Je croyais que les qualités des dirigeants étaient déjà indispensables moi !

Ce qui me fait peur, dans cet article, c’est la dernière partie. On y dit que l’avènement des ordinateurs devra conduire aux humains d’avoir plus de compétences. Le problème c’est que je croyais que ces compétences étaient déjà là moi !

En effet, pourquoi payer un dirigeant aussi cher s’il n’a pas les compétences dans on dit dans l’article qu’elles seront indispensables pour apporter une valeur ajoutée face aux ordinateurs dans le futur ?

Pour moi, ces qualités sont essentielles et dès maintenant !

Ainsi, comment peut-on tolérer que des dirigeants ne puissent  » créer de nouvelles formes d’organisations pour repérer et faire travailler des talents éloignés qui émergent dans le monde entier. De stimuler leurs capacités créatives, leurs qualités de leader et leur pensée stratégique  » ?

Si les dirigeants actuels avaient ces qualités, on n’aurait pas besoin d’aller chercher un ordinateur pour faire le job.

En bref, on s’extasie d’un changement de comportement de nos dirigeants alors que je croyais qu’ils avaient déjà ce comportement ! L’article loue le futur, moi, je m’inquiète du présent…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 1er Novembre 2014

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Tout va bien, mon patron est un ordinateur !

Deep Knowledge Venture (DKV), une société de capital-risque située à Hongkong, et dont le rôle est d’investir dans de jeunes sociétés de biotechnologies vient d’accueillir un nouvel administrateur : un ordinateur. Comme tous les autres membres du conseil, il prend part au vote. Sa voix compte autant que celle des autres administrateurs. Son nom, Vital, est l’acronyme de Validating Investment Tool for Advancing Life Sciences, autrement dit  » outil d’investissement pour les sciences de la vie « . Il n’a pas été recruté par un chasseur de têtes, mais acheté à Aging Analytics, une société de conseil britannique.

Son rôle, comme celui de ses collègues humains, est d’estimer s’il est judicieux ou non d’investir dans une jeune société de biotechnologie, et à quel prix.

N’allez pas croire que Vital ne fait que mouliner des ratios financiers calculés à partir des prévisions de bénéfices affichés par les dirigeants des entreprises en quête d’investisseurs. Chacun sait que ces ratios sont à prendre avec des pincettes tant leur imprécision est grande. Vital va beaucoup plus loin. Il a en mémoire une gigantesque base de données sur les technologies du secteur, les entreprises, les fournisseurs d’appareils médicaux et de médicaments, les agences gouvernementales (qui décident de la politique de la santé, en particulier), les institutions financières, les instituts de recherche…

Il dispose également de programmes d’analyse qui lui permettent de déceler et d’utiliser toute information pertinente quant à la question posée. Et ses décisions ne sont pas biaisées par son humeur du moment, le fait qu’il ait plus ou moins bien dormi, fait un repas indigeste, se soit querellé avec son conjoint ou se fasse du souci pour l’un de ses enfants.

Pour l’instant, et selon les dires de DKV, Vital est le premier administrateur non humain au monde. Mais sûrement pas le dernier. Les ordinateurs et leurs programmes d’intelligence artificielle vont bouleverser le rôle des dirigeants, prédisent Martin Dewhurst et Paul Willmott, directeurs au bureau londonien de McKinsey, cabinet de conseil en stratégie.

La révolution qui nous attend serait comparable à la révolution industrielle, estime Andrew McAfee, directeur associé au Massachusetts Institute of Technology (MIT).  » La révolution industrielle a permis aux hommes de dépasser les limites de leurs capacités physiques. Les technologies numériques vont faire de même avec nos capacités mentales « , explique ce chercheur.
diriger de façon plus humaine

Certes, cela fait des décennies que les spécialistes de l’intelligence artificielle, qui ont permis qu’un ordinateur, Deep Blue, batte en mai  1997 le champion du monde d’échecs, Garry Kasparov, répètent que l’ère des machines, aptes à se mesurer, voire à dépasser l’homme en intelligence, est arrivée. Sans que cela ne change de manière drastique les modes de fonctionnement en entreprise. Mais le moment serait désormais le bon. Et si les sceptiques sont encore légion, c’est parce que  » les gens sous-estiment massivement l’impact que les techniques analytiques modernes combinées aux masses de données disponibles vont avoir sur leurs entreprises et sur la société, explique Jeremy Howard, chercheur à l’université de San Francisco. Et pour une raison simple : les possibilités offertes par ces techniques évoluent de façon exponentielle, et l’esprit humain ne peut l’envisager « .

Les pessimistes verront le marché du travail se boucher encore davantage. Les ordinateurs menacent désormais 47  % des emplois aux Etats-Unis, estiment Carl Benedikt Frey et Michael Osborne, deux chercheurs de l’université d’Oxford dans  The Future of Employment, publié en septembre  2013. Selon une étude de MGI citée dans cet ouvrage, ces logiciels sophistiqués pourraient remplacer 140  millions de travailleurs du savoir dans le monde, équivalent temps- plein. Si les dirigeants veulent être épargnés, ils devront développer de nouveaux comportements.

Ce ne sont donc plus leurs compétences  » dures « , alliant raisonnement et connaissances, qui feront la différence. Puisque celles-ci seront prises en charge par les logiciels. Mais les compétences  » soft « . Celles qui permettront de  » créer de nouvelles formes d’organisations pour repérer et faire travailler des talents éloignés qui émergent dans le monde entier. De stimuler leurs capacités créatives, leurs qualités de leader et leur pensée stratégique « , prédisent les experts de McKinsey dans la dernière édition de leur revue consacrée aux  » cinquante prochaines années du management « . Plus que jamais, ils devront diriger de façon plus humaine, faire preuve d’intelligence comportementale, être plus à l’écoute des sensibilités, des aspirations de chacun, laissant aux machines ce qui relève du management désincarné. Plutôt une bonne nouvelle.

par Annie Kahn


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