Non, M. Bernard Tapie n’a pas été lésé dans l’affaire Adidas 1/2

On apprend encore aujourd’hui que M. Bernard Tapie n’a pas du tout été lésé dans l’affaire Tapie comme il l’avait toujours affirmé. Les documents fournis ayant abouti au remboursement de près de 400 Millions d’argent public par ces pourris de Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde, étaient des faux.

Il est temps de mettre toute cette clique derrière les barreaux et que les 400 Millions d’Euros soient rendus au peuple Français.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 12 Septembre 2014

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Affaire Adidas : selon la police, Bernard Tapie n’a pas été lésé
La brigade financière affirme que l’homme d’affaires n’aurait pas dû bénéficier d’un arbitrage pour solder son litige avec le Crédit lyonnais

Le document obtenu par Le Monde est explosif. En 37 pages, le commandant de police Yves-Marie L’Hélias, qui enquête sur Bernard Tapie depuis une vingtaine d’années, explore, pour le compte de la brigade financière, la genèse de l’affaire Lagarde-Tapie. Aucune enquête de police ne s’était jusqu’alors vraiment penchée sur un aspect essentiel de ce dossier si sensible : M. Tapie a-t-il vraiment, à l’orée des années 1990, été floué par le Crédit lyonnais, à l’occasion de la revente d’Adidas ? La conclusion du rapport de police du 9 juillet est sans appel :  » Les faits ayant pu être établis par les investigations ne permettent pas de donner crédit à la thèse de M. Tapie et aux conclusions des arbitres « . Contacté par Le Monde, M. Tapie conteste vigoureusement ce rapport et réserve ses explications.

L’homme d’affaires a toujours clamé que cette revente s’était opérée à son insu. Le Crédit lyonnais, sa banque, aurait selon lui créé deux sociétés offshore – le portage – pour acquérir en sous-main Adidas, dont il était alors propriétaire depuis 1990 grâce à une ligne de crédit consentie par ce même Crédit Lyonnais. Le portage, comme le fait d’acquérir une société qu’elle est chargée de revendre pour son client – se porter contrepartie –, constituerait donc deux fautes graves imputables à la banque.

Adidas, vendu par M. Tapie 318 millions d’euros – Le Monde a converti les francs en euros – en février 1993 à un pool d’actionnaires, est définitivement racheté le 26 décembre 1994 par l’industriel Robert Louis-Dreyfus au prix de 670 millions d’euros. Pour M. Tapie, la banque aurait dû le prévenir que le premier prix était sous-évalué. Elle se serait tue pour engranger une plus-value considérable, en se cachant derrière les sociétés off-shore.

Une thèse qui a longtemps prospéré. Elle a aidé l’homme d’affaires, qui a réclamé de colossaux dédommagements, à obtenir plusieurs décisions de justice en sa faveur, et surtout un arbitrage, facilité par son ami Nicolas Sarkozy, en juillet 2008. La sentence lui a même été si favorable qu’il a obtenu 405 millions d’euros…

Mais après deux ans d’une patiente investigation, soulevant des montagnes de poussière, d’archives, s’appuyant sur des témoignages inédits ou des écoutes, relisant les écrits des uns et des autres, le commandant L’Hélias a remis le produit de ses recherches aux juges Serge Tournaire, Claire Thépaut et Guillaume Daïeff.

Ces magistrats, qui enquêtent sur les dessous de cet arbitrage, qu’ils qualifient de  » simulacre « , n’en demandaient pas tant : non seulement, pour eux, le jugement arbitral a bien été le fait d’une  » escroquerie en bande organisée « , du fait, notamment, des relations très étroites entre Me Maurice Lantourne, le conseil de M. Tapie, et le principal juge arbitre, Pierre Estoup, mais en plus, il reposait sur un faux postulat.

