M. Mohamed El-Hachimi est un tricheur ! A ce titre, il doit être suspendu à vie !

M. Mohamed El-Hachimi est un tricheur ! Le fait qu’il dise de ne pas avoir participé à la course ne change rien : ses analyses ne sont pas bonnes donc, il doit être sanctionné ! Il ne faudrait pas prendre les gens pour des imbéciles à dire que ce Monsieur est innocent car il n’a pas participé à la course. Le fait qu’il participe ou non ne change rien : il s’est dopé, il doit être puni.

Il n’y a pas de relaxe à avoir dans cette affaire.

M. Mohamed El-Hachimi est un tricheur : A ce titre, il doit être suspendu à vie, point à la ligne.

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Comment un athlète dopé récidiviste a finalement été relaxé

Le Monde.fr | 02.12.2014 à 08h46 | Par Yann Bouchez

La nouvelle est passée quasiment inaperçue. L’histoire, rocambolesque, éclaire pourtant d’une lumière crue les difficultés que rencontrent parfois les acteurs de la lutte antidopage. Ou comment un athlète, contrôlé positif à un produit dopant en 2012 et à l’époque suspendu six mois, a pu être relaxé à l’issue d’un deuxième contrôle positif, en janvier dernier.

Mardi 25 novembre, la Fédération française d’athlétisme (FFA) publie, sur l’une des rubriques de son site, une décision de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) « relative à M. X, non licencié à la FFA » et datée du 22 octobre. Le texte, consultable intégralement, est anonymisé. Ce choix se comprend en lisant la sanction finale de l’autorité publique indépendante : « M. X » est relaxé.

Si la FFA figure parmi les fédérations sportives les plus transparentes sur les décisions concernant la lutte contre le dopage – il est possible de consulter sur son site les sanctions concernant les athlètes, comme dernièrement le lanceur de marteau Quentin Bigot, positif au stanozolol, ou le triple sauteur Teddy Tamgho, auteur de trois « no show » –, elle ne publie pas les noms des athlètes relaxés.

L’histoire de « M. X », Le Monde avait commencé à la raconter en début d’année. Le 19 janvier, lors du Cross Ouest France pays de la Loire, l’une des plus importantes courses de cross-country en France, 19 coureurs, 14 hommes et 5 femmes – dont Laïla Traby, médaillée de bronze à Zurich et récemment rattrapée par la patrouille – sont contrôlés dans le cadre d’une opération d’une envergure inhabituelle menée par l’AFLD. Le 14 avril, Le Monde annonce que le prélèvement effectué sur le coureur marocain Mohamed El-Hachimi, âgé de 33 ans, est positif à l’érythropoïétine (EPO).

Ce n’était pas la première fois que M. El-Hachimi se retrouvait pris dans les mailles du filet de l’antidopage. Déjà, en 2012, après une course à Ottawa, au Canada, il avait été contrôlé positif à la méthylhexanamine, un stimulant. Le 14 avril, avec l’annonce de son deuxième contrôle positif en moins de deux ans, nous écrivions : « Le vaste coup de filet de l’AFLD n’aura pas été vain », ajoutant : « Le spécialiste du cross, qui, début janvier, n’était pas encore licencié dans un club français, risque une sanction plus lourde. »

Il n’en fut rien. Car le « M. X » relaxé par la décision de l’AFLD du 22 octobre et Mohamed El-Hachimi ne sont qu’une seule et même personne. Mais comment Mohamed El-Hachimi a-t-il pu être relaxé ? La lecture détaillée du document de l’AFLD permet de comprendre, en partie, comment un dopé récidiviste, au terme de nombreux rebondissements, a pu se sortir d’une situation qui semblait pourtant bien compliquée de prime abord.

AU CROSS « EN SPECTATEUR »

Dans un rapport daté du 5 février 2014, le département des analyses de l’AFLD établit que « l’analyse effectuée sur l’échantillon du sang de ce sportif a donné lieu à un résultat atypique, le profil “d’érythropoïétine nécessitant une analyse complémentaire par SDS-PAGE” ». Autrement dit : des analyses supplémentaires sont nécessaires pour vérifier la présence d’EPO. Le 27 mars, l’analyse d’un autre échantillon fait ressortir « la présence de méthoxy polyéthylène glycol-époétine bêta (CERA), agent stimulant de l’érythropoïèse ». Quèsaco ? En fait, le sang de M. El-Hachimi présente des traces d’EPO de troisième génération.

