qu’en 1950. En 2014, elle n’est plus que 27e. L’Argentine avait le même niveau de vie que la France, en 1900 comme en 1950. Son produit intérieur brut (PIB) par habitant la hissait au 12e rang mondial, juste devant la France. Sa position actuelle se situe entre la 62e place (en dollars courants) et la 69e (en parité de pouvoir d’achat).

Si l’on devait mentionner une cause unique au déclin argentin, on indiquerait le péronisme. Non pas que Juan Peron (1895-1974) ait toujours gouverné l’Argentine (seulement de 1946 à 1955 et, avec son épouse, de 1973 à 1976). Mais le péronisme a façonné la vie politique et sociale du pays. La plupart des gouvernements s’en sont inspirés, directement ou indirectement.

Le péronisme représente l’illusion d’un modèle de développement autonome animé par l’Etat et affranchi des contraintes de la concurrence et de la compétitivité. La stratégie protectionniste de substitution de la production manufacturière nationale aux importations, inspirée par l’économiste Raul Prebisch (1901-1986), a rendu le secteur manufacturier toujours plus dépendant des aides et des protections publiques et jamais réellement compétitif, subissant souvent par ailleurs un taux de change déterminé par les considérables surplus agricoles.

L’Argentine est ainsi restée, depuis 1945, une économie le plus souvent assez fermée. Confronté au déclin économique, l’Etat est tombé dans un clientélisme social quasi structurel. Au-delà des transferts financiers publics, l’économie argentine a toujours été marquée par une forte interférence de l’Etat dans les activités privées et un faible respect des droits de propriété. Cela s’est particulièrement manifesté depuis l’arrivée des Kirchner aux affaires en 2003 (expropriation de Repsol en 2008, nationalisation des fonds de pension privés en 2008, manipulation des chiffres de l’inflation, limitation aux exportations de capitaux…).

De temps en temps, le pays fait illusion

Plus généralement, les gouvernements argentins n’ont jamais réussi à sortir de préoccupations court-termistes et ont toujours été gangrenés par la corruption. D’où le recours systématique aux expédients et une instabilité politique chronique.

Le pays a été marqué par une multitude de coups d’Etat (1943, 1955, 1962 et 1976) qui ont plutôt accentué les pratiques clientélistes. Aujourd’hui encore, l’Argentine figure au 106e rang à l’indice de perception de la corruption de l’ONG Transparency International. En termes de compétitivité, les classements de l’Argentine sont également exécrables : 104e dans le classement de compétitivité du Forum économique mondial et 126e dans l’enquête  » Doing Business  » de la Banque mondiale.

De temps en temps, l’Argentine fait illusion, à la faveur de vagues de hausse des prix des matières premières : cela a été le cas après la grande dépression de 1998-2002, avec près de 9 % de croissance moyenne annuelle entre 2003 et 2007 (et de nouveau en 2010 et 2011) grâce à la hausse des prix des matières premières agricoles, en particulier du soja.

Avec le retournement des prix des matières premières depuis 2011, les illusions se dissipent. L’Argentine renoue progressivement avec la récession (en 2014), la disparition de l’excédent commercial, un déficit budgétaire structurel élevé, des fuites massives de capitaux…

La descente progressive aux enfers de l’Argentine depuis environ soixante-dix ans rappelle que les écarts de performances entre les nations sont dus pour l’essentiel aux différences de gouvernance plutôt qu’aux dotations en richesses naturelles. Elle rappelle aussi qu’en cas de fermeture progressive il peut subsister au sein des pays des secteurs productifs et compétitifs, coexistant avec un appauvrissement économique du reste de la société. Elle enseigne aussi que la dynamique du déclin s’auto-entretient : il est en effet très difficile d’amorcer dans ce contexte une stratégie de redressement durable en raison des obstacles sociologiques, politiques et même économiques (l’ajustement a un coût économique de court terme) que le déclin génère en lui-même.

L’Argentine montre de plus le caractère illusoire des discours des élites politiques assis sur des mythes et le déni de la réalité. Elle montre enfin le caractère suicidaire, à terme, du refus de l’adaptation au monde extérieur.

Aujourd’hui, la performance macroéconomique argentine se rapproche de celle du Venezuela et contraste singulièrement avec les réussites d’autres voisins latino-américains, qu’elles soient traditionnelles, comme au Chili, ou plus récentes, comme en Colombie ou au Mexique.

par Jean-Pierre Petit

    Jean-Pierre Petit est économiste et président de la société de conseil Les Cahiers verts de l’économie

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Quand le Royaume-Uni va trop loin en matière de droit du travail

Souvent, le Royaume-Uni est en avance en terme économique. Mais, il y a des bémols… et des gros…

Le Droit du travail est parfois ouvertement bafoué. Il n’est pas normal de considérer comme autoentrepreneur quelqu’un qui n’a qu’un seul employeur. Dans ce cas, ça s’appelle du salariat, point.

Tout le monde y perd dans cette situation : l’Etat qui n’a pas les entrées sociales auxquelles il pourrait prétendre, et le salarié qui est beaucoup moins bien protégé.

Il y a un juste milieu entre la situation Française où bon nombre de chômeurs considèrent leurs indemnités comme un salaire, et une situation ultra-libérale où le travailleur est dans une précarité absolue avec ses contrats zéro heure.

Il faut trouver l’équilibre. Pour l’instant, il ne se situe ni en France, ni au Royaume-Uni.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 22 Août 2014

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L’autoentrepreneur britannique, l’autre visage de la flexibilité du marché du travail
Depuis 2008, les deux tiers des emplois créés l’ont été sous ce statut
Londres Correspondance

Au Royaume-Uni, le recours au travail flexible a connu un bond spectaculaire pendant la crise économique. Une nouvelle étude du Bureau national des statistiques (ONS), publiée mercredi 20 août, vient le prouver. Entre janvier 2008 et juin 2014, le nombre d’emplois au Royaume-Uni a augmenté de 1,1 million : 732 000 étaient des autoentrepreneurs. Soit les deux tiers des nouveaux emplois. Voilà qui explique en grande partie le relativement faible taux de chômage actuel, à 6,4 %.

Si ce statut est depuis longtemps utilisé dans le bâtiment, l’artisanat ou les taxis, il s’étend désormais aux cols blancs. L’étude de l’ONS montre que le tiers des nouveaux autoentrepreneurs se trouve dans la catégorie  » dirigeants et directeurs « .

Derrière cet intitulé se cachent de nombreux cadres moyens qui ont perdu leur emploi, avant de reprendre le même travail dans la même entreprise, mais avec un statut d’autoentrepreneur. Pour l’employeur, cela rend toute cessation d’activité beaucoup plus facile. Et de ne pas avoir à payer pour la retraite des employés ni un certain nombre d’autres allocations sociales.

Londres est l’endroit où la proportion d’autoentrepreneurs est la plus forte, avec 17,3 % des emplois. Ceux-ci ont tendance à travailler de plus longues heures : un tiers passe plus de quarante-cinq heures par semaine au travail, contre le quart des employés.

De plus, leur rémunération est en très forte baisse. Leur revenu médian a chuté de 22 % depuis 2008, en valeur réelle, à 207 livres (260 euros) par semaine. Pour beaucoup d’anciens employés qui ont été licenciés, retrouver une activité avec ce nouveau statut a donc eu un effet simple : travailler plus pour gagner moins.

Contrats à zéro heure

L’explosion du nombre d’auto-entrepreneurs illustre une des caractéristiques actuelles de l’économie britannique : la flexibilité de son marché du travail. Au début de la crise, les économistes craignaient une très forte hausse du chômage. Mais celui-ci a finalement connu un pic autour de 8 % seulement, avant de redescendre rapidement. Beaucoup d’employés ont préféré accepter une baisse de leur salaire ou devenir autoentrepreneurs plutôt que de perdre leur emploi.

Une autre explication du phénomène est le développement des  » contrats à zéro heure « . Ceux-ci permettent à l’employeur de donner du travail – et un salaire – à son employé uniquement quand il en a besoin.

Leur utilisation a fortement augmenté et, faute de statistiques précises, leur nombre est évalué entre un demi-million et un million d’employés. Cela a provoqué une importante controverse sur l’exploitation dont ceux-ci seraient victimes, corvéables à merci suivant le bon vouloir des entreprises.

Néanmoins, cette forte flexibilité du marché du travail présente d’importants avantages, selon Jonathan Portes, du National Institute of Economic and Social Research :  » Il y a bien sûr de nombreuses limites, mais c’est nettement préférable au chômage de masse de la France ou de l’Espagne.  » Cela évite en particulier de laisser une génération entière sans emploi, avec de très importantes séquelles sociales sur le long terme.

Eric Albert

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L’industrie Française continue à mal aller

Les causes de la stagnation de notre tissu industriel est malheureusement bien connu : nous produisons cher et mal. Cela est dû à la faible compétitivité de notre force de travail. Elle n’est pas compétitive car elle est trop payée pour ne pas travailler assez.

Les 35h, en la matière, portent une part évidente de responsabilité. Quand on fait travailler moins et que l’on paie autant, la compétitivité s’en ressent forcément.

Il faut remettre en place la valeur travail dans notre industrie, dans notre marché du travail.

Nous sommes en situation de concurrence mondiale. En ce sens, nous ne pourrons pas être compétitifs sans faire des efforts. La durée hebdomadaire de travail fait forcément partie des efforts à accomplir en la matière.