 » Des attestations mensongères  » La synthèse de la brigade financière le dit clairement :  » Les investigations conduites sur ces événements passés de plus de vingt ans et dont plusieurs acteurs sont décédés ont néanmoins permis de déterminer que M. Tapie avait été pleinement associé aux opérations  » liées à la revente d’Adidas. La police judiciaire estime en outre avoir établi que, devant le tribunal arbitral,  » M. Tapie et son conseil ont produit des attestations qui s’avèrent inexactes, voire mensongères « .

Ce rapport, c’est une plongée dans le passé, un retour aux années Mitterrand. Bernard Tapie, à l’époque, est à la mode. Le 7 juillet 1990, il annonce le rachat par son groupe de 80 % d’Adidas, pour un montant de 244 millions d’euros, ce qui valorise Adidas à 305 millions d’euros au total. Problème, l’empire Tapie repose sur du sable, l’industriel n’a pas un sou vaillant.

Pour financer son achat, M. Tapie a recours à un prêt du montant total de son investissement, soit 244 millions d’euros, par un pool bancaire, dont la SDBO, filiale du Crédit lyonnais, est chef de file. Histoire de régner à bord, M. Tapie crée une société, BTF Gmbh, achète à crédit 15 % supplémentaires d’Adidas en janvier 1991, et voilà l’entreprise allemande valorisée à 390 millions d’euros.

Reste que le groupe Tapie n’a pas les moyens de ses ambitions. Il faut bientôt souscrire à une augmentation de capital. Apparaît alors la banquière Gilberte Beaux. Aujourd’hui âgée de 85 ans, cette femme de caractère est proche de M. Tapie. Si proche qu’elle accepte, par le biais de sa société EFC, de participer à l’augmentation de capital du Groupe Tapie, mais aussi de siéger au conseil de surveillance d’Adidas. Mme Beaux sait tout, cache beaucoup de choses, comme elle le confie à son ami, dans une conversation captée par les policiers le 13 septembre 2013 :  » Mais ça, on le garde pour nous parce que ce n’est pas la peine d’en parler. « 

Une phrase qui interpelle les policiers. Il y aurait des secrets inavouables dans la cession d’Adidas ? Ils cherchent, donc. Le Groupe Tapie est, après le rachat d’Adidas, dans une situation alarmante. Le 30 mars 1992, ses commissaires aux comptes déclenchent une procédure d’alerte. Mais le 2 avril 1992, le premier ministre Pierre Bérégovoy propose à M. Tapie d’intégrer le gouvernement. L’homme d’affaires en profite alors pour annoncer qu’il va se défaire de ses actifs industriels, par pure éthique. En fait, selon les policiers,  » cette volonté de trouver un repreneur n’était motivée que par des contraintes économiques… « 

 » Totalement irréaliste  » Le 27 novembre 1992, Bernard Tapie écrit au patron de la SDBO pour lui donner son accord sur les opérations de désengagement BTF Gmbh. M. Tapie a deux souhaits : vendre à hauteur de 407 millions d’euros, et en finir au plus tard le 15 février 1993. Deux mois pour réaliser une telle vente !

 » Totalement irréaliste « , assurent les policiers. Un profil idéal finit par apparaître : Robert Louis-Dreyfus, sémillant homme d’affaires fortuné, il brûle de faire ses preuves. Il se tâte, accepte… puis renonce. Un dîner de la dernière chance est organisé au restaurant Ledoyen à Paris, le 7 janvier 1993. Gilberte Beaux est présente, il faut convaincre M. Louis-Dreyfus de s’engager dans l’aventure Adidas.

Le même jour, le patron du Lyonnais, Jean-Yves Haberer est prévenu de cette opération. Une note lui est remise, le schéma d’intervention prévu pour M. Louis-Dreyfus correspond au prix souhaité par M. Tapie. Pour la brigade financière,  » le Crédit lyonnais négociait alors effectivement la vente sur la base du prix demandé par Bernard Tapie « . L’industriel accepte finalement le challenge, il acquiert 15 % de BTF Gmbh, par le biais d’un prêt à recours limité du Crédit Lyonnais. Par ailleurs, en cas de succès, il complétera plus tard son achat avec les 85 % restants de BTF Gmbh, Adidas étant du coup valorisé à 670 millions d’euros.

