Sortez les OGM par la porte… ils reviendront par la fenêtre !

En changeant de technique on parvient à transformer une plante par le changement de certains de ses gênes : c’est ce que l’on appelle un OGM. Cela pose question : la transgénèse n’existant pas dans la nature, la manipulation humaine peut conduire à des problèmes de résistance. Est-ce le cas pour la mutagénèse ? Les opérations humaines n’auraient-elles pas été faites par la nature à un moment donné ?

La mutation aléatoire du génome fait partie intégrante de tout être vivant, dès lors, cet OGM est-il nécessairement néfaste ?

Je n’ai pas la réponse à ces questions…

De tout temps, l’homme a essayé d’améliorer la performances des plantes en les croisant, in fine, en changeant son génome. Où s’arrête le naturel, où commence l’artificiel, telle est la question…

Je pense donc que la biodiversité de notre Planète est telle que l’on peut aisément modifier le génome d’une plante en la croisant avec une autre, donc, en employant des moyens naturels. Directement couper le génome d’une plante en lui introduisant un gène, pour moi, ce n’est pas naturel, pas plus qu’est naturel l’exposition d’une plante à des agents chimiques ou à des radiations pour accélérer le processus de mutation.

Parfois, il faut savoir raison garder et ne pas trop pousser la technique pour ne pas engendrer des plantes-monstres qui peuvent être néfastes pour l’Homme.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 23 Janvier 2015

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Comment des OGM cachés arrivent sur le marché
De nouvelles semences issues des dernières techniques de manipulation génétique échappent à la législation

Elles ne sont pas encore dans nos assiettes. Mais, dans les laboratoires des sociétés de biotechnologies, elles poussent à vive allure. Et elles ne tarderont pas à arriver sur le marché. Ce sont de nouvelles variétés de plantes, céréales, fruits et légumes issues des techniques de manipulation génétique les plus avancées. Il s’agit bien, au sens propre, d’organismes génétiquement modifiés (OGM). Pourtant, elles n’ont pas encore de statut.

Tandis qu’aux Etats-Unis des variétés de colza et de pomme de terre ont été exemptées de procédure d’autorisation par le ministère de l’agriculture, en Europe, ces cultures en germe échappent pour l’instant à toute réglementation. Et ce, alors que l’Union européenne vient d’adopter une nouvelle législation réformant le processus d’autorisation des OGM, après des années de blocage sur le sujet.

Les OGM classiques sont obtenus par la méthode de la transgénèse : un gène étranger provenant d’un autre organisme – un transgène – est introduit dans le génome d’une espèce végétale, pour lui conférer une ou plusieurs propriétés. Par exemple, le pouvoir de sécréter un insecticide qui le protège des ravageurs – c’est le cas du seul OGM cultivé en -Europe, le maïs MON 810 de -Monsanto, actif contre la pyrale -, ou une tolérance aux herbicides qui lui permet de survivre à l’épandage de désherbants tels que le -Roundup, de la même firme américaine Monsanto.

A côté de la transgénèse existe pourtant une autre voie : la mutagénèse. Des mutations aléatoires sont provoquées dans le génome d’une plante, en l’exposant à des agents chimiques ou à des radiations (rayons gamma ou rayons X), puis, parmi tous les mutants obtenus, sont sélectionnés ceux qui possèdent les propriétés recherchées : meilleur rendement, résistance aux parasites, tolérance à la sécheresse…

Ce procédé est utilisé depuis plus d’un demi-siècle – quelque 3 000 variétés végétales mutées sont répertoriées dans le monde – et ses promoteurs font valoir qu’ils ne font qu’accélérer le processus de mutation qui, dans la nature, se produit de façon spontanée. Si bien que, selon eux, il n’existe pas de différence entre les mutants naturels et artificiels.

Paysage incontrôlable

La commercialisation récente de colza et de tournesol rendus tolérants aux herbicides par mutagénèse n’en a pas moins suscité une vive contestation. Notamment en France, de la part de la Confédé-ration paysanne, des Faucheurs volontaires et de plusieurs ONG, qui y voient des  » OGM cachés  » encourageant un usage intensif de produits herbicides nocifs pour l’environnement et la bio-diversité.

C’est que l’Union européenne, tout en attribuant à ces plantes mutées la qualification d’OGM, les a exclues du champ d’application de sa directive de 2001 sur les organismes génétiquement modifiés – ceux, précise pourtant ce texte,  » dont le matériel génétique a été modifié d’une manière qui ne s’effectue pas naturellement par multiplication et/ou par recombinaison naturelle « . Ce qui est le cas avec la mutagénèse.

D’ici peu, le paysage va devenir encore plus complexe, sinon -incontrôlable. Car l’industrie des biotechnologies explore aujourd’hui de nouvelles pistes, plus rapides, moins coûteuses et moins aléatoires, comme  » l’édition de gènes « . Ces procédés s’apparentent à une chirurgie de précision. Grâce à des  » ciseaux à ADN  » – des nucléases –, il est -possible d’opérer une coupure sur un site ciblé du génome, soit pour y insérer un gène étranger, soit pour modifier ponctuellement un gène, soit encore pour inactiver un gène.