L’affaire aurait pu être pliée, elle ne fait que commencer. Car, nous apprend le document de l’AFLD daté du 22 octobre, Mohamed El-Hachimi conteste « la régularité de la procédure disciplinaire » à son encontre. Il soutient s’être rendu au Cross Ouest France « en tant que spectateur ». Où il a « été contraint » par l’organisateur de la course et le médecin préleveur de l’AFLD chargé du contrôle de se soumettre à des prélèvements, « sous peine de sanction ». Le contrôle serait « entaché de nullité », puisque l’athlète n’a pas participé à la course.

UN CERTIFICAT MÉDICAL ET UNE NOTE DE FRAIS

En outre, pour sa défense, M. El-Hachimi fait valoir un certificat médical daté du 14 janvier, « attestant que son état de santé était alors incompatible avec sa participation » au Cross Ouest France. Or l’ordre de mission délivré par le directeur du département des contrôles de l’AFLD prescrivait le contrôle de sportifs ayant participé à la compétition. Ce qui n’était pas le cas de M. El-Hachimi, présent sur les lieux de la compétition, mais qui n’a pas pris le départ.

Dans sa décision du 22 octobre, l’AFLD écrit en outre qu’« il ne ressort pas des pièces du dossier que M. X ait été engagé ou ait pris part à cette course ». Contacté par Le Monde, Max Fougery, l’organisateur de la course, s’en étranglerait presque : « Je suis sidéré qu’il puisse soutenir qu’il n’était pas engagé sur cette course ! »

Si l’organisateur convient sans problème que M. El-Hachimi n’a pas pris le départ de la course, il est catégorique : celui-ci est venu prendre lui-même son dossard le 19 janvier, jour de la course. « J’avais remis personnellement son dossard à Mohamed El-Hachimi le jour de la compétition, explique M. Fougery. Mais à l’époque nous n’avions pas mis en place de feuille d’enregistrement à faire signer par les athlètes qui viennent les retirer. C’est une procédure que nous mettrons d’ailleurs en place pour les prochaines éditions. »

« LA PROCÉDURE DOIT ÊTRE IRRÉPROCHABLE »

En l’absence de véritable preuve matérielle que l’athlète était bien engagé sur la course le 19 janvier, M. El-Hachimi n’a pas été sanctionné. « Je fais un parallèle : c’est un peu comme si on avait un mandat de perquisition qui autorise la fouille du domicile de quelqu’un, on ne trouve rien au domicile et on va chercher à son travail », explique Bruno Lancestremère, le secrétaire général de l’AFLD.

« Nous sommes face à une vraie difficulté, poursuit M. Lancestremère. La crédibilité de la lutte antidopage repose sur deux piliers. Le premier : les analyses doivent être irréprochables et respecter les règles imposées par l’Agence mondiale antidopage. Le deuxième pilier, c’est que la procédure doit être irréprochable. Sinon, le sportif est un justiciable comme les autres, et si on ne respecte pas la procédure, on s’expose au fait qu’elle soit cassée. »

Pour un athlète s’étant fait fournir un certificat médical daté du 14 janvier, M. El-Hachimi a tout de même eu un drôle de comportement. Il a envoyé une note de frais, pour « remboursement des frais de déplacement », d’un montant de 193,99 euros aux organisateurs du Cross Ouest France. Le document, que Le Monde a pu consulter, précise que cette somme correspond à un vol Casablanca-Montpellier, le samedi 18 janvier.

Pourquoi M. El-Hachimi voulait-il se faire rembourser un voyage en avion effectué le 18 janvier par les organisateurs d’une compétition dont il était censé savoir depuis le 14 janvier – son certificat médical étant daté de ce jour-là – qu’il n’était pas en mesure de la disputer ? Pourquoi venir retirer son dossard le jour même de la course, alors qu’il venait « en spectateur » ? Etait-ce parce qu’il était au courant des contrôles réalisées sur les athlètes féminines, quelques minutes avant de la course élite des hommes, une nouvelle qui s’est rapidement répandue parmi certains concurrents masculins ?

Face à ces troublantes questions, nous avons essayé de joindre M. El-Hachimi par téléphone. Sans réponse pour l’instant.

Yann Bouchez
Journaliste au service Sport


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