Mais même si elle doit être réformée, il y a pire. Nous avons un pays qui ne peut plus se permettre d’avoir 5 millions de fonctionnaires, eux aussi payés au 35h. Un gros effort devra aussi être entrepris en ce sens là. Les économies réalisées pourront servir à renforcer la recherche et développement de notre pays qui a été un leader technologique il n’y a pas si longtemps que cela.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 9 août 2014

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Le bond en arrière de l’industrie française
La production nationale a chuté de 12 % en six ans, pour revenir à son niveau de 1994

Depuis sa création en 1897, Esmery-Caron avait résisté à tout. Aux guerres, aux crises, aux frictions entre actionnaires. Quand les agriculteurs avaient cessé d’acheter ses sacs de jute, la société s’était reconvertie dans le plastique. Puis dans les toiles utilisées pour couvrir les stades. En mars 2013, une nouvelle usine avait encore été inaugurée à Dreux (Eure-et-Loir).

Une belle aventure stoppée net. Placée en redressement judiciaire en avril, la société a été liquidée en juillet. Des repreneurs viendront peut-être ramasser ce qui peut l’être. D’ici là, tout est arrêté…

D’anciens fleurons rayés de la carte, des faillites spectaculaires comme pour Caddie, des usines qui ferment, d’autres qui tournent au ralenti et vieillissent, et très peu de nouveaux projets : l’industrie française dépérit. Après avoir plongé en 2009, lorsque la faillite de la banque américaine Lehman Brothers avait tout bloqué, elle avait commencé à remonter la pente. Mais depuis le printemps 2011, elle est repartie en marche arrière.

Et le mouvement s’accélère. Au deuxième trimestre, la production industrielle a reculé de 2 % par rapport à la même période de l’année précédente, a indiqué l’Insee, vendredi 8 août.

En mai, la production française est même presque retombée, en volume, à son niveau plancher du printemps 2009, au plus fort de la crise. Cet épisode mis à part, il faut remonter à 1994 pour retrouver des chiffres aussi faibles. Comme si vingt ans étaient effacés.

Ce n’est sans doute pas fini. Juin a marqué un léger rebond, indique l’Insee. Mais en juillet, la production manufacturière est tombée à son plus faible niveau depuis le début de l’année, selon Markit.

Si l’on compare à juin 2008, juste avant l’éclatement de la crise, la chute est spectaculaire. En six ans, la production industrielle a diminué de 12 %. Quelques branches ont continué à progresser, comme l’aéronautique, l’assainissement de l’eau et la chimie.

Des marges trop faibles

Mais la plupart sont en déclin. Et certaines en pleine dépression. A commencer par le raffinage, dont la production s’est effondrée de 43 %. La crise a aussi provoqué des ravages dans la fabrication de matériel électrique et électronique, et l’énorme filière automobile, amputées chacune d’environ 25 % de leur puissance.

 » Oui, l’industrie française décroche « , reconnaît Thierry Weil, professeur à Mines ParisTech et cheville ouvrière du groupe de réflexion La Fabrique de l’industrie. Une partie de la baisse peut sans doute être attribuée à une  » tertiarisation  » logique de l’économie. Mais alors que la production industrielle est en hausse dans la plupart des pays européens, notamment en Allemagne, la France, elle, reste à la traîne.

De même, elle n’a pas connu le rebond du commerce extérieur dont d’autres ont profité. Les exportations de marchandises plafonnent depuis plus de deux ans, et l’Hexagone affiche le déficit commercial le plus important des grands pays de la zone euro, là où l’Allemagne et l’Italie sont excédentaires.  » C’est cela, le vrai critère qui montre le problème français « , note M. Weil. Un problème de compétitivité.

 » Les coûts salariaux sont élevés, alors que le niveau de gamme de la production est faible « , explique Patrick Artus, de Natixis, dans sa dernière note. L’industrie tricolore se retrouve piégée dans un cercle vicieux. Des produits trop chers qui se vendent mal. Des consommateurs qui manquent de pouvoir d’achat. Des marges en recul, qui ne permettent guère d’investir pour monter en gamme.  » Cela explique l’inertie de l’offre, qui ne répond ni à la demande intérieure ni à la demande étrangère « , conclut M. Artus.

Résultat : là où le président François Hollande et le ministre de l’économie, Arnaud Montebourg, visaient un  » redressement productif « , la désindustrialisation se poursuit inexorablement.

Dreux, la ville d’Esmery-Caron, constitue un bon exemple. Dans les années 1960, l’Etat avait choisi d’implanter sur place de grandes usines, comme celles de Renault et Philips. C’est de Dreux qu’est sorti le premier téléviseur couleur fabriqué en France.  » Ces sites majeurs ont fermé il y a plusieurs années déjà, à cause notamment de coûts trop élevés, et on a perdu 5 000 emplois « , dit Christophe Le Ciclé, l’un des responsables de l’agglomération du Pays de Dreux.

A présent, plus question d’automobile ni d’électronique. Quant à la troisième grande industrie qui avait essaimé sur place, la pharmacie, elle donne à son tour d’inquiétants signes de fragilité.

Ces dernières années, l’agglomération a néanmoins réussi à recréer quelque 4 000 emplois en ciblant plutôt, cette fois-ci, les PME. C’est ce tissu qui souffre maintenant, victime de cette crise qui n’en finit pas, du manque de soutien des banques et d’erreurs de gestion. Non loin d’Esmery-Caron, la fonderie Loiselet a ainsi déposé le bilan en décembre 2013, suivie en février par Qol, spécialiste du pressage du CD et DVD.

 » On ne baisse pas les bras « , assure-t-on à Dreux comme à Bercy. Pour M. Artus, cependant,  » les mesures de politique économique prises, même si elles vont dans le bon sens, risquent de ne pas modifier durablement ce panorama « . Selon lui, la  » thérapie de choc  » nécessaire reste à administrer.

Denis Cosnard

    Pas de rebond économique au troisième trimestre

    La stagnation de l’économie française se confirme. Le pays devrait enregistrer une croissance de seulement 0,2 % de son produit intérieur brut au troisième trimestre par rapport au deuxième, a annoncé, vendredi 8 août, la Banque de France, qui s’appuie notamment sur des enquêtes menées auprès des chefs d’entreprise.

    Le troisième trimestre s’annonce donc à peine meilleur que le précédent. Selon la majorité des économistes, l’Insee devrait annoncer, le 14 août, une croissance très faiblement positive, comprise entre 0 % et 0,1 % pour le deuxième trimestre.

    Une stagnation au deuxième trimestre, après une croissance déjà nulle au premier, puis une progression limitée à 0,2 % au troisième trimestre, mettrait définitivement hors de portée l’objectif gouvernemental d’une croissance de 1 % pour l’ensemble de l’année.

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Quand les centrales nucléaires ne servent pas qu’à produire de l’électricité

On pensait que les centrales nucléaires ne servaient qu’à produire de l’électricité : on avait tort… Elles peuvent aussi produire de l’eau chaude. En effet, elles ont un inconvénient majeur : elles chauffent… Et comme elles chauffent, elles produisent de l’eau chaude qui n’est pas valorisée, pire, qui dégrade l’environnement puisqu’elle est rejetée dans les rivières, menant à produire des effets néfastes sur la flore et la faune de la rivière.

Dès lors, pourquoi ne pas retourner les effets délétères de cette situation pour en faire une qualité ?

Alors, bien sûr, on aurait des pertes, mais des pertes qui ne seraient en rien comparable aux bénéfices que l’on pourrait en tirer.

Le reste, c’est dans cet article de Science et Vie de juin 2014….

Lien : Science et Vie de Juin 2014 – L’eau chaude des centrales

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Quand on regarde derrière soi en avançant, on risque de se prendre un réverbère…

Très clairement, qu’y a-t-il comme intérêt de se disputer pour l’héritage des pensées d’un type qui est mort il y a un siècle et qui n’a jamais gouverné ? N’y a-t-il pas des actions un tant soient peu plus urgentes à mener ? Quand on regarde derrière soi, on oublie de regarder devant soi… On a des réformes à engager, des réformes importantes car notre pays va mal. D’un point de vue de notre compétitivité économique, de la maîtrise de notre budget, de notre croissance, de notre taux de chômage, on a des actions à mener, des idées à trouver, et oeuvrer à recouvrer un courage politique qui a été totalement absent de notre gouvernement.

Avons-nous le temps de blablater sur des idées d’un type mort dans un temps qui n’a rien à voir avec le notre ? Franchement, je ne crois pas.

Arrêtons-nous donc de nous chamailler pour des futilités et mettons-nous au boulot.

L’éditorial du journal ‘Le Monde’ daté du 2 Août 2014

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ÉDITORIAL
Tous derrière Jaurès, bien sûr…

Ce fut un concours très français, c’est-à-dire pas dénué de charme, mais un tantinet passéiste. Et qui sait, peut-être, cette petite cérémonie politique, entre fin de Tour de France et départ des aoûtiens, disait-elle quelque chose d’important sur l’état des élites publiques du pays ?

Ce jeudi 31 juillet, la gauche s’est donné rendez-vous dans le 2e arrondissement de Paris, au coin de la rue Montmartre et de la rue du Croissant. C’est là, dans une brasserie dite Café du Croissant (aujourd’hui Taverne), que l’un des pères du socialisme français, Jean Jaurès, a été assassiné, le 31 juillet 1914. A la veille de la Grande Guerre.

