Hors de question de détruire des zones humides pour deux emplois !

Cette guéguerre entre nature et économie doit cesser ! On ne peut pas dénaturer et jeter aux ordures des pans naturels entiers de notre territoire, pour obtenir quelques petits emplois à temps partiel ! L’argument économique ne peut pas tenir la route quand on parle de l’avenir même de certains territoires ruraux !

La construction et la dénaturation de nos territoires va un temps ! Ce Center Parcs part du principe qu’il coûte en eau le double d’un ménage standard en habitation classique. Autrement dit, sous couvert de vacances, on ouvre les robinets en grand et on gaspille une ressource en eau dont la nature a besoin.

Avec les nouvelles technologies actuelles, il est possible de construire un centre qui préserverait les ressources en eau en faisant en sorte qu’un ménage use la moitié de ce qu’il se servirait habituellement. Las, l’excuse économique se transforme en droit à polluer. C’est inacceptable car cela ne va pas dans le sens d’un développement durable, que l’on doit à nos générations futures.

Je ne suis pas contre le Center Parcs de Roybon, mais il faut que cette construction se fasse dans le respect de la nature. On est en loin… très loin…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 3 décembre 2014

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Au pied du Vercors, un nouveau Sivens
Défendue par les élus locaux, la construction d’un Center Parcs à Roybon menace une vaste zone humide

Aux confins de l’Isère et de la Drôme, le projet de construction d’un village de vacances menaçant la forêt des Avenières et une zone humide nourrit depuis des années une bataille judiciaire entre associations de défense de l’environnement et élus locaux.

Roybon est-il en passe de devenir le nouveau Sivens ? Au pied du Vercors, au cœur de la forêt des Avenières sur le massif de Chambaran, le groupe Pierre et Vacances prévoit de construire 980 logements. Le spécialiste de l’immobilier de tourisme veut accueillir jusqu’à 5 620 personnes dans des cottages alignés autour d’un centre d’activités aquatiques, de restaurants et de commerces, sur 202 hectares.

Longtemps discrète, la contestation a pris de l’ampleur ces dernières semaines, lorsque les arbres ont commencé à tomber. Depuis le 30  novembre, les  » zadistes  » – du nom des défenseurs de la  » zone à défendre  » – occupent une maison forestière à proximité du chantier, une propriété abandonnée de l’Office national des forêts. Lundi, les associations ont demandél’arrêt immédiat des travaux et  » l’arbitrage urgent  » de la ministre de l’écologie, Ségolène Royal.

L’heure est plutôt à l’optimisme du côté des militants, convaincus que le retentissement de l’affaire du barrage de Sivens va amplifier leur mobilisation. Les premiers opposants ont commencé à lutter il y a sept ans pour défendre des dizaines d’espèces protégées, mais surtout pour la préservation d’une aire d’alimentation d’eau de très bonne qualité et des zones humides. La réalisation du domaine de la forêt de Chambaran va en détruire 76 hectares selon la préfecture, tandis que les commissaires chargés de l’enquête publique évaluent plutôt à 110, voire 120 hectares la totalité des zones humides qui seront dégradées.

Depuis octobre, retentit dans la forêt le vrombissement incessant des engins qui commencent par défricher de quoi abriter à terme 2 000 places de parking. L’accès au site est filtré par des vigiles, depuis que des dégradations ont été commises et des piquets de géomètres arrachés. Fin novembre, un début d’incendie a touché un tracteur. Affichée au milieu des attestations de permis de construire, une lettre proclame :  » Vous êtes même pas d’ici, alors laissez-nous vivre à notre bon vouloir. « 
 » Projet économique « 

L’ambiance est tendue à Roybon, jusqu’au cœur de ce bourg de 1 300 habitants. Sur la place centrale qui accueille une surprenante réplique de la Statue de la liberté, une banderole affirme :  » Center Parcs, un avenir pour notre territoire.  » A côté, plusieurs commerces ont mis la clé sous la porte. Sur la colline en face se dresse le collège, fermé lui aussi. La commune est moribonde : elle n’a guère d’autre activité qu’une maison de retraite. Les finances municipales sont exsangues. Aussi le maire (UDI), Serge Perraud, est-il le premier à défendre le Center Parcs, lancé par son prédécesseur et négocié par le conseil général de l’Isère, alors présidé par André Vallini (PS), actuel secrétaire d’Etat à la réforme territoriale.

Le flot des voitures sur la petite route qui mène à la forêt ?  » Ça mettra un peu d’ambiance.  » L’atteinte aux zones humides ?  » Ici il n’y a que ça, des zones humides !  » L’enquête publique défavorable ?  » Elle n’est pas objective : l’un des trois commissaires enquêteurs a sa carte à France nature environnement. Comment a-t-on pu lui confier un dossier pareil ? « 

Le seul point sur lequel l’élu refuse de répondre, c’est le prix du terrain. Pierre et Vacances a pu acheter à la commune 200  ha d’un seul tenant pour 0,30 euro l’ha, alors qu’il se vend plutôt 1 500 à 3 000  euros par ici.  » Je préfère un Center Parcs à des éoliennes !, rétorque Serge Perraud. Je le prends comme un projet économique : nous avons besoin d’emplois, même des postes de femmes de ménage à temps très partiel. « 
 » “Avatar” dans les Avenières « 

Seulement, faire émerger une petite ville au milieu de la forêt a un coût élevé pour les collectivités. Il va falloir apporter l’eau, construire un réseau d’assainissement, rectifier quelques virages sur la petite route, fournir un autre terrain aux chasseurs…

C’est la première fois que Pierre et Vacances est confronté à une contestation obstinée mêlant pêcheurs, riverains, écologistes, dont les actions en justice ont ralenti l’avancement du chantier.  » D’habitude, on est vu comme une entreprise qui fait vivre des territoires ruraux « , glisse Eric Magnier, directeur des grands projets.

Même la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature, traditionnellement mesurée, s’est fâchée contre l’implantation. Résultat : elle subit les foudres du département qui veut lui couper les subventions. L’association Pour les Chambaran sans Center Parcs (PCSCP) a déposé deux nouveaux recours le 26  novembre au tribunal administratif de Grenoble, notamment contre l’autorisation de destruction d’espèces protégées.  » Pour moi, c’est Avatar qui est en train de se jouer dans la forêt des Avenières : des destructeurs de la nature débarquent, prêts à tout « , estime Stéphane Péron, président de PCSCP.

Son association espère unir ses forces avec celles d’opposants à d’autres Center Parcs en préparation. Deux projets sont à l’étude en Saône-et-Loire et dans le Jura, un autre dans le Lot-et-Garonne, tandis qu’un autre doit ouvrir dans la Vienne en  2015. Celui de Roybon devrait être le sixième en France, le 25e en Europe.

Martine Valo

Le contexte

Pour obtenir l’autorisation de détruire des zones humides, la loi impose de trouver d’autres terres à la place : d’anciennes zones humides qu’il va falloir faire renaturaliser. Ce genre de terrains devient une denrée rare, il faut donc les chercher loin. La construction du Center Parcs de Roybon (Isère) devrait ainsi être compensée par 140 hectares fragmentés en huit entre l’Ain, l’Ardèche, l’Isère, la Savoie et la Haute-Savoie.

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