L’objectif est toujours d’améliorer les performances agronomiques des végétaux, ou de les rendre résistants aux pathogènes et tolérants aux stress (chaud, froid, salinité, manque d’eau…), ainsi qu’aux herbicides. Mais il est atteint, vantent les industriels, avec beaucoup plus de fiabilité. Cela, même si le risque existe que les -ciseaux coupent l’ADN ailleurs qu’à l’endroit prévu, ce qui pourrait déclencher des mutations non désirées.

Tous les géants du secteur, Monsanto, Syngenta, Pioneer, Bayer ou BASF, sont sur les rangs. Mais ces technologies sont aussi à la portée de start-up, comme la -société française Cellectis qui, spécialisée dans le traitement des cancers, s’est lancée dans l’ingénierie du végétal, avec sa filiale Cellectis Plant Sciences, implantée aux Etats-Unis.

Brouillard réglementaire

Or, ces nouvelles variétés germent dans le brouillard réglementaire le plus épais. Alors qu’aux Etats-Unis l’administration tranche au cas par cas, au sein de l’UE, rien n’a encore été décidé. Ces semences entreront-elles dans le périmètre de la directive sur les OGM ? Passeront-elles entre les mailles du filet ? Interrogée, la Direction de la santé et de la sécurité alimentaire de la Commission de Bruxelles répond que la question  » est complexe et nécessite une analyse juridique approfondie, qui est en cours et dont les conclusions seront rendues dans les prochains mois « .

Pour les industriels, l’enjeu est majeur. Si leurs produits ne sont pas catalogués comme OGM,  » ils seront dispensés des procédures d’évaluation des risques, d’autorisation, d’étiquetage et de suivi des impacts potentiels sur l’environ-nement « , explique Eric Meunier, de l’association d’ » information -critique et indépendante  » Inf’OGM. Ils éviteront également l’image souvent négative associée aux cultures génétiquement -modifiées. Mais les entreprises veulent aussi être fixées pour ne plus investir dans ce domaine en aveugle.

 » Depuis des années, la profession et les chercheurs attendent que la question soit tranchée par la Commission européenne, qui a peur d’ouvrir une boîte de Pandore « , commente Peter Rogowsky, généticien moléculaire à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA). Ce chercheur coordonne le projet Genius, qui regroupe quinze partenaires publics et privés français et qui vise à  » l’amélioration et l’innovation technologiques pour les plantes d’une agriculture durable « . Il porte, notamment, sur différentes variétés de maïs, riz, pomme de terre, blé, tomate ou colza.

 » Les nouvelles technologies d’ingénierie du génome sont avant tout de formidables outils de recherche « , défend M. Rogowsky. L’objectif est de  » générer des -connaissances pour mieux répondre aux défis d’une agriculture productive et durable ». Olivier Le Gall, directeur général délégué de l’INRA, ajoute :  » Il est indispensable, tant pour les partenaires privés que pour la puissance publique, de -disposer en France et en Europe d’une très bonne maîtrise de ces techniques émergentes. « 

Tel n’est pas l’avis de Frédéric Jacquemart, chargé des biotechnologies à France Nature Environnement et ancien vice-président du comité économique, éthique et social du Haut Conseil des biotechnologies (HCB).  » Ce qui pose problème, dit-il, ce n’est pas tel ou tel OGM. C’est la frénésie et la rapidité avec laquelle on modifie le monde du vivant, en y introduisant, de façon massive, des plantes qui n’ont pas l’historicité de ce -système et qui n’ont pas évolué en cohérence avec lui. « 

Bénédicte Bonzi, qui représente les Amis de la Terre au HCB, abonde dans ce sens.  » Ces nouvelles variétés répondent à la définition des organismes génétiquement modifiés, estime-t-elle. Les exclure du champ réglementaire les rendrait invisibles et priverait les citoyens de toute possibilité de savoir si elles sont dangereuses ou non pour l’environnement et la santé. Le principe deprécaution n’est pas optionnel. Notre responsabilité pour les générations futures est engagée. « 

Pierre Le Hir

     » Bioconfiner  » les micro-organismes

    L’agroalimentaire, l’industrie, la pharmacie et le secteur de l’énergie font de plus en plus appel à des micro-organismes génétiquement modifiés pour produire des molécules. Deux études américaines, publiées jeudi 22  janvier dans Nature, proposent des pistes pour leur interdire de survivre hors des laboratoires et -éviter qu’ils n’envahissent l’environnement. L’idée des équipes de George Church (Harvard) et Farren Isaacs (Yale) a été d’introduire dans le génome de la bactérie E. coli des fragments d’ADN qui la rendent dépendante de la présence d’acides aminés qui ne sont pas disponibles dans la nature. Le généticien français Philippe Marlière, pionnier du  » bioconfinement « , salue ces avancées, mais note que  » l’irréversibilité du confinement est loin d’être encore établie, aussi bien théoriquement qu’expérimentalement « .
    Le Chiffre

    4  %

    des terres

    C’est la part des terres agricoles cultivées dans le monde avec des plantes génétiquement -modifiées, en  2013. Soit 170  millions d’hectares, dont 70  millions aux Etats-Unis, 40  millions au Brésil et 24  millions en Argentine. En Europe, seul le maïs MON810 est cultivé, pour l’essentiel en Espagne (132 000 ha) et au Portugal (8 500 ha). Les principales plantes transgéniques commercialisées sont le soja, le maïs, le coton et le colza, en majorité pour l’alimentation animale et la production de biocarburants.


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