Ce jeudi-là, un siècle plus tard, la gauche est venue saluer un  » grand  » de la politique. Même s’il n’a jamais gouverné, Jaurès a été l’homme d’une formidable synthèse : un réformiste, mais qui situait son réformisme dans un projet de changement social profond ; un internationaliste, mais qui savait tout ce que la nation – l’idéal national républicain – portait de valeurs ; un bourgeois, pétri de culture, diplômé de l’Ecole normale supérieure, attaché à une méritocratie célébrant l’effort et l’importance du savoir – à l’opposé du  » tout vaut tout  » culturel.

Rien d’étonnant à ce que la gauche revendique aujourd’hui l’héritage d’un tel homme. Elle a bien raison. Mais elle s’est livrée à l’occasion à une bataille quelque peu dérisoire pour savoir à qui revenait le plus authentique  » brevet d’identité jauressienne « , comme le disait l’historien Gilles Candar dans Le Monde du 31 juillet.

C’est nous les vrais  » jauressiens ! « , clame la gauche de la gauche, et notamment Jean-Luc Mélenchon, qui met en avant l’anticapitalisme du grand homme. Non, c’est nous !, réplique la gauche de gouvernement, qui brandit le réformisme prudent de Jaurès – Manuel Valls allant jusqu’à avancer que le député du Tarn aurait  » sans doute  » voté le pacte de responsabilité.

La droite n’est pas en reste. Nicolas Sarkozy donnait du Jean Jaurès à chaque étape de sa campagne de 2007. Aujourd’hui, l’un des chefs du Front national, Louis Aliot, revendique aussi sa petite part d’héritage. Bientôt, les people vont s’y mettre et faire le pèlerinage de Carmaux, fief du fondateur du quotidien L’Humanité.

Ce concours de bon  » jauressisme  » est sans doute un hommage à la complexité de la pensée de Jaurès. Il est aussi révélateur d’un certain désarroi. L’homme du Tarn savait penser son époque – celle de la première grande phase de libéralisation des échanges de l’ère industrielle. Il en faisait la pédagogie. Il n’était pas dans la nostalgie.

Il situait l’action politique en prise avec les mutations sociales profondes que subissait la France de l’époque. Il les comprenait, il pensait cette réalité nouvelle, il ne la niait pas. Il en faisait le cadre d’un réformisme qui n’évacuait pas une ambition sociale des plus élevées.

Qui, dans la France et dans la classe politique d’aujourd’hui, celle d’une phase de bouleversements aussi profonds, est capable d’un tel projet ? Qui explique que la mondialisation est là pour rester ? Qui ose dire que l’Etat-providence doit être profondément remanié ? Qui pointe la réalité d’une économie en train de décrocher ?

Derrière l’œcuménisme de l’hommage à Jaurès, ce qui transparaissait, c’est un manque : celui d’un discours politique de vérité.

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Ces gens n’ont-ils pas quelque peu oublié le but de leur mission ?

Cette situation est honteuse. Elle l’est car ces élus ont oublié de montrer un minimum de décence en occultant le fait que le but de leur mission doit être d’oeuvrer dans l’intérêt général. Dans ce dossier, force est de constater qu’on est loin de cet objectif…

Comment Sabrina Saidi peut-elle demander un appartement qui lui a été promis ? Promis par qui ? Promis pour quoi ? Mme Saidi s’est-elle impliquée en politique uniquement par intérêt personnel ? Quelque soit l’auteur, comment peut-on envoyer des tracts anonymes pour fustiger une prétendue situation maritale anormale ? Comment des élus peuvent-ils condamner de prétendus agissements sans preuve ? N’y a-t-il pas les forces de l’ordre pour enquêter sur de tels agissements ? Dans cette affaire, on va voir les forces de l’ordre après avoir échoué à se rendre justice soi-même…

Quoiqu’il en soit, ces bisbilles ne sont liées en rien à l’action de ces élus pour l’intérêt général. Seul l’intérêt personnel prévaut. C’est triste et honteux.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 29 Juillet 2014

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Très sale ambiance autour de la mairie de Bobigny
Tract anonyme, enregistrements clandestins, plaintes multiples : la nouvelle équipe municipale UDI se déchire

Fait divers ou fait politique ?  » Histoire de filles  » ou lutte d’influence ? Depuis quelques semaines, Bobigny, préfecture de la Seine-Saint-Denis, bruisse du conflit qui oppose la nouvelle majorité municipale à une de ses adjointes. On y parle  » séquestration « ,  » menaces de mort « ,  » diffamation « ,  » dénonciation calomnieuse « …  » Boboche « , comme elle est surnommée, 50 000 habitants et presque autant de langues bien pendues, se passionne pour cette histoire qui ternit les débuts du maire, Stéphane de Paoli (UDI), élu en mars après quatre-vingt-quinze années de règne du Parti communiste.

Le premier acte se déroule, mardi 8 juillet à l’hôtel de ville, un bâtiment gris creusé d’alvéoles. Sabrina Saidi, 33 ans, adjointe chargée de la petite enfance, se trouve dans le bureau du premier adjoint, Christian Bartholmé. Elle doit parler avec lui de l’appartement qui lui a été promis durant la campagne. A 50 ans, il est celui qui tient les rênes de la mairie selon de nombreux habitants, bien plus que l’inexpérimenté Stéphane de Paoli. Il occupe aussi le poste de directeur de cabinet adjoint de Jean-Christophe Lagarde, le maire de la commune voisine de Drancy.

Dans le bureau, trois autres hommes ont pris place autour de la table, dont Kianoush Moghadam, 32 ans, directeur du développement territorial. Comparé à l’acteur américain Joe Pesci en raison de sa petite taille et de son débit de mitraillette, lui aussi est un proche du député Lagarde, dont il a été l’attaché parlementaire pendant quatre ans.  » C’est un guet-apens « , pense alors la jeune femme. La question de l’appartement est en effet tout de suite évacuée.

Ses interlocuteurs accusent Sabrina Saidi d’être l’auteur d’un tract qui circule dans les boîtes aux lettres depuis la fin juin, dirigé contre Lynda Benakouche, une chargée de mission de la ville. De nombreux témoins assurent l’avoir vue le distribuer.

Le document, émaillé de fautes d’orthographe, reproche à la chargée de mission d’être l’épouse de Jean-Christophe Soumbou, un des membres du  » gang des barbares « , condamné à dix-huit ans de prison pour sa participation au meurtre d’Ilan Halimi. L’implication supposée de Lynda Benakouche dans des actes de violence en réunion sur une femme enceinte est aussi mise en avant.  » Observez, Drancy arrive en force ! – Allusion à la présence de collaborateurs de Jean-Christophe Lagarde – La mairie de Bobigny a embauché Al-Qaida « , conclut le texte. Lynda Benakouche entend porter plainte pour diffamation.

Le tract est vécu comme un affront par la majorité municipale, qui ne supporte pas que l’on s’attaque à un membre de la  » famille « . Dans le bureau de Christian Bartholmé, la réunion s’éternise pendant près de deux heures trente. Kianoush Moghadam, qui a grandi dans le même quartier que Jean-Christophe Soumbou, s’énerve face aux dénégations de Sabrina Saidi :  » Ferme ta gueule ! Tu crois que tu parles à qui ?  » La jeune femme n’a jamais caché son aversion envers Lynda Benakouche. Se sachant soupçonnée, elle a glissé avant de venir un petit Dictaphone noir dans son soutien-gorge. Toute la conversation est enregistrée à l’insu de ses interlocuteurs.  » C’est aussi dangereux pour tes miches « , la prévient Christian Bartholmé. Le lendemain, la jeune femme se présente au commissariat et porte plainte pour  » menaces de mort  » et  » séquestration « . Les quatre hommes présents font de même pour  » dénonciation calomnieuse « .

Dix jours plus tard, le sujet occupe quatre pages dans Marianne :  » Comment la droite confie Bobigny à des petits caïds « , titre l’hebdomadaire. Le Parti communiste, moribond depuis sa défaite historique, profite de la brèche pour s’en prendre à la majorité.  » Une chape de plomb est tombée sur les Balbyniens « , juge l’ancienne maire, Catherine Peyge, qui ne siège plus au conseil municipal.

Une assemblée générale est organisée à l’initiative de la CGT le 21 juillet dans les locaux de la mairie en présence de 200 salariés. La gestion des ressources humaines par l’équipe est mise en cause.  » Nous avons saisi le préfet pour demander un contrôle de légalité afin de savoir si M. Moghadam et d’autres ont les qualifications requises et un casier judiciaire conforme pour les postes occupés « , assure un cadre du syndicat, sous le couvert de l’anonymat.  » J’ai un bac + 5 en urbanisme, j’ai travaillé à l’Assemblée nationale… Il n’y a pas de présomption d’innocence pour les gens comme nous, issus de l’immigration « , se défend Kianoush Moghadam.

En 2008, le jeune homme menait avec d’autres une liste indépendante aux municipales baptisée  » Libr « . Une grande partie de ses candidats s’est reportée en 2014 sur l’UDI. Les liens tissés avec Jean-Christophe Lagarde, député de la circonscription, n’y sont pas pour rien. Ce dernier a encore versé en 2013 une partie de sa réserve parlementaire aux associations présidées par Lynda Benakouche ou Kianoush Moghadam.  » La ville ne leur donnait rien car ils refusaient de prêter allégeance « , justifie l’élu.

