Une réforme de l’économie qui marche sur la tête 2/2

On continue à avoir des articles économiques de qualité dans le journal ‘Le Monde’. Dans celui-ci, on montre qu’à partir du moment où on est diplômé, on s’en sort tout de suite beaucoup mieux !

Il faut se battre contre la non-qualification. Il faut qu’elle devienne l’exception, non la norme. Il faut aussi rendre la population non-qualifiée bien plus employable en baissant le SMIC ou en baissant les charges des entreprises qui emploient ce personnel afin de le rendre employable à moindre coût et pouvoir faire en sorte de soutenir la concurrence avec d’autres pays.

Par contre, je ne suis pas d’accord sur l’extension du statut de l’autoentrpreneur étendu. En effet, nos politiques ont toujours considérés les patrons, que sont les autoentrepreneurs, comme des porte-monnaie sur pattes. Leurs droits sociaux sont proches du zéro et leur statut est d’une précarité sans nom. Donc, il faut définir ce que l’on entend par « étendu ». Si c’est « révolutionnaire », il faut le définir. Si on se contente de mesurettes, ce statut sera trop précaire pour être pérenne et efficace et la société sera de nouveau mise en demeure de payer des chômeurs à la place d’entrepreneurs.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 27 Février 2015

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Les mauvais choix français conduisent à l’inégalité par le chômage
Il y a deux France : celle du chômage de masse et celle des diplômés qui est toujours au plein-emploi. Le problème relève d’un manque de qualification, concentré sur les plus âgés et du coût du travail des non-qualifiés

Malgré une légère diminution du nombre de demandeurs d’emploi en janvier, le chômage reste l’angoisse numéro un des Français, dopée par l’impression qu’on a tout essayé contre ce fléau. Ce qui surprend dans ce domaine, c’est le contraste entre la confusion du débat public et la relative clarté du diagnostic partagé par la plupart des spécialistes.

Tout d’abord l’exclusion du marché du travail n’atteint pas tout le monde : le taux de chômage est d’environ 15 % chez les personnes sorties sans diplôme du secondaire, de 8 % pour ceux qui ont obtenu un CAP ou le bac et de seulement 5 % chez celles qui ont au moins un diplôme de premier cycle universitaire. Il y a deux France : celle du chômage de masse, et celle des diplômés, qui est, même après six ans de crise, toujours au plein-emploi.

Le chômage français est donc avant tout un problème de manque de qualification, essentiellement concentré sur les plus âgés. Les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) l’indiquent clairement. Le pourcentage des 25-35 ans qui ont un diplôme du secondaire ou mieux est en France de plus de 80 %, bien au-dessus de la moyenne de l’OCDE, et très comparable à celui de nos voisins.

En revanche, c’est du côté des 55-65 ans que l’écart se creuse, avec un taux de diplômés du secondaire de 55 %, très au-dessous de l’Allemagne (plus de 80 %) ou des Etats-Unis (90 %). Ce n’est donc pas tant l’école d’aujourd’hui qui fabrique des chômeurs, que celle des années 1960. Ce constat relativise également la pertinence de l’éducation comme unique remède au chômage de masse.

Cette population peu qualifiée, très nombreuse en France, était autrefois intégrée dans les emplois ouvriers et administratifs. Depuis les années 1980, ces emplois disparaissent inexorablement, dévorés par la robotisation et l’informatisation.

Les travailleurs peu qualifiés se sont vus contraints de basculer vers des emplois de services (dans les services à la personne, la santé, le commerce ou la restauration), plus précaires et moins bien rémunérés, tandis que les travailleurs qualifiés voyaient leur productivité décuplée par les nouvelles technologies.

Cette évolution, qualifiée de  » polarisation  » car elle détruit des emplois moyens au profit d’emplois aux deux extrêmes de la distribution des qualifications, se retrouve dans tous les pays. Pour contenir cette pression inégalitaire, l’Etat a, en France, augmenté le salaire minimum, trois fois plus rapidement que le salaire moyen sur vingt ans. Parallèlement, les charges sociales sur les salaires élevés se sont envolées, limitant les hausses de salaires nets au-dessus du salaire moyen.

Hypocrite machine à exclure

Le résultat ? Un gel apparent des inégalités de salaires nets, sur fond d’explosion du chômage non qualifié. C’est un tabou, mais notre salaire minimum, parmi les plus hauts du monde, empêche de rendre viables des emplois de services non qualifiés que l’économie moderne sait créer par millions. Car si elle remplace les tâches routinières par des machines, la société postindustrielle est bien créatrice d’emplois, pour peu qu’on leur laisse une chance d’être économiquement viables.

Par exemple, plus de la moitié de notre chômage serait éliminée si nous avions le même nombre d’emplois par tête dans l’hôtellerie-restauration et le commerce que les Etats Unis. Si la France pouvait créer autant d’emplois par tête dans l’éducation et la santé que les Etats-Unis, cela induirait la création de plus de 500 000 emplois. Un comble dans le pays de l’Etat-providence !

La politique visant à empêcher les peu qualifiés de travailler au prétexte qu’un salaire faible est indigne ou que dans la société moderne tout le monde devrait avoir fait des études supérieures est une hypocrite machine à exclure. La ritournelle bien-pensante de la  » formation tout au long de la vie  » est inopérante sur une population non qualifiée et âgée.

L’équation est plus simple qu’on ne veut le croire : il faut diminuer le coût du travail des non-qualifiés en France. Les appels à la responsabilité sociale ne changeront pas les principes fondamentaux de l’économie de marché : les entrepreneurs font leurs calculs, et n’embauchent que les salariés qui rapportent plus qu’ils ne leur coûtent. C’est pourquoi les professions dont le salaire moyen est proche du smic sont celles qui connaissent le taux de chômage le plus élevé, alors que celles qui en sont assez éloignées (à partir d’1,5 smic) connaissent un chômage plus faible.

Comment réduire le coût du travail non qualifié sans faire exploser les inégalités comme cela se produit dans les pays anglo-saxons ? Plusieurs pistes sont envisageables pour peu que l’on accepte de les expliciter.

Premièrement, ne pas gâcher nos maigres marges de manœuvre budgétaires en diminuant les charges sur les salaires au-delà de 1,5 smic, mesure parfaitement inutile car à ce niveau, le marché du travail est au plein-emploi.

Deuxièmement, en réduisant encore les cotisations salariales sur les bas salaires sans toucher au smic net : pour verser un smic net de 1 135 euros, l’employeur doit payer plus de 1 600 euros.

Troisièmement, en privilégiant les emplois flexibles de la nouvelle économie, par le biais d’un statut de l’auto-entrepreneur étendu.

Enfin, il faut envisager l’idée d’une régionalisation du smic, trop élevé dans les régions où le coût de la vie est plus faible. La fixation centralisée du salaire minimum date de 1968, mais depuis la glorieuse révolution, bien des paramètres ont changé.

Par Augustin Landier et David Thesmar


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