L’industriel va adresser par la suite deux courriers à Bernard Tapie récapitulant les opérations. Deux missives, datées de 2001 et 2005, truffées de contre-vérités, selon les policiers. Le 8 mars 2005, il est ainsi mentionné ceci :  » Toute l’opération a été conclue sur la base d’une même valorisation de 670 millions d’euros, retenue par les cédants depuis le début de la négociation « . Une formulation  » inexacte  » selon les policiers. De fait, les 15 % acquis au préalable par M. Louis-Dreyfus le sont sur la base d’une valorisation d’Adidas à 317 millions d’euros, seule l’option consentie à l’industriel fait mention d’un prix d’exercice à 670 millions d’euros…

 » Des arguments favorables  » Toutes les personnes interrogées durant l’enquête, y compris Mme Beaux, sont formelles : la valorisation d’Adidas retenue ne dépassait par les 320 millions d’euros. Pourquoi donc M. Louis-Dreyfus a-t-il alors fait mention dans son courrier de ces 670 millions d’euros ? C’est là qu’apparaît Me Maurice Lantourne, déjà avocat de Bernard Tapie. C’est l’un de ses collaborateurs, Me Samuel Scherman, qui a préparé l’attestation  » attribuée  » à RLD.  » Dans cette attestation, a admis Me Scherman en garde à vue, nous avons fait figurer les arguments favorables à notre thèse « . Le prix est artificiellement gonflé.

 » Des documents non conformes « 

Or, ce sont ces deux courriers qui ont été produits au tribunal arbitral par le camp Tapie.  » Leur contenu inexact a été retenu par M. Estoup et ses co-arbitres, pour démontrer l’existence d’une vente au double par le Crédit lyonnais « , regrette la police judiciaire. D’ailleurs, la sentence arbitrale comprend ce passage clé :  » Il résulte de deux attestations de M. Louis-Dreyfus que le prix proposé à ce dernier a toujours été de 670 millions d’euros. « .

La brigade financière démonte du même coup l’argument des arbitres :  » Le raisonnement des arbitres reposait sur des documents non conformes à la réalité et par leur affirmation ils méconnaissaient sciemment le fait que les 670 millions d’euros était le prix de l’option dont l’exercice était hypothétique… (…) Le repreneur n’était absolument pas tenu d’exercer son option. « 

Second argument brandi par M. Tapie censé prouver la manœuvre frauduleuse de la banque : celle-ci aurait eu recours à un portage, en utilisant des sociétés écrans pour masquer l’opération. Deux investisseurs potentiels sont intéressés : Omega Ventures et Coatbridge. Les enquêteurs démontrent que le Crédit lyonnais ne détient aucune participation dans ces sociétés, qui acquièrent 35 % de BTF Gmbh. Le tour de table constitué, M. Louis-Dreyfus entre au capital de BTF Gmbh. L’opération est ficelée avec des prêts à recours limité du Crédit Lyonnais qui, selon les policiers,  » supportait seul les risques de l’opération « . Les policiers le certifient :  » Cette solution, qui fut abusivement qualifiée de portage a par la suite été exploitée par M. Tapie pour tenter d’établir que le Crédit Lyonnais s’était porté contrepartie du mandat de vente confié à sa filiale, la SDBO « .

Un mémorandum est conclu le 10 décembre 1992 entre le Lyonnais et Bernard Tapie, spécifiant qu’une société nommée Newco sera créée, avec l’apport d’argent de la banque, assurant à M. Tapie  » la perception de dividendes lui permettant d’assurer son train de vie « . Pour les policiers, c’est clair :  » La société Newco et sa filiale constituaient un intéressement à la potentielle plus value à long terme qui pouvait être réalisée sur Adidas. « 