Pour ses opposants, le maire de Drancy, par ailleurs candidat à la présidence de l’UDI, exporte les méthodes qui ont fait son succès.  » C’est un cocktail droite-centre avec les petits loulous qui tiennent les quartiers, comme à Saint-Ouen ou au Blanc-Mesnil « , juge un responsable communiste.  » Nous ne sommes pas une bande d’envahisseurs envoyés par le méchant député Lagarde « , rétorque de son côté Christian Bartholmé, qui ajoute :  » J’espère que le PC n’est pas derrière cette affaire de tract. « 

Le premier adjoint a revu Sabrina Saidi samedi 12 juillet. Cette fois, c’est lui qui a enregistré la jeune femme à son insu. Cette dernière explique ne pas avoir voulu parler pour défendre une amie, coupable selon elle d’être à l’origine du tract. L’amie en question s’est présentée à la police et désigne Sabrina Saidi comme seule responsable. Le parquet doit communiquer dans la semaine sur l’éventuelle ouverture d’une information judiciaire pour les faits de menaces de mort et de séquestration.

Reste un point à éclaircir, qui a particulièrement intéressé les membres de la majorité lors de leur discussion avec Sabrina Saidi : pourquoi n’aime-t-elle pas Lynda Benakouche ? L’intéressée sourit :  » Une amie m’a dit que Lynda parlait sur moi, lui disait de ne pas traîner avec moi. C’est un peu des histoires de fille, en fait. « 

Olivier Faye

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Quand ‘Le Monde’ avait raison avant tout le monde

Le respect de la vie humaine doit être le but ultime à atteindre en tout temps et en tout lieu. Car le dopage implique forcément une prise de risque insensée sur l’intégrité physique du coureur, il doit être combattu avec force, conviction et une extrême fermeté. Rien ne doit servir d’excuse à l’inaction en la matière. Il est hors de question de cesser la lutte contre le dopage sous le prétexte fallacieux que les spectateurs du Tour en sont conscients et l’acceptent.

Dès lors une compétition ou apparaissent des signes flagrants de dopage doit être stoppée. M. Nibali, vainqueur cette année, est sous l’emprise du dopage, comme M. Froome l’année dernière. Ils sont indignes d’avoir été déclarés vainqueurs alors même que leurs performances fait plus que poser question.

Le journal ‘Le Monde’ a eu raison avant tout le monde dans cette histoire. Ses journalistes sont intègres. Tout le monde ne peut pas en dire autant et ce n’est pas les journalistes de France 2 qui diront le contraire alors qu’ils n’ont jamais investigué le moins du monde sur des pratiques qui ont fait partir M. Fignon prématurément. Les journalistes de France 2 sont-ils responsables de la mort de M. Fignon ? Oui ! Même si c’est indirectement, ces simili-journalistes (Gérard Holtz, Thierry Adam) et consultants comme M. Laurent Jalabert.

Triste, très triste.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 1er Août 2014

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 » Le Monde  » réclame l’arrêt du Tour de France
En 1998, petite révolution : le journal, d’ordinaire peu friand de sports populaires, décide d’envoyer cinq reporters sur les routes… Des reporters qui s’aperçoivent vite que tout ne tourne pas rond

Les deux voitures partent chaque jour, presque en même temps que le peloton. Ce sont de robustes Mercedes, peut-être un peu trop rutilantes avec leur sigle Le Monde collé sur les portières. Le long des routes de France, les familles qui attendent sur leurs pliants le passage des coureurs semblent surprises de déchiffrer les lettres gothiques, au milieu des calicots criards de la caravane. Le journal n’est pas un habitué de ces manifestations populaires. Dans les salles de presse, son image  » intello  » est si bien installée qu’une plaisanterie circule :  » Le mieux, dans ce métier, c’est d’être photographe sportif au Monde ! « , tant le quotidien a longtemps eu la réputation de n’avoir ni photo ni sport dans ses colonnes…

Pour cette édition du Tour de France 1998, Le Monde a pourtant dépêché cinq journalistes sur la boucle de 3 875 kilomètres qui, du 11 juillet au 2 août, doit relier Dublin à Paris. Six heures par jour, trois semaines durant, les reporters ont prévu de se relayer au volant, envieux des rédacteurs de L’Equipe, qui ont des chauffeurs. C’est une épreuve d’endurance, comme s’ils couraient eux-mêmes une compétition parallèle à celle qui jette chaque année sur les routes ces champions aux jambes fuselées sur leurs vélos en titane.

Il faut bien s’entendre pour rouler ainsi ensemble, sous les pluies d’orage ou dans la chaleur estivale des Pyrénées.  » Mais avec un guide Michelin pour repérer les bonnes auberges, a rassuré José-Alain Fralon, on peut s’en tirer agréablement.  » Plume alerte et estomac solide, ce grand reporter du Monde a déjà plusieurs Tours dans les jambes. Il en aime les légendes et ces grimpeurs qui luttent roue à roue sur des côtes longues et raides comme des gratte-ciel.  » Le Tour, c’est un bout du roman national, dit-il, une machine à souvenirs pour les trois quarts des Français et une formidable occasion de laisser voguer sa plume. « 

Dans la Mercedes, lorsque la route paraît interminable, il a toujours une histoire à raconter à ses quatre compagnons.  » Pendant longtemps, la seule femme sur le Tour était la fille de L’Humanité… Il a fallu déguiser Dalida en homme, avec moustache et catogan, lorsqu’elle a voulu venir un jour suivre une étape… La plupart des bistrotiers, sur le circuit, ont vu Antoine Blondin écrivant ivre mort ses papiers d’anthologie après avoir bu jusqu’au contenu des encriers… Vous jetterez aussi un œil sur les chauffeurs des équipes, ce sont souvent d’anciens coureurs…  » L’après-midi, après le déjeuner, la  » machine à souvenirs  » fait pourtant une pause : Fralon, fidèle aux habitudes nouées dans son enfance de pied-noir, a coutume de faire la sieste, en dépliant la banquette arrière.

A ses côtés, Yves Bordenave, ancien de L’Humanité et de Miroir du cyclisme, a grandi tout autant que Fralon dans les chromos d’un Tour que ses parents communistes l’emmenaient voir chaque été dans les Pyrénées.  » Le cyclisme est le sport le plus politique qui soit, jure-t-il. Il faut imposer son leadership et savoir nouer des alliances avec ses adversaires.  » Sa manie à lui est de chanter à tue-tête tout le répertoire de Jean Ferrat jusqu’à ce que ses compagnons lui demandent grâce. Pour compléter la troupe, le journal a aussi envoyé Eric Collier, un garçon calme et bon camarade dont c’est le premier Tour. Il leur a adjoint Nicolas Guillon, un pigiste habitué de la presse cycliste, et Benoît Hopquin, un reporter amateur de sport dont il aime les vertus fédératrices et, pense-t-il, la morale exigeante.

C’est la première fois que Le Monde envoie un si gros contingent sur le Tour de France, et cet effort marque un changement quasi philosophique dans sa ligne éditoriale. Depuis les Jeux olympiques d’Atlanta, deux ans plus tôt, le directeur, Jean-Marie Colombani s’est convaincu que les manifestations sportives peuvent stimuler les ventes du journal.

Jusque-là, le quotidien a cultivé une vision presque aristocratique du sport.  » Le football et généralement les sports populaires n’ont jamais été sa tasse de thé « , constate Pierre Georges, ce grand reporter dont les papiers sur le  » génie ailé  » Carl Lewis sont restés une légende au journal. Il faut des traditions plus élitistes pour que Le Monde s’intéresse à une compétition. Il envoie alors ses grandes plumes, qui peuvent raconter un match avec deux ou trois jours de décalage, comme si le résultat importait moins que le récit de l’épopée. Le quotidien aime ainsi le rugby,  » ce sport de voyous joué par des gentlemen « , que le Bordelais Jean Lacouture a longtemps célébré  » comme un chef-d’œuvre du contrôle de la violence par les règles « . Il admire l’alpinisme, qu’Hubert Beuve-Méry, ce solitaire habitué à se mesurer aux sommets, pratiquait comme une hygiène mentale et un défi orgueilleux.

Roland-Garros et Wimbledon sont des rendez-vous honorés chaque année par des reporters qui peuvent parfois être eux-mêmes classés au tennis. Le golf et la boxe ont longtemps trouvé en Olivier Merlin un chroniqueur cultivé qui emmenait ses conquêtes assister en frémissant aux combats, dans des salles de banlieue enfumées. Même la tauromachie, malgré des centaines de lettres de lecteurs outrés, garde sa chronique régulière, tenue par l’aficionado Francis Marmande, pour qui la corrida  » offre, par la fente du sacrifice, la possibilité inouïe de voir le monde, la comédie qui nous est jouée, la mort en face « .

Mais le vélo… Hormis Eric Fottorino, amateur averti qui, en 2001, allait frapper les esprits en courant le Grand Prix du Midi libre sous le dossard du Monde, et en écrivant les grandeurs et les souffrances de la course, chaque soir à l’étape, le cyclisme est longtemps resté au rang de récréation littéraire. Quand Jean Bobet, le frère du grand Louison, lui-même ancien coureur cycliste, couvrait le Tour de France pour le journal, Hubert Beuve-Méry ne manquait jamais de rappeler, comme pour se rassurer :  » Il est agrégé d’anglais…  » Plus généralement, le Tour s’offre en récompense, comme lorsque le grand chroniqueur judiciaire Jean-Marc Théolleyre suivit l’édition 1989 de la course comme ultime cadeau du journal avant sa retraite.

Cette année 1998 doit cependant consacrer l’engagement du Monde dans le sport populaire, celui qui s’est le mieux mondialisé, charrie les foules, draine les enthousiasmes et, accessoirement, les contrats publicitaires. Dès le mois de juin, la Coupe du monde de football, disputée en France, a été l’occasion de lancer un supplément quotidien, nourri par les meilleures plumes, dont les tirages se sont envolés au fur et à mesure de l’ascension victorieuse de l’équipe  » black, blanc, beur « . Le Tour de France doit offrir une suite à cette épopée faite de sueur et de dépassement de soi.

