Quand l’UMP s’enfonce encore plus dans la crise

La situation de l’UMP est problématique : elle a un président qui est accusé alors même que le parti est victime de son président actuel. C’est pour le moins caustique et pose la question de la légitimité même de M. Nicolas Sarkozy à la tête du parti.

Ce n’est pas parce que la majorité des adhérents d’un parti veulent d’une personne qu’elle est nécessairement légitime ! En effet, si il est démontré que des magouilles ont été faites par ce même président, son statut doit être remis en question…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 3 décembre 2014

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Les affaires de l’UMP virent au casse-tête juridique

Elu à la tête de l’UMP, samedi 29  novembre, Nicolas Sarkozy est dans une situation juridique inédite. Son parti s’est constitué partie civile dans l’affaire Bygmalion, donc en position de victime, alors même que son nouveau président pourrait être directement visé par les investigations des juges d’instruction.

Un grand écart judiciaire problématique. A tel point que l’avocat de la société Bygmalion, Me Patrick Maisonneuve, a annoncé qu’il allait demander aux juges la nomination d’un mandataire ad hoc pour le parti. Nicolas Sarkozy a signé, validé, puis déposé les comptes de sa campagne présidentielle, le 5  juillet  2012. Or, il est désormais établi que ces comptes avaient été truqués par de nombreuses fausses factures établies par Bygmalion, et ce à la demande de l’UMP.

Les policiers disposent également d’éléments prouvant que M. Sarkozy avait été prévenu par ses commissaires aux comptes, mais aussi par les dirigeants de l’UMP, de possibles dépassements du plafond de dépenses autorisées par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).
Double situation

Pour les enquêteurs, difficile dans ces conditions de ne pas demander d’explications à l’ancien chef de l’Etat, et ce même si ce dernier a toujours affirmé ne jamais avoir entendu parler de Bygmalion avant le déclenchement de l’enquête judiciaire. Il n’y a pas que le dossier Bygmalion. L’autre affaire touchant l’UMP, celle dite des pénalités, fait l’objet d’une information judiciaire distincte dans laquelle, là aussi, Nicolas Sarkozy va devoir rendre… des comptes.

Cette double situation est connue à l’UMP. Désormais aux commandes du parti d’opposition, avec un futur secrétaire général, Frédéric Péchenard, ancien patron de la police nationale, M.  Sarkozy va tenter de reconstituer les événements de juin. Et notamment tenter d’éclaircir le rôle joué par son rival François Fillon.

L’ancien premier ministre est soupçonné d’avoir demandé, le 24  juin, lors d’un déjeuner, au secrétaire général de l’Elysée, Jean-Pierre Jouyet, d’accélérer le cours de la justice dans les dossiers menaçant M. Sarkozy, en premier lieu cette affaire de pénalités. En arrivant à la coprésidence de l’UMP, aux côtés de Jean-Pierre Raffarin et Alain Juppé, le 10  juin, M.  Fillon découvre que l’UMP a réglé, à la demande de M. Sarkozy, les sanctions financières infligées au candidat malheureux par la Commission des comptes de campagne.

La CNCCFP a ordonné à M. Sarkozy de restituer à l’Etat l’avance forfaitaire de 153 000  euros dont il avait bénéficié et de verser au Trésor public 363 615  euros, soit le montant du dépassement du plafond des dépenses de campagne. L’UMP, alors dirigée par M. Copé, signe malgré tout en novembre  2013 le chèque de remboursement.

Le trio d’ex-premiers ministres Raffarin-Juppé-Fillon réclame dès juin d’autres avis juridiques : pour les experts, l’UMP n’avait pas le droit de se substituer à M. Sarkozy pour régler la sanction. Le 1er  juillet, les commissaires aux comptes de l’UMP font un signalement au parquet de Paris, déclenchant le processus judiciaire susceptible de déboucher sur la mise en cause de M. Sarkozy…

Gérard Davet et Fabrice Lhomme


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