N’oublions pas la liberté de la presse

Après la diplomatie du ping-pong initiée par la Chine et les Etats-Unis dans les années 1970, on a les reproches ping-pong actuellement. En effet, Chine et Etats-Unis se renvoient à la tête les violations aux Droits de l’homme.

Dans un premier temps, on pourrait se dire que Chine et Etats-Unis ont la même conception, donc relative, des Droits de l’homme.

Ca serait oublier une composante fondamentale et démocratique de la conception même de ces droits : là où la Chine critique les Etats-Unis par sa classe dirigeante, les Etats-Unis le font eux, par une presse libre et indépendante… La différence tient en effet car la Chine… n’a pas de presse libre et indépendante…

On a donc des abus dénoncés par les Etats-Unis par leur presse libre et indépendante, et de l’autre côté des abus Américains dénoncés par des représentants qui n’ont pas de légitimité démocratiqu

Alors bien sûr, les faits dénoncés par la Chine sont réels. Il n’empêche qu’ils représentent « la paille dans l’oeil du voisin » quand on oublie joyeusement « sa poutre ».

Le pilier fondamental de toute démocratie est la liberté entière et la pluralité de la Presse. Tant que la Chine ne l’aura pas mise en place, l’un aura forcément plus de torts que l’autre…

Ce qui vaut pour la Chine vaut encore plus pour l’Iran, l’Egypte ou la Corée du Nord…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 29 Août 2014

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Après Ferguson, la Chine fait la morale aux Etats-Unis

C’est devenu un classique des relations entre la Chine et les Etats-Unis. Et un jeu diplomatique dont les deux grandes puissances ne se lassent pas. Depuis la fin des années 1990, la publication par le département d’Etat américain de son rapport sur les droits de l’homme dans le monde, où les violations du régime chinois sont systématiquement dénoncées, est suivie, peu après, d’une réponse circonstanciée de Pékin, sous la forme d’un contre-rapport. Pékin y détaille notamment les dégâts provoqués par les armes à feu, les bavures policières, la discrimination raciale et la place de l’argent dans la politique américaine.

La mort d’un adolescent noir le 9 août à Ferguson, tué par un policier, et les émeutes qui l’ont suivie ont permis à l’agence étatique Chine nouvelle de reprendre la même antienne :  » Même dans un pays qui a pendant des années essayé de jouer le rôle de juge et défenseur international des droits de l’homme, il y a encore beaucoup à faire. « 

L’agence a également blâmé d’autres  » manquements aux droits de l’homme  » chez la grande puissance rivale, comme la surveillance, révélée par Edward Snowden,  » des courriers et téléphones mobiles des Américains ordinaires aussi bien que des dirigeants d’autres pays, y compris d’alliés traditionnels des Etats-Unis « , les fusillades meurtrières dans le pays et les  » attaques de drones incessantes à l’étranger « .

La Chine n’a pas été la seule à profiter de Ferguson pour régler ses comptes avec Washington. En Iran, autre  » ennemi  » des Etats-Unis, le numéro un de la République islamique, le guide suprême Ali Khamenei, ne cesse de tweeter depuis la mi-août en utilisant le hashtag #Ferguson.  » Pouvez-vous soutenir que les Afro-Américains ont les mêmes droits que les blancs ? « , écrit-il le 25 août.  » Le drapeau des droits de l’homme est brandi par ceux qui en sont eux-mêmes les plus grands violateurs « , estimait-il une semaine plus tôt.

En ajoutant le hashtag #Gaza, le guide suprême a même dénoncé, le 25 août, les  » crimes  » commis par les Etats-Unis  » aux côtés de son protégé, Israël « .  » De quel droit revendiquez-vous le leadership mondial ? « , a-t-il lancé.

De son côté, l’Egypte s’est permis d’utiliser ironiquement le même langage diplomatique que celui dont a usé Washington pendant les manifestations au Caire et la répression visant les Frères musulmans :  » Nous suivons de près l’escalade des manifestations dans la ville de Ferguson et les réactions qu’elles suscitent « , a dit un responsable.

Le plus vindicatif a été la Corée du Nord, un régime dictatorial que George Bush avait jadis classé dans l’ » axe du Mal  » avec l’Iran et l’Irak. Les Etats-Unis ? Un  » cimetière pour les droits de l’homme « , a tonné un porte-parole du ministère des affaires étrangères.

François Bougon


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