Dès le début, pourtant, rien ne se passe comme prévu. A Paris, rue Claude-Bernard, où le journal est installé depuis 1996, le patron des sports, Michel Dalloni, débauché quelques mois auparavant du Parisien, a eu un mauvais pressentiment. Willy Voet, un soigneur de l’équipe espagnole Festina, s’est fait contrôler par la douane française, à la frontière franco-belge. Dans son coffre, annonçait une dépêche de l’AFP,  » 500 doses de produits dopants dont 235 ampoules d’érythropoïétine (EPO), 120 capsules d’amphétamine, 82 solutions d’hormone de croissance et 60 flacons de testostérone « … Tombée en pleins préparatifs de la finale du Mondial de football, la nouvelle passe quasi inaperçue.  » On risque d’avoir un problème sur le Tour de France « , a pourtant compris Dalloni.

Sur les routes, la petite troupe des reporters du Monde sait bien que le peloton du Tour ne roule pas toujours  » à l’eau claire « . Tous ont lu Albert Londres, qui décrivait déjà, en 1924 dans Le Petit Parisien, ces frères Pélissier, forçats de la route, obligés d’abandonner la course malgré la dose de cocaïne prise quelques heures avant le départ. La plupart d’entre eux ont entendu parler du dopage comme on en parle sur la Grande Boucle depuis des années : avec une décontraction qui laisse supposer que le phénomène est à la fois général et anodin. Les journalistes et les sportifs usent de tout un vocabulaire folklorique qui en masque la dangereuse réalité : les coureurs qui se piquent aux hormones  » jouent aux fléchettes « , les champions sous amphétamines  » alimentent la chaudière « , et l’on évoque des athlètes  » survitaminés « .  » Le dopage paraissait si partagé, se souvient Benoît Hopquin, que beaucoup de journalistes avaient finalement le sentiment que l’entraînement et les qualités sportives faisaient tout de même la différence.  » Yves Bordenave a connu autrefois le champion Jacques Anquetil et l’a entendu détailler sa pharmacopée.  » Le dopage à la papa n’a jamais fait d’une carne un cheval de course « , pense-t-il. Rares sont ceux qui connaissent l’EPO, ce cocktail qui peut modifier toutes les hiérarchies.

Devant l’arsenal trouvé dans son coffre, le soigneur Willy Voet est pourtant passé aux aveux et a dénoncé un dopage organisé et médicalisé au sein de toute son équipe. Le directeur sportif de Festina, le Français Bruno Roussel, est arrêté le 15 juillet à l’arrivée de la quatrième étape, à Cholet, dans le Maine-et-Loire. Les journalistes du Monde, partis pour raconter l’épopée merveilleuse du Tour, se retrouvent à faire le pied de grue devant les commissariats comme des faits-diversiers.

A Paris, Edwy Plenel, le directeur de la rédaction, est en vacances. Son adjoint Robert Solé tient les manettes de la rédaction en chef, sous la houlette du directeur du journal, Jean-Marie Colombani. Solé s’intéresse peu au sport, mais  » JMC « , qui a insisté pour que Le Monde s’engage sur le Tour, est scandalisé :  » Nous ne pouvons pas être complices de ce Tour frelaté « , assène-t-il. Le groupe Amaury, propriétaire du Tour, de L’Equipe et du Parisien, passe depuis longtemps, aux yeux du Monde, pour un groupe de presse de droite, ce qui n’empêche pas le quotidien du soir de recruter avec entrain ses meilleurs talents. Mais Colombani n’a aucune envie de ménager ce concurrent. Le 23 juillet, alors que les coureurs de l’équipe Festina sont placés en garde à vue, la plupart avouant s’être dopés à l’exception des coureurs Richard Virenque, Pascal Hervé et Neil Stephens, le directeur du Monde téléphone à Michel Dalloni :

 » Il faut demander l’arrêt de l’épreuve !

— Le Tour ne s’arrêtera pas parce que nous le demandons…, tente le patron des sports, qui connaît la puissance de la course et n’a rien oublié des mœurs du groupe Amaury.

— Ecrivez l’éditorial. Soyez ferme et clair. Pas plus de 3 000 signes. « 

Dalloni écrit d’un jet, en moins d’une demi-heure, un article au canon. Il commence ainsi :  » Le Tour de France 1998 est fini.  » Et il assène :  » Qui, désormais, peut se réjouir de voir entrer dans Paris, dimanche 2 août, les restes d’un peloton à la réputation compromise ? Qui aura le cœur à applaudir le vainqueur d’une course sans foi ni loi ? Et, par conséquent, qui trouvera le courage de dire stop, de décider que l’on en a trop vu, trop fait, et surtout trop caché ? Cette édition du Tour de France doit s’arrêter. « 

En manchette, l’édition du 25 juillet annonce :  » Le Tour de France discrédité « . Personne n’a songé à prévenir l’équipe des reporters sur les routes. Ils ont tôt fait, cependant, de comprendre de quoi il retourne en arrivant à l’étape. La salle de presse est glaciale. Un directeur sportif leur tourne le dos en grinçant :  » Je ne parle pas à des types dont le journal ne met pas un centime dans le vélo et demande d’arrêter le Tour.  » Jusque-là, les journalistes du Monde passaient pour des  » intellos en goguette « , désormais ils font figure de  » donneurs de leçons brûlant une icône « .

Comment, pourtant, continuer à raconter l’épopée dans l’Alpe-d’Huez et ces contre-la-montre qui ont fourni à la presse tant de morceaux de bravoure, si tout est biaisé ? Furieux de voir son roi légendaire soudain nu, José-Alain Fralon en brise son téléphone portable contre un mur :  » Pour un peu, j’en voulais au journal de m’avoir obligé à briser mes rêves.  » Mais il faut bien se résoudre à voir la police désormais présente aux étapes. Quelques jours plus tard, l’Italien Marco Pantani remporte la course, le Tour n’a pas été annulé mais l’édition 1998 s’achève sur la promesse d’en finir l’année prochaine avec ces coureurs dopés.

Il arrive, depuis Balzac, que le journalisme soit le carrefour des illusions perdues, qu’il oblige à voir le cynisme derrière la légende. L’année suivante, puisque la course a juré d’être  » propre « , Benoît Hopquin et Yves Bordenave sont repartis sur les routes.

 » A la suite de ce scandale du Tour 1998, une partie des vieux de la vieille ont été débarqués par leurs journaux et remplacés par des enquêteurs des services Société « , constate Hopquin. C’est la fin d’une époque. Ce sera aussi la fin de leur innocence. Un an seulement après l’affaire Festina, dès le premier contre-la-montre du Tour 1999, l’Américain Lance Armstrong écrase le peloton de façon spectaculaire. Trois ans plus tôt, il avait annoncé être atteint d’un cancer des testicules avec métastases aux poumons et au cerveau. Il faut croire que sa guérison est bien plus qu’un simple retour à la vie. Le voilà qui renouvelle l’exploit dans les Alpes, avalant la montée de Sestrières dans un chrono délirant sous une pluie battante. Benoît Hopquin s’étonne, interroge un suiveur belge, un connaisseur. Le verdict est implacable : Armstrong est un rouleur  » incapable de grimper un pont de chemin de fer « . Aux étapes, les reporters du Monde voient des cyclistes arriver écœurés et jeter leur vélo de dépit. Cette fois, il n’est plus possible de faire semblant de croire à la rédemption du Tour.

Benoît Hopquin écarte le reportage et plonge dans l’enquête. Dans son édition du 21 juillet, Le Monde annonce que l’Américain a été contrôlé positif aux corticoïdes dès la première étape. Le journaliste est remonté jusqu’au ministère des sports, où Marie-George Buffet a promis de lutter contre le dopage. Sur le Tour, le directeur, Jean-Marie Leblanc, croit à une collusion entre la ministre communiste et l’ancien de L’Humanité Yves Bordenave :  » Maintenant que tu es avec les journalistes de Saint-Germain-des-Prés, tu es passé de l’autre côté ! « , tempête Leblanc. Quelques heures plus tard, un certificat médical antidaté et un communiqué de l’Union cycliste internationale (UCI) viennent sauver la mise au coureur et humilier les reporters en évoquant des  » affirmations à caractère superficiel, voire infondées « .

A Pau, le 21 juillet, lorsque Benoît Hopquin interroge le maillot jaune sur ce contrôle positif, Armstrong le foudroie :  » Me traitez-vous de menteur ou de dopé, Monsieur Le Monde ?  »  » Monsieur Le Monde  » est soufflé. Et blessé de voir ses confrères s’écarter, de les entendre ricaner sur son passage. Au sein du peloton, les coureurs ont retrouvé ce même instinct féodal qui les soumet au vainqueur. Un seul coureur, le Français Christophe Bassons, refuse de faire allégeance et dénonce le dopage du maillot jaune. L’Américain lui intime en pleine course :  » Fous le camp ! « 

Cette fois, Le Monde est devenu l’ennemi. Sur la route, la voiture siglée en lettres gothiques est sifflée. Lance Armstrong, devenu le  » boss  » du Tour, est inaccessible, enfermé dans le camping-car de son équipe et protégé par une armée de suiveurs et de communicants qui ont soudain fait leur apparition, enterrant la tradition bon enfant des Tours de France d’antan. Des dizaines de journalistes américains ont débarqué, pressés d’écrire ce que l’on n’appelle pas encore le storytelling de l’ancien cancéreux redevenu champion à force de courage et de ténacité. Ils ne sont pas les seuls à préférer cette bluette. Au retour, des dizaines de lettres d’insultes et de critiques reprochent aux journalistes d’avoir voulu salir l’exploit sportif, retransmis par les chaînes de télévision publique, de celui que la France entière a célébré en vainqueur sur les Champs-Elysées.