 » Nous lui avions enlevé une épine du pied  » Le marché entre M. Tapie et le Crédit lyonnais semble donc satisfaire toutes les parties. D’ailleurs, devant le tribunal correctionnel de Paris, M. Tapie a cette phrase, le 2 novembre 1999 :  » Le Crédit lyonnais savait que cela valait 610 millions d’euros. Cela ne m’intéressait pas de savoir si la société valait 610 millions d’euros car il y avait l’application du mémorandum qui devait compenser la différence.  » Il ira même jusqu’à remercier personnellement Jean-Yves Haberer, fin février 1993.  » Il est venu, disant que nous lui avions enlevé une épine du pied « , se rappelle l’ancien patron du Lyonnais. Pour les policiers,  » ces déclarations par Bernard Tapie démontraient sans ambiguïté que ses intérêts avaient été préservés par le Crédit lyonnais « .

Mais au printemps 1993, Jean Peyrelevade accède à la présidence de la banque. Un an plus tard, le 13 mars 1994, les deux parties signent un protocole d’accord organisant leur séparation à l’amiable. Le 17 mai 1994, le Crédit lyonnais dénonce ce protocole, car M. Tapie n’a pas respecté ses obligations, à savoir réaliser une expertise de ses meubles anciens.

L’homme d’affaires s’en prend au Crédit lyonnais, affirme avoir été dupé. Les policiers battent en brèche cette thèse. Et reviennent alors sur le rôle central joué par Gilberte Beaux.  » Au regard de la nature de leurs relations, il apparaissait difficilement envisageable que Mme Beaux  » n’ait pas informé M. Tapie  » des conditions de la vente « , affirment-ils, en précisant :  » Mme Beaux était au cœur des négociations « . Elle contestait pourtant, le 31 mai 2005, en réponse à une  » sommation interpellative  » de M. Tapie, avoir prévenu ce dernier des conditions de revente d’Adidas :  » Je n’étais nullement mandatée pour le faire et n’avais aucune raison pour le faire. « 

La position de Mme Beaux agace les policiers, qui assurent, dans leur rapport de synthèse :  » Mme Beaux était bien informée des conditions des accords passés en février 1993 pour en avoir été partie prenante (…) Ainsi sa proximité ancienne avec M. Tapie, les fonctions de représentation qu’elle exerçait pour lui, et la connivence ayant persisté avec lui jusque pendant cette enquête font grandement douter de la sincérité de sa réponse à la sommation interpellative de 2005, laquelle était manifestement le fruit d’une négociation avec M. Tapie et son conseil. « 

Mme Beaux et M. Tapie se seraient donc mis d’accord en amont de ce document. Les policiers, pour l’établir, mettent en exergue un mail adressé à Mme Beaux par son conseil, le 25 mai 2005 – soit six jours avant la signature de la sommation –, contenant un projet de rédaction de ladite sommation :  » Ce projet correspondrait à ce sur quoi vous vous seriez directement mise d’accord avec M. Tapie.  » Gênant, effectivement.

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

    Une saga de 24 ans

    7 juillet 1990 Le groupe Bernard Tapie achète 80 % d’Adidas.

    15 février 1993 Adidas est cédé à un groupe d’investisseurs dont le Crédit lyonnais, alors public.

    26 décembre 1994 Robert Louis-Dreyfus prend le contrôle d’Adidas. M. Tapie dénonce la vente et réclame 229 millions d’euros.

    30 septembre 2005 La cour d’appel de Paris condamne le Consortium de réalisation (CDR), organisme public gestionnaire du passif du Lyonnais, à payer 135 millions d’euros à M. Tapie.

    9 octobre 2006 La Cour de cassation casse cette décision.

    25 octobre 2007 Le CDR accepte la saisine d’un tribunal arbitral, qui accorde 405 millions d’euros à M. Tapie en juillet 2008.

    18 septembre 2012 Ouverture d’une instruction sur un éventuel trucage de l’arbitrage, qui débouche en juin 2013 sur la mise en examen de Bernard Tapie.

    27 août 2014 L’ex-ministre des finances Christine Lagarde est mise en examen par la Cour de justice de la République pour  » négligence « .

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