Quand M. Macron veut remettre en cause les 35 heures

On sent que M. Macron veut remettre en cause les 35 heures. Il a raison. On ne travaille pas assez en France. Par contre, ce qui me gêne, c’est qu’il parle de l’entreprise alors même qu’il y a 5 Millions de salariés, bénéficiant des 35h qui ne travaillent pas dans le monde de l’entreprise et qui coûtent énormément à la société : je veux parler des fonctionnaires…

Très clairement, il faut remettre en cause le régime des 35h dans la fonction publique.

La première cible est très clairement les professeurs de collège, Lycée et surtout de classe prépa qui sont payés largement pour ne même pas faire ces heures. Il y en a même certains qui se paient de luxe d’avoir des participations dans des entreprises de cours du soir, ce qui pose un problème éthique évident : comment un professeur peut-il essayer de faire progresser ses élèves en classe alors même qu’il reverra ses mêmes élèves revenir dans son entreprise le soir en payant plein pot ?

Dans le domaine de la santé, médecins et infirmières aux urgences font largement plus que 35h puisqu’ils font largement plus que 39h ! Dès lors, pour ces personnels, essayons déjà de leur donner un repos conséquent afin d’éviter qu’ils fassent des journées de 35h avant de leur donner, sur le papier, un temps de travail qu’ils n’ont pas… Dans le monde hospitalier, mieux vaut un personnel travaillant réellement à 39h, qu’un personnel travaillant hypothétiquement à 35h mais en fait travaillant tellement qu’il en vient à mettre la sécurité de ses patients en jeu…

La remise en cause des 35h doit donc commencer par les fonctionnaires car c’est le principal levier de la non-compétitivité de notre pays…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 29 Août 2014

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Aménagement des seuils sociaux et 35 heures : les dogmes socialistes remis en question

LE NOUVEL HABIT social-libéral du gouvernement remanié s’incarne dans la confirmation du franchissement de plusieurs tabous. Plusieurs dogmes socialistes – la défense des seuils sociaux, des 35 heures et globalement celle du code du travail – sont clairement remis en cause par les différentes déclarations de Manuel Valls, et de son nouveau ministre de l’économie, Emmanuel Macron. Sans que cela ne soit cependant totalement nouveau de la part de l’un et l’autre.

L’idée de l’aménagement des seuils sociaux a été mise sur la table avant l’été. François Hollande et Manuel Valls veulent assouplir les obligations légales pesant sur les entreprises passant les seuils de 10, de 20 et de 50 salariés, comme l’élection d’un délégué du personnel ou la création d’un comité d’entreprise.

Ce sujet, parmi d’autres, doit être débattu lors d’une négociation sur la modernisation du dialogue social qui doit s’ouvrir en septembre. En en reparlant mercredi devant les patrons, M. Valls n’a donc pas franchement innové. Et il s’est bien gardé de dire ce qu’il attendait précisément de cette négociation.

Mais le premier ministre a confirmé qu’il en faisait le principal enjeu de la négociation, alors que la CFDT, seul gros syndicat prêt à en débattre, aimerait aussi parler d’autres sujets, comme la représentation des salariés des petites entreprises. Contrairement au patronat, le syndicat considère que l’élection de représentants n’est pas un obstacle à la bonne marche de l’entreprise.

Par ailleurs, le sujet des seuils sociaux irrite fortement les députés socialistes  » frondeurs  » qui promettent de ne pas voter une loi les remettant en cause. Ils s’appuient pour cela sur une étude de l’Insee datant de 2011 qui démontre que leur suppression n’aurait qu’un impact marginal sur les créations d’emploi.

L’idée de déroger aux 35 heures a quant à elle été lancée par Emmanuel Macron dans un entretien à l’hebdomadaire Le Point, recueilli avant qu’il ait été nommé ministre de l’économie, mais publié jeudi 28 août.  » Nous pourrions autoriser les entreprises et les branches, dans le cadre d’accords majoritaires, à déroger aux règles de temps de travail et de rémunération. C’est déjà possible pour les entreprises en difficulté. Pourquoi ne pas étendre à toutes les entreprises, à condition qu’il y ait un accord majoritaire avec les salariés ? « , explique-t-il.

 » Recherche d’un accord « 

Cela signifierait que chaque entreprise peut, avec l’accord de ses syndicats, déroger aux 35 heures. Un tabou absolu pour les socialistes, qui ont introduit la mesure en 1998. Contrairement à ce qu’affirme M. Macron, même les accords de maintien dans l’emploi, créés par l’accord sur l’emploi du 11 janvier 2013 pour les entreprises en difficultés, ne prévoient pas une telle possibilité. Patrons et syndicats peuvent en effet s’entendre pour aménager temporairement le temps de travail différemment, mais en respectant toujours le cadre légal.

Lancée avant qu’il soit ministre, cette idée ne devrait pas voir le jour, comme l’a laissé entendre Matignon jeudi matin. Reste qu’elle correspond au fond de la pensée de Manuel Valls qui, en 2011, alors qu’il n’était que maire d’Evry et député de l’Essonne, avait déclaré, au risque de s’attirer les foudres de ses camarades socialistes, qu’il fallait  » déverrouiller les 35 heures « .

Devant le Medef mercredi, le premier ministre s’est dit par ailleurs prêt à aménager le code du travail dans le sens du patronat. M. Valls a clairement affirmé devant le Medef que les  » actions de simplification (…) incluent aussi le code du travail « .

Il a cependant rappelé son attachement à la  » recherche d’un accord  » avec les syndicats. Pour l’instant, la CFDT, principal partenaire syndical du gouvernement, semble prête à continuer de jouer le jeu. Jeudi matin sur Europe 1, son leader, Laurent Berger, n’était  » pas choqué  » par le discours du premier ministre.

Jean-Baptiste Chastand


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