Il faudra attendre 2012 pour que Lance Armstrong soit convaincu de dopage et déchu de ses sept stupéfiantes victoires consécutives. Christophe Bassons, le coureur qui avait osé dénoncer le dopage, vilipendé par le peloton, ne reviendra jamais au premier plan. Les reporters, eux, ont perdu la foi.  » Je ne marche plus… « , constate Yves Bordenave. Benoît Hopquin, surtout, s’est senti  » trahi moralement « . Dès la fin de cette édition 1999, il a déclaré :  » Désormais, le Tour se fera sans moi.  » Malgré les excuses officielles de  » L. A. « , il n’y a jamais remis les pieds.

Raphaëlle Bacqué

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Les fonds vautour : la honte de notre modèle mondial globalisé 2/2 !

Voici une autre source sur ces fonds vautours qui fond trembler l’Argentine.

On y démontre que les personnes à la tête de ces fonds n’ont aucunement l’intention d’investir dans un pays mais bel et bien de spéculer sur son état… L’investissement est bon pour l’économie, pas la spéculation. Quoiqu’il en soit, comme je l’ai expliqué dans le premier volet de ces articles, la décision judiciaire doit être jugée nulle car c’est un tribunal New-Yorkais qui a jugé une affaire dans laquelle apparaissait des fonds New-Yorkais. La justice doit être indépendante, donc, le jugement ne vaut rien…

Tiré de RTL Info.be du 20 Juin 2014

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Dette: NML et Aurelius, les fonds « vautours » new-yorkais qui font trembler l’Argentine

Afp | 20 Juin 2014 14h52

Fonds « vautours » ou investisseurs avisés? NML Capital et Aurelius Management, qui ont obtenu la condamnation de l’Argentine à les rembourser, traînent une réputation de spéculateurs sans états d’âme, à l’affût des faillites d’Etat ou d’entreprises.

Après le défaut de paiement de l’Argentine en 2001, ces deux fonds spéculatifs ont racheté de la dette du pays à prix cassés, refusé toute renégociation et saisi la justice pour obtenir le remboursement de leurs titres à leur valeur initiale et empocher la plus-value.

« C’est un +business model+ qui est au mieux contestable et au pire moralement condamnable », affirme à l’AFP, Eric LeCompte, le directeur du collectif d’ONG Jubilee Network USA, très en pointe sur ce dossier.

Pionnière en la matière, la maison-mère de NML, Elliott Management, s’était déjà illustrée au milieu des années 90 au Pérou, alors en difficultés financières. Le fonds avait racheté 20 millions de dollars de dette publique et refusé de participer à un programme de restructuration lancé par le pays avant de récupérer 58 millions de dollars en justice.

« Ils utilisent des procédures judiciaires très agressives et engagent des actions pour être remboursés alors qu’ils n’ont jamais vraiment investi dans le pays », poursuit M. LeCompte.

— Goût du secret —

Installés à New York, les deux « hedge funds » cultivent un même goût du secret sur le montant ou la nature des actifs qu’ils ont sous gestion. Elliott aurait la main sur plus de 21 milliards de dollars d’actifs, dépassant de loin Aurelius et ses 4,3 milliards.

Leur site internet fournit à peine un numéro de téléphone et aucun d’eux n’a souhaité répondre aux sollicitations de l’AFP.

En dépit de cette discrétion, le patron et fondateur de NML et de sa maison-mère Elliott Management s’autorise parfois quelques sorties sous les projecteurs.

A la tête d’une fortune de 1,5 milliard de dollars selon le magazine Forbes, Paul Singer est un habitué du grand raout de la finance mondiale à Davos où il n’hésite pas à livrer le fond de sa pensée.

Lors du dernier forum en terre suisse, en janvier, ce bientôt septuagénaire à la barbe soignée avait fustigé la politique menée par l’Argentine qui était alors secouée, comme d’autres pays émergents, par une forte volatilité financière.

« Ce qui arrive en Argentine est imposé par d’affreuses mesures gouvernementales », avait-il lancé, tout en assurant que son litige avec Buenos Aires pourrait être réglé en « une après-midi » en ouvrant des négociations.

Fin 2012, son fonds NML avait montré un visage bien moins conciliant en faisant immobiliser un navire militaire argentin au Ghana afin d’essayer de faire plier Buenos Aires. L’initiative avait tourné court mais elle avait démontré la détermination de cet investisseur.

Sans états d’âme, Paul Singer est parfois où on ne l’attend pas. Il a ainsi pu critiquer les excès du système financier et a pris fait et cause pour le mariage gay, déplorant la frilosité du parti républicain sur la question et jugeant « rafraichissante » l’union entre personnes du même sexe.

— Profil bas —

En comparaison, le fondateur d’Aurelius fait davantage profil bas. Mark Brodsky, qui a fait ses classes auprès de Paul Singer lui-même, n’est pas encore entré dans le gotha de la finance mondiale et reste plus discret que son mentor.

Aux Etats-Unis, son fonds a toutefois mené une bataille ouverte lors de la faillite du groupe de presse américain Tribune (propriétaire du Los Angeles Times et du Chicago Tribune) s’estimant lésé par le plan de restructuration du groupe validé en 2012.

M. Brodsky avait par ailleurs lui-même pris la plume au printemps 2013 pour réfuter l’idée que la procédure engagée contre l’Argentine menacerait les futures restructurations de dette en encourageant les créanciers jusqu’au-boutistes.

« L’Argentine illustre le mieux au monde la manière dont un Etat ne doit pas traiter ses créanciers », écrivait-il dans cette lettre ouverte publiée par le Financial Times. « Le système financier mondial est menacé si de tels comportements sont récompensés, pas si des contrats sont respectés ».

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Les fonds vautour : la honte de notre modèle mondial globalisé 1/2 !

L’Argentine est quand même dans une situation honteuse, ce, à plus d’un titre. C’est un tribunal Américain qui l’a condamnée alors même que les plaignants sont Américains ! Pire ! Le tribunal est New-Yorkais ainsi que les fonds Aurelius et NML (filiale du fonds Elliott) !

Dès lors, la légitimité et l’indépendance du tribunal peut être sciemment remis en question ! On ne peut pas juger une affaire alors que l’on est juge et partie et que des intérêts nationaux sont en cause !

La justice internationale doit donc être saisie et elle doit avoir le soutien du FMI. D’ailleurs, on n’a pas beaucoup entendu le FMI dans cette affaire ! Mme Lagarde s’est-elle indignée de la situation ? C’est vrait que l’on ne peut demander à Mme Lagarde de s’indigner alors qu’elle a volé l’Etat Français en accordant 400 Millions d’Euros à Bernard Tapie avec l’argent du contribuable ! En plus d’être une pourrie de première, Mme Lagarde est donc une incompétente… Mais ça, on le savait déjà puisqu’au moment où les banques avaient besoin de ressources de l’Etat, Mme Lagarde, en tant que Ministre de l’Economie, leur avait accordé un prêt tout en ignorant le taux d’intérêt…

Le FMI aurait été bien aise de s’indigner quand on voit que les fonds vautour réclament une plus value de près de 1600% dans cette affaire !

Le FMI aurait au minimum indiquer que la clause consistant à ce que les fonds minoritaires ne se soumettent pas à la majorité est une clause abusive (clause pari passu), de plus, il aurait aussi pu remettre en cause la clause RUFO.

Vraiment, dans cette affaire, Mme Lagarde fait montre d’un silence assourdissant (oxymore 😉 )…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 1er Août 2014

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Nouvelle faillite de l’Argentine
Buenos Aires n’a pas trouvé d’accord avec le fonds vautour Elliott. L’inflation pourrait dépasser 40 %

Douze ans après la faillite de 2001, qui avait jeté le pays dans le chaos, l’Argentine est de nouveau en défaut de paiement. Malgré les tractations de dernière minute et l’offre de solution avancée par plusieurs banques privées, le gouvernement de la présidente Cristina Kirchner n’a pas réussi à conclure un accord, mercredi 30 juillet, avec Aurelius et NML (filiale du fonds Elliott), les deux fonds spéculatifs qui lui réclament 1,33 milliard de dollars.  » Ils ont essayé de nous imposer quelque chose d’illégal « , a déclaré le ministre argentin de l’économie, Axel Kicillof, après la réunion.  » Le médiateur a proposé de nombreuses solutions créatives, dont beaucoup nous paraissaient acceptables « , a fait savoir Stephen Spruiell, porte-parole de NML.  » L’Argentine a refusé de les considérer sérieusement, préférant opter pour le défaut.  » Avant la fin des discussions, l’agence de notation Standard & Poor’s a déclaré le pays en défaut  » sélectif « .

Cela signifie que l’Argentine n’a pas été en mesure d’honorer une partie des intérêts de sa dette, à savoir 539 millions de dollars (402 millions d’euros) seulement, avant l’échéance du 30 juillet. Une somme que Buenos Aires doit aux 93 % de créanciers qui, en 2005 et 2010, ont accepté une décote de 65 % sur leurs titres, à la suite de la faillite du pays en 2001. 539 millions que le gouvernement a bien versé le 27 juin…

Seulement voilà : la justice américaine a ordonné à la Bank of New York Mellon de ne pas effectuer ce virement et de bloquer l’argent. Motif : le 23 juillet 2012, le juge new-Yorkais Thomas Griesa a interdit à l’Argentine de continuer à rembourser les 93 % de créanciers qui ont accepté la restructuration tant qu’elle ne rembourserait pas aussi NML et Aurelius.

Ces hedge funds font partie des 7 % d’irréductibles (les  » holdouts « ) qui ont refusé les deals de 2005 et 2010. Même s’ils ont acheté les titres de dette argentine pour une bouchée de pain (50 millions de dollars pour NML !), ils réclament depuis le remboursement de ces obligations à leur valeur d’émission, soit 1,33 milliard de dollars au total. Dont 800 millions pour NML, qui réaliserait dans l’affaire une plus-value de… 1 600 %, selon les calculs d’un autre créancier !  » C’est un feuilleton juridique hallucinant, où chacune des parties a campé sur des positions inflexibles « , résume Pierre Salama spécialiste de l’Amérique latine au CNRS.

Les arguments de l’Argentine sont pourtant sérieux. Sa crainte : en versant les 1,33 milliard, elle risquerait de voir le reste des 7 % de  » holdouts  » ou pire, les 93 % des autres créanciers réclamer d’être remboursés eux aussi. Et cela, au titre de la clause Rufo ( » Rights upon future offers « ) ajoutée aux obligations restructurées en 2005 et 2010. Et qui précise que le gouvernement n’a pas le droit d’offrir de meilleures conditions financières aux fonds vautours…

Un risque que n’a donc pas voulu courir Cristina Krichner. Dans ce scénario noir, l’addition à payer grimperait en effet à 120 milliards de dollars pour le pays, alors que ses réserves de change ne dépassent pas 28 milliards de dollars.

Mais le coût d’un défaut, même partiel, ne sera-t-il pas plus élevé ?  » Tout dépendra de sa durée : si une solution est vite trouvée, l’impact sera limité « , estime Juan Carlos Rodado, chez Natixis, précisant que si la situation se prolongeait, les difficultés économiques que traverse l’Argentine s’aggraveraient en revanche lourdement.  » Même si un défaut est regrettable, nous ne pensons pas qu’il aura des conséquences majeures en dehors du pays « , a indiqué Christine Lagarde, la patronne du Fonds monétaire international (FMI).

De fait, les marchés financiers n’ont que peu réagi à la nouvelle. D’abord, parce que l’Argentine en est exclue depuis sa faillite de 2001 – le risque de contamination est donc limité. Ensuite, parce que le poids économique de Buenos Aires est trop faible pour qu’un défaut partiel ait un impact systémique. Mais surtout, les investisseurs espèrent qu’un accord sera conclu dans les jours qui viennent.  » Il existe de nombreuses façons de contourner la clause Rufo, qui expire en décembre 2014 « , confie ainsi le juriste d’un fonds.

Mardi 29 juillet, une partie de détenteurs ayant accepté la restructuration de 2005 et 2010 ont d’ailleurs déclaré qu’ils étaient prêts à renoncer à cette clause pour soutenir le pays. Mieux : mercredi, un groupe de banques privées argentines a proposé de racheter les titres des deux fonds vautours, en se faisant rembourser plus tard par le gouvernement. Ce qui rendrait la clause Rufo inopérante.

Reste que le défaut argentin soulève de nombreuses questions. Et s’il créait un dangereux précédent ? D’autres pays pourraient-ils connaître le même sort ?  » Difficile à dire, tant cette affaire est inédite et complexe « , résume Jean-Jacques Kourliandsky spécialiste du pays à l’Iris. L’Argentine s’est en effet retrouvée dans cette situation car une partie de ses obligations avaient été émises en dollars, en 1994, sous le droit de l’Etat de New York. C’est ce qui a permis aux fonds vautours d’attaquer Buenos Aires à New York. Or, si de manière générale, les obligations souveraines relèvent souvent de législations étrangères (cela rassure les investisseurs), seule une petite partie dépend du droit américain.

De plus, les obligations argentines de 2001 comportaient des clauses  » pari passu « , impliquant que tous les détenteurs doivent être traités de la même manière. Les fonds vautours se sont également appuyés sur ces clauses pour attaquer l’Argentine. Mais depuis, la plupart des titres émis par les Etats comportent désormais des clauses d’action collectives. Celles-ci indiquent cette fois que si une majorité qualifiée de détenteurs acceptent un plan de restructuration, les autres sont contraints de l’accepter aussi. Ce qui, en théorie, empêche les recours des fonds vautours.  » Toutes les nouvelles émissions obligataires des pays de la zone euro comportent de telles clauses « , explique Eric Dor, professeur à l’Ieseg. Mais ce n’est pas le cas de leur vieux stock de dette…

Autrement dit : le cas argentin pourrait faire jurisprudence et compliquer, à l’avenir, la restructuration des dettes des pays en détresse. Inquiet, le FMI a appelé le 24 juillet, à une réflexion sur un mécanisme international de restructuration plus protecteur.

Marie Charrel

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Quand l’Allemagne dit adieu à ses objectifs de respect d’émission des gaz à effet de serre

L’Allemagne a eu la volonté farouche de réduire le nombre de ses centrales nucléaires. Las, elle en paie aujourd’hui le prix. Elle est en effet contrainte de renoncer à ses objectifs de respect d’émission de ses gaz à effet de serre. Il ne faut pas se leurrer sur le poids dans l’énergie des sources renouvelables. Elles ont deux inconvénients majeures : elles prennent énormément de place et sont beaucoup plus intermittentes que l’énergie nucléaire.

La seule énergie pouvant rivaliser avec le nucléaire, c’est le charbon et il est très polluant.

En matière énergétique, le nucléaire a de très nombreux défauts mais est très compétitif. Entre la peste et le choléra, on choisit quoi du coup ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 31 Juillet 2014

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L’Allemagne n’atteindra pas son objectif de réduction de gaz à effet de serre pour 2020
La sortie du nucléaire et le retour aux centrales à charbon ont fait augmenter les émissions de CO2
Berlin Correspondant

L’Allemagne parviendra-t-elle à tenir ses engagements de réduction d’émission de gaz à effet de serre ? Rien n’est moins sûr. Le 14 juillet, lors d’un sommet international des ministres de l’environnement organisé par l’Allemagne, Angela Merkel a reconnu que l’objectif de son pays de réduire de 40 % ces émissions en 2020 par rapport à leur niveau de 1990 nécessitait de réaliser  » des efforts considérables « .

Au cours de cette rencontre, Barbara Hendricks, la ministre allemande de l’environnement a été plus explicite.  » Aujourd’hui nous avons juste atteint 24 % de réduction. D’après cette trajectoire, nous devrions atteindre 33 % de réduction en 2020. Pour atteindre notre objectif de 40 %, des mesures supplémentaires sont nécessaires. « 

Lesquelles ? Nul ne le sait exactement :  » L’Allemagne va présenter d’ici à la fin de l’année un plan national d’action sur l’efficacité énergétique, a déclaré Angela Merkel. Il ne s’agit pas seulement de mieux coordonner les dispositifs existants, par exemple dans le domaine des aides à la rénovation des bâtiments. Il s’agit aussi de prendre de nouvelles mesures. Et, je le dis par avance, ce sera encore un processus difficile. Chez nous, la discussion est loin d’être achevée « , a précisé la chancelière.

Trois ans après avoir annoncé la sortie du nucléaire civil à l’horizon 2022, Angela Merkel reconnaît que la mise en œuvre de cette réforme s’apparente au rocher de Sisyphe.  » Après le match, c’est avant le match « , a reconnu à plusieurs reprises en juillet la chancelière, manifestement encore sous le choc de la Coupe du monde de football.

Le relatif pessimisme d’Angela Merkel et de la ministre de l’environnement résulte notamment d’une volumineuse étude, discrètement mise en ligne en juin sur le site du ministère de l’économie et de l’énergie. Réalisée par des consultants et des chercheurs de l’université de Cologne, cette étude montre à la fois que l’Allemagne a déjà beaucoup fait pour découpler sa croissance de la consommation d’énergie, mais que ces efforts ne suffiront pas pour être au rendez-vous de 2020.

Et encore, ces chercheurs partent du principe que la croissance ne sera que de 1 % en moyenne les quinze prochaines années. Un scénario pas très optimiste même si, du fait de la diminution attendue de la population, cela permet quand même au produit intérieur brut (PIB) par habitant de progresser considérablement. Comparé à 1990, le PIB allemand s’était, en 2011, accru de 34 %. Dans le même temps, la consommation d’énergie primaire avait diminué de 9 % et les émissions de CO2 de 24 %.

Néanmoins, en 2012, celles-ci avaient à nouveau augmenté et la baisse n’était plus que de 22 % par rapport à 1990, ce qui démontre la fragilité du processus. Celui-ci devrait se poursuivre et voir la part des énergies renouvelables progresser fortement dans les décennies à venir.

Mais les prévisions des experts divergent de celles émises jusqu’ici par le gouvernement sur deux points principaux. En premier lieu, la consommation d’énergie primaire devrait moins diminuer qu’attendu. Le gouvernement partait du principe qu’elle baisserait de 1,8 % à 2 % par an d’ici à 2030 ; les experts prévoient, eux, une diminution annuelle comprise entre 1,2 % et 1,5 %.

Deuxième différence : les énergies renouvelables devraient certes progresser, mais, là aussi, moins que prévu. Si le gouvernement table sur une progression de 30,8 %, les experts, eux, évoquent le chiffre de 24 %. Selon ces derniers, les nouvelles centrales au charbon  » resteront compétitives jusqu’en 2030 « .

Or le charbon propre reste un mythe. Surtout en Allemagne. Une étude publiée le 22 juillet par l’association de défense de l’environnement WWF a montré que l’Allemagne possédait neuf des trente centrales au charbon les plus polluantes d’Europe. Selon ce rapport,  » en 2013, la production d’électricité à partir du lignite a culminé à 162 TWh, un record depuis la réunification. En 2013, les émissions de CO2 ont progressé sur un an de 1,5 %, dû au fait que l’Allemagne brûle plus de charbon. Le pays court le risque de ne pas atteindre son objectif de réduire de 40 % ses émissions de CO2 à l’horizon 2020 « .

Et ce, malgré le quasi-quadruplement de la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité depuis 1990.

Frédéric Lemaître

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Le projet écologique de Mme Royal tient-il la route ?

Au vu de cet article, on ne peut qu’être perplexe face à son manque de concret. On veut réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France de 40% à horizon 2030 et les diviser par quatre d’ici 2050. Très bien. Comment fait-on ? On veut aussi abaisser la consommation d’énergies fossiles de 30 % pour 2030. Je suis d’accord. Comment fait-on ?

On veut aussi porter la part des énergies renouvelables à 23% pour 2020. Très bien encore… Le seul problème c’est que les énergies renouvelables ont un très gros problèmes : elles sont beaucoup moins productives que le pétrole, le charbon ou le nucléaire. N’oublions pas que l’électricité ne se stocke pas ou très mal (batteries, barrages hydrauliques avec des impacts environnementaux très importants). Ceci pris en compte, il faut rappeler que l’éolien ne fonctionne que lorsqu’il y a du vent… mais pas trop… Pour le soleil, ça ne marche, par définition, que le jour. On appelle cela, l’intermittence.

Concernant cette intermittence, le nucléaire fonctionne à 85% du temps, le solaire fonctionne 12% du temps, l’éolien 25%, l’hydroélectricité 38% et la biomasse 75%.

De plus, à production équivalente, la surface d’une centrale c’est 0.2km², la surface d’une ferme de panneaux solaires c’est 91.125km² (455 fois plus), un barrage hydraulique occuperait 364.5km² (1822 fois plus), une ferme éolienne occuperait 454km² (2270 fois plus), la biomasse occuperait 3037km² (soit 15185 fois plus)… En effet, n’oublions pas qu’une centrale moyenne, c’est 3200MW de puissance effective en moyenne alors que les meilleures éoliennes approchent tout juste les 1MW (corrections faites de l’intermittence car une bonne éolienne atteint les 3MW de puissance de pic actuellement).

Rappelons que l’Allemagne a drastiquement réduit ses capacités nucléaires mais qu’elle paie un lourd tribu puisque, cette année, elle a été contrainte de dire qu’elle ne pourrait pas respecter ses objectifs d’émissions de gaz à effet de serre…

On veut promouvoir des logements verts en rénovant thermiquement les bâtiments. Très bien. Où va-t-on chercher les fonds en sachant que notre pays à un déficit budgétaire de 50 Milliards d’Euros sur 250 Milliards de recettes ?

Le monde des transports a un problème : on veut promouvoir l’électrique alors même que l’on veut mettre fin aux centrales et alors même que la production électrique renouvelable souffre des défauts décrits plus hauts…

Inutile de dire que je ne crois absolument pas que les énergies renouvelables vont fournir 40% d’électricité, 38% de la chaleur et 15% des carburants en prenant en compte les éléments que j’ai décrits plus haut ! Les 1500 projets de méthaniseurs n’arriveront pas à soutenir la demande ! D’après http://agriculture.gouv.fr/Volet-methanisation-Questions, il y a actuellement 300 sites de méthanisation pour 120MW produits. On a donc 2.5MW de pointe par site. Si on part du principe que l’on a 1500 projets et que ces projets génèrent 5MW chacun lissés, ça nous fait 7500MW… soit deux centrales nucléaires… Toujours d’après le même site, en Allemagne, il y a 7000 unités de méthanisation pour 800 000 hectare. Ca nous fait donc l’unité à 114 hectares… Pour produire autant qu’une centrale, il nous faudrait au bas mot 640 unités, soit 72960 ha, soit 729.6km² de surface. Où va-t-on les chercher ?

On le voit : quand on entre dans le détail, ces mesures écologiques posent très clairement questions… A ces questions, je n’ai pas la réponse.

Je pense donc que ce projet a été bâti sur des chiffres sans que l’on se soit donné la peine de savoir comment on comptait faire pour remplir les objectifs.

L’image est cliquable pour une visualisation plein format.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 30 Juillet 2014

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Une batterie de mesures pour une  » croissance verte « 

LE PROJET DE LOI  » de programmation de la transition énergétique pour la croissance verte  » est cadré par des objectifs à moyen et long terme : réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France de 40 % à horizon 2030 par rapport à 1990, et les diviser par quatre d’ici à 2050 ; diminuer la consommation énergétique finale de 50 % d’ici à 2050 ; abaisser la consommation d’énergies fossiles de 30 % pour 2030. Mais aussi porter la part des énergies renouvelables à 23 % pour 2020, puis 32 % pour 2030 et ramener la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % d’ici à 2025. Autre objectif :  » Créer 100 000 emplois durables et non délocalisables en trois ans. « 

Priorité au bâtiment C’est le principal  » pilier  » sur lequel veut s’appuyer Mme Royal. Le secteur du bâtiment représente près de la moitié de la consommation d’énergie du pays, elle se donne pour but la rénovation thermique de 500 000 logements par an (objectif fixé dès 2012 mais encore loin d’être atteint). A la clé, la création de 75 000 emplois.

Des transports  » propres  » Ce secteur est le premier émetteur de gaz à effet de serre (27 % du total). A l’avenir, les flottes de l’Etat et des établissements publics devront comprendre 50 % de véhicules électriques ou à faibles émissions. Pour les particuliers, 7 millions de bornes de recharge pour voitures électriques ou hybrides seront installées d’ici à 2030.

Electricité et chaleur renouvelables La part des énergies renouvelables doit plus que doubler à échéance de 2030. Elles fourniront alors 40 % de l’électricité, 38 % de la chaleur et 15 % des carburants. Aux côtés de l’éolien, du photovoltaïque et des énergies marines, 1 500 projets de méthaniseurs seront lancés.

Des déchets mieux recyclés L’économie circulaire, qui fait d’un déchet une matière première valorisable, doit permettre de réduire de moitié les déchets mis en décharge d’ici à 2025, avec un objectif de recyclage de 70 % des résidus du BTP pour 2020, et de 55 % des déchets non dangereux.

Le nucléaire plafonné La capacité du parc électronucléaire ne pourra pas excéder son niveau actuel (63,2 gigawatts). Pour mettre en service un nouveau réacteur, EDF devra donc fermer une tranche de même puissance. L’opérateur devra aussi se conformer à la programmation pluriannuelle (sur cinq ans) de l’énergie fixée par l’Etat. Le commissaire du gouvernement pourra s’opposer à une décision d’investissement  » incompatible  » avec cette trajectoire.

P.L.H. et L.V.E.

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Payé autant pour un sketch aussi peu drôle ?

C’est un peu honteux : M. Gad Elmaleh, qui est un très grand humoriste a gagné 450 000 Euros dans un sketch qui ne fait rire personne. Pendant que votre banquier vous pique votre pognon quand vous êtes à découvert, vous pouvez vous dire que tout le monde n’est pas perdant pour autant.

Un article du site du figaro.fr daté du 24 Juillet 2014

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Gad Elmaleh : Je rêve d’une banque…qui me paie 450.000 €

    Home CULTURE Culture
        Par Claire Rodineau
        Mis à jour le 24/07/2014 à 16:42
        Publié le 24/07/2014 à 16:36

Le magazine Capital vient de révéler le cachet en or massif touché par l’humoriste pour son spot publicitaire LCL.
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«Je rêve d’une banque qui soit faite spécialement pour moi. Moi, Gad»… Personne n’est passé à côté de ce court spot publicitaire, et ses déclinaisons, dans lequel l’humoriste préféré des Français vantait les mérites de la banque LCL (le Crédit lyonnais). Si le public dans la pub était, cela va de soi, plié en deux, la promotion a plutôt attiré les foudres des téléspectateurs, les vrais. Jugée ratée, ridicule, et surtout, le comble pour un humoriste, pas drôle, très vite, la vidéo a été parodiée sur Internet. Les émoluments de Gad Elmaleh, rendus publics cette semaine par le magazine Capital, ne vont pas arranger les choses.

Dans son numéro d’août, le magazine dévoile en effet le montant perçu par l’humoriste, pour seulement trois jours de tournages à Bobino et quatre répliques. L’acteur, déjà parmi les mieux payés du cinéma français, aurait donc touché la coquette somme de…450.000 €. À ce tarif-là, guère étonnant qu’il l’aime, sa banque. Ce n’est pas tout, autre caprice de star, l’interprète de Chouchou a également exigé que Patrice Leconte, soit derrière la caméra. C’est bien le réalisateur de la trilogie des Bronzés et de La fille sur le pont qui a filmé cette publicité pour une banque, qui a su penser aux intérêts de Gad Elmaleh.

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